Alors que la série des Batman Arkham s’est achevée avec l’excellent opus Arkham Knight, qui figure toujours au panthéon des adaptations vidéoludique de super-héros (loin devant le Spider-Man d’Insomniac Games, il semble important de le rappeler au risque de heurter les plus sensibles d’entre vous), il aura fallu attendre plusieurs années avant que WB Interactive Entertainment ne se décide à reprendre le flambeau et proposer de nouvelles aventures dans l’univers du Chevalier Noir. Fait étonnant, plutôt que de surfer sur son héros phare en accompagnant la sortie de l’excellent film de Matt Reeves, la branche dédiée à l’édition de jeux vidéo a décidé de mettre en chantier un jeu qui mettra en avant les acolytes de Batman, bien connus des amateurs de comics. Gotham Knights s’était jusque-là, imposé comme un titre moins ambitieux que la trilogie de Rocksteady, pourtant s’il a certaines choses à lui envier, il possède ses qualités bien à lui qui en font un jeu qui nous a scotché à la manette. Chronique de quelques nuits passées en compagnie des nouveaux chevaliers de Gotham.
Test réalisé sur PS5 grâce à une version numérique fournie par l’éditeur
Une histoire de famille
Contrairement à ce que pourrait croire le grand public, malgré le côté très solitaire du justicier masqué le plus célèbre de l’écurie DC Comics, ce dernier a, au fil des années, su s’entourer d’alliés de confiance. Tout le monde connait son sidekick, Robin. Beaucoup connaissent également Batgirl, aussi connue sous le nom d’Oracle après que le Joker l’ait placée dans un fauteuil roulant en lui logeant une balle dans la colonne vertébrale. Nightwing est déjà un peu moins présent dans l’esprit du grand public et Red Hood risque peut-être même de ne pas parler à beaucoup d’entre vous. Pourtant, tous les personnages cités jusque-là font partie de la grande Bat-family, que les consommateurs de comics et déclinaisons animées connaissent relativement bien.
Dominique Toretto aurait de quoi être jaloux, tant la Bat-famille ne se limite pas qu’aux 4 membres évoqués ci-dessus. Vous aurez tout le loisir de creuser la chose par vous même, mais entre Batwing, The Signal, Gotham, Gotham Girl ou encore Batwoman, il y a de quoi faire. Pourtant, ce seront les 4 protagonistes cités dans le paragraphe ci-dessus qui officient en tant que stars de Gotham Knights. Exit l’homme chauve-souris, ici, il est question de son héritage et de ses pupilles qui vont devoir se battre pour préserver Gotham City. Il s’agit d’un contexte assez inédit pour un jeu se déroulant dans l’univers du Chevalier Noir, et pourtant, pas si étonnant que cela. En effet, Warner ne se prive pas de surfer sur le succès des plus grandes figures de l’univers de DC Comics, pourtant on note depuis quelque temps une envie de diversifier le paysage super héroïque. Probablement dans une optique de tenter de concurrencer Marvel, bien que les deux entités ne jouent vraiment pas dans la même cour en termes d’organisation.
Toujours est-il que les projets sur petit et grand écran se multiplient, et en gardant cela en tête, il convient de vous avertir que le jeu Gotham Knights dont nous parlons aujourd’hui n’a absolument aucun lien avec la série du même nom en préparation pour une diffusion en 2023 sur HBO. Ce qui est une bonne nouvelle dans les faits, car les deux projets n’ont pas les mêmes ambitions : l’un est franchement inintéressant tant il s’acharne à réécrire une histoire sans même prendre le soin de respecter le matériau de base; tandis que l’autre n’a pas eu toute l’attention de votre fidèle serviteur à son annonce, malgré son amour pour l’univers de l’homme chauve souris. Mais nous réparons aujourd’hui cette injustice comme il se doit.
Bienvenue dans la cour des hiboux
Avouons tout de même que le plot de base de Gotham Knights a de quoi en refroidir plus d’un : à la suite d’un combat à mort avec l’un de ses plus redoutables ennemis, Ra’s Al Ghul, Batman est retrouvé mort. Robin, Batgirl, Nightwing et Red Hood, les éminents membres de sa récente Bat-family ne sont arrivés à temps pour l’aider et, impuissants, pleurent sa mort. Mais leur deuil devra passer au second plan, car les rumeurs sur la mort de Batman ne doivent s’ébruiter dans tout Gotham City, sous peine de voir les gangs et criminels notoires profiter de l’occasion pour prendre le contrôle de la ville. C’est dans ce contexte particulier que nos justiciers masqués vont prendre la résolution de perpétuer l’héritage du Chevalier Noir.
