Avec une sortie plutôt remarquée sur PlayStation 4, PC et Xbox One, l’action-RPG aux allures surtout très rogue-lite et hack n’ slash de Dead Mage, Children of Morta, se devait de s’exporter sur Nintendo Switch. Alors que le portage est attendu pour les prochains jours, et plus précisément le 20 novembre, sur la dernière console de la firme nipponne, la rédaction s’est bien évidemment payée une petite visite chez les Bergson pour vous rapporter ce test.
Test réalisé sur Nintendo Switch grâce à une copie numérique envoyée par l’éditeur.
[…] n’oublie jamais que tout ceci n’a jamais été une question de lutte du bien contre le mal, un combat des héros contre les méchants. C’était avant tout celle d’une famille et, surtout, de l’amour unissant ses membres […] _ Voix off, à la fin de Children of Morta.
Meet the Bergsons
Si Tolstoï a écrit, à très juste titre, dans Anna Karenine : « Toutes les familles heureuses se ressemblent, mais chaque famille malheureuse l’est à sa façon », les développeurs de chez Dead Mage ont une tout autre vision des liens familiaux, à en faire presque douter de la véracité du grand écrivain russe. En effet, il semblerait que la famille Bergson trouve son bonheur dans son malheur, la rendant alors plus unie, extraordinaire (dans son sens premier) et unique grâce aux liens entre eux.
L’histoire de Children of Morta plonge le joueur dans un monde en proie au chaos. Alors que la doyenne de la famille se rend compte de la progression d’un Mal encore inconnu, une rapide expédition de reconnaissance rend le verdict sans appel : une malédiction s’abat sur le monde. Nouvel habitat où les ténèbres se propagent progressivement, les Bergson se doivent d’agir. Ayant toujours eu pour devoir de garder la région selon un équilibre sain et vivable, la famille Bergson va de nouveau devoir se retrousser les manches et s’équiper de ses armes les plus aiguisées afin de vaincre ce fléau en levant la malédiction. En soi, le scénario de Children of Morta est relativement simple et limpide. Mais il est surtout amplement suffisamment pour un jeu de cette trempe qui préfère largement mettre en avant son gameplay plutôt que de fournir un scénario empli de fioritures inutiles gâchant l’expérience. Pour autant, il reste convaincant.
Dead Mage : maîtres du rogue-lite ?
Ainsi, de grandes responsabilités incombent aux membres de la famille Bergson et aux joueurs : lever la malédiction pour restaurer la paix et la sérénité dans la région. Pour ce faire, il faudra parcourir différents donjons, constitués de plusieurs zones et d’un boss final, générés de façon aléatoire comme dans Dead Cells (notre test), pour ne citer que lui. Autant dire que ce ne sera pas une mince affaire car une flopée de monstres, aux attaques diverses, vous attendront et mieux vaut vous prévenir directement : ils n’y vont pas avec le dos de la cuillère. D’ailleurs, bien souvent, ce n’est pas un ou deux ennemis qui vous attaquent mais plutôt une bonne dizaine ou vingtaine, ce qui ajoute nécessairement beaucoup de difficulté et demande de bien maîtriser son personnage. Le game-over et le retour « à la case départ sans empocher 20 000 » deviennent alors le lot commun de l’expérience. Rogue-lite oblige !
[…] Plus qu’une aventure, un véritable conte ! […]
Heureusement, nous pouvons compter sur des bonus temporaires, des compétences actives et passives ou encore des runes pour booster les caractéristiques de notre guerrier. En effet, au cours de nos tribulations dans ce monde infesté par les ténèbres et par les créatures les plus effroyables, nous pouvons débloquer des bonus temporaires. Par exemple, nous avons pu débloquer celui permettant d’infliger des dégâts de poison sur les ennemis grâce à notre attaque de base après un mini-jeu. Certains d’entre vous diront que ce n’est pas grand chose, et pourtant ça fait le café pendant quelques temps. Tout est bon à prendre ! Les runes, elles, sont des boosts pour les compétences actives. Évidemment, comme tout bon jeu d’action-RPG et sans grande surprise, chaque personnage possède un arbre de compétences qui lui est propre. C’est en débloquant des niveaux, à force de combattre, que nous sommes amenés à en obtenir au fur et à mesure. Là encore, cela peut faire la différence. À ce sujet, le soft pousse tout de même beaucoup à l’exploration puisque c’est en découvrant les différents lieux et zones que l’on obtient ces runes et bonus temporaires. Les compétences passives sont quant à elles mutualisées entre les différents membres de la famille et peuvent être améliorées via l’atelier de Ben, situé dans la maison des Bergson.
