Disponible en France depuis le 21 janvier dernier, il aura fallu à Infinifactory près d’un mois pour migrer sur le PS Store français après avoir fait son apparition sur la plateforme de Sony aux USA. Il faut dire que malgré son succès relatif sur PC, l’annonce de son arrivée sur PS4 s’est faite dans l’indifférence la plus totale, d’autant qu’aucune date exacte n’avait été communiquée quant à l’arrivée du titre de Zachtronics chez nous. Ce qui ne nous a pas empêché d’attendre patiemment le portage de ce titre on ne peut plus étrange au premier abord, curieux mélange de bac à sable et de puzzle-game au background industriel. Il est temps d’enfiler votre blouse d’ingénieur et de vous mettre au travail, les aliens ne vous ont pas kidnappé pour vous tourner les pouces !
Un puzzle-game atypique
Connu principalement pour ses jeux de réflexion et jeux éducatifs, Zachtronics est pourtant le développeur qui a inspiré l’une des licences les plus fructueuses à ce jour : Minecraft. C’est en effet avec son jeu de minage multijoueur à la première personne que Zachary Barth a poussé Notch à lancer le développement de Minecraft. Evidemment d’autres variantes basées sur le code source de Infiniminer ont vu le jour par la suite, mais leur succès fut bien moindre. Pendant que le fils spirituel de son titre susnommé prenait de l’ampleur, Zachary Barth, lui, a continué sur sa lancée. La suite vous la connaissez peut-être puisqu’il aura donné naissance à des jeux comme Ironclad Tactics, prenant place dans un univers steampunk et offrant un gameplay mêlant stratégie et jeu de cartes.
Si vous vous êtes intéressés à ses productions, vous savez donc que les titres développés par Zachtronic Industries sont très généralement des jeux faisant appel à la logique et la réflexion. Et ce n’est pas Infinifactory qui dérogera à la règle, bien au contraire, puisque ce dernier s’illustre comme étant un puzzle-game atypique. Malheureusement pour lui, rien ne jouera en sa faveur en termes de visibilité avec son arrivée sur PS4 puisque non seulement l’information a été dévoilée de la façon la plus discrète qui soit, mais il souffrira de la sortie de The Witness, autre jeu du genre très attendu et bénéficiant de la renommée de son créateur, Jonathan Blow. Pourtant Infinifactory possède de sérieux arguments et pourrait potentiellement intéresser ces mêmes joueurs qui ont foncé tête baissée sur The Witness. Le fait est que Infinifactory ne fait absolument rien comme les autres. Son histoire tient sur deux lignes, son background n’est pas des plus attrayants au premier abord et malgré son côté bac à sable fort appréciable, reconnaissons tout de même qu’il ne se destinera qu’à un public averti, conscient qu’il faudra faire travailler ses neurones pour espérer avancer.
Un immense bac-à-sable version logistique
Lorsque le jeu débute, notre personnage roule nonchalamment sur une route campagnarde. Jusqu’au moment où une lumière aveuglante lui fera perdre connaissance. Félicitations, vous venez de vous faire capturer par des aliens afin de devenir leur nouvel ingénieur ! En effet, ces derniers ont besoin de main d’oeuvre qualifiée afin de planifier le montage de diverses pièces plus ou moins farfelues, sensées devenir des armes. Après un bref tutoriel qui nous familiarisera avec les commandes, nous voici faces aux premiers puzzles d’entraînement. Mais, aussi faciles soient-ils, ces derniers nous placent déjà face à la fatalité qui nous attend dans Infinifactory : Il n’y a aucune indication sur la façon dont acheminer et transformer les pièces adéquates jusqu’à leur point d’arrivée. Et ce ne sont pas les quelques informations sur les particularités des différents blocs qui vous éclaireront sur la façon de résoudre chaque puzzle. Autant vous dire qu’entre l’absence totale d’indication et les décors vides de toute présence humaine, vous allez vous sentir très seul.