Une sage décision en somme, puisqu’une menace plane sur la ville, et pas des moindres : de plus en plus de meurtres sanglants sont commandités par une entité se faisant appeler La Cour des Hiboux. Jusque-là, cette organisation secrète n’avait guère fait parler d’elle, si ce n’est au détour de légendes urbaines et vers dans d’anciens ouvrages. Un choix des plus intéressants de la part de WB Games Montreal, puisqu’à la différence des habituels gangs contrôlés par Le Joker, Double Face ou encore Le Pingouin, il s’agit d’un groupe composé de l’élite de Gotham City mais qui ne lutte pas directement. Ces derniers emploient des êtres, les ergots, qu’ils contrôlent et mettent à leur merci à l’aide d’un ersatz du Puis de Lazare, ce qui leur confère également plus d’agilité, de force mais aussi les dénue de toute volonté.
La cour des Hiboux n’a, jusque-là, été que très peu dépeinte dans les œuvres mettant en scène le Caped Crusader, et pour cause : l’organisation a fait sa première apparition dans les comics Batman New 52. Le run de Scott Snyder et Greg Capullo est saisissant et a conquis de nombreux fans à l’époque. On a pu la retrouver par la suite dans la médiocre série Gotham, sans pour autant lui donner toute la quintessence qu’elle méritait. Heureusement, Gotham Knights répare cette erreur et permet enfin à la Cour des Hiboux de se faire connaître du grand public. Toujours est-il que l’on vous recommande chaudement l’arc qui tient sur 2 volumes (mais l’intégralité du récit Batman New 52 tient en revanche sur 7 tomes), notamment pour le dessin de Capullo. Un véritable régal pour les yeux, tandis que l’on assiste impuissants à la défaite d’un Batman qui découvre que les fondations, sur lesquelles il pensait que sa ville reposait, ne sont guère plus qu’une élite gangrénée par le pouvoir et la corruption, prête à assassiner des citoyens par milliers pour arriver à leurs fins.
C’est donc avec une certaine fébrilité que l’on a attrapé notre DualSense afin de parcourir la ville de Gotham. Elle est ici bien différente de celle que l’on a connu dans les jeux Batman Arkham, et c’est tout à fait normal, puisqu’il n’y a aucun lien entre les jeux de Rocksteady et le titre de WB Games Montreal. Cela va donc de l’architecture de la ville au chara design en passant par les doublages. Ces derniers ne sont d’ailleurs pas mauvais, mais impossible de ne pas regretter l’excellente prestation d’Adrien Antoine dans les jeux Batman Arkham qui restera dans les mémoires. D’ailleurs, les rares fois où l’on entend la voix de Batman dans Gotham Knights, par le biais d’enregistrements et flashbacks, font davantage penser à un mauvais pastiche du justicier. Et ce n’est clairement pas la faute de son doubleur, bien que l’inflexion de sa voix manque parfois de ce petit quelque chose de saisissant, cette puissance qui prend aux tripes si on l’entend dans les ténèbres qui rappelle la peur qu’est censé incarner le héros. La faute se tourne davantage vers l’effet ridicule appliqué à la voix, qui n’est pas sans rappeler celui infligé à la voix de Christian Bale et de ses doubleurs dans la trilogie des Batman de Nolan.
Quoi qu’il en soit, ce n’est pas tant un souci, puisque le reste des doubleurs français s’en sort avec les honneurs. Quoi qu’un peu légers, surtout pour le personnage de Barbara Gordon aka Batgirl. Alfred manque également d’un peu d’émotion, surtout à l’aube de la mort de celui qu’il a juré de protéger face à l’éternel. Mais on passe rapidement sur ces détails pour se faire happer par la modélisation de la ville et son ambiance. Bien différente de Gotham telle que l’on a pu la voir dans d’autres jeux Batman, elle est cette fois-ci plus organique, reflète à merveille la corruption qui la gangrène et se veut à la fois très colorée, tout ayant sa part de ténèbres. Si d’apparence, la ville de nuit est éclairée de toutes parts avec les néons des multiples enseignes et usines qui la dominent, les décors en intérieurs sont plus nuancés. On se retrouve avec ce doux contraste, mêlant une architecture tantôt gothique, typique de Gotham telle qu’elle est souvent dépeinte dans les comics, tantôt moderne avec des tours de verre et d’acier. De leur côté, les intérieurs sont plus baroques, mais aussi beaucoup plus sombres.
