Si la rentrée est synonyme de retour sur les bancs de l’école pour certains et de réunions interminables pour d’autres, elle fut aussi l’occasion pour nous de découvrir plus en détail certains des titres à venir chez Bandai Namco. L’éditeur a, une fois de plus, organisé un événement post-estival pour laisser approcher les prochains jeux de son catalogue. Little Nightmares III était l’un d’entre eux (Digimon Story Time Stranger était aussi de la partie et on y a également joué) et s’est dévoilé au cours d’une session de jeu de deux heures en duo, de quoi se faire une bonne idée de ce qui nous attendra le mois prochain.
Au revoir Tarsier, bonjour Supermassive Games
En 2017, Bandai Namco et Tarsier Studios sortaient l’intriguant Little Nightmares. Auparavant connu sous le nom de Hunger, ce jeu de plates-formes et de réflexion se déroulait dans un univers déroutant où des créatures versant dans le body horror poursuivaient Six, une fillette vêtue d’un ciré jaune. Ayant bénéficié d’un certain succès pour un titre aussi atypique, l’éditeur et le développeur mettront en chantier un deuxième opus qui fera office de préquelle. Sorti en 2021, Little Nightmares II saura convaincre les joueurs et la critique, au point qu’un troisième volet sera commandé. Bandai Namco confiera cette fois le projet à Supermassive Games, un studio qui ne publie presque que des jeux horrifiques depuis une dizaine d’années.
En ce qui concerne la mise en scène et l’univers, l’arrivée du studio britannique dans l’équation laisse envisager de belles opportunités pour la licence. Que l’on apprécie ou non leurs productions, force est de reconnaître qu’ils parviennent à maîtriser l’horreur sous bien des formes et dans bien des styles. Concernant le gameplay, leur présence a de quoi laisser dubitatif, le studio maîtrisant davantage la narration et les expériences cinématiques. La bonne nouvelle, c’est que nos doutes se sont rapidement dissipés une fois la manette en main. Fort de son travail sur les versions Xbox Series et PS5 de Little Nightmares II (Enhanced Edition), Supermassive Games est parvenu à appréhender ce qui faisait tout le sel des deux opus développés par Tarsier.
Comme nous l’évoquions plus haut, cette session de jeu fut savourée à deux, chacun sur son écran. En effet, Little Nightmares II avait beau mettre en scène deux protagonistes, le jeu ne permettait malheureusement pas de jouer avec un membre de la famille, un(e) ami(e) ou bien notre conjoint(e). Ce nouvel opus vient corriger cela, mais il faudra obligatoirement passer par du jeu en ligne : le jeu ne proposera pas de coopération locale. Sans doute pour des raisons liées au gameplay : l’écran de chaque joueur se focalise sur lui et sur ce qui est autour de son personnage. Un léger flou vient donc occulter les éléments un peu éloignés de chaque joueur sur leur écran respectif, ce qui évite les distractions. Et cela ne sera pas de trop pour résoudre certains puzzles ou se sortir de situations délicates.

On pense notamment à un moment où des ennemis se succèdent un à un dans une pièce à chaque élimination. Ce qui semble assez facile au premier abord ne l’est finalement pas tant puisque le jeu mise sur les particularités de chaque personnage : l’un possède un arc et peut donc utiliser les flèches pour faire tomber des éléments du décor, briser des objets ou encore faire tomber la tête d’un ennemi. L’autre possède une clé à molette qui pourra servir d’arme contondante, au hasard pour écraser la tête d’un poursuivant qui serait tombée à la suite d’une flèche bien décochée. Vous commencez sans doute à voir la synergie qui se dégage des deux personnages, et ce n’est pourtant là qu’un cas pratique.
Quoi qu’il en soit, le jeu mise tout sur la collaboration entre les deux joueurs (ou entre le joueur et l’IA si vous n’avez vraiment personne avec qui jouer), qu’il s’agisse d’un levier à activer ou d’une zone hostile à traverser. Assez étonnamment, le jeu ne propose pas de chats vocaux en jeu, ce qui signifie qu’il faudra passer via les services de chats vocaux si vous prévoyez de jouer sur consoles ou bien Discord/TeamSpeak si le PC est votre plateforme de prédilection. Sans doute parce que cela rend l’atmosphère plus pesante et oppressive. Notons tout de même que les personnages ont la possibilité d’héler leur partenaire.
En réduisant la communication à son plus simple appareil, les développeurs incitent les joueurs à se concentrer sur ce qui les entoure et à être attentifs à leur partenaire. Ce qui est intéressant, c’est que cette fonctionnalité n’a sans doute pas été conçue dans un premier temps pour communiquer avec son J2, car cela peut aussi permettre de faire diversion en attirant un ennemi qui rôde. Dans tous les cas, nous avons bénéficié d’un chat vocal par le biais d’une application en marge du jeu, ayant joué sur PC. Autant dire qu’on a mis de côté l’immersion au profit de la communication et du travail d’équipe.

