Starfield est la toute première licence inédite que propose Bethesda depuis 25 ans. Le phénomène n’a pas encore fini de faire parler de lui et les polémiques autour sont nombreuses. Nous avons exploré la galaxie, nous l’avons sauvé, nous l’avons exterminé par moment et il est venu le temps de rendre notre verdict.
Ce test a été réalisé grâce à une clé (édition Premium du jeu)
Il y a de ces test qui sont effrayants aussi bien par leur taille que par les discussions déjà présentes autour du jeu. Un mois après sa sortie, Starfield soulève encore des débats. Ainsi, écrire un test maintenant sur la dernière production de Bethesda revient à choisir son camp entre ses adorateurs et ses détracteurs. Starfield est de ce genre de test où, juste avant sa rédaction, il vous est impossible de dormir. Chaque mot, chaque phrase pourrait être retenu contre vous et votre rythme cardiaque augmente. Puis, vous vous réveillez. Vous êtes en octobre, les matinées sont fraîches et il est l’heure d’écrire. Videz tous vos doutes, Starfield n’était effectivement pas à la hauteur de 2023.
Un retard technique compliqué
Pour commencer, nous avons eu l’occasion d’essayer Starfield sur deux machines, Xbox Series S et PC. Tout d’abord, le jeu de Bethesda tourne en 30 FPS sur Xbox Series S. Jusque-là aucune surprise, mais il est assez impressionnant de se dire que le rendu graphique reste assez proche de Skyrim, un jeu sorti en 2011. Alors que l’utilisation de la manette rend encore plus agaçante la navigation dans les menus, nous changeons de plateforme. Première surprise, la Xbox Series S est chaude, bouillante même. Pour rappel, nombreux sont les joueurs à avoir pris une Series S pour s’essayer à cette exploration galactique notamment par le biais du Xbox Game Pass. Finalement résolu à jouer au jeu sur PC, la surprise était encore plus grande. La machine utilisée pour ce test est munie d’une RTX 4070, 32 Go de RAM et un i7 13700K, une configuration musclée et prête pour plusieurs générations. Et bien soyons claires, il est frustrant de constater que le jeu tombe brusquement à 60 FPS voire en dessous avec une telle machine. Après avoir rattrapé un ego mal placé, nous nous rappelons qu’une majorité des joueurs (selon les questionnaires Steam) jouent avec une RTX 3060, une 2060 ou encore une GTX 1060 et Starfield doit sans doute, devenir une nouvelle frustration pour eux.
Pour un rapide tour dans les paramètres du jeu, Starfield propose uniquement le FSR suite à son partenariat AMD. L’absence de DLSS et XeSS devrait être réglé d’ici à 2024 mais dans ce cas, pourquoi ne pas l’avoir fait avant ? Heureusement qu’un mod sur PC corrige déjà cela. Malgré ces chutes d’images par seconde, le jeu reste assez contemplatif bien que finalement en dessous de ce que l’on pourrait attendre d’un soft que l’on considère réellement comme représentant de « la next-gen » selon les mots de Todd Howard. Nous n’oublions pas non plus de mentionner ces très, mais alors, très nombreux temps de chargements qui coupent constamment notre aventure.
Bien que Starfield démarre déjà avec une grosse épine dans le pied, des points positifs sont tout de même à relever. Tout d’abord, la modélisation des armes est vraiment réussie, notamment lorsque l’on voit celles-ci dans nos mains à la première personne. Les systèmes sont aussi très appréciables à observer dans la carte spatiale, on pense notamment aux soleils et aux planètes gazeuses qui ont de magnifiques couleurs. Pour finir, les cinématiques lorsque l’on récupère les fameux artefacts (objets de la quête principale), comme celles que l’on aperçoit lors de nos voyages spatiaux, sont réellement très réussies et font leur petit effet la première fois. Ces mêmes cinématiques ne sont d’ailleurs pas lassantes malgré leurs régularités.
