Niveau productions en jeu vidéo, la France n’est absolument pas en reste face à la concurrence nippone, américaine ou d’autres origines. Et davantage encore dans le domaine indé. Après le très bon Dead Cells des Bordelais Motion Twins, ce sont des Lyonnais qui rentrent dans la course du roguelite. Avec Curse of the Dead Gods, édité par Focus Home Interactive et actuellement disponible en Early Access sur PC, les développeurs français de chez Passtech Games (principalement connus pour Masters of Anima) apportent leur vision du genre. À peine rentrée dans le tombeau maudit que, ni une ni deux, votre fidèle servante est partie zigouiller du monstre pour vous rapporter toutes ses impressions.
Preview réalisée sur PC grâce à une copie numérique envoyée par l’éditeur
► Découvrez les différences entre roguelite et roguelike grâce à notre guide
‘Let there be light’ ♫
« Votre quête de richesse, d’immortalité et de pouvoir divin vous a mené aux portes de ce temple maudit. Un dédale infini, infesté de monstres et de pièges ». Une description officielle qui retranscrit à juste titre le background narratif de Curse of the Dead Gods. Pas besoin d’en dire plus, pas besoin d’en dire moins tant les roguelites et roguelikes ne se forgent pas à partir d’un dithyrambique narratif. En guise de supplément, nous pourrions parler de la scène d’ouverture, jouant très clairement sur un effet clair-obscur, durant laquelle on voit la silhouette d’un homme rentrer dans un lieu sombre (image ci-dessous). Après avoir posé ne serait-ce qu’un pied dans le lieu, la porte du temple se referme brusquement derrière lui, le piégeant ainsi dans cet endroit mystérieux et intriguant. Si dit comme ça, cela peut invariablement faire penser à l’introduction visuelle de Sundered, nous reviendrons sur les multiples influences et inspirations perçues dans le soft de Passtech Games plus tard.
Rappelons d’ailleurs au sujet du background narratif qu’à quelques exceptions près, bien souvent, il n’y a pas véritablement de scénario dans ce type de jeu. L’histoire d’Hades, elle, se dessine au fur et à mesure des runs mais l’objectif principal est simple : sortir des Enfers. Dead Cells ne mentionne en aucun cas le passé de notre chevalier sans tête. Et la liste pourrait ainsi courir sur de multiples lignes. Mais tout cela, ce n’est pas bien grave en soi car quand on entend « roguelite » ou « roguelike », notre intérêt est principalement porté sur le gameplay. Révolutionnaire ou non, voyons ce que Curse of the Dead Gods propose sur ce terrain-là.
Un méli-melo d’inspirations et d’influences
Après une première run de découverte, le joueur est invité à partir dans diverses expéditions courtes, moyennes ou longues. Pour chacune d’entre elles, nous explorons de multiples salles regorgeant de pièges, monstres ou éléments à ramasser, tels que des pièces d’or, des reliques ou des armes. Et comme tout bon roguelite, le tout est généré de façon procédurale. Le but, bien entendu, étant de terminer ces différentes expéditions. Lors de celles-ci, nous sommes maîtres de notre destin car nous choisissons nous-mêmes notre parcours via une carte aux embranchements multiples. Faisant invariablement penser à celle de Slay the Spire, elle met, la plupart du temps, en lumière les éléments cachés dans les salles. Ainsi, nous pouvons très bien choisir de rentrer dans une salle pour récupérer de la santé grâce à une fontaine maudite ou bien aller glaner quelques pièces d’or. Ce choix bloquant alors les autres parcours. Mais la destination est toujours la même : une dernière salle pour l’affrontement avec le boss final, dit Champion.
