Jusqu’à ce 16 février, vous étiez probablement bien peu nombreux à connaître les développeurs de chez Bloober Team. Et pour cause, ces derniers avaient officié sur quelques titres PC et PS VITA avant de rendre leur première copie pour la PS4 avec le peu convaincant Basement Brawl, suivi de BRAWL. Cependant, ces deux titres auront amorcé un changement de taille dans les créations du studio. Si jusque là leurs jeux s’avéraient plutôt sympathiques et hauts en couleurs, le studio semble maintenant avoir radicalement changé de direction comme en témoigne le « behind the darkness » qui orne leur site officiel, tel un gimmick annonçant la couleur des projets actuellement en cours de développement. Layers of Fear est d’ailleurs le premier jet de ce renouveau pour le studio polonais, et force est de constater que l’horreur semble être un sujet qu’ils maitrisent à la perfection
House of the rising fears
Vous vous souvenez certainement tous de P.T., probablement la démo jouable qui a rencontré le plus grand succès sur le PSN depuis bien longtemps. Considéré par certains comme un jeu à part entière, alors que d’autres n’y virent qu’une simple démonstration technique, le titre reste l’un des plus bels artefacts vidéoludique que l’on ai eu ces dernières années. La récente annulation du titre a contribué à le propulser au sein des productions cultes qui nous ont profondément marqué. Mais elle a également donné naissance à moultes projets plus ou moins similaires, l’aura inquiétante de ce couloir sans fin ayant visiblement inspiré de nombreux développeurs. On pourrait citer pêle-mêle Alison Road ou encore Visage. Et c’est ici que Layers of Fear entre en scène. Car si le jeu de Bloober Team s’offre une identité propre, il n’en reste pas moins l’un des fils spirituels du teaser jouable que nous ont offert Hideo Kojima, Guillermo del Toro et Normal Reedus.
Et c’est d’ailleurs probablement en cela que Layers of Fear se démarque de la rude concurrence actuelle dans le domaine des jeux d’horreur à la première personne. En effet, le jeu possède une aura inquiétante qui ne cesse de hanter le joueur de ses premiers pas jusqu’à l’écran des crédits, voire plus encore. Pourtant, aux premiers abords, le titre ne semblait pas forcément parti pour s’illustrer aussi brillamment que l’on pourrait le croire. Il faut dire qu’il n’échappe pas à certains clichés propre à ce genre : Entre l’immense maison à explorer, l’absence claire et nette de présence humaine et la pluie battante à l’extérieur, il y aurait de quoi être sceptique. Mais on change vite d’impression lorsque l’on s’aperçoit que la direction artistique du titre est tout simplement à tomber par terre. On ne va pas vous cacher que ce genre d’environnement a été vu des dizaines et des dizaines de fois dans le jeu vidéo. Malgré tout, le talent des concepteurs se ressent largement et le soin apporté aux décors nous a laissé pantois à plus d’une reprise. Il suffit dès le début de l’aventure de visiter les premières pièces de la bâtisse pour se rendre compte du travail effectué.
Pour vous citer ne serait-ce qu’un seul exemple et ne pas gâcher le plaisir de la surprise, la cuisine à elle seule impressionne tant elle prend la forme d’une immense nature morte. Il faut dire que les graphismes sont réellement saisissants et de très bonne facture pour un titre indépendant. Evidemment, au fur et à mesure de notre avancement dans le jeu, les décors finiront par se ressembler et parfois même se répéter, mais cela ne gâche en rien le plaisir immense que l’on prend à déambuler dans les couloirs de cet immense manoir, qui n’est ni plus ni moins que la représentation de l’esprit torturé de notre personnage. Ce peintre presque maudit, et dont l’insanité aurait de quoi mettre mal à l’aise les esprits les moins sensibles, s’est donné pour but de réaliser la toile parfaite, son Magnum Opus. Et il s’agira alors de récupérer les différents médiums qui devraient permettre à son génie machiavélique de donner vie à cette ultime peinture.
Paint it Blood
Pour réaliser cela, il n’y aura pas de réel défi. À l’instar de nombreux jeux du genre comme Firewatch ou encore Gone Home, le gameplay minimaliste ne permettra que d’interagir avec les différents objets qu’il sera possible d’inspecter. Quand il ne s’agira pas des matières qui composeront les différentes couches de la toile, ce seront diverses coupures de journaux, lettres, photographies ou encore bibelots qui appartiennent aux occupants de la maison. Cela nous donne alors l’occasion d’en apprendre plus sur les événements qui se sont produits jusqu’alors. Parce que cette maison a une histoire à raconter, on essaye alors de récupérer tous les éléments nous permettant de comprendre les motivations de notre peintre. Les actions possibles sont donc réduites au minimum : Saisir des objets, les inspecter, et ouvrir des portes. Et ce ne sont pas les quelques énigmes à la facilité déconcertante qui viendront opposer un tant soit peu de résistance aux joueurs. On ne regrettera pas ce point, car de toutes façons Layers of Fear n’a clairement pas la prétention d’étendre la durée de vie de sa courte, mais fascinante, épopée horrifique à l’aide d’artifices bien connus.