Ce sont d’ailleurs ces derniers qui possèdent le plus de charme, avec une mention spéciale pour les différents nids et planques de la Cour des Hiboux, dont l’ambiance franchement inquiétante et fleurtant avec le médiéval, offrira l’occasion de tirer de jolis clichés à l’aide du mode photo. Ce dernier s’avère d’ailleurs être des plus fournis, avec en apparence des options basiques, accompagnées de filtres plutôt grotesques et franchement cheap (notamment ceux de Freeze ou Harley Quinn). Mais quiconque aura l’envie de pousser l’exercice plus loin prendra le temps de développer ces menus afin de découvrir davantage de paramètres, permettant de jouer sur la mise au pont, le vignettage, l’aberration chromatique ou encore les sources d’éclairages. Ces options avancées s’activent à l’aide d’une simple pression de touche (triangle sur PS5, on imagine que la configuration ne diffère guère sur un contrôleur Xbox), une bonne idée pour laisser ceux qui n’ont pas franchement envie de se prendre la tête s’amuser avec les paramètres basiques.
Une production riche en qualités…
Vous l’aurez compris, l’ambiance est l’un des gros points forts de Gotham Knights. On aurait toutefois apprécié que certains dialogues soient moins remplis de mots creux et d’absence d’engagement de la part des justiciers, ruinant parfois un peu la gravité des évènements. C’est un paradoxe que l’on comprend dans un sens : Robin, Nightwing, Batgirl et Red Hood ne sont en aucun cas des Batman en herbe et possèdent chacun leurs propres traits de caractère. Ils sont moins graves, mais n’ont également pas subi les mêmes traumatismes. C’est justement ce qui rend certains échanges entre eux des plus intéressants, surtout lorsque les clins d’œil et références sont envoyés subtilement aux fans. D’autres le sont un peu moins (était-ce nécessaire de réexploiter la référence au Grey Ghost, déjà largement employée dans Batman Arkham Knight, dès le début de l’aventure ?) mais ils sont vraiment peu nombreux, et ils ne ternissent pas l’expérience, que les fans de la chauve souris se rassurent.
L’ambiance et le scénario sont au rendez-vous, les protagonistes se complètent bien entre eux. La direction artistique de la ville est également une réussite. Jusque-là, Gotham Knights semble n’augurer que du bon pour celles et ceux qui s’aventureront au détour de ces lignes. Autant briser le simulacre de suite : il n’est pas parfait et se voit même handicapé par quelques défauts qui ternissent le tableau. Mais ce que l’on apprécie principalement, c’est que l’on se trompait lorsque l’on pensait que ce serait justement sur la partie gameplay que les équipes de WB Games Montreal trébucheraient. Après tout, les premiers trailers de gameplay n’étaient pas de bonne augure : entre la présence de compteurs de dégâts, laissant craindre non des mécaniques light RPG un peu lourdes dans un pur jeu d’action ainsi que des affrontements lassants face à des sacs à PV, difficile de se réjouir.
Et pourtant, le gameplay, très simpliste dans sa construction, s’est avéré être l’une des grandes forces du titre. Il consiste principalement en l’utilisation d’une touche pour les attaques au corps à corps et d’une touche pour les attaques à distance. En maintenant appuyé chacune des touches d’attaque, les personnages réalisent des attaques puissantes, qu’ils peuvent coupler avec des combos, des esquives ainsi que des prises, qui permettront souvent d’éliminer des ennemis faibles. En guise d’attaques spéciales, le jeu propose ce qu’il appelle des capacités d’élan, qui s’activent par le biais de la touche R1 + l’une des touches Croix, Carré, Triangle ou Rond. Il y en a 8 au total, à acquérir (Gotham est un univers impitoyable dans lequel rien ne nous est offert, sachez-le) et l’activation de ces dernière n’est rendue possible qu’en échange d’une ou plusieurs jauges d’élan (sauf quelques rares exceptions qui font appel à un temps de recharge). Ce qui laissait présager des affrontements basiques s’avère finalement offrir des combats dynamiques et pêchus.
Dans l’idée, on n’est pas si loin du système de combat Freeflow mis en place par Rocksteady sur le triptyque Batman Arkham et repris par WB Games Montreal dans Batman: Arkham Origins. Mais on sent aussi cette volonté de s’affranchir des codes créés par le studio londonien. Et c’est tout à l’honneur des développeurs du pays des caribous, qui nous délivrent une jouabilité moins profonde, mais qui se prend en main facilement. Il suffit d’un peu de maitrise pour que les combats soient plus que de simples distributions de salades de phalanges héroïques, et sans égaler la fluidité et le rythme des combats d’un Batman Arkham Knight, on y retrouve certains aspects loin d’être déplaisants. L’inspiration a du bon, lorsqu’elle laisse également place à la créativité.
