Annoncé lors de l’E3 2018, surprenant alors totalement les joueurs et les fans de la licence qui ne s’attendaient pas à un nouvel opus, Fallout 76 a alimenté de nombreuses discussions et/ou débats aussi bien sur les réseaux sociaux que sur les forums de jeux vidéo puisqu’il est principalement axé sur une aventure multi-joueur et non plus exclusivement solo comme c’était le cas avec les précédents opus, tels que Fallout 4 (notre test). Tout de suite, cela a remué la Toile. Après des phases de bêta plus ou moins réussies (problèmes de clipping, d’aliasing, bugs en tous genres et de connexion pour certaines plateformes) Bethesda a tout de même sorti Fallout 76 à la date prévue, soit il y a seulement quelques jours, le 14 novembre. On est donc parti à l’aventure, dans les Appalaches, façon post-apocalyptique, pour vous rapporter notre verdict.
Test réalisé sur Playstation 4 grâce à une copie numérique envoyée par l’éditeur et reçue sur notre Pip-Boy.
Avant de commencer, il nous semble juste d’apporter un petit point pour éclairer notre test et notre jugement. Suite aux phases de bêta, qui ont révélé de nombreux bugs et problèmes sur le jeu, beaucoup de joueurs s’attendaient à ce que Bethesda repousse Fallout 76 de quelques jours, voire quelques mois. Le studio de développement a tout de même tenu à respecter la date de sortie prévue initialement, tout en promettant l’apport de nombreuses mises à jour et patchs dans les jours à venir. Comme nous avons pu vous l’annoncer, une mise à jour d’environ 50Go est sorti le lundi 19 novembre, apportant alors son lot de correctifs et autres éléments. Nous avons donc tenu à attendre la sortie de cette première mise à jour pour vous proposer un test conséquent, qui ne serait pas qu’un listing des nombreux défauts du jeu. Bref, et si on passait aux choses sérieuses ?
Reclamation Day has come !
C’est 185 ans avant les événements de Fallout 4, et 25 ans après que les bombes nucléaires soient tombées sur le monde que Fallout 76 prend chronologiquement place dans l’univers post-apocalyptique vidéo-ludique connu et reconnu par tous les joueurs. Habitant de l’abri 76, regroupant au total 500 membres, le joueur se retrouve plongée dans cette nouvelle aventure, après avoir façonné son personnage grâce au menu de personnalisation. Et c’est le Reclamation Day, soit la date à laquelle tous les habitants de l’abri sont amenés à sortir du bunker Vault-Tec pour reconstruire le monde extérieur, et en tant que joueur nous faisons parti des élus. La quête principale, assez restreinte dans son écriture, amène les joueurs à suivre les traces du Superviseur, qui a laissé différents holobandes à divers endroits expliquant les conséquences des bombes nucléaires sur le paysage de la Virginie Occidentale et de ses anciens habitants, désormais irradiés, pétrifiés ou calcinés. Si les commentaires du Superviseur sont relativement intéressants, ils deviennent très vite insignifiants et montrent que les développeurs ont fait le choix de sacrifier le background scénaristique pour proposer un jeu essentiellement centré sur le gameplay et l’aspect multi-joueur. C’est vraiment dommage, surtout lorsque l’on connaît la ferveur des fans de la licence qui l’aiment principalement pour son développement scénaristique. Il est vrai que le scénario de Fallout 4, impliquant de retrouver son fils kidnappé, est un peu cliché dit comme cela mais il avait tout de même le don de proposer différents embranchements pour la fin du jeu et surtout un fil directeur cohérent et suffisamment satisfaisant pour avoir envie de poursuivre l’aventure. Avec Fallout 76, ce n’est probablement pas l’histoire qui vous tiendra en haleine pendant de nombreuses heures ! Ni les quêtes annexes d’ailleurs, qui peuvent paraître un peu répétitives à la longue et ont des allures de missions FedEX pour certaines. Il est d’ailleurs difficile d’estimer un temps de jeu moyen pour parvenir à la fin de l’aventure.
