Disponible depuis peu sur PlayStation 5 et PC, Lost Soul Aside était très attendu par de nombreux curieux. En effet, le jeu a de quoi susciter l’intérêt puisqu’il était à l’origine le fruit d’un développeur solitaire avant que Sony Interactive Entertainment ne soutienne le projet. Lorsque Yang Bing a commencé le développement de Lost Soul Aside en 2016 sur Unreal Engine 4, les premiers extraits de jeu et les premières cinématiques laissaient présager un jeu d’action-RPG aux graphismes exceptionnels. Le jeu a par la suite été repris par Ultizero Games, le studio que Yang Bing a lui-même fondé. Nous sommes désormais 9 ans plus tard et les extraits autrefois impressionnants ont bien vieilli : le jeu est-il toujours une pépite visuelle et est-il agréable une fois la manette en main ?
Test réalisé sur PC grâce à une version numérique fournie par l’éditeur
Une production très inspirée
Développé par Ultizero Games et édité par Sony Interactive Entertainment, Lost Soul Aside est un jeu qui emprunte à plusieurs genres, que ce soit l’action-RPG ou encore le Beat Them All, dont la structure et l’esthétique s’inscrivent dans les codes des productions asiatiques. À savoir : des personnages très théâtraux tout droit sortis de la Fashion Week avec des séquences de combats tellement dynamiques qu’on pourrait en devenir épileptique. Si Lost Soul Aside excelle dans ces clichés, il n’en reste pas moins perfectible à bien d’autres égards. Très rapidement, le poids des années de développement et les faibles moyens alloués par Ultizero Games pour son développement se font sentir. Si la production reste louable compte tenu des moyens engagés, elle ne mérite peut-être pas sa politique tarifaire digne d’un AAA.
L’histoire de Lost Soul Aside se déroule dans l’Empire de Primarius, dans lequel le joueur incarne Kaiser, un membre de Lueur, une force de résistance qui fomente une révolution lors de la fête impériale à laquelle, seuls les nobles et autres aristocrates sont conviés. Malheureusement pour eux, les choses ne se dérouleront pas exactement comme prévu puisque des créatures provenant d’autres dimensions décident de se joindre à la petite sauterie organisée en l’honneur de l’empereur. Bien évidemment, les dégâts causés par cette invasion seront attribués à Lueur et ses membres seront dorénavant considérés comme des terroristes et seront alors pourchassés par l’Empire. Les créatures inconnues s’avéreront être en réalité des extraterrestres du nom de Krenostrix, dont nous tairons les sombres motivations pour ne pas ruiner l’expérience. Toutefois, dans un concours de circonstances, l’une de ces créatures à l’apparence d’un dragon gigantesque décide de soutenir le héros principal pour sauver l’humanité.
Un univers complexe injustement survolé
La quête de Kaiser nous emmènera alors aux quatre coins de l’Empire et même au-delà. Le jeu est rythmé en plusieurs chapitres narratifs et il faut entre quinze et vingt heures pour venir à bout de l’aventure. Les machinations ennemies sont très rapidement identifiées et le scénario consiste dans les grandes lignes à contrecarrer les plans des Krenostrix. Le récit est assez basique, sans grande surprise et parfois même un peu cliché, mais il n’en reste pas moins agréable et il a de surcroît l’honneur d’être compréhensible. Ce qui n’est pas réellement le cas de son univers. En effet, celui de Lost Soul Aside est paradoxalement, à la fois très détaillé et très survolé. De très nombreux éléments complexes et superflus sont passés à la loupe tandis que des éléments essentiels à la construction de l’univers sont laissés de côté.
Les bases de l’univers sont donc un peu fragiles et il est ainsi assez difficile de s’immerger complètement dans son lore, ce qui fait que l’on s’attache assez peu aux personnages. Leur esthétique, toujours parfaite et sans défauts même après les combats les plus intenses, donne aussi le sentiment d’avoir affaire à des pantins artificiels, dénués d’émotions, ce qui n’arrange en rien l’immersion.
Côté audio, Lost Soul Aside n’a été doublé que dans 3 langues : le chinois, le japonais et l’anglais. Fort heureusement pour nous, une traduction française est de mise. Si nous avions au départ sélectionné les doublages en anglais, nous avons très vite opté pour les doublages japonais qui nous ont semblé plus convaincants et plus en adéquation avec les réactions des différents personnages.
La bande originale accompagne fièrement les différents moments forts. Chaque biome a le droit à son propre thème et les combats de boss sont, eux aussi, accompagnés de musiques orchestrales, ajoutant une profondeur épique à ces derniers.
