TEST | Fae Farm : vers une aventure féerique ?

Développé par Phoenix Labs, Fae Farm est un jeu de gestion de ferme et d’aventure sorti en septembre 2023 sur Nintendo Switch et PC. À cette occasion, nous avons eu l’opportunité de poser les mains sur le dernier jeu en date des studios canadiens pour vous livrer nos impressions sur le titre.

Fae Farm est présenté sur sa fiche magasin comme étant un jeu de farming, dans lequel le joueur peut créer et développer sa ferme ainsi qu’améliorer et décorer sa maison, nouer des relations, utiliser de la magie, combattre, partir à l’aventure, jouer en multijoueur et nous en passons. Une liste bien longue qui pourrait être à double tranchant. Alors qu’en est-il réellement ? Fausse promesse ou pari fou ?

Test réalisé sur Nintendo Switch à l’aide d’une version numérique fournie par l’éditeur

Un jeu à la croisée des chemins.

Fae Farm n’est pas une simple copie d’un genre vu et revu. C’est certes une nouvelle itération du genre jeu de farming, mais pas seulement. Phoenix Labs a habilement su s’inspirer des mécaniques à succès d’autres jeux du genre afin de n’en garder que le meilleur tel que Animal Crossing, Stardew Valley ou encore, Fantasy Life pour ne citer qu’eux. Ainsi, Fae Farm est un jeu très riche et complet qui surprend grâce à sa jouabilité et sa liberté inattendue, mais qui malheureusement, se perd parfois en chemin.

L’aventure commence naturellement par la création d’un personnage ; cheveux, forme du visage, des yeux et de la bouche, tout y passe et sans fioritures, l’outil de création de personnage ne propose que l’essentiel, mais permet tout de même de créer un personnage à son image. De plus, il propose même plusieurs pronoms à utiliser parmi il, elle et iel.

Une fois le personnage créé et l’introduction passée, le joueur est enfin en droit de visiter son monde et est capable de se promener librement où bon lui semble, et ce, sans barrière invisible. Courir sur les toits, sauter d’une falaise en contrebas et même, jouer l’équilibriste sur des flancs de falaises. Tout est possible et ça marche. Véritablement inattendue, voire inespérée pour un jeu de son calibre, la liberté de mouvement a été pour nous une belle surprise.

Après les premières folles explorations viennent très rapidement les premières quêtes qui font office de didacticiel et permettent au joueur de prendre en main le jeu. On y apprend les bases de la pêche, de l’agriculture, de la cuisine, de la capture d’animaux et enfin du combat. Car oui, bien que Fae Farm soit présenté comme un jeu farming/tranche de vie dans lequel le joueur peut développer sa ferme et sa maison, Fae Farm possède une grande dimension aventure et son scénario est principalement centré sur cette dernière bien qu’il tarde à se dévoiler.

En effet, l’île sur laquelle vous avez échoué est en proie aux éléments et tardivement dans l’aventure – spoiler alerte – nous apprenons que ces aléas sont liés aux caprices d’esprits qui se cachent au plus profond de plusieurs donjons. Pour aider l’île à retrouver sa sérénité d’antan, vous allez devoir venir à bout de ses donjons et satisfaire les caprices des esprits féeriques qui s’y cachent – fin du spoil.

Chose intéressante, c’est que pour venir à bout de ces donjons, le joueur doit améliorer son équipement et se préparer à l’exploration de plusieurs niveaux grâce à des potions et de la nourriture pour regagner de l’énergie. Par conséquent, l’exploration des donjons ne peut pas se faire sans l’amélioration et l’exploitation de votre ferme.

C’est donc avec brio et à notre grande surprise que Fae Farm a su mélanger savamment les mécaniques d’un jeu de farming à celles d’un dungeon crawler. Pour que chaque expédition dans un donjon soit une réussite, il est primordial de se préparer. Car oui, chaque action manuelle de collecte (pioche, pelle et etc) dépense de l’énergie, les monstres pullulent et certains donjons sont même tout bonnement hostiles à la vie. Dans Fae Farm, l’exploration rime donc avec préparation.

