Très attendue par les fans qui étaient sur le pied de guerre, la célèbre licence de simulation de guerre Battlefield est de retour. Après deux opus narrant les précédentes guerres mondiales, Battlefield 2042 nous embarque à nouveau dans des combats modernes dans un proche futur dystopique où la guerre fait rage sur tous les continents. Promettant une immersion comme jamais vue auparavant en offrant des batailles à grandes échelles comprenant jusqu’à 128 joueurs en simultané y compris sur console, Battlefield 2042 tient-il ses promesses et permet-t-il aux fans de la licence de retrouver le frisson du champ de bataille ? Découvrez nos impressions.
Test réalisé sur Xbox Series X grâce à un code numérique envoyé par l’éditeur
Dystopie
Comme son nom l’indique, Battlefield 2042 se déroule en 2042, soit dans un peu moins de 20 ans. Bien que ce futur soit relativement proche de notre époque, il n’en est pas moins fondamentalement différent. En effet, le narrateur du jeu nous apprend qu’à l’aube des années 40, de nombreuses guerres ont éclaté partout dans le monde suite aux profonds changements climatiques. Ces nombreuses guerres ont eu pour conséquences de rayer des nations de la carte ne laissant ainsi que les deux dernières superpuissances du globe à la tête des conflits armés restants : les États-Unis d’Amérique et la Russie. Vous prendrez vous aussi part aux différents conflits armés qui opposent ces deux superpuissances mais à la différence des précédents opus, vous serez ici une sorte de mercenaire à la solde de ces pays et non un véritable soldat en bonne et due forme. En effet, les catastrophes climatiques et les conflits géopolitiques ayant engendré la chute de la majorité des nations du monde, des milliards d’êtres humains ont été contraints de migrer. Créant ainsi de nombreux migrants apatrides, alias les “sans-patries” comme ils sont communément appelés dans le jeu. Ce sont ces derniers que vous incarnerez en tant que joueur en choisissant parmi une sélection de 10 spécialistes aux parcours et aux compétences bien différentes. Terminologie peu flatteuse, rabaissante mais très évocatrice, les sans-patries sont considérés comme des pions sur le champs de bataille et les différents états majors ne manquent pas de vous le rappeler à votre arrivée sur un théâtre de guerre : “Si vous voulez nourrir vos familles, vous feriez mieux de nous aider et de vous bouger les sans-patries”.
Un jeu qui mise tout et uniquement tout sur l’expérience multijoueur
Les principales différences entre Battlefield 2042 et les précédents opus de la licence résident dans le solo et dans la sélection des spécialistes pour le multijoueur. En effet, ne vous attendez pas à une aventure solo incroyable aux effets époustouflants et aux choix cornéliens comme l’avait été celle de Battlefield 3 car le jeu n’en est tout simplement pas doté. En effet, Battlefield 2042 ne propose que du contenu multijoueur. Le seul “solo” que vous pourrez approcher dans le jeu est celui des parties multijoueurs contre des IA – désorientées et très nulles – qui n’ont qu’un intérêt, celui de monter vos armes pour débloquer des accessoires. Choix surprenant mais aussi très regrettable de la part de DICE et EA qui proposent ainsi un jeu exclusivement destiné aux joueurs multijoueurs. Par ailleurs, la jaquette du jeu n’arbore aucune mention concernant cela. Nul doute que de nombreux joueurs se feront avoir par mégarde. De plus, le contenu proposé n’est, à notre sens, pas suffisant pour justifier le prix du jeu qui, bien évidemment, est quant à lui facturé au prix fort.
