En ce moment, il est de bon ton d’avoir une console Sony dans son salon tellement les jeux se bousculent au portillon, les bons comme les mauvais. Après le hors norme mais exigeant Bloodborne, l’improbable My Life is Strange et l’excellent The Witcher 3, est-il encore possible de trouver un jeu pour étancher notre soif de conquête ? Surtout après toutes les alléchantes nouvelles de Sony faites à l’E3. The Elder Scrolls Online: Tamriel Unlimited le tant attendu, arrive-t-il au bon moment ? Saura-t-il conquérir les joueurs en mal de MMO ? Arrivera-t-il seulement à la cheville du bienaimé Skyrim ? That is the question !
Naissance d’un héros
Comme tout bon MMORPG qui se respecte, TESO (The Elder Scrolls Online) démarre avec la création de son personnage. On retrouve ici les neuf races déjà présentes dans les anciens opus des jeux de la licence, à savoir Rougegarde, Argoniens, Nordiques, Elfes noirs et autres. La création du personnage n’est en soi, pas très sexy, mais elle a le mérite d’être relativement poussée (forme de visage, tatouage, cicatrice, corpulence…), au point qu’il sera difficile de croiser son double sur le serveur. On a le choix entre trois factions (Daguefilane, Aldmeri et Coeurébène), et bien qu’il soit orienté par la race choisie au départ, rien de vous empêche d’en choisir une autre. Par pur esprit de contradiction ! On choisira ensuite parmi quatre classes : Chevalier dragon (Guerrier), Sorcier, Lamenoire (Voleur/Archer) et enfin Templier (Paladin). Le choix peut paraître restreint, mais c’est sans compter sur Bethesda qui nous offre une progression de talents très libre.
A peine notre avatar créé que nous voilà déjà derrière les barreaux d’une prison en Oblivion, où l’on apprend avec stupeur (mais sans surprise) que le seigneur daedrique Molag Bal, tente de fusionner notre monde (Tamriel) avec le sien (Havreglace). Autant dire que ça sent déjà un peu, le déjà vu. Mais que serait un jeu de fantasy sans son vilain méchant qui n’a pour ambition que de conquérir le monde. Ni une, ni deux on parcours alors toute la région de Tamriel pour déjouer les invasions et attaques de Molag Bal qui tente de mettre en œuvre son plan machiavélique. Bien sûr, comme il est coutume dans de nombreux MMO, nous n’incarnons pas un simple et lambda petit soldat, mais bel et bien le potentiel sauveur de Tamriel, rien que ça !
Les premières minutes servent à mettre en place les fondements scénaristiques du jeu et permettent surtout de se familiariser avec les bases : système de combat, quêtes et interface. Malgré une volonté d’immersion totale, la première heure du jeu s’avère poussive, très peu palpitante… et souvent gâchée par le nombre de joueurs présents sur place et qui s’acharnent sur le peu de mobs qui rodent. On parvient tout de même à donner quelques coups d’épée et on se laisse gentiment emporter.
Une épopée, deux épopées, trois épopées…
Tamriel est divisé en zones, et chacune d’elles propose une petite histoire bien ficelée, ainsi qu’une multitude de quêtes secondaires, donjons, cavernes, villes, villages, égouts, grottes et toute la pléthore de lieux assez conventionnels dans un RPG. Sérieusement, et aussi étonnant que cela puisse paraître pour un MMO, le jeu pourrait presque se jouer uniquement en solo tellement l’histoire peut se traiter sans l’aide de personne. Ce qui en soit n’est pas plus mal et nous amène doucement aux longues heures passées sur un certain Skyrim. Quelques choix moraux, comme la persuasion ou l’intimidation, viendront se glisser ici et là, histoire de vous impliquer un peu plus dans l’univers et avoir ainsi un semblant d’impact sur le scénario.
On retrouve toutefois la joie des MMO lorsqu’on pénètre dans un donjon, et où l’aide d’autres joueurs sera la bienvenue au moment d’affronter des hordes de daedras. L’engouement actuel du jeu fait que vous ne vous battrez jamais contre les boss du scénario en tête en tête, mais bel et bien en compagnie d’autres joueurs déjà présents. Sachez qu’un seul et unique coup d’épée dans l’adversaire et vous serez crédités du succès de la quête. On notera qu’un effort a été fait concernant les allers-retours nécessaires au bouclage d’une quête, avec l’agréable surprise de voir que le PNJ donneur de quête nous attendra gentiment à la sortie de la grotte, en nous évitant ainsi d’avoir à retourner au village.
Une fois le niveau 50 atteint, un choix s’offrira à vous, et ce, afin de vous permettre d’accéder à une zone adverse et ainsi vous proposer des missions dédiées à cette dernière. De quoi rendre la durée de vie de TESO encore plus conséquente. Toutefois, on aura toujours la fâcheuse impression que notre destin est guidé par un ordre prédéfini et largement écrit à l’avance.
Libérée, délivrée !
Dès le début du jeu, on suivra un petit didacticiel pour nous former au système de combat : attaque, esquive, interruption, blocage, attaque chargée. Un petit panel de base qui viendra peu à peu s’agrémenter d’attaques spéciales propres à notre classe, notre guilde ou encore notre race. Les combats sont assez dynamiques, les armes variées et chacun devrait pouvoir y trouver son compte. On retrouve les classiques armes à deux mains, boucliers et épées, bâtons de magie, arcs, le tout avec une rapide prise en main. Notez que sur ps4, il est important de bien placer le curseur avec le trackpad sous peine de taper dans le vide. Après le niveau quinze, votre personnage pourra s’équiper de deux armes différentes et vous pourrez ainsi switcher entre l’une et l’autre au cours des combats, apportant ainsi une nouvelle stratégie dans les affrontements. Aussi, des raccourcis pourront être attribués à chaque touche, tandis que la croix directionnelle servira pour les potions et autres interactions sociales.
