Tandis que la Gamescom battait son plein, nous avons profité de nos quelques moments de repos pour rédiger le test du nouveau bébé d’Ubisoft : Mario + The Lapins Crétins Kingdom Battle. Ce mariage aussi inattendu qu’évident tient-il toutes ses promesses ? Réponse tout de suite dans notre test de cette belle exclusivité Switch.
Test réalisé à partir d’une version fournie par l’éditeur
Dévoilé par erreur sur internet à quelques semaines de son annonce, ce Mario + The Lapins Crétins avait à la base tout du projet casse-gueule. Les deux icônes respectives de Nintendo et d’Ubisoft ont beau être des figures sympathiques, elles évoquent pour beaucoup de hardcore gamers le casual gaming. Cependant, c’était sans compter sur le savoir-faire de ces deux grandes maisons du jeu vidéo, qui ont complètement renversé la tendance à l’annonce officielle du titre à l’E3. C’était d’ailleurs l’une des images fortes de cette édition 2017 : Yves Guillemot et Shigeru Miyamoto, main dans la main lors de la conférence Ubisoft, accouchant d’un Tactical-RPG resté 3 ans en gestation entre les studios d’Ubisoft Milan et Paris. Oui, vous avez bien lu, un Tactical-RPG, qui semble d’ailleurs emprunter de très bonnes idées aux plus grands du genre, et notamment l’un de ses représentants phares : X-Com. Le jeu est donc passé, dans l’opinion publique, de projet casu voué à l’échec à gagnant des Gamescom Awards dans la catégorie « Meilleur jeu de stratégie ». L’a-t-il réellement mérité ? Et bien, après de nombreuses heures de jeu, nous serions fortement tentés de dire oui, et nous vous expliquons pourquoi.
Un scénario loufoque à souhait
À la première vision des screenshots du jeu, une question nous trotte dans la tête : mais comment ces lapins ont-ils bien pu arriver là ? Et bien, la réponse est aussi folle qu’elle en a l’air. Alors qu’ils découvrent un casque de réalité virtuelle capable de fusionner n’importe quels objets ensemble, les lapins crétins mettent un labo d’expérimentations sens dessus dessous, faisant littéralement fusionner… n’importe quoi. Le casque ainsi qu’un poster de Mario se retrouvent coincés au même moment dans leur machine à voyage à travers l’espace-temps, et les voilà transportés au royaume Champignon. Les lapins auraient pu simplement causer quelques problèmes et s’en aller, mais non, ils ont mis en bazar tout le royaume de Mario et consorts, à cause d’un fauteur de trouble : le petit lapin Spawny, ayant fusionné lui-même avec le fameux casque de réalité virtuelle. On connaît la suite : quelques pertes de contrôle et voilà que tous les éléments de Mario et des Lapins Crétins se mettent à se mélanger. Mario fait par la suite la rencontre de Beep-0 (un robot qui ressemble fortement à un aspirateur Roomba et qui vous servira de mentor), de Lapin Peach et Lapin Luigi, qui l’accompagneront dans une quête pour retrouver Spawny et sauver le royaume Champignon. S’il peut paraître assez décousu, le scénario se tient de bout en bout, multipliant habilement les références aux deux univers, sans que cela ne paraisse trop forcé. Alors bien sûr, ce n’est pas une perle d’écriture et on n’attend clairement pas du jeu qu’il soit le Witcher 3 de son genre, mais il reste assez sympathique et suffisamment agréable pour qu’on ne veuille pas lâcher la manette avant la fin du mode solo.
Bwaaaahctical-RPG
L’aventure du jeu alterne sans cesse deux phases de gameplay distinctes : de l’exploration (c’est un bien grand mot), et du combat tactique au tour par tour. Concernant l’exploration, elle consiste simplement à se balader pour avancer d’un combat à un autre combat. Elle peut parfois se diversifier lors de l’apparition de petites énigmes. Pas bien compliquées, celles-ci feront appel aux pouvoirs de Beep-0, votre guide, ainsi qu’à votre intellect (même s’il ne faut pas être Einstein pour pouvoir les résoudre). Si le monde du jeu se parcourt de manière assez linéaire, il contient de nombreux objets cachés (pièces, points de compétences et coffres secrets). Beep-0 évoluant au fil de l’aventure, il se peut que certaines zones ne vous soient pas accessibles dès votre premier passage. Par conséquent, il faudra repasser dans les niveaux après avoir upgradé votre petit robot pour pouvoir en découvrir tous les secrets. Certains des objets récupérés pourront être utilisés directement depuis votre inventaire, ou alors depuis votre hub, à savoir le château de la princesse Peach. Celui-ci est entouré de 5 petits bâtiments, chacun occupant une fonction différente : un pour gérer ses armes/compétences, un pour admirer sa galerie (il est possible de débloquer des artworks/musiques/figurines dans les coffres disséminés dans les niveaux), un pour rejouer d’anciens levels, un pour participer à des défis en co-op, et un dernier pour activer les fonctions liées aux amiibos.