Minuit passé ? Hop ! Au lit !

Dans Fae Farm, la fin d’une journée équivaut à un retour forcé dans votre maison. Peu importe que vous soyez au fin fond d’un donjon ou en pleine conversation, le joueur est téléporté de force sous la couette pour se réveiller le lendemain à l’aube. Ainsi, et pour ne pas écourter l’exploration d’un donjon, il est nécessaire de ne pas perdre de temps. Par défaut, tous les niveaux des donjons sont verrouillés et le passage d’un niveau vers le suivant nécessite l’activation d’un mécanisme dissimulé. Il est donc théoriquement impossible de passer les 25 paliers en une seule journée sous peine de retour forcé du personnage à la maison.

Fort heureusement, des mécanismes avec des sceaux permettent de déverrouiller définitivement certains niveaux et font même office de téléporteurs. Ces sceaux peuvent se fabriquer depuis votre ferme grâce à des minerais présents à différents niveaux du donjon. Vous l’aurez compris, une première expédition est donc nécessaire avant de créer ces sceaux et c’est au total au bout de 3 à 4 expéditions que vous parviendrez au bout du donjon. Mécanique intelligente qui allie une fois de plus habilement les mécaniques de la ferme à celles de l’aventure.

Au fil des paliers, les ressources collectées sont de plus en plus rares, mais aussi de plus en plus difficiles à collecter. Preuve en est, un minerai de fer est 3 à 4 fois plus résistant qu’un minerai de cuivre. Ces minerais peuvent être utilisés pour améliorer la durabilité de votre équipement et sa puissance. En le faisant, le joueur augmente ses performances de récolte et gagne du temps sur son exploration. En d’autres termes, si votre équipement n’est pas suffisamment adapté, c’est la perte de temps assurée.

Fae Farm force donc les joueurs à améliorer leurs fermes et leurs équipements pour pouvoir avancer dans l’aventure et l’un ne peut pas se faire sans l’autre. Il serait tentant de croire que la mécanique est fastidieuse, néanmoins il n’en est rien. La collecte des matériaux est enfantine, le système de craft est très complet, voire trop complet et la gestion de la ferme se fait, elle aussi, très facilement et sans artifices. Nous nous sommes surpris à développer avec entrain notre rendement et la productivité de nos activités. Capitalisme quand tu nous tiens.

Social, mais pas trop non plus.

Un des fers de lance de la communication de Pheonix Lab sur Fae Farm est sa dimension multijoueur. En effet, il est possible de jouer avec des inconnus ou des amis à Fae Farm mais pas à n’importe quel prix. La coopération locale en écran scindé n’étant pas proposée, il faut obligatoirement posséder plusieurs exemplaires du jeu pour jouer à plusieurs. Par ailleurs, le jeu ne permet pas la cross-progression. C’est-à-dire, qu’un joueur ne peut pas importer son personnage dans un autre monte avec son inventaire et ses outils mais doit bel et bien recommencer sa progression depuis le début dans l’autre monde s’il veut jouer en multijoueur et ne peut, par conséquent, pas importer sa sauvegarde. Un véritable point négatif à nos yeux qui dénature complètement l’essence même de la coopération.

Dans Fae Farm il est possible de nouer des relations avec les autres personnages qui peuplent l’île. Idée intéressante sur le papier, en revanche, elle s’avère être en réalité trop superflue, voire brouillon. Il suffit parfois d’échanger quelques mots dans le cadre d’une quête pour développer des relations avec un personnage. Certains sont nos amis pour des raisons que l’on ignore et d’autres, en veulent davantage, là encore pour des raisons obscures. Sans ajouter de réels intérêts au jeu, la mécanique des relations soulève aussi des interrogations sur l’orientation du titre. En effet, sous ses airs mignons et ses couleurs chatoyantes, Fae Farm semble, à première vue, être destiné à un public très jeune. Cependant, l’usage nous fait penser le contraire.

