Après un Battlefield 2042 décevant et plusieurs opus retraçant les deux premières guerres mondiales, les fans attendaient depuis plus de dix ans un véritable retour aux sources de la série Battlefield. À savoir : des guerres modernes, un multijoueur équilibré reposant sur les classes et une campagne sans artifices ni paillettes. Promis comme un renouveau fidèle aux attentes des joueurs, Battlefield 6 vient de sortir et, sans surprise, bat déjà tous les records. Mais cela signifie-t-il qu’il est exempt de défauts ? C’est ce que nous allons décortiquer.
Testé sur Xbox Series X grâce à une version numérique envoyée par l’éditeur
Une aventure visuellement impressionnante, gâchée par une narration maladroite
Le contexte de Battlefield 6 se déroule dans un futur très proche. En 2028, le secrétaire général de l’OTAN est assassiné, provoquant le retrait de plusieurs pays de l’alliance, dont la France. La confiance envers l’organisation est ébranlée et nombre d’États se tournent vers une milice privée fraîchement créée pour assurer leur sécurité : la PAX Armata. Celle-ci grossit à vue d’œil, financée par des nations et des acteurs privés pour assurer leurs propres intérêts. Rapidement, elle s’équipe en fantassins, en armes lourdes et en matériel de pointe. La situation dégénère, et des conflits éclatent partout en Europe, en Afrique et sur le continent américain.
Après un Battlefield 2042 dépourvu de campagne, EA et DICE ont retenu la leçon et Battlefield 6 débarque avec une campagne d’une dizaine d’heures, nous faisant voyager autour de la Méditerranée, en Europe et au-delà. Alors que la PAX Armata a délibérément engagé les hostilités envers l’OTAN, on rejoint une escouade aguerrie des forces spéciales, chargée de la combattre sur tous les fronts. À la manière de supersoldats, cette unité d’élite accomplit l’impossible et, malheureusement, c’est sur cette sensation d’importance que ça coince dans l’intrigue. En effet, cette campagne tranche fortement avec celles des précédents opus : ici, malgré la diversité des théâtres de guerre, on incarne presque toujours la même escouade. Présentée comme un groupe d’élite, elle est chargée de défendre les intérêts de l’OTAN et de faire tomber la PAX Armata. Comme si l’issue de la guerre reposait uniquement sur quelques soldats. Alors que les anciens Battlefield mettaient en avant des héros ordinaires dont les actions changeaient le cours de l’histoire, cet épisode nous place dans la peau d’une équipe suréquipée, invincible et sans limites. Ce qui est tout bonnement irréaliste.
Cette nouvelle approche aurait pu fonctionner si elle avait bénéficié d’une narration plus cohérente. Malheureusement, le récit souffre d’un rythme précipité, d’enjeux mal définis et de rebondissements prévisibles. Pire encore, malgré un contexte évoquant une possible Troisième Guerre Mondiale, l’antagoniste principal manque de profondeur. Ses motivations relèvent plus de la querelle que de la tragédie géopolitique. Tout s’enchaîne trop vite, les personnages sont survolés, empêchant toute forme d’attachement. On note toutefois une attention bienvenue portée aux dialogues entre les membres de l’escouade durant les missions qui parviennent, tant bien que mal, à renforcer le contexte et la cohérence globale du récit. Le discours du jeu propose également une double lecture intéressante, volontaire ou involontaire, en écho à notre époque marquée par la montée des extrêmes et les tensions internationales.
La campagne propose plusieurs niveaux de difficulté. Nous avons opté pour le mode normal, qui s’est révélé plus simple que prévu. La faute à une IA souvent aux fraises : les ennemis n’hésitent pas à foncer dans la ligne de mire, à se découvrir inutilement ou à se réfugier… juste à côté de vous. Bien que la campagne ne permette pas le jeu en coopération ni en écran partagé, elle intègre un système d’ordres tactiques permettant de donner des instructions à son unité : lancer des fumigènes, attaquer une position ou réanimer un allié. Une bonne idée, certes, mais peu utile en mode normal tant la difficulté reste faible. En revanche, cette mécanique prend sans doute tout son sens dans les modes plus exigeants.
