Avec la PS4, PlayStation a vécu une période faste en s’imposant comme l’un des acteurs de l’industrie ayant le mieux compris son public. Que ce soit dans sa communication avant la sortie de la console, ses annonces ou bien son rapport aux joueurs, la marque a fait preuve d’une vraie clairvoyance et a pu marquer assez de points pour tirer son épingle du jeu face à une Xbox One hésitante. Une situation qui tend à s’inverser depuis l’arrivée de la PS5, entre décisions hasardeuses, manque d’exclusivités et annonces peu surprenantes dans la lignée de celle du remaster de The Last of Us, que même les moins avertis auront vu arriver dans le rétroviseur.
Test réalisé sur PlayStation 5 à l’aide d’une version numérique fournie par l’éditeur
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Un matériau de base de qualité
Ils sont forts chez Naughty Dog et PlayStation. Avec l’arrivée de ce The Last of Us Part II Remastered, la série aura accouché de davantage de remakes/remasters que de jeux originaux. C’est symptomatique de notre époque, au grand dam des détracteurs de portages, remasters et autres jeux refondus pour coller à la génération actuelle. Toutefois, on ne pourra pas dire qu’on ne l’avait pas vu venir, il est même d’ailleurs étonnant que ce remaster sorte aussi tardivement. Avec tout ce temps, les développeurs auraient même pu se pencher sur un remake, c’est dire. Ainsi, en attendant que le jeu se fraye une sortie sur PC – car cela va arriver, la stratégie de PlayStation étant maintenant de rendre accessible ses exclusivités au compte-gouttes aux joueurs PC – c’est la PS5 qui voit revenir la courageuse Ellie, après un remake du premier opus un brin décrié.
Au-delà de notre cynisme, somme toute justifié, nous n’oublions pas que The Last of Us Part II est un jeu aux qualités indéniables et qui aura su marquer la fin de vie de la PS4. Qui elle-même, aura connu le remaster de The Last of Us, sorti lui aussi en fin de vie de la PS3. Vous commencez à le voir, le pattern ? Bon, d’accord, on met définitivement le cynisme de côté pour se concentrer sur le jeu. Non pas qu’il y ait énormément à dire à son sujet, puisqu’il a été testé dans nos colonnes à sa sortie – et il n’y avait pas mieux placé à l’époque que Psychedelic pour vous apporter sur un plateau d’argent la chronique des nouvelles aventures d’Ellie. Mais ce remaster possède quelques atouts dans sa manche, et il y a fort à parier que malgré un intérêt réduit pour les possesseurs du jeu sur PS4, il fera malgré tout mouche et les amateurs de la franchise ne se feront sans doute pas prier pour repasser à la caisse.
Pour les paresseux du clic ou les retardataires qui, comme votre bon serviteur, n’ont toujours pas terminé un opus de la franchise (sans honte aucune), précisons tout de même que The Last of Us Part II est la suite du premier opus dans lequel on suivait Ellie et Joël tout au long d’un périple visant à trouver un remède au mal de leur époque : à savoir une pandémie qui transforme les humains en infectés peu avenants, voire même en Claqueurs en manque de chair. Ces dérivés des zombies de la culture populaire permettent de placer le joueur dans une ambiance post apocalyptique de qualité et qui aura su fédérer une énorme fan base.
Le deuxième épisode se passe quelques années après le premier opus et nous met désormais dans la peau d’Ellie, devenue une survivante aguerrie vivant avec bon nombre de ses pairs, y compris Joël dans un village de rescapés. Mais puisque rien n’est éternel, hormis les diamants, l’histoire amène bien vite un twist qui va venir perturber la vie de la jeune fille. L’un de ces problèmes prend notamment la forme d’Abby, antagoniste présumée de The Last of Us Part II dont le physique ferait pâlir les go muscu du Basic Fit d’à côté qui ne jurent que par la whey.