Tout est dans le rythme
Entrons dans le dur avec les missions de Starfield et particulièrement sa quête principale. Bethesda nous transporte une nouvelle fois dans le rôle de « l’élu » puisque nous interprétons l’une des rares personnes capables d’entendre la musique et de voir les images que nous offrent les artefacts lorsqu’on les récupère. Est-ce parce que nous sommes le fameux élu dont nous parle cette sorte de secte d’illuminée interspatiale qu’est Constellation, ou avons-nous juste des trips hallucinogènes car nous sommes un mineur sans le sous consommant de l’opium pour oublier les tracas du quotidien ? Dans tous les cas, vous allez intégrer cette association de scientifiques afin de découvrir le secret que renferment ces artefacts. Pas très originale pour un scénario de science-fiction peut-on penser ? Vous n’êtes pas au bout du voyage puisque durant plus ou moins 20H le scénario de cette quête principale prolongera tous les clichés du genre.
Le scénario n’aura jamais un effet waouw, il n’y a pas réellement de surprise à attendre dans celui-ci. Pour un peu plus d’originalité, il faut se tourner du côté des quêtes secondaires et des missions de factions. Les quêtes de factions permettent notamment de prendre des choix intéressants et d’en découvrir plus sur l’univers que nous offre Starfield. Finalement, c’est grâce à ces dernières que l’on profite réellement de la richesse des Systèmes Occupés et de l’écriture de cet univers et de la géopolitique de celui-ci. Mais, le problème est que les quêtes nous sont souvent lancées à la figure alors que l’on se balade et de manière constante. L’afflux continue de nouvelles missions est parfois déroutant et a plus tendance à déranger notre aventure qu’à nous inciter à élucider un nouveau mystère.
Dans cette même idée de briser le rythme, vos compagnons demandent constamment de l’attention. Il est courant qu’en pleine quête votre duo demande soudainement de « discuter lorsque vous aurez quelques minutes ». Puis disons-le, c’est impressionnant comme la quête principale nous oblige à avoir un compagnon. Nous avons choisi le trait introverti lors de la création de personnage. Ce trait permet de bénéficier de bonus lorsque nous sommes seuls face à l’immensité de la galaxie. Un bonus que vous n’aurez presque jamais lors de la quête principale. Les compagnons sont nombreux et il est même possible d’en recruter encore plus par la suite. Il est aussi important de noter que ces derniers ont le même défaut que la plupart des PNJ chez Bethesda : l’IA est complètement aux fraises. Il ne sera pas rare dans votre aventure de voir les PNJ faire des choses qui ne font aucun sens et qui défient toutes les lois physiques. En revanche, il sera possible d’en épouser que quatre et il ne s’agit que de membres de Constellation. Développer l’histoire des personnages secondaires dans toutes ces quêtes annexes et apporter la possibilité d’une relation en dehors de Constellation aurait été appréciable en vue du nombre de personnages que l’on peut envoyer au casse-pipe.
Vers l’infini et au-delà
Starfield est avant tout un jeu d’exploration avec notamment plus de 1000 planètes (nous n’avons pas compté, mais faisons confiance à Bethesda) à découvrir et dont la génération et procédurale pour la plupart. On peut vraiment explorer de nombreuses planètes qui ont tendance à être relativement différentes lorsque l’on s’aventure sur ces dernières. Bien évidemment, parmi les très nombreux astres, certains sont très semblables, mais cela n’est pas aussi redondant que ce à quoi l’on pourrait penser. Les planètes sont majoritairement vides et l’on imagine que restreindre ce terrain de jeu aurait peut-être été souhaitable. C’est pourquoi, une exploration trop vaste est un peu inutile et serait même une perte de temps. Il y a pourtant quelques surprises à découvrir lors de l’exploration de ces planètes et elles ont nécessaires pour trouver les meilleurs emplacements d’avant-postes (un paragraphe est dédié à ces constructions un peu plus bas).