Fort heureusement, la déception narrative est rapidement oubliée si on se concentre sur le spectacle visuel, qui lui en met plein la vue, aussi bien sur les effets spéciaux que dans les environnements visités. La campagne de Battlefield 6 nous fait voyager à travers de nombreux pays et décors : du palais égyptien au métro new-yorkais, chaque lieu regorge de détails convaincants. Le sound design est, lui aussi, exemplaire et renforce l’immersion : entre les tirs nourris, les déflagrations et les dialogues sous tension, la cacophonie du champ de bataille est parfaitement retranscrite.
Le retour de la formule multijoueur tant attendue
Après plusieurs épisodes centrés sur le XXᵉ siècle et un Battlefield 2042 à la fois en avance et en retard sur son temps, Battlefield 6 signe le grand retour des combats modernes. Le jeu apporte le retour des mécaniques qui ont fait le succès de la licence : des affrontements terrestres intenses, des bâtiments destructibles, des véhicules blindés et aériens, et surtout le retour du système de classes. De quoi ravir les vétérans de Battlefield 3 et Battlefield 4.
Outre une interface un peu trop chargée qui nuit à la lisibilité et à la compréhension globale, on retrouve très vite les quatre classes emblématiques de la série, avec quelques ajustements dans leurs rôles. Le soutien peut réanimer, l’assaut dispose désormais d’une échelle, la reconnaissance profite encore une fois du C4 et l’ingénieur reste fidèle à ses fonctions habituelles. Sauf pour certains modes spécifiques, toutes les classes ont accès à la majorité des armes, même si certains équipements demeurent exclusifs. Ainsi, la répartition de l’arsenal tend à uniformiser les classes, ce qui en rend certaines moins attrayantes comme l’assaut, par exemple, dont l’intérêt nous semble plus limité. Certains éléments supplémentaires (comme le lance-grenades) doivent être débloqués, mais la progression est assez longue. Cela peut sembler frustrant au premier abord, mais encourage finalement les joueurs à s’investir dans le développement de leurs classes et la réalisation de défis pour débloquer armes et accessoires.
Côté modes de jeu, on retrouve les classiques Ruée, Conquête, Percée, ainsi que Roi de la Colline, Domination et bien d’autres. Le mode portal signe aussi son grand retour pour des parties plus personnalisées. Les cartes sont vastes et variées, même si certaines limitations se font sentir, comme l’absence de map dédiée aux véhicules amphibies et nautiques ou les batailles aériennes encore de faible envergure. Ces ajouts devraient arriver avec les futures mises à jour, notamment le lancement de la saison 1, qui introduira également le très attendu mode Battle Royale. D’autres corrections devraient aussi survenir avec cette première mise à jour puisque le jeu n’est cependant pas exempt de bugs : pertes de son, déconnexions, menus figés… Rien de dramatique, mais des correctifs sont encore nécessaires.
Verdict
Battlefield 6 signe un véritable retour aux fondamentaux de la licence : le titre renoue avec les guerres modernes, les affrontements spectaculaires et surtout le système de classes qui avait fait la renommée de la série et supprimé au début de Battlefield 2042 avant d’être réintégré. Porté par une réalisation visuelle impressionnante et un sound design percutant, le jeu offre des batailles d’une grande intensité, capables de rappeler les plus belles heures de Battlefield 3 et 4. Cependant, tout n’est pas parfait : la campagne, bien que visuellement bluffante, souffre d’une écriture maladroite et d’une IA défaillante. En multijoueur, quelques bugs persistent et certaines classes manquent encore de caractère. Malgré ces écueils, Battlefield 6 marque un renouveau convaincant, à la fois spectaculaire, nerveux et fidèle à l’esprit originel de la saga. Après un Battlefield 2042 décevant, la rédemption est bien amorcée et nous avons hâte de découvrir le contenu des prochaines mises à jour.
Points forts
- Retour aux fondamentaux de la série
- Variété des modes de jeu en multi
- Moteur graphique performant
- Le retour d'une campagne solo
- Campagne visuellement impressionnante
- Bâtiments destructibles en multi
Points faibles
- Narration de la campagne solo peu inspirée
- IA défaillante pour les bots
- Interface multijoueur surchargée
- Difficulté de la campagne solo trop faible en mode normal
- Quelques bugs encore en solo comme en multi