Nos chevaliers de Gotham, en tant que dignes héritiers du Dark Knight, ne sont pas seulement bons à enchaîner les bourre-pifs et les batarangs puisqu’ils maitrisent aussi l’infiltration. Le level design regorge moins de points en hauteur permettant de réaliser des exécutions, silencieuses (ou non), mais il y a tout de même assez de verticalité et de conduits d’aération pour se faufiler ou bien rester à distance du sol pour planifier une attaque. Les approches varient tout de même en fonction du personnage utilisé, puisque Robin favorise notamment la discrétion tandis que Red Hood est clairement un personnage pensé pour une approche bien plus directe, avec des coups plus puissants. Nightwing et Batgirl possèdent également leurs propres caractéristiques et puisque chacun possède son style de combat, ses armes et son équipement, on peut tout à fait se renouveler au fur et à mesure de l’aventure, ou bien choisir de ne jouer qu’avec un seul des chevaliers de Gotham.
Comme beaucoup de jeux de son époque, Gotham Knights se voit affublé de mécaniques light RPG, qui heureusement, s’avèrent être plus sympathiques qu’handicapantes. On retrouve un système d’expérience, remportée au travers des nombreuses missions, défis et ennemis éliminés. Rien de très sorcier ici, puisqu’il s’agit de l’habituel cheminement poussant le joueur à réaliser un maximum d’activités dans le jeu pour gagner de l’XP, qui elle même servira à monter de niveau, et qui viendront eux même récompenser le joueur avec des points de compétence à mesure d’un point par niveau. Avec 4 arbres de capacités par héros (dont un est à débloquer), le choix nous est laissé quant à l’orientation que l’on veut leur donner. In fine, on finit avec des arbres de compétences bien remplis. Il va falloir mettre un sacré coup de collier pour tous les compléter, mais avec une progression efficace, on parvient vite à débloquer les capacités les plus intéressantes afin de suivre notre style de jeu.
La bonne nouvelle, c’est que tous les personnages partagent le même niveau. Ainsi il est tout à fait possible de ne jouer qu’avec Batgirl par exemple. Si cette dernière est au niveau 20, Robin, Nightwing et Red Hood le seront aussi et disposeront du même nombre de points de capacités à utiliser. Evidemment, qui parle de RPG parle également d’équipement. Il s’agit de la plus grosse source d’influence sur les stats des héros. Ainsi il y a toute une notion de loot et de craft dans Gotham Knights, afin de fabriquer des équipement de meilleure qualité ou fusionner des mods à appliquer aux tenues/armes pour les renforcer. L’importance de l’équipement joue aussi sur les attaques élémentaires, puisque cela permet d’infliger des dégâts en relation avec l’élément de la tenue ou de l’arme, tandis que l’on peut aussi s’octroyer des bonus de résistance face à la glace, au feu ou encore au poison. Encore une fois, le parti a été pris de ne pas trop approfondir ces systèmes, ce qui permet de ne pas passer trop de temps dans les menus. Quelques minutes entre chaque nuit de chasse seront largement suffisantes pour remettre à niveau chacun des protagonistes.
En revanche, on note une certaine absence de fan service dans les possibilités en termes de customisation de l’équipement. Chaque tenue peut-être modifiée à l’aide de palettes de couleurs (à déverrouiller), et dispose de 3 masques, 3 symboles, 3 paires de gants et 3 paires de bottes différentes. Mais les plus exigeants pourront se contenter de transfigurer leur équipement afin d’appliquer un style prédéfini au héros. Comme nous l’évoquions, il y a peu de tenues vraiment emblématiques. On y retrouve quelques références cultes mais on s’est étonnés de ne pas retrouver certains des costumes les plus emblématiques de la Bat-family. Peut-être est-ce une piste de contenu supplémentaire pour de futurs DLC ou mises à jour ? Toujours est-il que cet ensemble laisse planer une sorte d’arrière goût de jeu service (ou Game as a Service, ou encore GaaS pour les plus familiers avec les anglicismes), mais nous n’en avons vu aucun spectre au long des plus de 25 heures que nous avons passé sur Gotham Knights. Ce qui vous donne d’ailleurs une bonne idée concernant la durée de vie du titre, qui avoisinera entre 20 et 30 heures en fonction de votre taux de complétion de tous les à côté que propose le monde ouvert. Comptez tout de même plus de la trentaine d’heures si vous êtes du genre à chasser tous les collectables et autres babioles.
