Première adaptation vidéoludique de la licence cinématographique à succès Sans Un Bruit, A Quiet Place: The Road Ahead nous plonge dans une toute nouvelle histoire tirée de cet univers. Développé par le studio italien Stormind Games, qui n’est pas à son premier jeu d’horreur, et édité par Saber Interactive, le jeu nous plonge dans l’histoire d’Alex Taylor qui fera tout son possible pour survivre face à des créatures plus qu’abominables. Pour autant, ce jeu d’aventure horrifique à la première personne rend-il dignement hommage aux différents films tout en proposant un contenu inédit ? Plongeons ensemble en silence dans cette œuvre aussi stressante qu’effrayante.
Test réalisé sur PC à l’aide d’une copie envoyée par l’éditeur
Sans surprise
A Quiet Place: The Road Ahead débute quelques jours après le fameux day-one : de monstrueuses créatures venues du ciel ont décidé de débarquer sur Terre avec comme but de tuer tous les êtres vivants faisant plus de bruit que nécessaire. Pour rappel, tout comme dans les films, ces créatures sont aveugles, mais sont dotées d’une ouïe plus fine que la moyenne et seront donc capables de capter le moindre bruit effectué. Dans cette histoire inédite, on incarne Alex Taylor, une jeune femme asthmatique (un élément important pour la suite de la narration) accompagnée de son père, Kenneth Taylor, et de son petit ami, Martin Edwards, qui feront tout leur possible pour survivre dans le silence absolu. Au jour 105, après le day-one, Alex et Martin décident de partir en direction d’un ranch pour récupérer des provisions ainsi que des médicaments contre la nausée d’Alex. Arrivée à destination, Alex se sentant de moins en moins bien, elle finit par tomber sur un test de grossesse dans la pharmacie du ranch, qui se révélera positif. Sans grande surprise, Alex informera ses proches de sa grossesse et décidera de prendre la route en direction d’une station portuaire gérée par la Garde nationale des États-Unis pour tenter d’offrir une vie convenable à son enfant. Malheureusement, des incidents plus imprévus les uns que les autres rendront ce chemin encore plus catastrophique, stressant et rempli de risques.
Pour arriver à bon port, Alex passera par une dizaine de décors tous plus différents et angoissants les uns que les autres. Entre une forêt en pleine nuit, un ranch au milieu d’un orage ou un hôpital abandonné pour ne citer qu’eux, tout est fait pour nous procurer des frissons tout le long de notre corps. De plus, chaque lieu semble détaillé avec soin, proposant une narration visuelle plus que précise. De nombreux messages sont écrits sur les murs, ainsi que de nombreuses notes éparpillées ici et là, mettant en exergue le chaos suite au day-one pour un bon nombre de personnages. On apprend la vie de femmes, d’hommes et d’enfants, tout en sachant pertinemment que plus de la moitié n’a tout simplement pas survécu à cette catastrophe. On nous immerge donc dans une histoire prenante, même si elle reste clichée par la grossesse imprévue et la fuite obligatoire. On passera par une panoplie d’émotions : la peur, l’angoisse, le soulagement, la tristesse, la joie… Une histoire qui se veut complexe et qui montre un personnage qui l’est tout autant, mais qui s’endurcit au fil de son aventure. Avec une durée de vie entre 8 et 10 heures, si l’on souhaite récupérer tous les trophées disponibles, la durée est plus que convenable pour un jeu d’aventure horrifique à la première personne.
Sans un bruit
Côté gameplay, A Quiet Place: The Road Ahead est dans la norme pour le style de jeu d’infiltration. Cependant, il est d’une justesse qui en ravira plus d’un. En effet, tout l’univers nous hurle de ne pas faire, ne serait-ce qu’un seul bruit. Ici, nous ne sommes pas dans un jeu d’aventure où l’arme à feu est l’outil de défense par défaut tout au long de l’œuvre. L’infiltration est ici au centre de l’aventure. Le gameplay se veut simple et lent avec peu de touches, que ce soit au clavier ou à la souris. Le tout est intuitif et l’ouverture d’une porte n’a jamais été aussi compliquée, tant cela nécessite un certain doigté pour ne pas alerter nos terribles voisins. La possibilité de courir est proposée, malheureusement nous ne vous recommandons pas d’effectuer cette action au risque de vous faire repérer par une de ces créatures avides du sang de notre personnage. Le choix entre marcher d’un pas décidé ou d’un pas plutôt lent devient rapidement une routine, se mariant parfaitement au genre du walking-simulator horrifique. Mixé à cela l’utilisation d’un phonomètre permettant de mettre en évidence le bruit ambiant ainsi que le propre bruit d’Alex, le combo est gagnant pour augmenter la tension lors du jeu.
Le moindre son est détecté, que ce soit en marchant dans une flaque d’eau, en ouvrant une porte ou en marchant sur du verre brisé. Nous n’avons jamais autant regardé nos pieds lors de cette aventure, gardant nos nerfs sur le qui-vive dès le moindre bruit non prévu. Si, par malheur, Alex dépassait la limite de bruit des monstres, un bruit caractéristique rappellerait à l’ordre le joueur. Et si nous continuons de faire du bruit comme si de rien n’était, la mort s’ensuivrait. Plusieurs morts sont possibles en fonction de l’environnement dans lequel on se trouve, mais pas d’inquiétude, pas de gerbes de sang en approche, cela reste sous-entendu avec l’immense tête du monstre en face de notre personnage. Nos choix sont donc cruciaux : faut-il véritablement faire un détour pour récupérer tel ou tel objet, ou aller droit au but tout en évitant cette créature qui ne fait que rôder autour d’Alex ? Des questions incessantes pour un sentiment d’insécurité permanent.