D’autant plus que Bethesda fait l’impasse sur l’un des atouts majeurs développés dans les précédents opus : la présence de PNJ. Dans Fallout 4, certains personnages étaient vraiment très intéressants et amusants, amenant alors le joueur à faire des rencontres plutôt cocasses, parfois complètement WTF, mais toujours marrantes. Dans Fallout 76, il ne faut pas s’attendre à voir des visages humains, hormis ceux des autres joueurs connectés sur les serveurs du jeu et présents dans votre monde. Vous pourrez tout de même croiser des Mister Handy, déclinés au masculin comme au féminin, et interagir avec eux, mais c’est tout. Autant dire que cette absence de personnages tiers est réellement dommage et manque clairement tout au long de l’aventure. On a clairement l’impression de se retrouver avec un Fallout en main, cherchant tant bien que mal à imiter The Elder Scroll Online, mais n’y parvenant pas réellement, et sacrifiant par la même occasion des éléments et atouts qui ont fait la force des précédents opus au profit de l’implantation du multi-joueur. Rassurez-vous tout de même, tous les mécanismes de base de la licence n’ont tout de même pas été tous effacés.
Une version multi’ de Fallout 4 ?
Le verdict est pour le moment sans appel, Fallout 76 n’est pas le jeu de l’année, et ça c’est presque certain. D’ailleurs, en regardant les différentes notes attribuées par les autres rédactions spécialisées dans les jeux vidéo, il n’y a pas photo. Sur Metacritic, Fallout 76 écope d’un 59 contre un 84 pour Fallout 4, sur PC. Après, il faut probablement savoir faire la part des choses, puisque ce premier se veut principalement axé sur le multi-joueur tout en reprenant les codes de son aîné. En effet, il y’a beaucoup de Fallout 4 dans Fallout 76 à commencer par le bestiaire qui est quasiment identique, à quelques ajouts près. On retrouve notamment les Radscorpions, les Fangeux, les Radbiches/cerfs, les Super-Mutants et bien d’autres. Les développeurs parviennent à insuffler un peu de fraîcheur avec la présence de Calcinés, de grenouilles radioactives (portant de l’uranium) et de différents monstres et créatures ailées. Dans les grandes lignes, l’arsenal d’armes reste tout aussi identique. D’autre part, le système de commandes est le même, avec tout de même une maniabilité un peu réduite et capricieuse surtout lorsque vous sprintez. A ce moment là, la caméra est un peu chaotique, avec des mouvements assez saccadés, et on espère que les développeurs vont arranger cela en impulsant un peu plus de fluidité à celle-ci. La hitbox est quant à elle parfois très frustrante par moment, surtout quand vous pensez viser la tête de votre ennemi mais qu’une fois la balle partie celui-ci ne prend aucun dégât.
En ce qui concerne le personnage à proprement parlé, Bethesda a gardé le système de PV (Point de vie) et PA (Point d’action), ce qui rend le jeu plutôt intuitif pour les nouveaux venus comme les plus anciens et habitués de la licence. Ils ajoutent également une dimension un peu plus hardcore à l’aspect survie du jeu en intégrant une jauge de faim et de soif au personnage, auxquels le joueur devra constamment faire attention. Dans Fallout 76, il est également possible de contracter plusieurs maladies, plus ou moins handicapantes pour votre progression. Par exemple, en dormant sur un matelas trouvé un peu par hasard dans ce vaste monde, votre personnage est susceptible d’être victime de démangeaisons. Ou alors, en mangeant de la nourriture périmée, il est possible d’être atteint de dysenterie. Sympa, non ? Blague à part, ce nouveau mécanisme de jeu est vraiment très intéressant et a le mérite d’intensifier le côté survie du jeu, pour donner plus ou moins davantage de difficulté aux joueurs. Un bon point, pour Bethesda ! Sans oublier, les fameux perks de vos aptitudes S.P.E.C.I.A.L, qui ici, bénéficie d’un tout nouveau système : en passant un niveau, le joueur a la possibilité d’ouvrir un booster de cartes, qui octroient certaines caractéristiques à votre personnage. Par exemple, il est possible de débloquer une carte permettant d’augmenter votre inventaire ou d’alléger le poids des drogues (santé) ou des armes. Une fois le pack de cartes ouvert, généré au hasard, il faudra les placer en fonction des points d’aptitudes selon les catégories S.P.E.C.I.A.L : Intelligence, Charisme, Agilité, Force, Perception, Endurance et Chance.