En ce qui concerne le multijoueur, là où il était d’usage de choisir une classe parmi les traditionnelles : médecin, soutien, ingénieur et sniper, il faut désormais choisir un sans-patrie et lui choisir un équipement. Au nombre de 10, ils proviennent tous d’horizons bien différents et possèdent des capacités qui leurs sont propres. Par exemple, Mackay possède un grappin lui permettant de se la jouer Spider-Man alors que Dozer a un bouclier balistique le protégeant des tirs et des explosions tandis que Angel peut quant à lui demander un largage stratégique permettant à ses compagnons d’infortune de se ravitailler ou de changer de classe d’équipement. Classes qui sont par ailleurs désormais à 100% personnalisables. Le joueur peut ainsi choisir quelle arme et quel atout stratégique embarquer avec lui sur le champ de bataille, peu importe le spécialiste, sans restriction de catégorie (pistolet mitrailleur, fusil d’assaut, trousse de soin, trousse de munitions, etc). Ainsi, le joueur peut librement et en toute créativité, jongler entre les différents spécialistes et les différentes classes qu’il a la liberté de créer pour s’approprier le jeu à sa manière. Par exemple, Casper – spécialiste orienté tireur d’élite – peut embarquer avec lui une trousse de munitions pour ne jamais en manquer, ou bien une balise de réinsertion pour choisir où réapparaître. Bien que cette ultra personnalisation puisse sembler être une bonne idée sur le papier surtout dans un FPS stratégique, les faits sont pour le moment différents. Premièrement, certains spécialistes semblent être boudés par les joueurs car moins efficaces en situation de combat. En particulier ceux de type soutien qui peuvent réanimer les alliés tombés sur le champ de batailles. Auparavant et pour ne citer que lui, il fallait jouer Médecin et donc embarquer un défibrillateur et une trousse de soins dans Battlefield 3 pour avoir un fusil d’assaut et obtenir les avantages que cette catégorie d’armes conférait. De plus et chose très surprenante au premier regard, les ennemis tout comme vos alliés ont la même tête. En effet, les sans-patries jouant dans les deux camps, vous pouvez donc vous retrouver nez à nez avec votre spécialiste en tant qu’ennemi. Seul un halo lumineux rouge, une lumière rouge sur le plexus des joueurs ennemis et leur nom en rouge indiquent leur adversité. Vous l’aurez compris, c’est quelque peu déroutant et le léger temps d’incompréhension est souvent au profit de l’assaillant. Sans compter que, parfois, le halo lumineux rouge ainsi que le nom de l’adversaire ne sont pas présents. Impossible donc de différencier les alliés des ennemis. Battlefield 2042 n’est pas exempt de bugs – bien au contraire – et nous revenons sur ce point un peu plus bas.
Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ?
Contre toute attente, EA et DICE ont choisi de modifier voire de supprimer certains éléments du gameplay des précédents titres dont la recette fonctionnait bien. Comme le fait de pouvoir se pencher lorsque l’on vise par exemple. Certaines nouveautés du titre sont novatrices et permettent une jouabilité sans précédent tel que le fait de pouvoir changer les équipements de son arme en cours de partie et permettant ainsi de changer sa lunette ou d’ajouter un silencieux entre deux échanges de tirs par exemple. Mais là où la licence savait habituellement donner une leçon de gameplay à d’autres acteurs du marché, c’était sur la maniabilité et le pilotage des véhicules, notamment les véhicules aériens. Aujourd’hui et pour une raison inexpliquée, le pilotage des véhicules aériens a fondamentalement été refondu et ces derniers sont très difficiles, voire impossibles à contrôler. De plus, ils possèdent une puissance de frappe incommensurable et ceux qui arrivent à les manier s’en donnent à cœur joie sur le champ de bataille, ils sont presque indestructibles et très destructeurs. Il n’est pas non plus possible de personnaliser les actions des touches sur la manette pour faciliter leur pilotage, le jeu ne propose qu’une sélection de presets qui ne règlent finalement pas le problème. Les aéroglisseurs font eux aussi leur entrée dans la licence et les joueurs s’en seraient pour le moment bien passés. Mal optimisés et aux capacités hors du commun, il n’est pas rare de voir un aéroglisseur escalader un immeuble ou bien de voir ses rangs être décimés sans pouvoir riposter contre l’un d’entre eux.
Les Battlefield ont toujours eu des menus incongrus depuis Battlefield 4 et Battlefield 2042 n’est pas en reste. Contre-intuitif, le menu est un véritable dédale et la navigation y est éprouvante. Que ce soit pour choisir un spécialiste, changer ses réglages ou personnaliser ses armes. Bien-sûr, à mesure que l’on joue, les réflexes commencent à devenir naturels mais là où le bon sens orienterait tout naturellement vers un parcours respectant les usages des joueurs en proposant une expérience utilisateur adaptée à tous les supports, EA a opté pour un menu complexifiant la navigation sur console.