Le cahier des charges habituel du remaster fainéant…
Naughty Dog est un studio réputé pour la qualité apportée à leurs jeux, c’est un point indéniable sur lequel nous ne saurions revenir. Que l’on apprécie leurs univers ou bien que l’on passe totalement à côté, bien sots seraient les quelques détracteurs qui oseraient dire le contraire. Aussi, lorsque l’on connaît l’application et le soin que le studio apporte à ses créations, on est en droit de se demander dans quel état d’esprit est né le remaster dont il est ici question. Car sur l’aspect technique, le remaster peine à démontrer ses forces.
Alors que le jeu tourne déjà à 60 images par seconde sur PS5, ce remaster se contente de proposer deux modes graphiques, à savoir Fidélité et Performance. Vous commencez à connaître la chanson, on vous la ressort à presque toutes les sauces à travers nos différents tests : le mode Fidélité offre davantage de finesse avec une sortie et un affichage en 4K au détriment de la fluidité, capée à 30 FPS; alors que le mode Performance offre une sortie en 1440p pour être retranscrit en 4K et viser les 60 FPS. On notera la présence de la possibilité de débloquer la fluidité pour aller au-delà des limites imposées par ces deux modes, mais seulement sur les écrans compatibles.
Viser les 30 FPS en mode Fidélité et 60 FPS en mode Performance, sur un jeu développé pour la génération actuelle, cela se comprend encore. Sur la version remastérisée d’un jeu qui va souffler sa 4ème bougie cette année, ça fait un peu léger. À sa sortie sur une PS4 en fin de vie, le jeu était un véritable régal pour les yeux et The Last of Us Part II Remastered ne fait évidemment pas exception. On a surtout noté quelques améliorations sur les effets de reflets et sur les jeux de lumière, mais pas beaucoup plus d’améliorations. Il faut dire que le jeu tient encore la dragée haute et pourrait presque jouer des coudes avec certains jeux qui sortiront cette année.
… Mais des ajouts bienvenus
Le principal argument marketing de cette ressortie du jeu de Naughty Dog réside dans le mode Sans Retour, qui vient surfer sans vergogne sur la vague des modes Roguelike que l’on voit apparaître un peu partout. On remercie les innombrables studios indépendants qui ont contribué à remettre ce genre au goût du jour, alors qu’il était encore de niche et s’adressait à un public averti il y a quelques années de cela. Voir des gros studios commencer à mettre les mains dans le cambouis est assez intéressant, encore faut-il avoir l’inventivité et quelques idées pour rendre le concept intéressant.
Dans le cas présent, il faut avouer qu’on est un peu mi-figue, mi-raisin. Le résultat est convaincant et, s’il s’adresse plutôt aux joueurs ayant terminé l’aventure, afin de ne pas se faire spoiler lieux et boss, il devrait parvenir à retenir les joueurs assez longtemps. En revanche, l’exécution se veut assez basique, puisqu’il s’agira ici d’enchaîner plusieurs affrontements sur une suite de cartes, en fonction du chemin que l’on aura choisi parmi plusieurs prédéfinis. Chaque niveau sera rythmé par des modificateurs et proposera son propre mode de jeu parmi 4 disponibles : Attaque, Mode Proie, Capture et Défense. Il existe de nombreux modificateurs qui vont permettre de rythmer les parties et de personnaliser ses sessions.
Si l’essence même d’un mode Roguelike réside dans le fait de perdre toute sa progression lorsque l’on meurt, l’idée est de parvenir le plus loin possible tout en accumulant le meilleur équipement possible. La génération procédurale des niveaux couplée à la difficulté grandissante rend l’avancée ardue et il convient donc d’améliorer ses armes et son personnage. On notera 3 axes d’améliorations de notre protagoniste et de son stuff, avec chacun sa monnaie d’échange. Les armes et munitions seront à acheter contre de l’argent gagné à chaque fin de partie, les pièces permettent d’améliorer ses armes à l’établi et les stimulants débloqueront des capacités pour le personnage utilisé. Chacun et chacune d’entre eux a un équipement de départ et des caractéristiques uniques.
