L’an dernier, F1 2022 avait connu de sérieux problèmes de fiabilité à sa sortie. Pour ce nouveau cru, Codemasters et Electronic Arts tentent de ne pas reproduire la même erreur. Alors que le neuvième Grand Prix vient de s’achever (avec une nouvelle fois un dénouement inattendu…), il est temps pour nous de livrer notre verdict et il n’y a plus aucun doute possible : F1 23 est désormais le meilleur jeu de la franchise. On vous explique en détail pourquoi dans notre test.
Test réalisé sur PS5 et PS4 grâce à une copie numérique de l’Edition Champions envoyée par l’éditeur
De retour au premier virage
Idolâtrée par de nombreux fans à travers le monde, la Formule 1 était en quête de renouveau, mais surtout en recherche de bonnes sensations pour se mettre en confiance dans le domaine vidéoludique. Après la sortie de piste dès le premier virage l’an passé avec F1 2022, nous attendions de pied ferme ce nouvel opus qui devait venir corriger des sensations de conduite assez peu agréables. Rappelez-vous, la FIA lors de la saison 2021/2022 a imposé à toutes les écuries un changement de règlementation majeur avec l’arrivée des nouvelles monoplaces. Plus large, prenant plus de place sur la piste, ce changement de voiture entraîne des évolutions majeures concernant les sensations de conduite (notamment au niveau des rebonds). Nous sentions que pour F1 2022, Electronic Arts et Codemasters n’avaient pas eu le temps de bien apprivoiser ce changement de technologie, mais quand est-il pour ce F1 23 ? On se retrouve avec un jeu nettement plus agréable à jouer avec une voiture qui glisse certes un peu plus, mais qui accroche nettement mieux la piste avec un grip plus présent.
Si Milestone a tenté de rendre cette année sa franchise MotoGP nettement plus accessible avec une IA pour corriger les erreurs des joueurs, F1 23 dispose lui toujours de très nombreuses aides comme pour les opus précédents. Aide au freinage, trajectoire idéale, anti-patinage… Peu importe le niveau du joueur, F1 23 conviendra à toutes les populations et c’est une excellente nouvelle. Que vous souhaitiez donc une expérience poussée simulation ou si vous êtes plutôt casual gamer et donc juste enchaîner quelques tours de piste sur Monza sans pour autant entraîner une safety-car à chaque virage, F1 23 est désormais la nouvelle référence du paddock. Bien entendu, vous pouvez également paramétrer tout ce qui concerne la gestion des dégâts : en fonction de la zone de la voiture impactée, vous aurez plus de mal à freiner, ou encore vous ne pourrez accélérer comme voulu. Pour finir sur la jouabilité, si l’utilisation d’un volant est nettement conseillée pour une expérience optimale, Electronic Arts avait promis des améliorations manette en main. Avec la DualSense, c’est un réel plaisir que d’aller frotter les vibreurs tant les retours haptiques sont réalistes, il en est de même pour les gâchettes adaptatives qui renforcent l’immersion. Avec ce périphérique, contrôler sa voiture n’a jamais été aussi aisé que dans les opus précédents. Nous avons également essayé le titre sur PS4 avec une DualShock 4, le résultat est également réussi et l’expérience très agréable.
Parmi les nouveautés annoncées par l’éditeur, on retrouve dès le lancement les deux nouveaux circuits qui seront traversés par nos pilotes de F1, à savoir Los Angeles et le circuit de Losail au Qatar. A noter que malgré le retrait du Grand Prix de France et de son circuit Paul Ricard pour cette saison 2023/2024, ce dernier est toujours jouable, bonne nouvelle pour les fans français et les pilotes qui aiment les échappatoires assez larges. Pour les mordus, Codemasters a ajouté de nombreuses options avec désormais la présence des drapeaux rouges et la possibilité de choisir 35% pour la durée de course. Parmi les petites modifications des circuits, on retrouve des modifications en ce qui concerne les chicanes dans le Grand Prix d’Espagne (Barcelone) et d’Autriche (Red Bull Ring). En revanche, le format Sprint est toujours absent, à voir si une mise à jour en cours de saison ajoutera cette possibilité. A noter que pour les tous les joueurs PC qui possèdent un casque de réalité virtuelle (Valve Index, Oculus Quest 2 + Link Cable, Oculus Rift S, HTC Vive, HTC Vive Cosmos), F1 23 est toujours compatible. A quand une fonctionnalité équivalente pour le PS VR2 ? Pour les fans de F2, une mise à jour arrivera après le lancement du jeu pour se mettre en conformité avec le casting actuel, tandis que la F3 est une nouvelle fois aux abonnés absents. Si vous étiez en galère dans les menus, on saluera le travail de Codemasters pour retrouver une interface HUD plus claire pour l’utilisateur.