Fallout, c’est aussi un jeu qui intègre de la construction et de la gestion, et ceci principalement depuis la démocratisation du mécanisme dans le quatrième opus. Comme dans Fallout 4, les joueurs sont amenés à construire leur propre C.A.M.P. Dans le précédent opus, le joueur, en tant que milicien, devait reconstruire les villes et différents spawns du monde tout en propageant la bonne parole. Cela permettait notamment de s’essayer à différents types de construction, et à s’amuser pendant de longues heures sur cet aspect. Dans Fallout 76, le joueur a la possibilité de construire un seul et même C.A.M.P, le sien. Via un item portatif, qu’il est possible de déplacer à tout moment, le joueur accède au fameux menu de construction qui ressemble étrangement à celui de Fallout 4, avec quelques ajouts d’éléments décoratifs et surtout une vue caméra subjective qui pose parfois un peu problème au niveau des perspectives. Et c’est d’ailleurs là que le farm devient important car, comme la plupart d’entre vous le savent déjà, pour construire un élément, vous aurez besoin de diverses ressources : engrenages, céramique, vis, bois, acier etc. Il est possible de trouver ces ressources en explorant le monde et en démantelant votre bric-à-brac (des items par forcément utiles) via des ateliers. Certains items et éléments constructibles ne seront disponibles que si vous avez découvert et lu le plan adéquat. Ces plans se trouvent ci et là dans le monde de Fallout 76.
Une expérience multi-joueur calibrée
Il n’y a pas à dire replonger dans un opus de la licence Fallout, ça fait tout de même très plaisir, tant la licence est bonne dans son ensemble et propose une vision post-apocalyptique plutôt intéressante dans un monde ultra ouvert. Même si Fallout 76 reprend les bases et mécanismes de son aîné, il ne parvient pas à sortir de son ombre tant les développeurs ont fait des cuts tout de même conséquents dans le gameplay du jeu. En revanche, tout ce qui relève du multi-joueur est plutôt bien calibré : cela reste assez simple de rejoindre la session d’un ami et de jouer avec lui pendant des heures sans avoir de soucis de déconnexion. Vous n’êtes tout de même pas à l’abri de subir quelques ralentissements et bugs, lorsque vous serez plusieurs joueurs dans un même monde, et à proximité l’un de l’autre, il va s’en dire. Mais cela risque d’être patché d’ici les prochaines semaines.
D’ailleurs en parlant de proximité, il n’y a pas de restriction quant à la distance mise entre un joueur et un autre, de la même équipe. Expliquons nous : par exemple, dans Destiny, si un joueur était trop éloigné de son collègue, il finissait pas être téléporter à l’emplacement de ce premier. Alors que dans Fallout 76, même si vous êtes amis, chacun peut faire sa vie de son côté et accomplir ses missions. Enfin, « ses » missions. Sachez qu’en rejoignant un ami, celui-ci devient le chef du groupe et il impose alors aux autres ses propres missions. Même si vous avez déjà, vous de votre côté accompli la dite mission, vous devez la refaire avec votre ami devenu chef du groupe. Pas de panique pour autant, même si vous refaites certaines missions, vous gagnez tout de même de l’expérience et du butin (caps – monnaie in game – et autres éléments comme des plans et des armes). Heureusement, vous garderez tout de même votre propre progression pour certaines missions annexes ou diverses. Vous pourrez également participer à différents événements en équipe, disponibles à divers endroits et spots de la carte. Cela peut s’avérer nécessaire dans certains cas, notamment quand la créature en face a plusieurs niveaux de plus que vous. Sans oublier, qu’une dimension JcJ est présente tout au long de votre aventure : vous pouvez tuer des joueurs ou être tués par eux. Et certains endroits (Les ateliers libres), une fois capturés, peuvent faire l’objet d’une conquête armes en mains par d’autres joueurs s’étant invités dans votre monde. Le danger rôde donc partout !
Avec tout ça, il semblerait que Bethesda cherche à ce que les joueurs s’amusent sur ce jeu issu de la licence Fallout, plutôt que de rester dans un canevas trop sérieux et dramatique tel que cela était développé dans Fallout 4. D’ailleurs, même dans le déploiement de la trame narrative, Fallout 76 adopte un ton beaucoup plus reposé, voire fun par moments, plutôt que d’apporter une proposition lourde émotionnellement. Cela ne plaira pas à certains joueurs, évidemment. Les goûts et les couleurs, vous savez… Rappelons pour finir sur l’aspect multi-joueur qu’il faut absolument posséder un abonnement en ligne pour jouer au jeu. Même si vous ne comptez pas jouer avec des amis et faire votre propre aventure de votre côté, d’autres joueurs seront présents dans votre monde (attribué aléatoirement dès que l’on se connecte). De ce fait, il faudra absolument être détenteur d’un abonnement PS Plus ou Xbox Live pour jouer à Fallout 76.