Si l’on devait retenir les grandes faiblesses dans l’écriture de Starfield, la première viendrait certes de sa quête principale, mais la seconde serait issue de ses capitales. La dernière œuvre de Bethesda n’arrive franchement pas à donner une âme à ses capitales qui sont tout simplement des stéréotypes de ce que l’on pourrait attendre. Alors que l’on pourrait être habitué à des villes comme celles de Skyrim, dont chacune reflète une ambiance unique qui ont su séduire tant de joueurs, ou encore le plus récent Cyberpunk 2077, qui offre une âme assez impressionnante à la désormais culte Night City. Ainsi, New Atlantis est une ville futuriste très banale avec une belle verdure, de nombreuses constructions blanches en verre. Akila City est une ville à l’ambiance Western qui se situe sur une planète sableuse. Neon City est une ville dont le nom pourrait nous rappeler Night City et à juste titre puisqu’il s’agit d’une ville à l’ambiance cyberpunk. Cette dernière ville est clairement celle qui a su nous séduire le plus avec une ambiance un peu plus profonde que ses comparses. Une chose reste certaine, après plusieurs mois, nous aurons sans doute oublié le nom de toutes les villes et planètes de Starfield, car aucune d’elles ne marquera réellement notre aventure. En parlant de mémoire, la navigation dans la carte spatiale ne vous donnera que peu d’indications pour vous rappeler où se situent vos destinations. Il devient limite important d’avoir un Excel ou un carnet pour noter la planète sur laquelle se trouvent nos fameux avant-postes ou encore quelle capitale se trouve où. Il peut parfois être long de chercher sur cette carte, très long.
Des activités inédites
Pour l’instant, le constat est inévitable : Starfield ressemble à un Skyrim dans une version SF en moins bon et avec une décennie de retard. Mais, si l’on veut être un peu plus optimiste, la nouvelle production de Bethesda se démarque sur quelques aspects qui différent finalement de ce que l’on pouvait voir. Tout d’abord, il y a quelque mini jeux complètement inédits. L’on pense tout d’abord à la nouvelle manière de crocheter qui nous est proposée mais également à son système de persuasion. Pouvant être considéré comme une fissure du gameplay par certains, ces mini jeux ont laissé plus fréquemment une bonne respiration dans le jeu et permettent une bonne nouveauté. De cette manière, ces quelques éléments sont de bonnes innovations permettant de sortir de cette étiquette de simple copie de Skyrim. Cependant, si une activité est assez épatante dans Starfield, il s’agit de la construction et le développement d’avant-postes. Cette dernière n’est pas forcément complètement neuve puisque Skyrim ou encore Fallout 4 vous proposaient déjà de faire une maison ou un abri personnalisé. Cependant, Bethesda pousse la chose encore plus loin ici.
Les avant-postes sont littéralement des bases que vous pouvez créer sur la planète de votre choix. La construction vous aidera à récolter de nombreuses ressources (minières et gazeuses) qu’offrent la planète afin d’améliorer votre équipement et de produire de nombreuses ressources et notamment du soin dont l’on manque régulièrement. Car oui, pour les habitués de son grand frère médiéval, l’un des grands défauts de ce cadet est la rareté de certains objets comme les soins et ressources. D’une même façon, il vous sera possible de rendre un avant-poste autonome dans sa production de ressources en y assignant des compagnons qui seront plus ou moins efficaces selon leurs compétences. Ainsi, l’on ne parle pas d’un simple abri ou encore d’une maison afin de s’installer, mais bel et bien de construire jusqu’à 24 avant-postes (une fois votre compétence d’habitat planétaire max) que vous pourrez relier avec des cargos automatisés, mais également les décorer. Il y en a réellement pour des dizaines d’heures et ça peut impressionner. Seul bémol sera encore l’interface de construction qui n’est pas des plus pratique.
