Cela fait désormais de nombreux mois que les joueurs attendent le nouveau titre d’Arkane Lyon (Dishonored), Deathloop. Victime de nombreux reports dû à la pandémie mondiale de COVID-19, les développeurs français ont, comme beaucoup, rencontré des difficultés pour terminer pleinement et peaufiner le jeu. Or, c’est désormais chose révolue. Oui, Deathloop arrive dans seulement quelques heures au moment où nous écrivons ces lignes et nous avons pu mettre la main sur le soft. Aux côtés de Colt et Julianna, nous avons bravé les boucles temporelles pendant de longs moments afin de vous rapporter toutes nos impressions. Alors, est ce que ça vaut vraiment le coup, après toute cette attente ?
Test réalisé sur PS5 grâce à une copie numérique envoyée par l’éditeur
Arkane et le secret du temps
Pour toutes celles et ceux ayant déjà mis les mains sur les titres d’Arkane Lyon, vous n’êtes pas sans savoir que ce studio de développement aime s’amuser avec les temporalités et les dimensions. Il suffit de jouer quelques heures aux deux opus Dishonored pour s’en rendre compte. Or, avec Deathloop, ils poussent le vice un peu plus loin en introduisant le concept de boucle temporelle. Une idée originale, qui, disons le tout de suite, fonctionne très bien et le concept est bien maîtrisé.
Dans Deathloop, les joueurs incarnent, premièrement, Colt. Il est aussi possible de jouer Julianna, l’antagoniste, et protéger la boucle. Mais revenons en à Colt. Comme Sam Porter Bridges peut être bloqué sur la grève durant de nombreuses séquences dans Death Stranding, Colt se retrouve piégé dans une boucle temporelle. À chaque nouvelle journée, une nouvelle boucle dont le point de départ est situé sur une plage mystérieuse et abandonnée le menant à son repaire. Évidemment, cette situation ne lui convient guère et il dessine alors ce qui devient l’objectif principal de cette aventure : briser la boucle temporelle. Pour cela, il faudra se rendre dans différentes régions de Blackreef afin de tuer les Visionnaires. Au nombre de 8 au total, tous profitent d’une histoire particulière et d’un background propre. Parmi eux, Julianna, une chasseresse bien décidée à mettre des bâtons dans les roues à Colt puisque son but est de protéger la boucle comme nous l’avons dit précédemment. D’ailleurs, celle-ci, qu’il s’agisse de l’IA ou d’un réel joueur l’incarnant (via le mode multijoueur), envahira de temps à autre le monde et cherchera à vous tuer.
Évidemment, rien n’est simple à Blackreef. Pour parvenir à tuer les 8 Visionnaires et briser la boucle temporelle en place, il ne suffit pas de traverser les régions pour loger une balle dans la tête de l’ennemi. Si vous le faites, vous verrez que cela ne mènera à pas grand chose. En effet, il faut les tuer d’une certaine manière. Pour cela, il est impératif de résoudre des pistes de réflexion, telles que « trouver l’objet X dans la région Y pour en découvrir davantage sur Z » et ainsi de suite. À partir du moment où vous avez une nouvelle piste de recherche, l’objectif sera alors marqué et alimentera votre chasse aux Visionnaires. De ce fait, tout au long de l’aventure et de l’exploration au sein de Blackreef, nous sommes amenés à découvrir des zones bien spécifiques, chacune recelant des indices et secrets concernant les Visionnaires. Il faudra additionner les éléments de réponses concernant ces personnages afin de les éliminer finalement le plus efficacement possible.
Et là encore, l’environnement pourra donner du fil à retordre aux joueurs. Chaque région dispose de zones et bâtiments différents, répondant à leur propre logique et disposant d’un accès verrouillé ou non. De ce fait, il est parfois impératif de résoudre des énigmes et petits casse-têtes afin de débloquer une porte. Par exemple, et sans donner trop de détails, des codes vous seront demandés afin d’accéder à tel ou tel endroit clé. Mais ce code doit être trouver dans une autre région. Si cette énigme est assez simpliste, ne vous fiez pas à cela car certaines sont plus coriaces et demanderont pas mal de réflexion. Le chemin pour tuer un Visionnaire est de ce fait plus long puisque cela nécessite d’explorer, découvrir des pistes, résoudre des énigmes, vagabonder d’une région à une autre etc. C’est donc un peu plus complexe que ce qu’il n’y paraît ou paraissait aux annonces officielles mais c’est ce qui fait le sel de l’aventure Deathloop, Colt devenant aussi bien un mercenaire qu’un enquêteur. Évidemment, tout cela stipule que le joueur est amené à faire des allers-retours incessants entre les différentes régions. De ce fait, ceux qui ne trouvent généralement aucun plaisir à effectuer des missions de type FEDEX n’y trouveront probablement pas leur compte malheureusement. Pour autant, le tout a un très grand intérêt et prouve que les développeurs de chez Arkane Lyon ont bien ficelé le scénario du jeu puisque celui-ci se déploie et évolue progressivement. Ainsi, on se plaît à plonger de boucle en boucle temporelle afin d’effectuer les diverses missions et alimenter nos recherches.