Une gameplay dynamique et nerveux
Côté jouabilité, les sentiments sont plus mesurés. Si le jeu regorge de très nombreuses mécaniques intéressantes pour diversifier le gameplay : séquences de plateforme, mini-puzzles, séquences chronométrées sans oublier de nombreux défis optionnels tels que des mini-jeux ou encore, des espaces dimensionnels aux nombreuses vagues d’ennemis, le jeu se perd souvent en conjectures. À la manière d’un RPG, Kaiser dispose d’un arbre de compétences propre à chacune de ses armes et le joueur peut, comme bon lui semble, améliorer ses compétences martiales en dépensant des points d’expérience.
L’éventail des compétences est grand, très grand même et les combinaisons en combat peuvent vite devenir brouillonnes. Pire encore, le héros peut s’emballer dans ses combos et devenir inarrêtable, quitte à tomber dans le vide. Une fin cocasse pour le fier héros de l’humanité. Lost Soul Aside emprunte de nombreux éléments à des références cultes de l’industrie et il ne s’en cache pas : Final Fantasy pour les pouvoirs incarnés, Devil May Cry pour les acrobaties ou encore, les Souls pour les postures ennemies.
Car oui, Kaiser peut aussi faire usage des pouvoirs Krenostrix qui sont fort utiles face à des groupes d’ennemis. La difficulté de base du jeu n’est d’ailleurs pas insurmontable et quand bien même le joueur se heurterait à un mur de difficulté, les développeurs ont intelligemment pensé à octroyer des objets aux bonus offensifs et défensifs en cas de mort à répétition. Le jeu ne propose d’ailleurs pas de sauvegarde manuelle depuis ses menus, seul un passage par Liana, un PNJ faisant office de point de sauvegarde, permettra de sauvegarder. Cette charmante, bien qu’un peu agaçante PNJ, permettra aussi d’acheter de l’équipement que de fabriquer des consommables grâce aux éléments glanés et récoltés ici et là.
Outre les combats de boss qui peuvent vite devenir mémorables tant l’esthétique est soignée et que leur éventail d’attaques est diversifié, les ennemis basiques ne sont que de la chair à canon et ils pullulent. Certains ennemis ont des faiblesses élémentaires et il conviendra d’adapter son arsenal pour maximiser ses dégâts, mais qu’importe puisque Kaiser semble avoir appris à vivre avec un Krenostrix depuis son plus jeune âge, tant son expertise martiale défie la gravité et ses mouvements sont inhumains… Vous l’aurez compris, la physique n’était pas la priorité dans le développement de Lost Soul Aside.
Lost Soul Aside est un jeu linéaire dans lequel quelques détours sont autorisés. Toutefois, le jeu reste fondamentalement prévisible tant les zones de combats sont évidentes. Que cela plaise ou non, les jeux linéaires sont plus faciles à développer puisque les zones à explorer sont davantage contrôlées et moins nombreuses. Or, les environnements et panoramas de Lost Soul Aside sont très convaincants et un grand effort a été consenti sur la direction artistique. Des zones urbaines aux environnements antiques et verdoyants, tout en passant par des zones dimensionnelles disproportionnées et très déstructurées, Lost Soul Aside est une véritable pépite visuelle.
Sur PC, Lost Soul Aside tourne très bien et respecte très efficacement les configurations déclarées. Pour notre configuration, à savoir : un Intel Core i7 de 12e génération avec 32 Go de mémoire RAM ainsi qu’une NVIDIA RTX 3060 avec 12 Go de VRAM, le jeu tourne en mode cinématique, soit la qualité visuelle la plus haute. Aucun bug n’a été déploré, hormis du pop-in de végétation très occasionnellement dans les zones les plus vastes.
Verdict
Lost Soul Aside impressionne par sa direction artistique léchée, ses panoramas variés et ses combats spectaculaires dignes des plus grandes productions asiatiques. Le projet de Yang Bing, repris par Ultizero Games avec le soutien de Sony, force le respect par son ambition et son rendu visuel. Toutefois, derrière les effets de style et les combats flamboyants, le titre montre vite ses limites : scénario basique, univers fragile, personnages creux, gameplay parfois brouillon, mécaniques qui manquent de finition pour son prix public conseillé. Au final, Lost Soul Aside séduira les amateurs de combats nerveux et de mise en scène spectaculaire, mais risque de décevoir ceux qui espéraient un action-RPG aussi riche qu’immersif.
Points forts
- Direction artistique très réussie
- Bande-son de qualité
- Gameplay dynamique et varié
- Boss mémorables
- Durée de vie correcte
Points faibles
- Univers mal construit
- Ennemis basiques peu intéressants
- Scénario cliché
- Level design prévisible
- Tarif proche d’un AAA