Bien que l’on choisisse une classe au départ de l’aventure, Besthesda nous laisse une assez large liberté dans l’évolution de son personnage. Chaque niveau atteint nous offre des points à distribuer à notre guise dans les trois talents liés à notre classe, mais on peut aussi tout à fait les glisser ailleurs. On peut donc croiser un voleur en armure lourde, un mage avec une épée à deux mains ou un guerrier en armure légère. Chacun est donc pour le coup libre de faire ses propres choix. Vous pourrez aussi gagner des points de compétences en ramassant des pierres célestes éparpillées ici et là, ou en effectuant certaines quêtes.
Si le processus reste assez classique, TESO arrive à nous surprendre dans la mesure où ces points peuvent aussi être attribués à des compétences qui ne sont pas du tout dédiées au combat. Vous pouvez les distribuer dans votre arbre d’artisanat et ainsi devenir le roi du crafting. Libre par exemple à vous de devenir un forgeron de renom plutôt qu’un redoutable guerrier. A travers cette personnalisation assez poussée et originale, TESO nous propose une alternative rafraîchissante aux autres MMO, et permet aux joueurs d’incarner des personnages assez uniques.
Je suis le roi du monde !
Pour ceux qui voudraient pleinement profiter du côté MMO de TESO et ne pas simplement y voir un nouveau Elder Scrolls solo, la zone centrale Cyrodiil, dédiée aux affrontements entre les différentes factions, sera leur point de rendez-vous. Le but est de capturer, contrôler et protéger les places importantes de l’ennemi, à commencer par les six forteresses ou divers points de productions (ferme, mine, scieries). Chaque joueur est ajusté au niveau 50, mais les personnages de plus haut niveau garderont leurs sorts et équipements avancés, ce qui leur permettra de faire la différence dans les combats. Si vous tirez votre épingle du jeu et que votre faction remporte la bataille, vous aurez la chance d’être élu Empereur et vous bénéficierez ainsi de récompenses spécifiques. Capturer une forteresse ne sera néanmoins pas de tout repos, car il faudra s’y attaquer avec l’aide de catapultes, béliers, ou encore trébuchets. L’adversaire disposant des mêmes armes dans son panel pour se défendre.
Aussi, de nombreux donjons instanciés pourront être parcourus à plusieurs. Il est bon de noter qu’une équipe mal équilibrée aura peu de chance de l’emporter et que certaines compétences en activent d’autres chez vos compagnons de routes, ce qui pourrait vous sauvez la mise. Les ennemis se veulent intelligents et restent la plupart du temps en petit groupe, méfiez-vous donc car ils n’hésiteront pas à attaquer les DPS plutôt que de viser le Tank. Finalement un peu répétitif, les donjons lasseront certains qui attendront alors de voir ce que vaut l’aventure à 12 ou 24 joueurs.
Oh regarde, toutes ces belles couleurs ternes !
Le point noir de TESO est sans conteste ses graphismes pauvres et propres à la série. La direction artistique est quasi inexistante et ne possède pas de charme particulier. Alors que dans Bloodborne ou The Witcher 3, il arrive qu’on s’arrête pour admirer le paysage, TESO n’invite pas vraiment à la rêverie et à l’admiration. On reconnait toutefois qu’un gros travail a été fourni sur la cohérence des zones avec leurs habitants, mais le manque de diversité et la redondance de certains décors ont tendance à appauvrir l’ambiance. Finalement dans la même veine visuelle que les précédents opus de la saga, TESO utilise des couleurs assez ternes, portées sur le marron, bleu et vert. Quelques textures grossières viennent également un peu gâcher le tableau, alors que le moteur du jeu (Hero Engine) s’avère plutôt convainquant.
Cette sobriété se retrouve dans l’interface on ne peut plus minimaliste du jeu. Pas de mini map, mais juste une boussole qui nous indique les objectifs ; la barre de vie, de magie et d’endurance disparaissant de l’écran une fois le combat fini et notre niveau n’est même pas indiqué. Le manque d’informations affichées est un réel handicap et l’on se retrouve souvent à mal évaluer les distances, à chercher les magasins qui ne sont inscrits nulle part. Même pas une petite icone flottante au-dessus de leur tête ! On se souvient de l’interface du menu de Skyrim qui n’avait franchement rien de bien folichon, et bien TESO réussit à faire pire : tout est compliqué à gérer, l’ergonomie n’est pas du tout intuitive et on se perd rapidement dans nos menus de compétences. Les musiques sont quant à elles bien présentes et superbement réalisées, participant ainsi à accentuer le degré épique de notre mission au sein du jeu.
Verdict : 7/10
TESO nous offre un MMO somme toute assez classique et qui ne révolutionne clairement pas le genre. Malgré ses combats assez banals et ses visuels dépouillés (aucun parti pris graphique et une direction artistique bien pauvre), il reste tout de même agréable à jouer. Il est aussi plus qu’appréciable, et c’est là la force du jeu, de profiter de la liberté de personnalisation et customisation des compétences de son héros. Enfin, force est de constater que ce TESO s’appuie sur une scénarisation poussée, des environnements cohérents, et des musiques épiques. Dommage que l’aspect communautaire du jeu soit un peu trop mis de côté, tendant ainsi plus vers une immersion solo plutôt que MMO. On espère donc que les prochaines mises à jour sauront combler ce vide et feront de The Elder Scrolls Online un MMORPG incontournable sur consoles.
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