Devenu culte depuis sa sortie sur GameCube et considéré par beaucoup comme l’un des meilleurs jeux de sa génération, Resident Evil 4 nous revient encore une fois avec un remaster qui clos en beauté ses deux dernières années de portages de la saga sur consoles HD. Dirigé par Shinji Mikami en personne, ce quatrième opus a tout simplement révolutionné la saga et surement le genre du TPS dans son ensemble. Apportant avec maestria son lot de nouveautés, comme la visée à l’épaule, les QTE ou encore une action plus nerveuse et fluide, le jeu n’a pour autant jamais abandonné son âme de pur survival/horror. Il nous est donc donné l’occasion de (re)découvrir cette légende de l’horreur sur PlayStation 4 et Xbox One via un portage qui se montre à la hauteur des attentes placées en lui.
Le re-re-retour d’une légende
Passé maintes et maintes fois par la case portage, il serait très curieux et malheureux que vous ne connaissiez pas Resident Evil 4. Sans revenir sur ce qui fait de ce jeu un must have absolu, il serait bon tout de même de replacer les choses dans leur contexte. A sa sortie, il fut très vite considéré comme l’un des meilleurs jeux du genre… si ce n’est le meilleur. Acclamé par la critique et les fans, tout en déboussolant quelques-uns d’entre eux au passage, il est l’exemple parfait d’une véritable renaissance pour une série qui commençait à s’essouffler. Exit Umbrella et les zombis, place à une nouvelle menace avec un parasite nommé Las Plagas qui prend le contrôle de son hôte, le faisant muter et devenir aussi féroce qu’un loup affamé au milieu d’un troupeau de moutons. Plus intelligents, plus vifs et pouvant se servir d’armes, ces nouveaux ennemis vous donneront du fil à retordre, mais ce n’est rien en comparaison d’un certain Regenerador, ennemi emblématique de cet épisode. Le bestiaire en impose d’ailleurs et est un des plus réussis de la série, avec des créatures en tout genre et des boss au design léché et impressionnant. Un nouveau cadre s’impose aussi à nous, puisque le jeu se déroule en Espagne dans une campagne perdue et offre un cadre très varié et éclectique. Entre le vieux village délabré, les mines ou encore le château du terrible Ramon Salazar, il y a de quoi voir et de quoi faire. On retrouve aussi des têtes connues de la série, à commencer par Léon S. Kennedy, héros du deuxième volet, que l’on incarne ici, mais aussi une certaine Ada Wong ou encore Albert Wesker. Notre mission est de sauver la fille du président américain kidnappée par une secte mystérieuse ayant pour leader un certain Lord Sadler. Autant vous le dire, le scénario ne vole pas bien haut, mais le charisme des personnages et les dialogues totalement clichés ne vous laisseront certainement pas indifférent.
Léon S. Kennedy reprend du service et se lance dans sa plus grande aventure
Le poids des années
Si cet épisode marque donc une réelle rupture avec ses aînés, ce n’est pas uniquement de par son scénario ou ses nouvelles créatures, mais aussi grâce à son gameplay. On abandonne ici la 2D précalculée (déjà disparue dans Code Veronica), les caméras fixes et autres protagonistes se déplaçant sur un axe rotatif, pour quelque chose de plus moderne. Arrive avec cet opus la visée à l’épaule, l’environnement modélisé en 3D, ainsi que la caméra suivant le joueur. Les mouvements de Léon sont plus fluides, la visée devient plus souple et naviguer dans les décors s’avère bien plus aisé. L’apport des QTE est aussi un réel atout, car loin d’être aussi redondants qu’aujourd’hui, ces derniers sont souvent très punitifs et demandent pas mal de doigté pour être exécutés convenablement. Reste que malheureusement, tout ceci a tout de même pris un sacré coup de vieux et on aurait aimé quelques petites retouches de gameplay ici et là. Un assouplissement de la caméra aurait été bienvenu, la possibilité de pouvoir marcher et viser en même temps ou encore un inventaire à l’ergonomie revue sont aussi des manques regrettables. Néanmoins, il s’agit ici d’un portage et non d’un remake, chose bien différente et justifiant le fait que la jouabilité reste inchangée, même si après toutes ces années Resident Evil 4 n’aurait pas dit non à un petit lifting de ce côté-là aussi.
Autre apport de taille à la série, celui du marchand. Repris très maladroitement par Resident Evil 5, le marchand est un personnage mystérieux qui ne trouve sa raison d’être que dans la vente d’armes, d’améliorations pour ces dernières et autres objets utiles comme des cartes aux trésors ou des sprays. On peut aussi revendre des objets à ce dernier et accomplir un défi consistant à trouver et détruire des médaillons bleus cachés ici et là dans les différentes zones, ce qui vous apportera certaines récompenses uniques non négligeables. Des trésors sont aussi disséminés un peu partout et serviront surtout à remplir votre bourse en vue de quelques achats.
Enfin, les énigmes ne sont pas mises de côté dans cet opus, même si bien plus simples qu’auparavant, elles ont le moins le mérite de sonner très Resident Evil dans l’esprit. Les rubans encreurs permettant la sauvegarde ont disparu, et cela est justifié par le game design. Plus de coffres, juste un inventaire évolutif via l’achat de mallette en augmentant la taille et un level design plus linéaire et limitant drastiquement le backtracking finissent par justifier le fait de pouvoir sauvegarder conventionnellement dès que l’on tombe sur une machine à écrire. De petits moments coopératifs avec l’IA font aussi office de nouveautés majeures dans ce Resident Evil 4, car on est parfois accompagné de la jeune Ashley, fille du président. Un boulet de poids, mais heureusement qu’un système d’ordres nous permet de lui demander de nous suivre ou non et qu’elle peut aussi se cacher dans des containers pour que l’on ne soit pas trop dérangé lors du nettoyage d’une zone.