Après les premiers chapitres du jeu, on comprend rapidement à quelle vitesse on peut aller face aux différentes créatures. On s’adapte à l’environnement, comme les créatures s’adaptent aussi à nos bruits. Le jeu devient plus facile quand nous obtenons la possibilité de jeter des projectiles pour faire du bruit dans une direction opposée. Un peu à la manière d’un The Last of Us, la formule est certes simple, mais gagnante dans un jeu d’infiltration. Ajoutons à cela l’utilisation des sacs de sable, à l’instar des films, en les versant en amont de notre marche, cela nous rend quasiment indétectables pour ces monstres. La tension retombe donc d’un cran face à ces nouvelles possibilités, la peur étant mise de côté. Notons que cela n’est pas toujours disponible. Cela permet, en un sens, de toujours garder un œil sur notre évolution et d’éviter les excès de confiance.
Et de là vient un nouveau point important à prendre en compte, en plus de toutes ces notions de bruit à respecter, Alex est asthmatique. Le moindre effort rend la demoiselle faible et augmente progressivement son niveau de stress et par conséquent une potentielle crise. Monter une échelle, porter une planche ou rentrer dans un environnement poussiéreux seront donc tout aussi dangereux que de se mettre à courir. La présence d’inhalateurs ainsi que de médicaments est un plus pour tenter de garder Alex en vie, en plus de cet environnement hostile. Cependant, au contraire des médicaments, qui sont moins efficaces, les inhalateurs permettent de revenir à un état normal tout en faisant un bruit distinctif. Malheureusement, cette fonctionnalité aurait pu être cruciale tout au long de l’aventure. Or le studio ne l’exploite qu’en surface et n’ajoutera finalement que très peu de stress à l’aventure.
Finalement, le gameplay est plutôt redondant : aller d’un point A à un point B sans faire de bruit en un temps donné. On regrettera le manque d’originalité des différentes missions mises en place, mais aussi les interactions avec les monstres. En effet, les premiers instants nous ont plongés dans un stress incontrôlable, ponctué de cris en tout genre mêlés d’angoisse. La fonctionnalité phare de la détection du micro rend l’aventure encore plus prenante, notamment avec l’utilisation d’un casque qui améliore grandement l’expérience en plongeant le joueur dans cette atmosphère étouffante. Nous nous mettons clairement à la place d’Alex, et le moindre bruit dans notre micro peut alerter les monstres à proximité. Nous vous conseillons donc d’être dans un endroit plutôt silencieux pour profiter pleinement de cette fonctionnalité. Elle reste d’une justesse terrifiante tant nous n’avons pu nous empêcher de crier face à certaines situations, se résultant malheureusement par un game over de notre part. Une option Microphone Noise Detection qui brise le quatrième mur, procurant quelques sueurs froides supplémentaires très appréciables.
Mais pas sans souvenir
Dans sa globalité, le jeu est beau. Les quelques défauts de gameplay n’entachent en rien l’expérience proposée par Storming Games. L’ambiance tout au long de l’aventure est palpable, chaque décision est à prendre avec précaution. Certaines devront se faire sur le moment et d’autres auront le temps de cogiter. Rassurez-vous, les sauvegardes automatiques sont assez fréquentes. Par conséquent, même une mort ne vous emmènera pas des heures en arrière, l’aventure reprendra son cours comme si de rien n’était. La direction artistique colle parfaitement à l’univers des films et les monstres sont aussi cohérents que terrorisants. Les scènes à grande échelle nous ont donné des sueurs froides tant elles sont brutalement belles. On notera une présence ponctuelle de musique, qui reste tout à fait logique dans un univers où le moindre bruit peut tuer. Nous avons réalisé cela qu’après plusieurs heures de jeu, tant nos bruits de nos pas ont été plus intéressant qu’une quelconque musique.
Le sound design est de bonne facture, que ce soit par les propres bruits d’Alex ou ceux des créatures qui sont on ne peut plus terribles. Le bruit de la pluie ou de l’orage nous auront fait sursauter plus d’une fois. Le scan des créatures provoque une sorte d’ultrason quelque peu perturbant. Exit les open worlds, ici c’est un jeu linéaire avec une destination précise à chaque instant, mais cohérente avec l’intrigue proposée. On notera tout de même les rondes des créatures qui peuvent surprendre et provoquer certaines morts non prévues car ce dernier a décidé que sa ronde était devant nos pieds. Et si, par pur hasard, nous ne savons que faire, des indices ou des rappels sont présents tout au long du jeu pour profiter fluidement de l’aventure. Par ailleurs, trois modes de difficultés sont proposés pour une expérience de plus en plus punitive au niveau du bruit sur la dernière difficulté ainsi que le nombre de ressources disponibles pour venir en aide à Alex.
Verdict : 8/10
A Quiet Place: The Road Ahead est une très bonne découverte pour ce mois d’Halloween. Totalement fidèle à la franchise Sans Un Bruit, il propose une aventure inédite et prenante, même si les personnages ne sortent pas du lot. Un gameplay fort de par l’analyse des bruits, mais qui peut se trouver assez redondant sur les choix à effectuer. Une expérience réussie grâce aux différentes émotions traversées, que ce soit la peur ou le soulagement, le tout avec un sound design d’une qualité exceptionnelle avec cette option de détection du micro. Le jeu se termine en une dizaine d’heures, de quoi s’offrir une aventure exceptionnelle pour ce mois d’Halloween à petit prix.
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