« Bang, bang, bang, pull my Devil Trigger » : dès son annonce lors du dernier E3, Devil May Cry 5 annonçait la couleur avec des scènes d’action explosives, une musique pour le moins entraînante et le retour de personnages iconiques avec un rendu plus réaliste que jamais. Plusieurs mois plus tard, le jeu de Capcom est là, pour le meilleur ou pour le pire? Le 5ème volet des aventures de Dante et de sa clique tient-il ses promesses ou mérite-t-il de repasser au garage? Préparez vos épées, votre canne et vos flingues car les démons sont là et ils n’ont pas fini de pleurer, loin de là. Nous non plus d’ailleurs.
Test réalisé sur PlayStation 4 à partir d’une version numérique fournie par l’éditeur
Jackpot
Devil May Cry 5 prend place quelques années après les événements de Devil May Cry 4. Nero, le protagoniste principal de ce dernier, est désormais un chasseur de démons confirmé mais il s’apprête à vivre le plus grand combat de sa vie face à Urizen, un nouveau démon qui pose bien des problèmes à lui et aux autres défenseurs de la race humaine grâce à sa puissance hors du commun, même pour le légendaire Dante. Urizen est le responsable de la destruction de la ville de Red Grave City, envahie par les monstres plus ou moins menaçants et un arbre géant pompant le sang des pauvres humains n’ayant pas eu le temps de fuir. De plus, peu avant le début et comme on l’a vu dans la toute première bande-annonce du jeu, un mystérieux individu s’empare du bras démoniaque de Nero, l’affaiblissant au plus haut point. Voilà qui pose l’ambiance.
Sans entrer dans les détails, bien évidemment, sachez que l’histoire de Devil May Cry 5 est fort satisfaisante, notamment pour ceux qui suivent la série depuis le tout début et qui risquent d’aimer de nombreux moments. Si l’on excepte le traitement de Trish et Lady, qui manquent de scènes satisfaisantes et qui sont surtout là pour le fan service (un poil dérangeant, au passage), les personnages sont tous plus attachants les uns que les autres et on se plaît à les voir interagir, notamment lorsqu’ils se moquent des démons. Du côté des nouveaux, on a donc V et Nico. V réserve bien des surprises au fil de l’aventure et son attitude de poète mystérieux est assez sympathique, de plus, les démons qu’il invoque ne sont pas en reste. Nico, la mécanicienne et armurière du jeu, se veut rebelle et possède un réel talent pour les armes, tout en étant portée sur les vannes et la… nicotine, à croire que c’est fait exprès. Elle est plutôt réussie et on ne se lasse pas de la voir débarquer de nulle part avec son van, faisant office de « base » pour nos héros au fil du temps. Il faut bien se reposer un peu lorsqu’on enchaîne les démons.
Du côté de la mise en scène, elle est à tomber, comme d’habitude. Si on a un peu moins de séquences à l’action démesurée, il y en a tout de même un certain nombre qui impressionnent et/ou font rire. De plus, si vous avez du retard dans la série, il y a une vidéo résumant parfaitement l’essentiel de la saga, de quoi attaquer d’entrée ce nouvel opus. En ce qui concerne le gameplay, soyez rassurés, c’est pareil. Bref, pour ce qui est du scénario, Devil May Cry 5 ne s’éloigne aucunement de ses aînés et c’est tant mieux.
Les démons vont définitivement pleurer
Grâce à ses 3 héros bien distincts, Devil May Cry 5 propose différentes sortes de gameplay mais si vous pensez avoir tout vu en termes de jeux d’action, Capcom risque de vous surprendre. Commençons d’abord par Nero : perdre son bras démoniaque au début du jeu se révèle une bénédiction pour lui tant les différents Devil Breakers, bras mécaniques construits par Nico afin de compenser l’absence du Devil Bringer, sont différents, puissants et proposent des tas d’approches différentes. Plus vous avancez et plus vous en avez, chacun propose sa petite spécificité : outre un grappin de base toujours disponible, vous avez un bras capable de se transformer en poing-missile (et on peut même monter dessus !), un qui se peut servir de fouet, un autre qui peut augmenter la puissance de l’épée ou de l’arme à feu… On ne va pas vous donner toute la liste mais sachez que le Devil Breaker est une excellente addition à la formule Devil May Cry, tant elle permet de varier les combats et les stratégies des joueurs. On regrette cependant qu’il n’est pas possible de changer de Devil Breaker à volonté, on est obligé d’en casser si on veut en passer à un autre. Aussi, le Devil Breaker peut servir de défense ultime lors d’une attaque ennemie, soit automatiquement quand on l’utilise, ce qui résulte à son explosion, soit par choix en le faisant péter délibérément.