Plus qu’un Dishonored !
L’adage dit « La pomme ne tombe jamais loin de l’arbre ». Et ce proverbe colle très bien à l’expérience Deathloop proposée par Arkane Lyon. Effectivement, on retrouve une partie de l’ADN des Dishonored, notamment dans les déplacements et propositions de cheminements. Attention, cela ne signifie pas que le soft ne comporte pas de nouveautés, au contraire d’ailleurs. Comme avec Corvo ou Emilie, il est tout à fait possible de jouer l’infiltration ou bien de décider de rusher les régions et tuer tout ce qui bouge. Ainsi, les joueurs pourront dessiner leur propre parcours et selon leur style de jeu. On notera tout de même que le titre ne propose pas autant de chemins secrets à découvrir et à emprunter que dans Dishonored. Dans notre cas, nous avons préféré jouer l’infiltration pour la plupart des cas et ce fut assez gratifiant et satisfaisant. Certaines fois, cette approche était un peu plus difficile.
Vous l’aurez probablement déjà saisi mais Colt est un homme à abattre puisqu’il désire ébranler le système mis en place, soit briser la boucle. Ainsi, tous les Eternalistes (IA ennemie) et les Visionnaires tireront sur vous, dès qu’ils vous auront aperçu. De plus, les zones regorgent de pièges, tels que des capteurs de mouvements déclenchant l’alerte générale ou même des tourelles automatiques. Si l’IA ennemie semble parfois un peu maladroite et que peu maline, il ne reste qu’elle peut rapidement nous infliger des dégâts considérables, à tel point qu’elle peut mettre K.O Colt en une fraction de secondes. Notons d’ailleurs à ce sujet que les joueurs ont le droit à deux résurrections au cours d’une même boucle temporelle. Ni plus, ni moins.
Naturellement, nous pouvons compter sur une belle panoplie d’armes, qu’il est possible de récolter sur les ennemis, respectant un code couleurs représentant leur rareté et efficacité. À ce sujet, il y a de quoi faire : on peut aussi bien jouer avec un pistolet silencieux, qui profite de notre préférence, qu’avec une mitrailleuse proche de la batteuse. De quoi apporter de la diversité d’une boucle temporelle à une autre. Celles-ci peuvent êtres infusées, en échange de residuums (matière à récupérer sur des objets disposés dans les régions), afin de gagner en efficacité, rapidité et dégâts. Mentionnons alors le fait que tout ce qui est récolté n’est capitalisé que si vous parvenez à vous échapper de la zone à travers les tunnels et que vous vous rendez dans votre QG, HUB général. C’est d’ailleurs dans ce QG que vous planifierez vos prochaines expéditions et préparerez votre équipement. Par contre, si vous mourrez au cours d’une boucle, vous perdrez pas mal d’éléments.
Colt est également capable de maîtriser des pouvoirs, appelés « modules », ramassés sur les Visionnaires. Là, on retrouve (encore une fois) des notions de gameplay implantées dans Dishonored : Colt peut projeter les ennemis, se téléporter à un endroit visé, se rendre invisible le cours d’un instant, etc. Par exemple, le pouvoir Nexus, permet de lier des ennemis entre eux. Si vous en tuez un, tous ceux qui seront liés à lui, mourront également. Cela ne vous rappelle rien ? Ajoutons à cela, les breloques d’armes pouvant apporter des améliorations plus ou moins significatives à votre équipement et personnage. Dans l’ensemble, le gameplay de Deathloop est bien pensé et bien équilibré : on ne se perd pas dans une myriade d’éléments à apprendre et assimiler. On parvient à plonger directement dans l’aventure tout en apprenant progressivement certaines subtilités d’actions et quant au scénario. De notre côté, à chaque session, nous étions curieux et impatients d’en découvrir davantage au sujet du monde de Deathloop. Comptez une bonne quinzaine d’heures pour finir le jeu, voire bien plus si vous désirez le platiner et expérimenter le mode « Protéger la boucle » aux côtés de Julianna.
Un jeu qui fait mouche ?
