Sorti initialement en mars 2013 sur les PlayStation 3 nord-américaines, puis en août de la même année chez nous, BIT.TRIP Presents… Runner2 est ce que l’on peut appeler un succès à la fois critique et commercial. En effet, après six titres aussi fous que prenants (d’ailleurs tous inclus dans la compilation Bit. Trip Complete disponible sur PlayStation 4 depuis décembre dernier), Gaijin avait su revenir en force pour donner aux fans la dose d’adrénaline demandée. Il était donc temps que le phénomène Runner2 arrive sur nouvelle génération. Verdict ?
En guise d’avant-propos, sachez que, tout comme à l’époque de sa sortie initiale, le jeu est cross-buy, et ce avec la PlayStation Vita. Il est également important de rappeler que le titre officiel du jeu n’est pas « simplement » Runner2, non. C’est en réalité « BIT.TRIP Presents… Runner2: Future Legend of Rhythm Alien ». Un intitulé que l’on pourra qualifier d’original, ou de très compliqué, selon l’humeur. Ce que l’on comprend donc vite, en revanche, c’est qu’il n’y est aucunement fait mention d’une quelconque HD-isation, Definitive Edition ou autre Game Of The Year Edition… Cela s’explique assez facilement en fait. En effet, le titre que l’on vous présente aujourd’hui n’est finalement qu’un vulgaire portage du jeu de la PlayStation 3 vers la PlayStation 4. Même framerate, mêmes graphismes, mêmes modes de jeu, même contenu… On pourra rapidement être déçu de voir qu’aucun effort n’a donc été réalisé à ce niveau-là. Pourtant, et c’est probablement le point le plus important à aborder, sachez que cette version PlayStation 4 est gratuite du moment que vous avez d’ores et déjà acheté le jeu sur la génération précédente. Les habitués auraient donc tort de s’en priver (bien que l’intérêt soit au final assez limité si on l’a déjà fini à maintes reprises depuis 2013). Tandis que les nouveaux venus devront, quant à eux, s’acquitter de la somme de 9,99 €.
Un tarif correct, clairement, surtout lorsque l’on sait à quel point ce titre peut s’avérer addictif. Pour résumer, le jeu, uniquement jouable en solo, est une expérience musicale en scrolling horizontal (façon Sound Shapes ou Vib Ribbon pour les plus anciens) dans lequel notre personnage court de gauche à droite de façon automatique. Votre tâche consistera à vous rendre d’un point A à un point B en faisant le meilleur score possible. Comment marquer des points ? Tout d’abord, sautez au bon moment sur les marches, au-dessus des trous, par-dessus les obstacles etc. Ensuite, ramassez tous les lingots d’or, tous les items, tous les bonus et autres costumes cachés (finir le niveau sans avoir ramassé quoique ce soit est tout à fait envisageable, mais ne présente aucun intérêt dans ce jeu à l’aspect scoring fortement développé). Enfin, et c’est probablement le plus important : ne lui donnez pas d’eau après minuit ! Ou plutôt : ne vous faites toucher sous aucun prétexte. En effet, notre héros ne bénéficiant d’aucune barre de vie, un seul coup pris et c’est le retour à la case départ (ou au checkpoint trouvable en milieu de niveau, selon vos envies, mais vous remporteriez beaucoup moins d’or, forcément).
Le gameplay est donc ultra-basique et s’assimilera plus ou moins vite selon vos talents et votre doigté. Pourtant, vous vous en doutez probablement : chaque jeu facile à dompter est en général une horreur à maîtriser. Un adage qui se vérifie une fois encore dans ce Runner2. Et si le premier monde sert avant tout de gigantesque tutoriel vous permettant de vous familiariser avec les commandes, c’est sans aucun doute dès le deuxième monde du jeu que le concept commencera à vous dévoiler son potentiel sadique. Car si les premiers levels ne vous demanderont « que » de sauter avec le bon timing, ou encore de glisser sous des obstacles et de mettre des coups de pied dans les portes, on se retrouve rapidement à se servir de toutes les touches de la manette en quelques heures, confondant parfois le tout, au risque de devoir recommencer tout le niveau depuis le début… Génialement frustrant !
Runner2 bénéficie également d’une très bonne bande-son, cela va de soi pour un jeu musical. Pour autant, et cela nous avait déjà marqué à l’époque de sa sortie sur PlayStation 3 : les musiques jouées en cours de partie peinent clairement à se démarquer, voire même à séduire. Rien de trop alarmant à ce niveau-là, mais il est toujours un peu dommage de constater que les développeurs n’ont même pas daigné ajouter un ou deux morceaux à l’ensemble. Idem pour ce qui est des voix, car oui, le jeu parle parfois (et ses différentes cut-scenes sont à mourir de rire). Pourtant, bien que très bonnes, celles-ci sont, comme à l’époque, intégralement dans la langue de Shakespeare. C’est également le cas des menus, et plus généralement du jeu dans son intégralité.
Heureusement, la durée de vie plutôt conséquente du soft (surtout compte tenu de son prix) saura vite nous faire oublier ces quelques points noirs. En effet, comprenant une moyenne de 120 niveaux répartis en 5 mondes, Runner2 a de quoi vous occuper. D’autant que chaque monde susnommé se termine par un combat de boss à se tirer les cheveux, et que chaque level vous demandera une concentration extrême dès lors que vous voudrez y obtenir le score parfait, les costumes, les niveaux cachés et tout ce qui s’en suit. A ce propos, sachez que chaque niveau est jouable dans 3 configurations différentes : « plutôt facile », « juste ce qu’il faut », ou « bien dur ». Oui, on vous rassure, on parle bien ici des niveaux de difficulté du jeu.
VERDICT : 7/10
Portage faiblard de la version PlayStation 3, l’itération PlayStation 4 de BIT.TRIP Presents… Runner2: Future Legend of Rhythm Alien passera sans doute inaperçue auprès des joueurs de longue date l’ayant déjà retournée dans tous les sens. Pour autant, les nouveaux venus auraient tort de bouder leur plaisir, car pour moins de 10 euros ils auront affaire ici à une expérience musicale des plus amusantes, mais également des plus complexes. On regrettera l’absence de quelconque mode multijoueur, ou plus simplement d’ajouts notables sur cette « nouvelle » version du jeu originel. Un véritable vent de fraîcheur pour qui n’y a jamais joué, cependant.