En tant que nouveau personnage, V se doit d’apporter une touche d’originalité et quand on le prend en main, on a limite l’impression de découvrir un tout nouveau jeu. Explications : V n’est pas trop fort et il ne peut pas trop attaquer ses ennemis, seulement les achever… Cependant, il peut invoquer 3 monstres qu’on contrôle chacun via une touche. Griffon, l’oiseau qui parle un peu trop (assez drôle d’ailleurs dans les cinématiques), peut aider V pour planer et attaque à distance via des éclairs. Shadow, lui, est une panthère majestueuse et fatale permettant d’attaquer au corps-à-corps. Enfin, en mode Devil Trigger, V invoque Nightmare, un gros monstre lent mais surpuissant, donnant de gros coups et pouvant tirer des lasers. V peut même monter sur lui pour le contrôler directement. Contre toute attente, V est agréable à contrôler et le fait de faire attention à lui pendant que ses démons s’occupent quasiment de tout amène à des combats bien différents et plus stratégiques. Capcom a réussi à créer autour de lui un gameplay réussi inédit dans le genre, V ne devrait aucunement déplaire aux joueurs et aux plus gros fans.
Enfin, si certains préfèrent tout de même le bon vieux Dante, sachez qu’il n’est pas en reste, loin. Outre quelques surprises qu’on préfère éviter de dévoiler et ses habituels coups, sans oublier le retour d’armes tirées des anciens opus, Dante acquiert assez vite une arme particulière : une moto capable de se séparer en 2 afin de devenir des… tronçonneuses. Avec cette arme, Capcom a réalisé le rêve de ceux qui voulaient voir Dante se battre une moto depuis la légendaire scène de Devil May Cry 3 où il « escalade » une tour avec un véhicule chargé à bloc. Très simple à manier, cette moto est un véritable plaisir lors des combats de Dante. Aussi, il garde son changement de styles qui permettent de se battre différemment : Gunslinger, privilégiant les combats à distance, Swordmaster, offrant de nouvelles attaques d’épée, Trickster, permettant des meilleurs déplacements et attaques plus rapides selon les armes et Royalguard, offrant une meilleure défense. Rien qu’à lui seul, Dante offre une multitude d’options de gameplay et quand on rajoute Nero ainsi que V, on a alors une expérience qui ne cesse de nous surprendre jusqu’au bout.
Bien entendu, on garde dans le fond la même jouabilité : on a plusieurs attaques d’épée, on peut tirer à distance, esquiver et, cerise sur le gâteau, on peut toujours se moquer de ses adversaires afin de faire augmenter la note de style. Pour ceux qui ne connaissent pas trop la série, Devil May Cry 5 et ses prédécesseurs jugent la performance selon plusieurs facteurs : selon la variété des combos, les déplacements, les provocations, le fait de ne pas se faire toucher… les notes vont de D à SSS. Ça parait anodin comme ça mais quand on y joue, le gameplay plus efficace et varié que jamais couplé aux notes procure d’excellentes sensations et ce tout au long du jeu. On a toujours envie d’améliorer son score, notamment lorsqu’on affronte un boss retors. D’ailleurs, pour ce qui est des boss et des ennemis en général, vous ne serez pas déçus : ils sont nombreux, ils ne sont pas beaux et on a qu’une envie, les renvoyer en enfer tant ils sont funs à affronter. La difficulté est bien au rendez-vous mais sachez que le jeu est un peu plus facile que ses aînés, notamment avec un système de continue plus accessible mais attention, chaque « mort » baissera la note de style ! S’il faut un peu de maîtrise pour effectuer les actions les plus « badass », avec un peu de pratique, on enchaîne tout de même les bonnes notes et au pire des cas, il y a une option permettant d’effectuer des combos automatiquement, de quoi ravir tout le monde. Bien sûr, en dehors des combats, il y a toujours un peu d’exploration avec des lieux et objets secrets à découvrir, afin de varier un peu l’expérience. De ce côté, ça reste basique mais l’accent étant mis sur les combats, cela reste presque anodin. En outre, on a toujours un menu où l’on gère l’équipement et où l’on acquière les nombreuses attaques plus ou moins difficiles à effectuer grâce aux orbes rouges qu’on collecte. À ce sujet, sachez que Capcom propose des micro-transactions pour en avoir plus… mais honnêtement, on en gagne beaucoup, bien plus qu’avant, ce qui fait que cette option n’a pas de quoi créer une polémique. On note quelques petits soucis de caméra – entièrement libre cette fois – à de rares lieux, surtout les plus confinés mais en dehors de cela, Devil May Cry 5 est un véritable plaisir à jouer… mais pas que.