Abordons désormais le meilleur élément du titre : ses combats. Se déroulant sous la forme d’affrontements tactiques au tour par tour, ils empruntent toutes les bases au big boss du genre depuis quelques années : X-Com. Les combats se déroulent en plusieurs temps. Au-début, il y a la préparation, durant laquelle nous allons pouvoir choisir une équipe de trois personnages (parmi les 8 proposés), observer le terrain, les ennemis et l’objectif de mission (éliminer tous les ennemis, battre un boss, escorter une unité à l’autre bout de la map, amener toutes ses unités dans une zone définie). Après cette phase s’enchaîneront ensuite notre tour puis celui des ennemis, le tout de manière cyclique jusqu’à ce que l’objectif de mission soit atteint. Durant notre tour il est possible, pour chacune de nos unités, d’effectuer 3 actions différentes : se déplacer, attaquer et utiliser un pouvoir. Si les pouvoirs et les attaques sont assez classiques, c’est réellement dans ses mécaniques de déplacement que ce Mario + Lapins Crétins tire son épingle du jeu.
Comme dans X-Com, il va falloir avancer en déplaçant vos personnages de couverture en couverture, afin d’être protégé au mieux des tirs de votre adversaire. Cependant, il est possible de prendre quelques raccourcis afin de faciliter votre progression. En plaçant le curseur sur l’un des alliés à votre portée, votre personnage peut prendre appui sur lui afin de s’élancer et atterrir plus loin dans le terrain, ou même sur des plateformes difficilement accessibles d’ordinaire (hauteurs, plateformes éloignées). Certains personnages peuvent même profiter de ces sauts pour atterrir directement sur les ennemis et leur infliger quelques dégâts au passage. Des tuyaux à la Mario sont également disséminés dans les niveaux et vous permettent de passer d’un côté à l’autre de la map de manière plus aisée. A noter que durant chaque déplacement effectué, il est possible de passer par une case ennemie afin de glisser un petit tâcle dévastateur au passage, histoire de baisser un peu les HP d’un ennemi et l’enchaîner avec un tir mortel. Ce sont d’ailleurs ces enchaînements qui font le sel de ce titre. Car si ce genre de jeu est à la base assez élitiste, l’ergonomie a ici été très travaillée de manière à ce que tout type de joueur puisse appréhender facilement les combats, même si ceux-ci ne sont pas toujours de tout repos. Il est par conséquent très facile de jouer avec les différentes habiletés de vos personnages afin d’effectuer des combos dévastateurs. Exemple : Mario dispose d’un pouvoir qui lui permet de tirer automatiquement sur un adversaire qui rentre dans sa zone de portée. Les gros ennemis, eux, s’avancent automatiquement dès qu’on leur tire dessus. À mon tour, je peux donc choisir d’activer le pouvoir de Mario, de me déplacer pour effectuer un tacle glissé au gros lapin pour ensuite aller me couvrir, tirer sur lui, qui va automatiquement s’avancer vers Mario, et se prendre automatiquement le tir du plombier, déclenché grâce à la compétence en question. Un tour, quelques coups de stick et Mario a pu attaquer trois fois, réduisant fortement la vie d’un des plus gros ennemis du jeu. Et encore, avec plus de compétences et un arsenal bien fourni, il est possible de faire bien mieux.
Pour varier les situations, le jeu va d’ailleurs mettre en place de petits événements qui vont bousculer les niveaux : un petit Chomp au milieu de la map qui mange quiconque s’approche trop près de lui, une tornade qui se déplace d’un bout à l’autre de la map, renversant tout sur son passage… Mario + Lapins Crétins possède également une composante customisation à base d’achats d’armes principales et secondaires (moyennant pièces), ainsi que la gestion d’arbres de compétences spécifiques à chaque personnage. À noter que, pour ne pas trop freiner la progression des joueurs ayant du mal à répartir leurs points, des PV supplémentaires seront attribués à nos héros à la fin de chaque monde.
Et c’est beau ? Et c’est long ?
Alors : oui, et oui. Concernant sa durée de vie, le titre dispose de 4 mondes divisés en 9 sous-chapitres dont un boss, ainsi qu’un chapitre secret débloquable en ayant tout complété à 100%. Le tout représente une bonne vingtaine d’heures de jeu, sans compter les défis coop, au nombre de 18 et jouables dans 3 niveaux de difficulté. Pour ce qui est de la partie graphique du titre, il n’y a franchement rien à dire. Ubisoft Milan et Paris peuvent se féliciter car le travail réalisé ici est remarquable. La direction artistique est très colorée et sied parfaitement à l’univers de Mario comme à celui des Lapins Crétins. Les décors fourmillent de petits détails en tout genre (des lapins qui se battent entre eux, des Bill-Balle coincés dans des slips), en plus d’être techniquement très propres. Nous avons hélas pu constater des petits ralentissements en mode TV, mais aucun en mode portable. Autre petit défaut possiblement lié à la technique : la vue tactique des combats (celle qui permet d’observer le terrain et les ennemis afin de préparer des stratégies) ne permet pas de dézoomer assez sur la map, et handicape un peu la vision globale du terrain, élément très important dans un jeu du genre.
Verdict
Félicitations à Ubisoft et Nintendo pour cette collaboration plus que réussie. De Sonic, Nintendo n’aura tiré qu’un party-game insipide sur les Jeux Olympiques. Des Lapins Crétins, il en est sorti un RPG tactique aussi fun à jouer qu’agréable à regarder. Grâce à une ergonomie imparable et des mécaniques bien ficelées, pour néophytes comme pour hardcore gamers, Ubisoft et Big N ont réussi à rendre sexy le tactical-RPG, et ce n’était franchement pas gagné ! Mario + The Lapins Crétins Kingdom Battle est une véritable réussite, et une nouvelle exclusivité de poids pour la Nintendo Switch. Qui a dit que Nintendo ne rimait pas avec éditeurs tiers ?
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