Les équipements sont d’ailleurs très difficile à améliorer. En effet, les joueurs Xbox sont – si le cross play est autorisé sur la console – obligé de jouer avec des joueurs PC qui ont une dextérité à la souris bien plus accrue que celles des joueurs console avec une manette. Ajoutez à cela 128 joueurs sur quelques kilomètres carrés ainsi qu’une brochette de sniper et vous obtenez un nombre de décès incalculable à la minute. Les armes offertes au début du jeu n’étant pas les plus intéressantes en termes de précision et de dégâts, les premières heures de jeux sont compliquées. De plus, pour pouvoir débloquer des accessoires sur les armes et quelque peu améliorer leurs performances il vous faut abattre des ennemis avec elles. Or, elles ne le permettent pas facilement. Un cercle vicieux donc. Bien que ce dernier point ne soit pas si choquant compte-tenu du fait que Battlefield 2042 soit un FPS et qu’il soit dans les usages de débloquer de nouveaux accessoires sur des armes à mesure de leurs utilisations, il faut davantage se pencher sur un autre aspect du titre, celui des modes de jeu. En effet, Battlefield 2042 – hors le mode Portal et Hazard Zone que nous détaillons plus bas – est quelque peu avare et ne propose que deux modes de jeux à ce jour : Conquête et Percée. Le premier étant bien connu et consistant à la capture de points stratégiques sur les cartes, l’autre est un mix de l’ancien, mais très prisé, mode Ruée des précédents Battlefield et du mode Conquête. Dans ce mode, vous devrez capturer tous les points stratégiques d’une zone pour la capturer puis une fois acquise, passer à la suivante. Ces deux modes divergent quelque peu mais se ressemblent tout de même énormément sur certains aspects dont un en particulier : tuer un ennemi peut prendre du temps. Les cartes étant très vastes, il n’est pas rare de mettre du temps avant de réussir à tuer un ennemi, surtout avec l’une des armes de base. La présence d’un mode de jeu du type Match à mort en équipe sur des cartes réduites aurait été la bienvenue et aurait facilité la progression au sein du jeu. Actuellement, pour monter ses armes rapidement il faut jouer contre des IA, ce qui n’est pas très intéressant et, qui, de surcroît, ne fonctionne pas à tous les coups. De plus, les modes Conquête et Percée peuvent être longs, à savoir, plus de 30 minutes et requiert donc à minima du temps devant soi pour jouer alors qu’un populaire et simple match à mort prenait 10 minutes.
Là où Battlefield 2042 n’est malheureusement pas avare, c’est sur les nombreux bugs présents au lancement du jeu forçant à se demander si le jeu n’est pas une version Alpha. Les joueurs ayant acquis le jeu en précommande ont une fois de plus essuyé les plâtres. Nous avons rencontré tellement de bugs et d’erreurs critiques au sein de nos différentes heures de jeu que ce test aurait pu être uniquement dédié à la description de ces derniers. Catapultage du joueur en dehors de la carte, nombreux crashs, alliés qui apparaissent comme des ennemis, passage au travers d’éléments du décors, grossissement de lunette qui ne fonctionne pas, bref, vous l’aurez compris, la liste est longue. Repoussé une fois, le jeu aurait mérité plus de travail tant en profondeur qu’en surface. Presque injouable à son lancement, nous avons du mal à comprendre ce qui a motivé la décision de sortir le jeu dans ces conditions malgré son patch Day One et de surcroît, se targuer de représenter la nouvelle génération de jeux-vidéo.
Deux nouveaux modes
Heureusement, Battlefield 2042 embarque deux nouveaux modes, Hazard Zone et Portal. Hazard Zone est un mode de jeu dans lequel 8 escouades de quatre joueurs doivent localiser et récupérer des disquettes de données. Le but étant d’en ramasser un maximum avant de s’extraire en hélico. Ce mode est le seul véritable mode où la coordination est nécessaire. En effet, la mort y est définitive et l’escouade doit donc s’organiser pour réussir à atteindre l’objectif. Le mode embarque aussi des fonctionnalités intéressantes comme des drones et l’appel de renforts. Éliminer des ennemis et récupérer des disquettes vous permettra de marquer des points, points qui pourront être par la suite dépensés avant la prochaine partie pour améliorer votre équipement de départ. Dans Hazard Zone, la tension est souvent palpable et le mode de jeu est grisant à condition bien-sûr d’être dans une bonne équipe.