La première polémique de Starfield a son lancement n’est autre que son utilisation des vaisseaux. Ces derniers font clairement partie des nouveautés de la formule des jeux Bethesda et nombreux étaient ceux à espérer de longs voyages en vaisseau. Disons-le, il n’en est rien. Les voyages se feront à travers une longue séquence de menu entrainant de nombreux temps de chargements. Alors que le menu pour personnaliser les vaisseaux permet de nombreuses fantaisies, il est extrêmement dommage que ces derniers n’aient finalement que peu d’intérêt. Les rares combats spatiaux peuvent pour la majorité être évité en fuyant simplement, rendant donc l’amélioration que peu utile. La maniabilité est très relative surtout en vue à la première personne. Les combats se résumeront à fuir pour recharger ses boucliers puis attaquer avec : une arme laser, une arme balistique et un lanceur de missiles. De plus, lorsque vous aurez besoin de faire un long chemin, il vous sera impossible de faire le voyage en une seule fois. Il faudra organiser cela en plusieurs sauts (une dizaine pour l’objectif final de la quête principale) et chaque saut vous demandera un temps de chargement et ce, sans parler de l’atterrissage qui en nécessitera un supplémentaire. Et dire que la fameuse « next-gen » devait nous priver de ces écrans d’attentes.
Piou Piou Pan Pan
Nous avons déjà souligné la modélisation soignée des armes plus haut. L’utilisation de ces dernières est tout autant travaillée. Il n’existe que peu de types d’armes et bien que certaines armes seront souvent présentes, il existe assez de modèles pour trouver le canon que vous préférez. De plus, chaque arme qu’il est possible de récupérer peut avoir des modificateurs. Les améliorations d’armes sont nombreuses et variées, il faudra donc toujours prendre garde si une arme similaire ne possède pas d’augmentations plus appréciables. Il est aussi possible de les fabriquer soi-même afin d’avoir un silencieux ou un meilleur viseur en plus d’un chargeur amélioré pour notre sniper si l’on peine à en trouver. Ainsi, les combats ne sont finalement pas si mal, l’on notera même la possibilité de se battre à mains nues avec une compétence dédiée à la discipline.
Un bon explorateur adore avoir le bon équipement pour chaque situation, et donc des armes aussi bien pour gérer les affrontements de près, de loin et mi-distance. On pourrait apprécier avoir plusieurs explosifs ou encore des armes lourdes afin de régler les problèmes d’infériorité numérique rapidement. Cette volonté d’être tout équipé devra être contenu, car la capacité de charge de notre personnage est très limitée. À cela, s’ajoute une ergonomie catastrophique dans les menus et l’inventaire ainsi qu’une liste de favoris très réduite en place. Il faudra considérer que les soins sont rares même à l’achat et les des détours dans vos missions afin d’aller dans la ville la plus proche pour en acheter deviennent vite une habitude. Après cette petite liste, l’on comprend rapidement que les affrontements aux flingues ont beau être réussi, leurs limites se trouvent dans les à-côtés très fâcheux parce qu’il faut clairement se dire que la panne sèche de poudre arrive régulièrement lors de combats, une situation plutôt frustrante en pleine fusillade.
Verdict : 6/10
Starfield n’est pas un mauvais jeu en soit, mais laisse un goût amer. Nous pourrons le mettre sur le dos d’une communication commerciale trop importante, mais le résultat final n’est pas à la hauteur des attentes, ni des promesses. Des bugs ci et là, une IA aimant son indépendance et une ergonomie carrément nulle, nous avons un jeu Bethesda possédant les qualités et les travers de ces derniers. Cependant, l’on attend encore un éditeur de mod officiel qui doit arriver en 2024 en même temps que le DLSS et le XeSS. Starfield est voué à être amélioré par des mods pour atteindre une aventure appréciable, mais finalement ne serait-ce pas le travail des développeurs ? Reste qu’il faudra de nombreux mods en plus des quelques bonnes quêtes secondaires pour rattraper une aventure principale trop téléphonée.
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