Si, comme nous, vous avez passé un temps fou sur des jeux tels que Mario Kart, Speed Freaks, ou encore Crash Team Racing, vous serez probablement ravis d’apprendre que c’est ce dernier qui a inspiré les développeurs britanniques de chez Strangely Named Studio. En effet, si des tas de titres du genre ont déjà tenté leur chance par le passé, force est de constater que la plupart d’entre eux s’est au final cassée les dents (n’est-ce pas, Modnation Racers et Little Big Planet Karting ?). C’est ainsi que naquit Bears Can’t Drift!?, en août sur PC et en ce début septembre sur PS4.
Disponible depuis peu donc, et à environ 9,99 €, ce Bears Can’t Drift!? a toutes les chances de se faire remarquer. Car au-delà de son concept vu et revu, il faut bien avouer que le soft utilise une approche on ne peut plus originale. En effet, les développeurs le disent eux-mêmes : ils ont toujours détesté la présence de menus dans les jeux vidéo. Il semblait donc tout à fait logique (pour eux, en tout cas) de ne pas en implémenter dans leur titre. Et si l’idée peut de prime abord paraître saugrenue, il faut bien avouer que le tout fonctionne sans trop de soucis. En lieu et place des sempiternelles rubriques (Options, Course Rapide, Championnat…), on trouve donc des icônes. Censées nous faire comprendre en une fraction de seconde à quoi nous avons à faire, nous avons jugé l’ensemble (un peu) trop minimaliste pour vraiment convaincre. Entendons-nous bien, on s’y fait vite. Mais il est clair que le côté intuitif n’est pas de mise ici.
Toujours dans l’idée de trancher avec les codes habituels, Strangely Named Studio a également fait le pari d’imposer des hubs au joueur. Comprenez par là qu’en lançant le jeu (après avoir appuyé sur la touche Croix), vous serez directement plongé dans le bain, au volant d’un kart et dans la peau, vous vous en doutez, d’un ours brun. Ainsi, vous pouvez explorer les maps (au nombre de 3) comme bon vous semble. Pratique, surtout si vous souhaitez vous faire la main avant de participer à une course. Oui car le maniement du kart n’est pas, là encore, un modèle de simplicité. Très glissante, et surtout incroyablement imprécise, la maniabilité globale de Bears Can’t Drift!? pourra en énerver plus d’un. Pour autant, les drifts, eux, justement, sont très grisants à effectuer. Un bon point qui ne cache pas les quelques gros soucis auxquels nous avons à faire dans ce jeu au si fort potentiel.
Pour commencer, il est important de rappeler que le titre a d’abord connu une longue phase d’early access sur Steam. Vous le savez aussi bien que nous, c’est un outil à double tranchant qui donne bien trop souvent lieu à des jeux sortant inachevés, même après avoir quitté leur phase de développement à proprement parler. Ainsi, et malgré de nombreuses updates depuis sa création, Bears Can’t Drift!? ressemble encore et toujours à une bêta. Une très belle bêta, certes, mais une bêta quand même ! C’est d’autant plus dommage qu’il ne manquerait finalement pas grand chose pour passer au stade supérieur et faire vibrer les manettes des joueurs nostalgiques. En l’état le jeu tourne sous Unreal Engine 4 et oscille entre 30 et 60 images/seconde la plupart du temps. Le rendu est très propre et, malgré un flou de mouvement très prononcé (mais pas gênant dans ce style de jeu), l’aspect visuel force le respect. Les couleurs sont chatoyantes, l’eau est très bien retranscrite, et les différentes ambiances sont fortement dépaysantes (forêt, volcan, banquise, jardin japonais, nuit, pluie… Classiques mais efficaces !).