Le mode de jeu Portal permet quant à lui de rejouer aux anciens jeux de la licence – uniquement en multijoueur – avec des graphismes revues aux goûts du jour. Il est donc ainsi possible de (re)jouer à Battlefield 3, Battlefield Bad Company 2 et Battlefield 1942. Cependant, toutes les cartes ne sont pas disponibles, seulement une sélection pour chacun de ces titres. Portal permet de rejoindre des serveurs sur-mesure créés par des joueurs ou bien, d’héberger ses propres parties avec ses propres règles. Par exemple, il est possible de créer une partie où les joueurs n’auront que pour seule arme, le couteau sur une des cartes de Battlefield 3. Bien que ce mode de jeu soit très amusant, il dépend exclusivement de la communauté. Si cette dernière venait à bouder ce mode de jeu, alors, il n’aurait plus d’intérêt. Il est d’ailleurs possible de personnaliser les classes d’équipements sur tous les jeux précédemment cités.
En ce qui concerne les graphismes, Battlefield 2042 est beau, certes, mais pas transcendant. Cela s’explique aussi potentiellement par le nombre de joueurs sur les cartes et la taille de celles-ci. En doublant les effectifs et la distance potentielle couverte par un joueur, il est compréhensible de ne pas toucher du doigt la perfection graphique mais la licence nous avait habitué à mieux, surtout lors d’un passage à la nouvelle génération. Cette nette augmentation du nombre de joueurs sur la carte a aussi eu deux autres incidences fortement regrettables. La première est que cela donne suite à des échanges de tirs totalement désordonnés et c’est à ne rien y comprendre. Actuellement au nombre de 7, les cartes de Battlefield 2042 nous font découvrir des paysages variés allant de l’arctique aux déserts arides en passant par les plaines verdoyantes et comportent de nombreux points stratégiques à saisir ou à défendre en fonction des modes de jeu. La deuxième est que, entre ces points, il n’y a souvent et malheureusement rien à faire. Pas ou peu de constructions et peu d’éléments derrière lesquels s’abriter ou tendre une embuscade. À la différence des précédents titres où la guerre faisait rage un peu partout, ici, elle bat son plein quasiment exclusivement autour des objectifs donnant ainsi naissance à un boxon sans nom et à une véritable cacophonie. De plus, nous trouvons qu’actuellement, la spatialisation sonore laisse à désirer et les doublages des sans-patries est mauvais. Il n’est pas rare qu’un personnage dise “Non rien, laissez-tomber” lorsque vous marquez un ennemi à vos alliés par exemple. Enfin et pour terminer, la bande originale des précédents opus donnaient la chair de poule, ici, elle est aux abonnés absents.
Verdict : 6/10
Si Battlefield 2042 est censé être le porte-drapeau de la nouvelle génération de console, alors, n’achetez plus un jeu à sa sortie. Alors que nous pensions que le fiasco du lancement de Cyberpunk 2077 avait donné des leçons aux éditeurs et aux développeurs, ce n’est malheureusement et visiblement pas le cas. À sa sortie, Battlefield 2042 comportait d’innombrables bugs et en comportent encore beaucoup trop, aujourd’hui. Concrètement, 1 partie sur 3 comportait des erreurs critiques nous forçant à quitter le jeu ou bien le faisait simplement crasher. Bien que ces défauts techniques finiront par être patchés un jour et permettront d’offrir à ce jeu, au fort potentiel, une expérience digne de ce nom, il est tout de même très regrettable mais aussi très surprenant de voir les mécaniques qui faisaient la réussite des précédents opus être supprimées ou fondamentalement refondues sans aucune raison apparente. L’absence d’aventure en solo – hors combats inutiles contre des IA – est là aussi plus que critiquable au regard du faible contenu multijoueur proposé : Conquête et Percée seulement. Le mode Portal est certes un véritable bac-à-sable très permissif mais il repose essentiellement et quasi exclusivement sur la communauté, si cette dernière ne joue pas le jeu, alors, le mode n’aura plus d’intérêt. Également, la très grande échelle des cartes de Battlefield 2042, les 128 joueurs en simultané, la surpuissance des véhicules, la curieuse répartition des objectifs à prendre ou à défendre et les énormes zones vides obligent les joueurs à se concentrer aux mêmes endroits, donnant ainsi naissance à des batailles totalement désordonnées. Les fans trouveront malgré tout leur bonheur avec cet opus car il a tout de même ce goût de « on y retourne ». Mais l’expérience proposée n’est pour l’heure pas du tout en adéquation avec les ambitions et les promesses du titre. Nous espérons très sincèrement que les problèmes majeurs seront rectifiés prochainement.
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