Drive to Glory
Si la Formule 1 a su séduire de nouveaux fans, c’est non seulement grâce à l’excellente couverture médiatique de la chaîne cryptée CANAL+, mais également grâce à Netflix et son documentaire annuel Formula 1: Drive to Survive. Véritable récit des saisons passées avec des images exclusives traduisant les tensions en interne entre les pilotes, Codemasters s’était inspiré de ce modèle pour créer Point de Rupture dans F1 2021. Bien que le scénario et les dialogues étaient assez clichés, il était plaisant d’avoir droit à un mode Histoire dans un jeu de course. Faute de temps très certainement, ce mode avait fait l’impasse sur F1 2022, mais il est bien de retour sur F1 23. Intitulé Point de Rupture 2 (original), nous aurons toujours la possibilité d’incarner le jeune et talentueux pilote Aiden Jackson. Recruté dans l’écurie Konnersport, ce dernier doit faire équipe avec son plus grand rival (et le détestable) Devon Butler. Coup de poignard dans le dos, mauvaise foi ou encore comportement antisportif, tous les procédés sont bons pour prendre le dessus sur son coéquipier. Petite nouveauté pour ce mode, nous incarnons également un deuxième, ou plutôt une deuxième pilote : Callie Mayer. Talentueuse et enchaînant les victoires en Formule 2, elle est convoitée par de très nombreuses écuries de Formule 1. Ce mode vous demandera donc de remplir des objectifs principaux en course, en cas d’échec il faudra recommander. Les objectifs facultatifs remplis vous donneront des points de performance tandis que les interviews des points de notoriété. Parce que oui, la Formule 1 c’est le côté sportif, mais également un côté bling-bling omniprésent.
Bien mis en scène avec des cinématiques de bonne qualité, on s’y croirait presque au niveau de l’immersion tant les dialogues s’inspirent du quotidien des pilotes. Pour venir à bout de ce mode, comptez environ 8 heures (avec quelques essais sur certains circuits pour atteindre les objectifs fixés) ce qui est tout à fait correct. On pourra regretter des clichés un poil omniprésent, mais on se perdra rapidement des heures dans cette aventure et ce, sans s’en rendre compte. Concernant le second mode solo, Eletronic Arts ne touche pas au mode Carrière, ce qui n’est pas plus mal quand on connaît la qualité de construction initiale de ce mode. Jouable en solo ou à deux, vous avez donc la possibilité de prendre le contrôle d’une écurie et/ou d’un pilote et de tenter votre percée pour atteindre le sommet de la pyramide sportive. A noter la possibilité de basculer vers une Carrière « Pro » pour les habitués et les spécialistes de la franchise. F1 23 a été pensé pour le jeu multijoueur local : entre la carrière jouable en coopération, la présence d’un mode écran scindé jusqu’à deux joueurs ou encore la possibilité d’organiser des LAN, Codemasters ne s’est pas moqué de nous. Concernant l’aspect en ligne, il existe toujours des salons publics, privés avec des possibilités de faire des parties classées ou non classées. Les courses de Ligue sont également de retour et vous devrez vous connecter à la plateforme EA Racenet pour en profiter.