Indubitablement on se met alors à réfléchir sur comment l’on pourrait parvenir à créer ce qu’il nous est demandé. Certes, rien de très compliqué lorsqu’il s’agit de réaliser une simple chaîne logistique afin d’amener un type de cube à son point d’arrivée. Mais, dès lors qu’il faut souder et gérer habilement l’allure à laquelle chacune des pièces nécessaires à vos créations sortiront de leur bloc de production, la réflexion demandée sera d’un tout autre niveau. Sans oublier le design des niveaux, qui lorsqu’il s’en mêle, vient corser un peu plus la chose. On commence donc à poser quelques blocs par-ci par-là, à tenter d’élaborer l’ébauche de ce qui pourrait convenir au mieux. Et plus on avance, et plus il faut prendre en compte les spécificités propres à chaque bloc afin de composer une ligne de production pleinement fonctionnelle.
Lorsque l’on pense tenir LA solution, celle sur laquelle on travaille maintenant depuis plus d’une demi-heure, on finit par se rendre compte que la moindre petite erreur peut réduire à néant tous les efforts menés jusqu’ici. Pour autant, on refusera bien souvent de tout reprendre à zéro. S’ensuit alors une phase de réflexion habile durant laquelle on observe avec attention notre chaîne, il faut repenser la position de chaque bloc, tapis roulant ou poussoir de façon minutieuse pour parachever notre oeuvre. Le titre de Zachary Barth joue habilement avec le joueur afin de le pousser dans ses derniers retranchements, mais mieux encore, il lui offre toute la liberté dont il a besoin pour créer ses puzzles. C’est d’ailleurs troublant au début, mais terriblement gratifiant lorsque l’on réussit un niveau qui nous opposait une vive résistance.
Infinimindfuck
En cela, Infinifactory est un jeu absolument génial puisqu’il offre la possibilité à chaque joueur ayant la capacité de concentration nécessaire, de créer sa propre solution. Il en existe des infinités et lorsque l’on souhaite revenir sur nos précédentes créations, on s’aperçoit qu’il est très souvent possible d’optimiser le tout. Chaque puzzle résolu se soldera par des histogrammes qui vous permettront de voir si vous avez su lier efficacité et efficience. Puisqu’il est possible d’enregistrer jusqu’à 3 solutions par niveau (entendez par là que 3 slots vous permettront de sauvegarder et/ou copier vos créations) on peut tout à fait reprendre depuis le début ou apporter une once d’améliorations afin d’obtenir une chaîne de production des plus satisfaisantes.
Porté sur PS4 avec le plus grand soin, le titre de Infinifactory se révèle étonnamment jouable à la DualShock 4. Il faut évidemment un certain temps d’adaptation, le temps de se faire aux commandes mais le tout apparaît assez intuitif. Avec L1 on fait apparaître le menu des différents blocs à disposition, on les dispose à l’aide de la touche R1 (tout en sachant qu’il est possible de les appliquer à la suite en orientant le joystick gauche dans la direction désirée) et on supprime les indésirables avec R2. Enfin les flèches gauche et droite pourront annuler/refaire une action. Dommage que le pavé tactile ne soit pas mis à contribution car il aurait pu se révéler utile afin de gérer l’inventaire des blocs disponibles par exemple. Cela étant dit, les contrôles ont été bien pensés et ne pénalisent clairement pas les joueurs qui préfèreront profiter du titre sur PS4 plutôt que sur PC
Dans l’ensemble Infinifactory jouit d’un contenu conséquent qui devrait tenir en haleine les futurs ingénieurs non-assumés que vous êtes. Difficile d’évoquer sa durée de vie car tout dépendra de la façon dont vous appréhenderez le jeu, ainsi que de votre niveau de logique. Tout le monde n’a pas la même facilité à résoudre des puzzles en 3 dimensions, d’autant que ceux-ci n’ont pour simple limite que celles imposées par votre imagination. Mais tout joueur qui s’impliquera dans Infinifactory, ne serait-ce qu’un minimum, devrait y passer au moins une dizaine d’heures avant de pouvoir atteindre le new game + qui ajoutera une dose de challenge supplémentaire.
Verdict : 8/10
L’attente aura finalement été payante puisque le portage PS4 de Infinifactory est clairement réussi. Le jeu n’a définitivement pas perdu de son charme en passant du PC à la console de Sony et l’on prend toujours énormément de plaisir à se creuser les méninges afin de trouver une solution adaptée aux casses-têtes qui nous sont proposés. Exigeant certes, mais sans être trop difficile, Infinifactory sait se montrer gratifiant pour les joueurs qui sauront relever le défi et faire preuve de patience.
ça a l’air sympa*