TEST Lies of P: Overture : Un DLC aussi enivrant qu’exigeant

Teasé pendant plusieurs mois, avec une fenêtre de sortie prévue pour cet été, sans plus de précisions néanmoins, Lies of P: Overture aura su faire mariner les joueurs. Si l’on s’attendait à l’annonce d’une date de sortie durant la grande messe du Summer Game Fest, c’est finalement un shadow drop auquel nous avons eu droit. Cette pratique consiste à sortir directement un jeu ou une extension sans avoir annoncé de date de sortie au préalable. Une bonne nouvelle qui nous a permis de nous glisser à nouveau dans la peau de la marionnette la plus redoutable du jeu vidéo.

Retour dans le passé

Sorti en 2022 avec une mise en avant bienvenue grâce au Xbox Game Pass, le jeu coréen Lies of P a su interpeller les amateurs de souls-like ainsi que la critique (notre test). Tout n’était pas parfait à son lancement, à commencer par l’équilibrage ou encore les fenêtres d’esquives, mais à force de patchs et de mises à jour, Round8 Studio a su faire de son jeu une véritable référence en la matière. Un véritable tour de force pour le studio qui publiait son premier jeu du genre, d’autant plus lorsque l’on sait qu’il aura fallu plusieurs années et quelques jeux à From Software pour trouver l’équilibrage qui a fait la renommée du genre avec la trinité Dark Souls III, Sekiro: Shadows Die Twice puis Elden Ring (on exclut volontairement Bloodborne de la liste, étant toujours une exclusivité PS4 et dont la portée a été moindre de ce fait).

On en profitera pour rappeler brièvement que Lies of P est un action RPG exigeant, souls-like oblige, qui se veut être une réécriture sombre du roman pour enfants Les Aventures de Pinocchio. L’œuvre de Carlo Collodi est surtout connue grâce à l’adaptation animée de Disney, bien que le livre se soit vendu par millions en Italie. Un point de départ audacieux pour un jeu souhaitant nous mettre dans la peau d’une marionnette. Ici, il n’est nullement question d’un pantin de bois mais d’une véritable machine de guerre. Le protagoniste possède notamment un bras spécial qu’il peut changer à l’envie aux Stargazer ou établis du jeu afin d’adapter la stratégie du joueur.

Lies of P: Overture ne poursuit en rien l’histoire du jeu de base, car si la suite des aventures du pantin sont largement évoqués en complétant le jeu, l’extension fait office de prédelle, venant notamment éclairer certaines zones d’ombres de l’histoire. Précisons que l’accès au DLC ne peut se faire qu’en plein milieu de l’aventure : il fallait au moins avoir complété le 9ème chapitre du jeu pour y accéder, mais Round8 a assoupli les conditions d’accès au DLC pour les joueurs ayant atteint le NG+. Si cela peut sembler restrictif, il faut reconnaître que vouloir accéder à cette partie de l’aventure plus tôt relève davantage de l’insoncience qu’autre chose. En effet, aussi séduisant soit-il, Lies of P: Overture s’avère être un véritable challenge, plus ardu que ne l’est l’aventure principale.

La direction artistique de cette extension est particulièrement réussie

On atterri donc quelques années avant les évènements du jeu dans une Krat enneigée. C’est également l’occasion de découvrir une toute nouvelle partie de la ville, puisque l’on commence l’extension au Zoo de Krat. Si l’on apprécie de commencer ce nouveau pan de l’histoire de Lies of P dans une nouvelle aire de jeu, l’émerveillement est de courte durée. En effet, on tombe très vite sur les premiers ennemis, jamais croisés de surcroit, et ces derniers nous rappellent vite que nous ne sommes pas là pour faire du tourisme. Le niveau général des mobs est élevé, ces derniers frappent fort et peuvent venir à bout de la barre de vie du héros en une paire de coups réussis. Un retour à la réalité qui a de quoi surprendre : Lies of P n’est pas le genre de jeu qui ménage ses joueurs, mais une fois arrivé en NG+, ou du moins assez tard dans l’aventure, on parvient tout de même à survivre après quelques coups reçus. Ici, les ennemis lambda possèdent des combos assez étendus et peuvent soit attaquer à distance, soit très vite se rapprocher tout en attaquant. Il va falloir sortir ses meilleures builds, d’autant que les boss proposent de véritables challenges, et certains risquent de vous faire vous arracher les cheveux.

Des boss et des bosses

Fort heureusement, la sortie de Lies of P: Overture s’est vue accompagnée d’une mise à jour apportant notamment la possibilité de choisir la difficulté, et donc de la réduire; la difficulté originale étant la plus élevée. Les non-initiés pourront alors choisir la difficulté la plus basse, tandis que l’intermédiaire permettra aux autres de profiter de l’aventure tout en pimentant un peu les choses. De notre côté, on avouera avoir baissé le curseur d’un cran à deux reprises : contre le premier mini-boss et contre le boss final. Ce dernier s’est avéré particulièrement retors, et ce n’est sans doute pas pour rien que beaucoup comparent actuellement son affrontement au duel contre Malenia dans Elden Ring.

Le combat est plutôt bien mis en scène, bien que l’arrivée dans l’arène manque un peu de panache, mais ce qui marque surtout, c’est la deuxième phase du combat, véritable chorégraphie des enfers pour le joueur qui se retrouve face à un maelström de coups aux effets spéciaux cramoisis. Le rendu est impressionnant, peut-être même un peu trop, ce qui atténue la lisibilité des patterns et rend le combat un peu pénible. Évidemment, cela n’enlève rien au côté épique de la chose, mais on a un peu soufflé du nez en constant qu’il nous a fallu baisser la difficulté et faire appel à l’aide de l’IA du jeu pour en venir à bout.