Pas de quoi sauter au plafond : c’est simple et efficace, mais ça ne révolutionne pas grand-chose et on se demande alors quel est l’intérêt de jouer à un mode Roguelike dans The Last of Us Part II si des jeux indépendants proposent des formules bien plus poussées et plus malicieuses. Certes, on y retrouve pas mal de défis ainsi que des visages connus, mais malgré la présence de classements et de sessions quotidiennes toutes les 24 heures sous les mêmes conditions pour tout le monde, pas sûr que vous y passiez toutes vos nuits d’hiver. On y voit surtout là l’occasion manquée d’offrir à The Last of Us Part II un mode multijoueur, d’autant que l’on a récemment appris que le jeu multi issu de la licence s’est vu annulé par le studio. On se contentera de rappeler l’efficacité du mode en ligne de The Last of Us, et qui prolongeait parfaitement l’expérience de jeu.
Si vous faîtes partie du décile de joueurs assez acharnés pour pousser le curseur assez loin et vous payer plusieurs runs du jeu, les options et bonus propres au Speedrun sauront sans doute vous satisfaire, tandis que le commun des mortels saluera l’idée de loin. Reste que le jeu est assez long, et qu’on voit mal la communauté du Speedrun se concentrer sur The Last of Us Part II. Mais c’est sans aucun doute une erreur de notre part doublé de l’aveu de notre méconnaissance de cette scène spécifique du jeu vidéo. On pourra toujours se tourner sur les niveaux supprimés.
Que reste-t-il alors au rang des ajouts de ce remaster ? Le support de la DualSense, bien évidemment. Comme à l’accoutumée, les jeux PlayStation Studios se payent des sensations aux petits oignons et la manette fait preuve d’une terrible précision dans les moindres vibrations qu’elle projette afin de nous faire ressentir la moindre goutte de pluie qui s’abat. C’est d’ailleurs étonnant qu’on y prête toujours attention après tant d’années dans les mains, pourtant la DualSense, malgré ses imperfections, reste une manette taillée pour l’immersion, à plus forte raison lorsque les studios savent en tirer parti.
Et quand une chose est bien faîte, il faut avoir l’élégance de le faire savoir. Finalement, si nous étions un peu dubitatifs à première vue, The Last of Us Part II Remastered ne loupe pas le coche et offre davantage que des jeux portés sur la génération de consoles actuelle. C’est son contenu ajouté qui justifiera les 10 euros demandés par PlayStation pour effectuer la mise à jour de la version PS4 vers cette nouvelle mouture, plutôt que ses qualités intrinsèques de remaster. Deux publics sont alors visés par les papas d’Ellie et Joël, à savoir les fans de la franchise et ceux qui seraient passés à côté du titre à sa sortie mais, qui n’ont eu de cesse de lorgner dessus depuis.
Verdict : 8/10
Le remaster de The Last of Us Part II nous a bien semblé un peu paresseux au premier abord. Peu d’améliorations visuelles et des modes d’affichage difficilement acceptables de la part d’un jeu qui aura bientôt 4 ans, ça fait un peu mal sur le papier. Mais force est de constater qu’il y a davantage l’envie d’offrir du contenu supplémentaire et d’en faire une version Director’s Cut qu’un simple remaster sur le papier. Un nouveau mode de jeu, des options pour le speedrun, quelques niveaux supprimés et les commentaires des développeurs, cela justifiera sans aucun doute la dizaine d’euros réclamée pour passer de la version PS4 à la version remasterisée sur PS5. On appréciera que les nouveaux acheteurs n’aient pas à payer le prix fort, puisqu’elle se trouvera entre 40 et 50€ en fonction du support et du revendeur chez qui vous vous tournerez.
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