Un jeu débordant d’ambition et de contradictions

Sous ses airs enfantins et son PEGI 7, Fae Farm semble être prédestiné à finir entre les mains des plus jeunes, mais l’expérience globale ressentie nous a fait penser l’inverse. Fae Farm est assurément mignon dans son gameplay, son histoire, dans sa direction artistique et son bestiaire. Cependant, le jeu n’offre pas assez d’assistances au joueur et est par conséquent, à de nombreuses reprises, déroutant. Le jeu manque cruellement d’explications et malgré la présence d’une encyclopédie, Fae Farm ne prend pas les joueurs par la main et les laissent souvent se débrouiller, rendant le jeu, parfois, vraiment difficile. Véritable incohérence à nos yeux, en particulier si la cible est jeune.

Le plus gros du problème réside avant tout dans le système de crafting qui est très complet, voire trop complet. Pour pouvoir avancer dans l’aventure et les donjons, le joueur doit obligatoirement passer par la case crafting pour pouvoir cuisiner des plats, améliorer son équipement ou tout simplement pour répondre aux caprices des esprits de l’île. Le jeu indique ce dont le joueur a besoin pour passer la quête, mais pas comment y parvenir. Bien sûr, les joueurs peuvent se contenter du premier monde et ne pas aller plus loin que l’introduction déjà très complète et ne pas se soucier de l’aventure, mais de ce fait, ils passeraient à côté de l’essence même du jeu.

Une fois ces difficultés passées, Fae Farm prend une tout autre saveur tant il regorge de mécaniques malignes et un gameplay riche et varié. Techniquement impressionnant pour son envergure, nous pourrions croire que les équipes de Phoenix Labs ont pensé à tout. Les saisons influencent vos récoltes et la faune, la pluie arrose vos terres et vos cultures, aller nager rempli votre arrosoir, la décoration et le confort de votre intérieur influence votre santé, votre énergie et votre magie, les outils possèdent des propriétés magiques et vos compétences évoluent à mesure que vous les utilisez. Bref, la liste est longue et démontre bien une chose, c’est que Phoenix Labs a le sens du détail. Tous ces éléments augmentent artificiellement la durée de vie du jeu, nous évoquions au début de ce test que l’aventure de Fae Farm se dévoile tardivement, en effet, il nous a fallu plus de 5h de jeu pour vraiment nous y consacrer et au bout de 15h de jeu, nous n’avions toujours pas terminé de deuxième donjon. Mais c’est avec entrain que nous lancions Fae Farm car l’univers est riche et coloré, la BO est sympathique bien que peu originale et vite redondante, la direction artistique est soignée et cohérente de bout en bout, bref, on s’y plonge avec plaisir. Attention toutefois au mode portable de Fae Farm qui est très énergivore et qui fait vite monter la température de la Nintendo Switch.

Verdict : 6/10

Après une plongée captivante dans le monde féerique de Fae Farm, le jeu mélange savamment plusieurs genres tels que le farming ou le dungeon crawler. La grande liberté qu’offre le titre, son système de crafting très complet et l’habile mixe entre la gestion de sa ferme et de ses cultures aux aventures dans les donjons ajoutent une profondeur inattendue au titre. Cependant, malgré son charme visuel et sa richesse, Fae Farm souffre trop souvent d’un manque d’assistance, laissant le joueur face à lui-même sans lui donner réellement les clés pour réussir. Destiné à un jeune public, Fae Farm risque sans aucun doute de dérouter les plus novices qui chercheraient à achever l’intégralité de l’aventure. Malgré ces contradictions, la richesse de son univers, la créativité du gameplay et l’attention porté par le studio aux détails font de Fae Farm une aventure assurément captivante, bien que parfois déroutante.

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