Gotham est une ville qui se défend en coopération avec un ami (si vous en avez)
Cela a largement été mis en valeur durant toute la campagne de promotion du jeu jusque là : Gotham Knights est évidemment jouable en mulitjoueur. Il s’agit ici de coopération à 2, par le biais de matchmaking ou bien en rejoignant un ami directement dans sa partie. Le jeu a la bonne idée d’adapter le niveau du joueur entrant dans la partie à celui de l’hôte. De la même façon, les gains en expérience et en loot sont bien séparés : pas de bagarre entre coéquipiers possible. Il est même possible pour un joueur dans le besoin de lancer un appel à l’aide afin d’être rejoint par un bon samaritain. Enfin, tout ceci, c’est sur le papier. Nos confrères ont vraisemblablement préféré se la jouer perso, puisque sur les quelques parties que nous avons tenté de rejoindre, toutes ont pris fin de façon impromptues, sans même que l’on ait le temps d’utiliser une simple emote. L’entraide, ce sera pour demain.
Qu’importe, sachez que tout est fait pour simplifier la progression en multijoueur et que toute progression réalisée dans la partie d’un hôte se reflétera sur votre monde. Enfin, il semble bon de noter qu’un mode Assaut héroïque verra le jour d’ici un petit mois, sous la forme d’un ajout gratuit. Comme son nom l’indique, il proposera une ribambelle d’affrontements à mener à la suite (30 pour être exacts), mais le scoring ne serait pas de la partie, probablement pour éviter que l’équipement des joueurs les plus avancés de trop influencer le résultat. Rendez-vous fin novembre donc, afin de découvrir cet ajout. Et puis qui sait ? Peut-être que WB Games Montreal nous réserve d’autres surprises dans le genre ? Avec l’absence de season pass à l’horizon, cela pourrait signifier du contenu gratuit, et faire vivre un tel jeu sur le long terme, c’est forcément un pari gagnant-gagnant, que ce soit pour les développeurs, pour l’éditeur mais aussi pour les possesseurs du jeu.
… Mais avec des défauts qui entachent l’expérience
On pourrait continuer sur tout ce qui va avec Gotham Knights, mais le temps de la conclusion approche et il va falloir aborder l’un des plus gros points noirs du jeu. Nous évoquions quelques pararaphes au dessus un gameplay fluide et agréable, parfois même assez grisant. Malheureusement, il faut aussi composer avec une rigidité certaine dans la manipulation des protagonistes, qui, couplée à une mauvaise gestion des collision, peut donner des moments assez énervants. Voir un héros buter face à un vulgaire rebord ou une barrière, en plein combat, alors même que le jeu propose une mécanique de parcours, aura souvent pour conséquence de le voir encerclé, avec peu de possibilités pour s’échapper. La situation a un petit côté rageant car cela dénote complètement avec l’aspect acrobatique des chevaliers qui composent la Bat-family. C’est d’autant plus agaçant lorsque des attaques perturbent le personnage dont on a le contrôle.
Cela a souvent tendance à se produire en intérieur ou bien dans les lieux exigus. Mais on le rencontre également lorsque l’on veut s’adonner au parkour. Il suffit d’avancer en restant appuyé sur X pour voir notre héros sauter, s’agripper et passer par dessus des barrières et murets. Dans certains cas, on s’est surtout retrouvés coupés dans notre élan, un comble pour un titre qui met en avant des héros qui ont l’habitude de se mouvoir en territoire urbain. Enfin, la gestion un peu catastrophique des collisions peut aussi impacter la validation de certains triggers (lorsqu’il faut rester appuyer sur une touche pour valider une action, récupérer un objet, etc). Notre meilleur conseil sera d’aller faire un tour dans le menu des options du jeu et de pousser le curseur de fluidité des mouvements au maximum pour limiter cela. Mais si vous préférez incarner des personnages assez charismatiques ayant la grâce d’un camion benne, qui sommes-nous pour juger ?