Petits cauchemars, grande atmosphère
Si l’on a été soulagés de constater que Supermassive Games a conservé l’aspect réflexion et puzzles des deux premiers épisodes, le studio a aussi su conserver la patte visuelle de Tarsier tout en l’approfondissant. Toujours aussi malsaine et dérangeante, la direction artistique verse plus que jamais dans le cabinet des curiosités morbide avec une ambiance qu’un Tim Burton à son meilleur n’aurait pas reniée. Incarner des personnages frêles et fragiles nous rappelle constamment que nous sommes les victimes infiniment petites d’un univers macabre où la lumière n’a pas sa place. Cela ajoute une pression constante, pourtant malgré cette atmosphère lourde et ses personnages disproportionnés, le jeu ne verse pas dans l’horreur au sens le plus strict.
Little Nightmares III surprend et fascine, mais jamais ne fait peur. Il titille nos peurs irrationnelles d’enfants, leur donne vie, mais son but n’est jamais d’effrayer. En revanche, il sait comment mettre la pression lorsqu’un simple adversaire nous remarque et que ce n’est plus qu’une question de secondes avant de voir nos personnages se faire éliminer. Le jeu reste malgré tout des plus accessibles : si quelques puzzles nous ont demandé un peu de réflexion, la mort n’est jamais punitive, nous renvoyant très généralement à l’écran précédent, si ce n’est à la dernière étape. Difficile pour autant de le considérer comme un jeu familial, son iconographie étant assez marquée et violente, mais disons que le jeu pourra tout de même être parcouru avec des joueurs moins aguerris et expérimentés.

Avant de refermer cette preview, précisons que Little Nightmares III fait partie de ces rares jeux qui proposeront un système de Pass Ami, afin de jouer avec quelqu’un ne possédant pas le jeu. S’il faudra posséder les abonnements adéquats pour jouer en ligne sur consoles, les joueurs PC s’affranchiront de ces contraintes. Autre atout dans sa manche : son prix doux. Au prix de 39,99 €, Little Nightmares III s’annonce comme une bonne pioche pour s’évader le temps de quelques heures dans un univers cauchemardesque. Reste à voir si Supermassive Games réussira à transformer l’essai le temps de l’aventure complète.
Verdict
On ne feindra pas la surprise : on savait où l’on allait mettre les pieds en posant les mains sur Little Nightmares III et force est de constater que nous n’avons pas été dépaysés. Ce qui nous inquiétait plus résidait dans la capacité de Supermassive Games à prolonger l’expérience des opus précédents avec un gameplay faisant la part belle à la réflexion, ainsi que dans l’intérêt d’une suite. Avec la coopération en ligne et les particularités propres à chacun des deux protagonistes que sont Low et Alone, Little Nightmares III a su nous convaincre, d’autant que les développeurs se sont parfaitement approprié les codes de la direction artistique mise en place par Tarsier sur les deux opus précédents. Une expérience qu’il nous tarde déjà de parcourir en intégralité dès le mois prochain, parfait pour coller avec la fête des Morts.