Après chaque mort et une courte cinématique introduisant de nouveaux liens entre les personnages, le joueur est de retour dans le domicile familial. Véritable hub, c’est dans la maison des Bergson que nous pouvons effectuer quelques préparatifs et sélectionner notre personnage jouable avant de repartir à l’aventure. Notons que chaque pièce se débloque au fur et à mesure de notre progression : par exemple, l’atelier de Ben n’était pas accessible au début du jeu mais l’est devenu après une bonne poignée de morts. Si Children of Morta reprend des mécanismes de jeu d’autres rogue-lite, comme le système procédural pour les donjons à la manière de Dead Cells ou même de productions labellisées action-RPG typiques, le soft se démarque pourtant sur un point : la possibilité de jouer différents personnages. Durant toute l’aventure, nous sommes amenés à choisir parmi une sélection de 6 personnages qui se débloquent progressivement : 2 possèdent des attaques à distance et les 4 autres sont davantage des guerriers au corps-à-corps. Ce n’est en rien véritablement novateur mais cet aspect ajoute un plus non négligeable pour de la rejouabilité et surtout pour tromper le sentiment de lassitude. D’ailleurs, jouer un seul personnage n’est pas une réelle option. Effectivement, Dead Mage pousse à changer de personnage puisqu’en en jouant qu’un seul, celui-ci se trouvera affecté de maux plus ou moins sévères, empêchant une bonne progression dans l’aventure. Le soft implique alors de s’essayer à d’autres personnages de la famille Bergson, et de ce fait, à d’autres manières de jouer. C’est bien pensé sur le papier et c’est convaincant Switch en main.
Une aventure attrayante
Intertitre assez osé, non ? Surtout quand on sait que le jeu se veut très difficile et qu’il implique quelques moments de rage et d’arrachage de cheveux. En dehors de sa difficulté assumée, Children Of Morta se veut très attrayant. À commencer par (et grâce) à sa direction artistique, à la sauce pixel art, qui colle très bien à l’aventure. Moins lissé et polish, le pixel art de Children Of Morta fait honneur aux jeux des années 80 et 90 et ce n’est pas pour nous déplaire. La bande originale nous a paru un tantinet en retrait tant on aurait aimé entendre des sons plus rythmés durant toute l’aventure. À l’inverse, mention spéciale à la voix off qui accompagne l’histoire des Bergson et du fléau qui s’abat sur la région. Disponible seulement en VO (anglais) mais avec les sous-titres en français, elle nous a fait invariablement penser à celle de Darkest Dungeon (notre test). Dead Mage parvient ainsi à conter une véritable aventure, avec un message qui a du sens sur les liens familiaux, dans un genre qui ne se prête pas généralement à cela. Dans ce sens, rappelons que l’histoire du rogue-lite Dead Cells tient en une seule ligne.
Pour finir, notons que l’aventure sur Nintendo Switch s’est passée sans encombre. Nous n’avons pas été témoin de clipping ou de baisse de framerate, la console de la firme nippone arrivant à faire tourner le soft à la perfection, que ce soit en mode portable ou docké, et sans hyper-ventilation. Children Of Morta a d’ailleurs un mérite supplémentaire : proposer à deux joueurs de collaborer ensemble en mode local. Les développeurs prévoient également une mise à jour, à venir prochainement, incluant la possibilité de jouer en ligne avec d’autres joueurs. Dans les deux cas, nous recommandons vivement d’y jouer avec une manette plutôt qu’avec les Joy-Con pour plus de confort et surtout pour éviter d’abîmer davantage les joysticks, qui sont le maillon faible de la console.
Verdict : 7/10
Dans l’ensemble, Children Of Morta maîtrise très clairement les règles du rogue-like en saupoudrant le soft d’une pointe de hack n’ slash, tout en parvenant à implanter des idées qui font le café. Par exemple la possibilité de débloquer moult bonus et compétences, ou encore sa manière de diriger le joueur vers une approche différente de l’aventure, soit à travers les yeux de plusieurs personnages et façons de jouer. Ça fonctionne vraiment bien et malgré la difficulté, la dizaine voire quinzaine d’heures se passe sans encombre et on n’en boude pas notre plaisir. Bien que la bande originale nous semble un peu en retrait, la direction artistique rend le tout très attrayant, sans mentionner la voix off qui est un véritable plus tout au long de l’aventure.
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