Le jeu vous retiendra environ 4 à 5 heures, ce qui peut paraître court mais qui s’avère tout à fait raisonnable d’autant qu’une durée plus longue n’aurait rendu le jeu que plus lassant. Ces quelques heures de jeu vous permettront de constater que les développeurs jouent à merveille avec la peur et maîtrisent l’art du jumpscare de façon assez surprenante. Si l’on s’attend souvent à sursauter, ces instants de frayeur surviennent lorsqu’on s’y attend le moins et pas forcément de la façon la plus évidente pour le joueur. Difficile alors de se préparer à ce qui nous attend dans les divers recoins de la maison. On notera également l’ambiance très différente de ce que l’on a l’habitude de trouver dans le genre horrifique. Tantôt angoissante, tantôt psychédélique, elle est à l’image de l’esprit torturé du personnage et donnera lieu à des moments absolument remarquables. Comme par exemple ces passages ou des éléments du décor disparaissent à mesure que vous avancez dans un couloir ou que vous regardez autour de vous. Si expliqué de la sorte, le procédé ne vous parle pas vraiment, c’est manette en mains qu’il prend tout son sens. On ne se rend compte de rien, les différents éléments (comme les portes par exemple) disparaissent sans que l’on s’en aperçoive et on finit par se retrouver dans une pièce sans issue. Véritablement délectable.
Layers of Fear s’impose clairement comme l’une des références du genre.
Sur le papier, Layers of Fear a véritablement tout pour lui, ou presque. Il possède néanmoins certains défauts techniques qui ont le malheur d’amenuiser le charme du jeu. On pense notament au framerate assez capricieux qui en viendrait presque parfois à gâcher l’expérience tant il est irrégulier. Nous avons également noté la présence d’aliasing assez présent surtout sur les contours des portes ou encore des ornements muraux. Dommage que ces aspects là n’aient pas été peaufinés de façon à rendre une copie presque parfaite. Disponible au prix de 19,99€, Layers of Fear s’impose clairement comme l’une des références du genre. Encore faut-il ne pas être allergique à toutes ces productions à la première personne qui ont pour but de vous faire peur et qui pullulent depuis maintenant quelques années. Mais, honnêtement, l’expérience est tellement marquante que l’on recommandera aux amateurs du genre de se jeter dessus sans plus attendre.
Verdict : 8/10
Véritablement impressionnant, que ce soit sur la façon dont il amène la peur et cette certaine tension tout au long de l’aventure ou encore sur ses graphismes qui forcent le respect pour une production indépendante, Layers of Fear s’avère être un titre tout à fait convaincant. En dépit de ses quelques défauts techniques qui sont malheureusement trop persistants, il n’en reste pas moins un titre fascinant et qui devrait vous obséder jusqu’à ce que vous mettiez vous aussi un terme au Magnum Opus de notre peintre torturé. On regretterait presque qu’en plus de l’absence de difficulté, sa re-jouabilité soit quasi-nulle, tant il nous a subjugué du début à la fin Une expérience inoubliable et donc indispensable aux amateurs du genre.
gordien
21 février 2016 at 11 h 17 minLe jeu n’est pas à 12,99 mais à 19,99. Du coup j’attendrai une baisse de prix.
Junan
21 février 2016 at 17 h 29 minEn effet, j’avais tiré l’information du site officiel (et même dans la catégorie « press kit »), mais visiblement il s’agissait uniquement du prix du jeu sur Steam. Du coup, on a corrigé ça. Merci de nous l’avoir signalé !
Solid
21 février 2016 at 15 h 42 min20 euros pour environ 5 heures de jeu c’est quand même une belle arnaque je trouve, Ok le jeu est beau mais j’aurais préféré un jeu avec le double de durée de vie sauf si évidemment c’est 5 heures de jeu en ligne droite en mode cochon?
C’est possible d’avoir plus d’infos sur les 5 heurs de jeu SVP ?
Parce que PT rien que dans la démo je suis resté une semaine avant de finir la démo.
Junan
21 février 2016 at 17 h 26 minTu sais, si le prix d’un jeu ne se résume qu’au nombre d’heures passées dessus, alors les joueurs ne devraient acheter que des J-RPG et des jeux comme The Witcher 3 qui possèdent des durées de vie dantesque. Il faut aussi voir le côté « unique » d’un jeu, l’expérience qu’il propose. Pour moi 20€ ça reste encore raisonnable. Si c’est 5 heures agréables, oui ça les vaut 🙂
Du coup oui, c’est bien 5 heures de jeu en ligne droite, si tu prends ton temps pour essayer de récupérer tous les objets et pour apprécier le jeu, tu dois peut-être pouvoir rajouter une petite heure ? Mais je ne saurai pas vraiment te dire, ça dépend vraiment de la façon dont chacun joue.
Junk
22 février 2016 at 5 h 04 minEt quand tu pais 20e ton bluray pour 1h30 ça te parais correcte comme rapport qualité prix? Ici t’as une réelle experience qui plus est non passive. Et si, y’a une rejouabilité, y’a plein de subtilité et de document caché a découvrir pour saisir l’histoire.
Solid_62800
21 février 2016 at 15 h 52 minJ’ai fait le jeu une tuerie , un jeu qui vaut son prix . En plus il y’a 2 fins dans ce jeu . Mon coup de coeur 2016 pour l’instant .
Junan
21 février 2016 at 17 h 27 minIl y a même 3 fins différentes. 😉
Mais je partage ton avis, Layers of Fear est également mon plus gros coup de coeur de ce début d’année 2016.