Depuis les Dishonored, Arkane Lyon se démarque par la direction artistique de ses productions vidéoludiques. Et si déjà les aventures d’Emilie et Corvo profitaient d’une aura bien particulière à travers les environnements proposés, Deathloop fait tout aussi bien. Dans ce sens, précisons d’emblée qu’une boucle temporelle se dessine en une journée et donc en 4 temps : matin, midi, après-midi et soir. Une fois la nuit tombée, nous redémarrons une journée et donc une nouvelle boucle. Nous pouvons d’ailleurs décider de passer le temps, quand nous sommes dans le QG. De ce fait, nous avons ainsi accès à une météorologie différente en fonction des temporalités d’une journée : la glace pourra être fondue en après-midi mais fraîche le matin, dans une région. Une autre fois, nous aurons accès à une zone plongée dans le noir, révélant ainsi de nouveaux ennemis. Cet élément de gameplay respecte parfaitement l’idée de boucle temporelle tout en lui apportant une plus grande variété et permet ainsi de casser le sentiment de répétitivité dû à ce concept même. C’est bien trouvé et cela fait le café.
Dans la même idée, nous ne pourrions que saluer le travail de level design et de modélisation des environnements dans Deathloop. L’ambiance générale est prenante et nous plonge dans un univers rétro, voire vintage. La palette de couleurs utilisée est tout à fait à propos. Les repaires des Visionnaires sont très bien travaillés, proposant leur propre aura. On peut aussi bien traverser un bunker militaire hautement sécurisé qu’une bibliothèque et même un bâtiment thématique digne d’une foire. Le changement d’atmosphère est plaisant et invite à l’exploration méticuleuse. En revanche, nous n’avons pas été très marqué par l’humour général du titre même s’il réussira tout de même à vous faire esquisser quelques sourires. La bande sonore, elle, est juste et accompagne bien l’ensemble, sans pour autant être absolument mémorable.
Comme nous l’avons précisé plus haut, la rédaction a eu accès à la version PS5 du soft d’Arkane Studio. Et autant le notifier tout de suite, il n’y a rien à redire là dessus. Le jeu tourne parfaitement bien sur la dernière console de chez Sony et profite d’une très grande fluidité. Les temps de chargement sont, comme on pouvait s’y attendre, rapides. Nous n’avons pas expérimenté de clipping ou d’aliasing non plus. Parfois, il y avait une baisse conséquente de framerate après une action, mais le tout revenait à la normale rapidement. La manette DualSense offre de belles sensations puisque l’on ressent de la résistance dans les gâchettes L2 et R2 au moment de viser/tirer. Ce qui permet alors une plus grande immersion.
En revanche, au moment de nos sessions de test, nous n’avons pas pu nous essayer au mode multijoueur, invitant les joueurs à envahir les parties des autres en tant que Julianna pour mettre des bâtons dans les roues de celui incarnant Colt. Bien que nous avons réussi à nous connecter aux serveurs du jeu, nous perdions souvent le lien. Une fenêtre l’annonçant arrivait souvent lors de nos sessions solo. Quand nous avons réussi à rejoindre le HUB du mode multijoueur, le matchmaking ne trouvait pas de correspondance. Ce mode supplémentaire reste une bonne idée, sur le papier, et peut ainsi allonger la durée de vie générale du soft.
Malheureusement, Deathloop n’est pas exempt de défauts ou de bugs techniques. Au moment où nous avons procéder à notre test, un problème est apparu après plusieurs heures de jeu : alors que tout allait bien au début, par la suite, nous n’entendions plus Julianna à travers le talkie-walkie. Ses paroles étaient bien matérialisées à l’écran via les sous-titres, mais nous n’avions plus accès à sa voix. Une autre fois, nous étions bloqués après avoir voulu quitter le menu in-game, nous obligeant ainsi à quitter l’application et la redémarrer. À un autre moment, un objet était positionné dans l’air, sans support en dessous de lui. Le tout est dommage en soi, mais on peut s’attendre à un rectificatif rapide de la part des développeurs, à travers une mise à jour, à ce sujet.
Verdict : 7/10
Ne se contentant pas seulement d’emprunter des idées de gameplay à la série des Dishonored, même si certaines sont bien là, Arkane Lyon parvient à proposer une nouvelle expérience de jeu reposant sur un concept précis, soit la boucle temporelle. L’aventure Deathloop est relativement intéressante car le concept de loop permet d’alimenter progressivement le scénario et le gameplay général. Bien qu’il ne soit pas exempt de défauts, le soft parvient à accrocher grâce à sa direction artistique, son level-design et sa proposition générale. Il arrivera à séduire les joueurs n’ayant pas peur de faire et refaire la même chose et ceux désirant une expérience un peu plus originale que certains AAA plus convenus. Une bonne idée sur le papier et un bon résultat manette en main.
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