Ces vilaines bestioles sont redoutables, prendre ses distances est une solution
King of the Hill
L’aventure est quant à elle rythmée, marquée par de nombreux temps forts, comme les combats de boss assez dantesques, et offre une quinzaine d’heures de jeu toujours aussi jouissives aujourd’hui. On replonge avec plaisir et horreur dans l’aventure et passé le cap de la prise main délicate selon nos standards actuels, on se fait assez rapidement au gameplay qui reste solide et efficace. La variété des armes offre de nombreuses possibilités lors des combats, l’apport de différentes grenades est très bien vu et on enchaîne les séquences sous tension et épiques sans temps mort. Car oui, le rythme est soutenu, oui les situations sont variées, oui c’est probablement le Resident Evil au dosage le plus juste de la franchise. En cela, Resident Evil 4 est probablement encore aujourd’hui la référence absolue de la licence et ses suites ont eu beau avoir tenté de le copier, il n’a jamais été égalé.
Côté contenu, on a bien entendu le droit à tous les ajouts qui ont vu le jour au fil des ans sur les différentes versions sorties. Outre les tenues et armes à débloquer, la mission Assigment Ada est jouable une fois le jeu terminé. Il s’agit là de récupérer un échantillon du virus Las Plagas et de l’apporter le plus vite possible à l’hélicoptère pour extraction. Un moyen de voir ce que faisait Ada pendant que Léon se traînait cette gourdace d’Ashley. Un mode The Mercenaries complète le tout et propose de flinguer de l’infectés et autres créatures dans des arènes, plaisant, sans être passionnant, surtout que jouable en solo uniquement. Pour finir, le mode de difficulté Professionnel fait son apparition une fois le jeu fini et est un véritable challenge pour hardcore gamer, sachant que ce Resident Evil est probablement déjà l’un des plus difficiles sortis de base, on vous laisse imaginer le carnage.
L’un des passages cultes du jeu qui a redéfini le QTE
C’est dans les vieilles marmites qu’on fait les meilleurs soupes
Si Capcom n’a pas toujours excellé lorsqu’il s’agit de nous pondre un remaster, l’exemple le plus probant étant sans aucun doute Resident Evil Code Veronica sur PlayStation 3 et Xbox 360, on ne peut pas vraiment en dire de même pour le portage de Resident Evil 4 sur ces mêmes supports. Néanmoins, le framerate bloqué à 30 FPS et son 720p en avait tout de même déçu plus d’un, votre serviteur y compris. Apprenant de ses erreurs, la firme japonaise nous offre enfin ici la version ultime de son titre, puisque reprenant pour base l’excellente version PC et apportant enfin un 60 FPS constant accompagné bien entendu d’une résolution en 1080p. Le jeu est d’une fluidité à toute épreuve et parcourir le level design génial et tortueux de cet opus tout en dégommant de la cervelle de Ganados n’a jamais été aussi jubilatoire sur console. Qu’on se le tienne pour dit, s’il vous faut découvrir pour la première fois Resident Evil 4, ce remaster nouvelle génération est clairement le candidat idéal.
Malgré tout, quelques petits défauts fâchent un peu. Si ce Resident Evil 4 tourne très bien, certaines textures font tache, bavent et sont floues. Un lifting a bien été effectué sur l’aspect graphique, notamment sur les modèles de personnages, mais certains environnements ou certains pans de décors sont clairement en retraits et font relativiser la qualité du portage. De même que l’effet de flou de mouvement que l’on peut rajouter via le menu option ne sert strictement à rien, on a eu beau l’activer et le désactiver, l’apport est tellement minime que l’on s’est demandé s’il fallait passer le jeu au ralenti pour en voir les effets. L’antialiasing est aux abonnés absents et c’est bien dommage, car sur un jeu de cet âge, cela se voit comme le nez au milieu de la figure. Heureusement que la direction artistique du jeu est totalement réussie et en impose encore aujourd’hui et que l’ambiance glauque et maîtrisée de bout en bout font oublier très vite ces oublis.
Verdict
Voici donc la version console ultime de Resident Evil 4. Comparée à ses prédécesseurs, cette mouture nouvelle génération est plus belle, d’une fluidité impeccable et s’impose donc naturellement comme le remaster le plus réussi à ce jour pour ce jeu. On a enfin le droit à une résolution en 1080p tournant à un 60 FPS constants et infaillibles sur nos écrans de télévision. Redécouvrir cette légende du jeu vidéo dans de telles conditions change forcément la donne et l’expérience n’en est que bonifiée. Certes, le portage n’est pas parfait et on aurait aimé quelques corrections au niveau du gameplay ou encore un lifting visuel plus prononcé. Néanmoins, il s’en sort tout de même avec les honneurs et offre l’occasion aux plus jeunes de le découvrir dans les meilleures conditions. Resident Evil 4 reste et restera toujours un jeu ayant marqué l’histoire de sa propre saga et du jeu vidéo tout court.
Laisser un commentaire