Lors de notre premier lancement de F1 23, nous étions curieux de ne pas voir de mode libre (Grand Prix, contre-la-montre…) dans le menu d’accueil. Pas de panique, tout se trouve dans F1 World, une sorte de hub bien sympathique bien qu’un peu brouillon aux premiers abords. Heureusement, vous serez bien guidé par le jeu avec des tutoriels pour vous expliquer le bon fonctionnement de ce mode. Pour résumer rapidement ce F1 World, il s’agit d’un mode qui contient de nombreux autres modes. Que vous finissiez une course ou des défis proposés, vous remporterez des points qui augmenteront votre niveau de technologie. Ces niveaux vous permettront de débloquer des pièces à installer sur votre voiture F1 World. Car dans F1 World, vous faîtes comme chez vous : personnalisation de votre espace de vie, paramétrage de votre voiture en améliorant ses pièces et donc ses caractéristiques ou encore la personnalisation de votre pilote. Au final, votre monoplace sera dotée d’une note qui sera par la suite reportée sur la grille de départ (meilleure note = meilleure place pour la course). Votre voiture est ensuite utilisable contre d’autres joueurs en ligne. Obtenir une voiture nécessitera pas mal d’heures de jeu et comme souvent, on regrettera la présence une nouvelle fois des microtransactions qui viennent ternir le tableau et qui augmente donc la rapidité du processus d’amélioration. Sur un jeu qui sort annuellement, c’est toujours dommage de perdre tout ce qui a été fait chaque année, mais là encore, il n’est pas le seul dans ce cas-là.
Une réalisation en demi-teinte
Disponible sur toutes les consoles du marché (à l’exception de la Nintendo Switch) et sur PC, F1 23 alterne le bon et moins bon techniquement parlant. Graphiquement déjà, le jeu ne s’avère pas encore au niveau de la dernière génération de consoles. Si l’on exclut les monoplaces ainsi que les circuits en eux-mêmes, le jeu est très loin du compte : animations et textures datées, ralentissements (même sur PS5) lors des scènes de liesse (sûrement les effets des bulles de Champagne) ou encore la modélisation de nos pilotes qui manque terriblement de finesse et de vie. Quand on sait qu’EA gère également la franchise FIFA, on se dit qu’un effort pourrait être fait pour les 20 pilotes du circuit principal. Après, le jeu dispose de la fonctionnalité cross-play et ce, entre toutes les plateformes : si la différence graphique avait été trop importante, difficile de dire si cette fonctionnalité serait toujours présente. En revanche, nous sommes toujours pleinement convaincus par le sound-design : entre le bruit des moteurs criant de réalisme et les divers effets sonores qui rendent l’expérience comme authentique, vous ne sortirez pas indemne de cette expérience auditivement parlant.
Une nouvelle fois, Electronic Arts et Codemasters proposent deux commentateurs de choix pour les habitués de la langue de Molière : Julien Fébreau et Jacques Villeneuve qui commentent ensemble pour CANAL+ la plupart des Grand Prix de Formule 1. Si la voix du premier nommé peut manquer un peu de naturel dans son intonation, on ne peut qu’être déçu par le rendu final concernant le consultant et ancien Champion du Monde 1997. Le tout donne ainsi un rendu final en demi-teinte : nous avons plus l’impression d’avoir droit à un mauvais jeu d’acteur et le réalisme en prend un coup. Quand on connaît le talent IRL de ces deux journalistes, on ne peut que demander un rendu final différent de la part des développeurs britanniques. Il en est de même pour toutes les voix secondaires françaises (ingénieur de piste notamment) qui sont tout sauf crédibles. Il aurait été préférable de récupérer les voix originales des ingénieurs (comme dans F1 Manager 22) en y mettant des sous-titres. Pour finir sur la partie sonore, la tracklist du titre est tout simplement exceptionnelle : si vous appréciez l’electro chill, vous serez comblé par les choix musicaux avec des morceaux qui restent en tête et qui sont parfaitement adaptés pour un jeu où certains modes vous demandent de rester un certain temps dans les menus.
Verdict : 8/10
F1 23 rattrape très largement les problèmes de fiabilité rencontrés dans F1 2022. Il s’agit sans aucun doute du jeu le plus complet pour les fans de la discipline. Malgré des vitesses avoisinant les 340 km/h, le titre reste accessible aux joueurs de toute expérience grâce à toutes les aides proposées par Codemasters. Le contenu n’est pas en reste puisque qu’avec un mode carrière complet, un mode histoire à la sauce Netflix et F1 World plus complet que jamais, de nombreuses heures de jeu (et de crashs) vous attendent. On restera toutefois assez critique sur la réalisation globale et la présence des microtransactions qui permettent une progression plus rapide. F1 23 est donc excellent, mais pas encore parfait bien qu’il soit un incontournable pour tous les passionnés de Formule 1.
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