De manière générale, l’ensemble des boss de l’extension bénéficient d’un chara-design encore plus léché que dans le jeu de base avec des affrontements qui ne laissent aucun répit au joueur. C’était déjà plus ou moins le cas avec les boss de l’aventure principale, mais cela se confirme davantage ici, avec des antagonistes qui bénéficient de combos particulièrement longs et dont la portée des attaques est assez délirante. Pour autant, difficulté ne rime pas avec impossible et il y a bien des moyens de s’en défaire, mais autant faire preuve de transparence avec vous : nos petits doigts ont bien sué sur la manette tout du long de cette préquelle.

L’un des lieux les plus marquants de Lies of P: Overture

De la même manière que les boss du jeu ont été extrêmement travaillés, Round8 Studio a fait un gros travail sur la direction artistique des différentes zones que l’on traverse. Lies of P manquait un brin de personnalité dans ses environnements, et Overture vient clairement rattraper cela. Sur le papier, rien de très original : une fête foraine qui tourne au cauchemar, un laboratoire aux allures d’hôpital psychiatrique délabré, une grotte en ruines, un manoir élégant laissé à l’abandon… Que des endroits que l’on a déjà pu visiter sous d’autres formes dans bien d’autres productions. Mais Round8 Studio y a ici infusé des ambiances bien particulières qui rendent l’exploration absolument délicieuse.

Avec un level design toujours aussi délectable et proposant son lot de secrets (quoi que l’on en aurait bien voulu davantage), la découverte de ces nouveaux biomes nous donnent un aperçu de l’évolution du studio et l’on se prend déjà à rêver de ce qui nous attend dans le second opus actuellement en préparation. Toujours est-il que les développeurs savent jongler entre les raccourcis bienvenus et récompensent la prise de risque, quand bien même la disposition de certaines échelles et Stargazers (les checkpoints du jeu) peut parfois s’avérer frustrante. À plusieurs reprises, on peut trouver 2 Stargazers peu éloignés l’un de l’autre, tandis que le prochain raccourci pour mener à une aire de repos nécessitera de la dextérité, et parfois un peu de couardise : on l’admet sans détour, c’est la fuite qui nous a évité à quelques occasions une mort certaine et l’obligation de devoir traverser à nouveau un parcours ardu, entre mobs qui font du zèle et ennemis élite qui frappent fort.

Pour venir à bout des nombreuses menaces introduites dans ce DLC, les développeurs nous offrent tout de même de nouvelles armes qui viennent dynamiser l’expérience de jeu, à commencer par l’arc, ainsi que deux nouveaux bras de légion. L’arc sera davantage une arme situationnelle que le véritable pilier d’un bon build, mais il est assez versatile pour se rendre utile, voire quasiment indispensable. Il permet notamment de séparer des groupes d’ennemis ou bien d’en attirer certains vers soi. Dans l’ensemble, la grande majorité des nouvelles armes s’avèrent être intéressantes à utiliser et peuvent s’intégrer dans nos builds sans problème. Mention spéciale pour le Chevalier pâle, véritable gunblade dont le moveset en fait un choix des plus pertinents, tandis que la dernière arme du jeu permet littéralement de faire du protagoniste un Vergil (Devil May Cry) en puissance.

Quand Pinocchio se prend pour Squall

En comptant environ 10 à 15 heures de jeu, voire même un peu plus en fonction de votre capacité à vous défaire de certains des boss les plus retors, Lies of P: Overture s’impose comme une extension de qualité avec une expérience exigeante. Sachez tout de même qu’au moment où vous lirez ces lignes, le DLC a déjà été patché. Le choix de la difficulté permet de rendre le jeu ainsi que son extension plus accessible, et c’est sans doute un excellent choix pour faire découvrir cette licence au plus grand nombre. Généreux de bout en bout avec ses quelques secrets, ses nouveaux items, ses nouvelles pistes mais aussi ses nombreuses révélations, il est impossible de ne pas le recommander à ceux ayant complété Lies of P. Quant aux nouveaux venus, ils pourront se rabattre sur le bundle comprenant l’histoire principale et la préquelle, de quoi se payer un voyage hors du commun dans la réécriture sombres de l’un des contes populaires de notre enfance.

Verdict

Lies of P: Overture parvient à nous scotcher de bout en bout tout au long de sa quinzaine d’heures de jeu à l’aide d’un chara-design des plus efficaces et une direction artistique plus travaillée. On aurait apprécié des environnements un peu plus originaux, mais ne boudons pas notre plaisir, on y retrouve déjà plus de personnalité que dans le jeu principal. Les combats de boss y sont particulièrement exaltants, parfois un peu épuisants mais toujours particulièrement galvanisants, surtout lorsque l’on tient le bon bout et que l’on élimine pour de bon un boss récalcitrant. Une formule affinée que l’on recommande sans hésitation, d’autant que le jeu a reçu assez de mises à jour améliorant sa Quality of Life pour en faire une œuvre peaufinée, tel un diamant poli. Les joaillers de chez Round8 Studio on fait du très bon travail, et on a déjà hâte de voir ce que la suite nous proposera.

75/100
Score total iIl s'agit d'une appréciation générale du jeu de la part du testeur et non d'une note à proprement parler.

Points forts

  • Un vrai challenge avec des boss retors...
  • Une aventure généreuse (entre 10 et 15h de jeu)
  • Les nouvelles zones du jeu sont agréables à parcourir
  • Et le level design est toujours aussi pertinent
  • Les nouvelles armes permettent de créer de nouveaux builds intéressants
  • On y découvre les évènements antérieurs à l'aventure principale

Points faibles

  • ... voire même un poil abusés, si ce n'est frustrants
  • Le positionnement de certains Stargazers
  • Certains passages nécessitent davantage de fuir que d'affronter la menace
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