Visuellement, Gotham Knights s’en sort avec les honneurs. Il ne vous a pas échappé que le jeu a récemment provoqué des polémiques à cause de son absence de choix de mode (performance ou qualité) sur PS5 et Xbox Series, tandis que la version PC semble optimisée avec des moufles. Pour notre part, sur PS5, le jeu met une jolie claque, avec des environnements très détaillés, de jolies textures (avec forcément certaines un peu en deça de la majorité), des couleurs éclatantes dans tous les sens et des visages travaillés avec, de surcroit, des personnages vraiment bien animés. C’est un peu moins vrai pour les PNJ dont les routines semblent sorties d’une autre époque. Enfin, le fait que le jeu soit limité à 30 fps sur consoles ne serait pas tant un problème s’il ne s’amusait pas à jouer au yoyo tel un gosse hyperactif. En soi, les chutes ne sont pas dramatiques car très courtes, mais peuvent être assez nombreuses, surtout lorsque l’on parcourt Gotham City à moto. On en rencontre également lors des envolées à l’aide du grappin et du parkour, et là, le bât blesse davantage.
Un rythme original qui donne l’impression de véritablement incarner des héros
Il faut dire que l’on passe quand même le plus clair de son temps à se balader dans Gotham, puisque le jeu propose un rythme assez inédit et franchement intéressant, en plus d’être pertinent. Lancer une nuit de chasse est l’occasion de pouvoir avancer dans l’histoire principale, résoudre des crimes prémédités, des défis et autres activités. Tout ceci est en nombre limité chaque nuit, puisqu’il faut des indices afin de découvrir davantage de crimes prémédites. Ils permettent notamment de compléter des défis et ont donc une certaine importance, bien que les objectifs et les lieux soient souvent les mêmes. Reste les crimes opportunistes, qui peuvent apparaître sur la carte au fur et à mesure de notre balade dans Gotham. Une balade qui pourra sembler un peu longue en chevauchant la Batcycle, une moto qui est aussi peu rapide qu’elle est stylée. On préférera l’utilisation du grappin, ou du voyage rapide lorsqu’il sera disponible (on vous a dit que tout se méritait à Gotham, non ?).
Puisque nos héros ne sont pas immortels, les restaurations de santé sont limitées et pour les remplir au maximum, il n’y aura pas d’autre choix que de mettre fin à la nuit en rentrant au beffroi. Le QG de la Bat-famille sera l’occasion de découvrir des cut-scenes qui approfondissent les relations entre ses membres, de jouer à une version arcade de SpyHunter, équiper des équipements fabriqués pendant la nuit, mais aussi progresser sur les dossiers annexes. Sous ce nom un peu barbare, se cachent en réalité des missions annexes plutôt bien scénarisés qui mettront en scène Mr. Freeze, Harley Quinn et Gueule d’Argile. Pas franchement original comme choix, mais avec les Batman Arkham, Rocksteady et WB Montreal Games avait déjà ratissé bien larges dans la longue liste des ennemis du justicier phare de la Distinguée Concurrence. Pour une nouvelle incursion dans l’univers du Batman, on peut dire que le cahier est charges est finalement bien plus rempli que ce à quoi l’on s’attendait. Des surprises aussi sympathiques avec des licences aussi fortes, on en voudrait plus souvent.
Verdict : 7/10
Gotham Knights est une belle surprise, puisqu’il parvient à réussir là où on ne l’attendait pas. En proposant un gameplay versant dans la simplicité, il permet une prise en main rapide tout en offrant assez de possibilités sur le long terme avec les compétences des différents héros de la Bat-famille et leurs capacités d’élan pour que les combats ne deviennent pas trop redondant. Cerise sur le gâteau : les animations de Batgirl, Robin, Red Hood et Nightwing sont franchement gratinées et mettent bien en avant leurs différents styles de combat. Avec sa direction artistique de qualité, quoi que manquant peut-être d’un peu de prise de risque, Gotham Knights pêche surtout sur le plan technique, avec un framerate trop inconstant et une gestion des collisions qui gâche parfois le plaisir d’un titre pourtant accrocheur. On a adoré son rythme, on se croirait presque dans la peau des héros que l’on nous propose d’incarner et le résultat est sans appel : difficile de poser la manette. Mais il va falloir corriger ces problèmes de stabilité à minima pour s’offrir une belle place de choix. Dommage car très honnêtement, Warner Bros Games Montreal n’était pas loin de mettre un coup de Bat aux jeux Spider-Man d’Insomniac Games (qui, rappelons le encore une fois, empruntent bien plus aux Batman Arkham que ne le fait Gotham Knights – réussir, c’est facile quand on copie sur son voisin). L’héritage de Batman est en marche.
Eddy
20 octobre 2022 at 14 h 48 minC tro dla bale