En terme de contenu également, ce Bears Can’t Drift!? n’a absolument pas à rougir face à des productions autrement plus médiatisées. En effet, le jeu a la bonne idée d’être ouvert à 100%, et ce dès le départ. Comprenez par là qu’il n’y a pas de mode Carrière ou même Championnat du Monde imposé. Non, ici tout n’est que fun immédiat sans prise de tête. Dans cette optique, il nous incombe donc de rouler dans ces fameux hubs jusqu’à trouver l’endroit où se lancent les courses. De là, il vous faudra appuyer sur la touche Carré pour choisir votre mode de jeu avant d’entrer dans le circuit choisi. Les modes de jeu sont au nombre de 3 et sont, il faut bien le dire, plutôt sympathiques. Et si les deux premiers (Course Rapide et Contre-la-Montre) se passent volontiers d’explications, c’est en revanche le troisième choix qui nous a semblé le plus insolite, mais aussi et surtout le plus amusant à jouer.
Pique-nique, c’est son nom, est donc un mode de jeu pour le moins original. Dans cette compétition qui en fera saliver plus d’un, le but sera de parcourir le circuit (peu importe que ce soit dans un sens ou dans l’autre) à la recherche des aliments qui y ont été disséminés. L’objectif étant d’être le participant ayant ramassé, et gardé, le plus de nourriture à la fin du timer. Oui car pour pimenter un brin les événements, sachez que dès qu’un adversaire vous touche, vous perdez vos aliments ramassés. De quoi s’amuser de longues heures. Il est également à noter que tous les modes de jeu proposent le même système de power-ups et d’armement à la Crash Team Racing. Que ce soit des essaims d’abeilles à lâcher telles les carapaces de Mario Kart, ou encore des poissons tueurs que l’on peut transformer en roquettes, ces précieux alliés, au nombre de 14, font dans le classicisme mais le font bien.
Sachez également que l’intégralité de ce Bears Can’t Drift est jouable à 1, 2, 3 ou 4 joueurs en écran splitté. Une très bonne nouvelle pour qui voudrait affronter ses amis dans des parties pour le moins endiablées (à noter que 8 personnages sont jouables mais qu’ils sont hélas tous semblables). S’il est clair que l’ajout est appréciable et que le jeu se veut, on s’en doute, fortement tourné vers cet aspect multijoueur, nous aurions pour notre part apprécié un peu plus de soin, ou tout du moins un produit mieux fini. Nous vous le disions plus haut, le tout fait très early access, et c’est ce qui nous a empêché de nous amuser comme nous l’aurions voulu. Les sensations de vitesse sont, disons-le clairement, inexistantes. Les musiques s’entendent à peine et se répètent sans cesse. Les bruits de moteur sont eux, complètement absents (ou à très faible volume du moins). De quoi perdre l’usage de vos tympans quand, sans crier gare, un drift un peu rapide se met à hurler dans votre casque/dans vos enceintes. La caméra complètement folle vous fera vomir plusieurs dîners à la fois, tandis que les textures, elles, ne s’embarrassent pas de savoir si elles sont implantées au bon endroit ou non. Ainsi, on passera régulièrement à travers des rochers, mais nous resterons bloqués sans logique aucune contre un buisson un peu trop résistant… Frustrant ! Nous espérons donc un suivi régulier de la part de Strangely Named Studio, sans quoi malgré son originalité, son aspect visuel, son multi local et ses 12 circuits au charme certain, ce Bears Can’t Drift!? pourrait bien vite tomber dans l’oubli.
Verdict
Proposé à un peu moins de 10 euros sur Steam et sur le PlayStation Store, Bears Can’t Drift!? nous a laissé une très forte impression d’inachevé. En effet, si son concept de moderniser un tantinet les classiques de la PS1 et/ou de la N64 est louable, force est de constater que le résultat final reste en demi-teinte. Le fun sera effectivement au rendez-vous si tant est que vous passiez outre ces quelques (gros) soucis. Mais sa lenteur, son aspect technique rempli d’imperfections, et sa bande-son clairement loupée n’en font pas une valeur sûre pour le moment. Dommage, d’autant que ses graphismes made in Unreal Engine 4, son multi local, et son contenu d’une manière générale, ont clairement de quoi séduire. Bears Can’t Drift!? n’est pas foncièrement mauvais, mais il n’est clairement pas excellent non plus. Petite sortie de route pour les développeurs, donc.
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