Reach for the Moon
On ne peut pas parler de Devil May Cry 5 sans mentionner ses graphismes. Pour ce jeu, Capcom a utilisé le RE Engine, utilisé dans les deux derniers Resident Evil. Contrairement à ce que son nom semble indiquer, il ne signifie pas Resident Evil Engine mais Reach for the Moon Engine. Eh bien, avec Devil May Cry 5, Capcom n’est vraiment pas loin de la Lune : le rendu est tout simplement succulent. Si au départ, l’aspect « moins anime » des personnages déroute un peu, on s’y habitue très vite tant leurs modèles, animations et expressions sont bluffants. La méthode de scan de personnes et habits réels donne un cachet particulier au jeu, surtout durant les cinématiques. Parfois, on se croirait face à un film en images de synthèse alors que tout (ou presque) est en temps réel. Pour ce qui est des effets et des décors, ils sont fortement bien réussis grâce à des modélisations et textures de grande qualité (à part de rares exceptions), le tout à 60 images par seconde non-stop et avec une direction artistique bluffante, même si on regrette une certaine absence de décors gothiques propres à la série et quelques lieux en deçà. S’il existe quelques petites chutes de framerate, elles sont limites imperceptibles. On peut profiter de tout ça avec un petit mode photo bien sympathique et facile d’accès, qui plus est. Du côté visuel et technique, le jeu est un véritable tour de force et s’impose sans mal comme le meilleur dans son genre.
Enfin, les musiques. Ah, les musiques… Outre le fameux thème de combat de Nero qui a du mal à sortir de la tête tant il est bon, Devil May Cry 5 propose une pléthore de musiques entraînantes passant par plusieurs genres selon les situations, ennemis à affronter et moments de l’histoire. On a surtout droit à du rock mais il y a également du métal, un peu d’électronique, du symphonique, des musiques posées lors des moments plus calmes, etc. De plus, la musique change selon l’intensité et la note de style, fournissant un surplus d’adrénaline lors des moments les plus fatidiques, un très bon point emprunté à DmC Devil May Cry. Au passage, seul le thème de Dante est un peu… comment dire… exagéré, collant peu au personnage mais si vous optez pour la version Deluxe ou que vous passez par l’un des stores, il est possible de jouer avec les anciennes musiques de la série, au cas vous n’aimeriez pas le chanteur criant avec toute la force de ses poumons.
N’oublions pas que ce cinquième volet introduit aussi un peu de jeu en ligne : en effet, lors de certaines missions, vous pouvez décider de voir d’autres joueurs jouer en même temps que vous, sympathique mais pas forcément essentiel, sachant qu’on les voit souvent de loin, à voir si cela est développé davantage dans le mode Bloody Palace. En ce qui le concerne, hélas, il n’est pas encore disponible et si l’on sait que l’on aura toujours une suite de nombreux combats, on n’a pas encore de détails là, cependant, il sera gratuit et arrivera dès le mois d’avril, de quoi rallonger un jeu déjà gâté en termes de contenu (plus de 15 missions vous attendent et on se plaît à les refaire pour tout collecter ainsi qu’améliorer la note de style)… et de fun.
Verdict : 9/10
Si le premier Devil May Cry a redéfini les jeux d’action en son temps, Devil May Cry 5 en est le perfectionnement. Quand on l’a fini, on garde un sourire qui a du mal à partir, difficile de ne pas paraître enthousiaste lorsqu’on en parle. S’il possède quelques défauts, ils sont relativement mineurs et ne gâchent aucune (ou si peu) l’expérience. Il n’y a pas de doute, Capcom est définitivement de retour et le prouve à merveille avec ce nouveau volet aussi charmant qu’explosif. Nul doute que Devil May Cry 5 saura marquer l’année 2019, ainsi que toute la génération au passage. Si vous aimez les jeux d’action, n’hésitez surtout pas, c’est un immanquable !
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