Un jeu qui manque de finitions (à sa sortie)
Malheureusement, avec un délai très court entre les phases de bêta et la sortie officielle du jeu, les développeurs de chez Bethesda ne semblent pas avoir eu le temps d’améliorer la stabilité graphique du jeu malgré, on s’en doute, un crunch incroyable de leur part dans les dernières heures qui leur été accordés avant le déploiement officiel. Ce qui lui vaut probablement des notes très moyennes sur certains tests, publiés par les sites de rédaction. Et on ne va pas vous mentir, c’est vrai qu’il y a encore de nombreux problèmes et bugs sur Fallout 76, qui on l’espère seront corrigés assez rapidement. Parmi eux, il y a beaucoup de clipping, c’est-à-dire que les textures changent en une fraction de secondes (comme dans un flash) sans savoir réellement pourquoi. L’aliasing est également très présent. Ce qui ne permet pas de profiter pleinement du jeu, pour le moment en tout cas. D’autre part, nous vous en avons parlé plus haut, la hitbox souffre de quelques problèmes de précision, handicapant un peu l’action des joueurs. Il est possible de rencontrer quelques freezes, notamment lorsque vous vous retrouvez dans une grande ville avec une bonne dizaine d’ennemis à 10 mètres de vous. C’est un peu gênant, sachant que vous ne contrôlez plus votre personnage pendant quelques secondes, mais subissez tout de même des dégâts. On ne va pas vous mentir, nous avons également subi des crashs d’application. Rappelons que Bethesda a prévu tout un calendrier pour la sortie de patchs et de mises à jour pour rectifier au mieux le tir, d’après le retour de la communauté des joueurs. Même avec la version 1.0 du jeu, on ne semble pas très loin des configurations dignes d’une nouvelle phase de bêta, en somme. Dommage !
En revanche, mention spéciale pour les paysages qui sont désastreusement sublimes (voir galerie ci-dessus). Le landscaping respecte réellement les images d’Epinal que nous pouvons avoir chacun, dans nos têtes, d’un monde post apocalyptique avec des arbres calcinés et réduits en troncs, des sources d’acides jaillissant du sol, des villes et bâtiments détruits et rongés par la corrosion du matériau nucléaire etc. Comme dans Fallout 4, on se retrouve dans un monde qui fait sens et corps avec l’histoire révélée dans le jeu, et l’exploration en est d’autant plus satisfaisante quand on se rend compte des changements environnementaux d’une zone à une autre. D’ailleurs, Bethesda insuffle toujours autant de fun, et cela même dans les décors, avec des parcs d’attractions abandonnés, des terrains de golfs et bien d’autres surprises architecturales. Les jeux de lumière et la saturation des couleurs rendent le tout vraiment éclatant à l’écran, et pourtant nous n’avons pas joué sur une TV 4K. Avec l’intégration d’un mode photo, disponible via le menu, les joueurs amateurs du 8ème art vont certainement s’en donner à coeur joie. Les développeurs ont d’ailleurs joué avec la profondeur de champ (paramètre disponible et réglable dans le mode photo) pour accorder plus ou moins de netteté en fonction du champ de vision du joueur, ce qui leur permet certainement quelques économies pour leur moteur graphique.
Verdict : 6/10
Il est difficile de se positionner sur un jeu comme Fallout 76, tant le retour sur un opus de cette licence est vraiment appréciable mais est tout de même teinté de quelques zones sombres : la présence d’aliasing et de clipping non corrigée depuis les phases de bêta ou encore des problèmes et bugs intempestifs plutôt conséquents. Le jeu semble pourtant prendre une bonne direction en récupérant la matière première développée dans Fallout 4, tout en ajoutant et centrant l’expérience sur du multi-joueur, qui se révèle plutôt bien calibré, mais qui ne parvient malheureusement pas à faire mouche tout au long de l’aventure. Malgré des ajouts conséquents et la revisite de certains mécanismes de jeu, l’absence d’atouts majeurs de la licence sont beaucoup trop notables pour les oublier. On garde tout de même espoir, au vu des mises à jour et patchs prévus par l’équipe de Bethesda pour noter une amélioration significative dans l’expérience de Fallout 76, même si repousser la date de sortie officielle aurait peut-être été une bonne solution pour tout le monde (éditeur, développeurs, joueurs).
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