Là où le soft parvient à se démarquer – et encore, on décèle tout de même quelques influences – c’est dans le gameplay pur et dur. Incarnant ce protagoniste moustachu, à l’âge quelque peu avancé, le joueur possède une barre de santé, des points d’endurance, matérialisés par des cases aux pieds du personnage, et une jauge de corruption. Cette dernière correspond aux ténèbres envahissant peu à peu le protagoniste. Elle augmente à cause de certaines attaques ennemies, en ouvrant les portes des salles ou bien en récupérant de la santé auprès des fontaines maudites. D’ailleurs, une fois un certain seuil atteint, le personnage est victime de différentes malédictions. Elles ne sont pas aussi brutales que dans Darkest Dungeon, rassurez-vous, mais elles peuvent tout de même altérer en bien ou en mal le cours de votre partie. Heureusement, certaines reliques peuvent vous accorder des bonus et contrebalancer avec les effets négatifs des malédictions.
Ce n’est pas grâce à nos poings que l’on part zigouiller des ennemis mais bien des armes. Celles-ci sont catégorisées selon trois emplacements, à savoir arme principale, arme secondaire et arme à deux mains. De ce fait, plusieurs builds s’offrent à nous durant nos runs. Le tout étant perdu lorsque l’on meurt. Si l’on commence avec une simple machette et un colt pour les attaques à distance, le soft permet de ramasser d’autres armes au fur et à mesure. Nous avons ainsi, par exemple, looté une massue à deux mains aux dégâts considérables, bien qu’assez lente. Car, oui, chaque arme propose ses propres caractéristiques de dégâts, vitesse et bonus. Dans l’ensemble, ce n’est pas très original mais suffisamment varié pour se laisser tenter à essayer divers builds. Ce qui est surtout intéressant est le fait que la fluidité des combats nous octroie la possibilité de faire des combos plutôt dévastateurs. Il faudra tout de même faire attention à son endurance car chaque mouvement (attaque, parade, esquive, etc.) requiert un point. Autant vous dire que ça descend assez vite. Cela a le don de faire réfléchir le joueur à son prochain mouvement tout en mettant en place des chorégraphies de combat assez dynamiques et plaisantes à l’œil. On regrettera tout de même que le tout manque un tantinet de nervosité. Par ailleurs, le bestiaire est plutôt complet puisque composé de divers ennemis aux attaques différentes, infligeant des points de dégâts à votre santé ou augmentant votre jauge de corruption via des combats au corps à corps ou à distance.
[…] on adore détester notre malédiction et recommencer sans cesse notre exploration du temple maudit […]
Et si vous vous posez encore la question de savoir s’il s’agit d’un roguelite ou roguelike – on vous invite à lire notre guide mentionné plus haut – un bref aperçu nous indique que Curse of the Dead Gods se place dans la première catégorie. En effet, une option de sauvegarde est disponible. Mais pourquoi faire ? Durant chaque run, nous pouvons récupérer des crânes de cristal permettant de débloquer des améliorations pour notre personnage, comme par exemple « +25% de dégâts quand les ennemis sont piégés » et d’autres encore dont on vous garde toute la surprise. C’est bien vu et cela a le don d’amener le joueur à continuer et toujours continuer de jouer pour s’améliorer et maîtriser davantage le jeu.
Un véritable charme
Ce qui est surtout marquant, et ce dès la scène d’ouverture, est le jeu constant entre le clair-obscur. En effet, nous ne l’avions pas mentionné précédemment et à raison : toute notre progression au sein du temple maudit se fait torche en main. Elle permet ainsi de, faiblement, éclairer les alentours des salles. Elle n’offre qu’une courte visibilité tout de même. Il est possible d’augmenter celle-ci en enflammant les différents brasiers placés ça et là dans les salles mais attention, ils sont gardés par de nombreux ennemis. Ressemblant un tantinet à la mécanique distillée dans Darkest Dungeon, la lumière dans Curse of the Dead Gods permet d’éloigner les ténèbres et ainsi préserver quelque peu sa jauge de corruption. En plus de cela, il est possible de l’utiliser pour enflammer les ennemis et leur infliger des dégâts temporaires de feu. Notons tout de même qu’en dégainant son arme principale ou secondaire, nous perdons la torche et devons ainsi procéder au combat avec le peu de luminosité mise en place au préalable par vos soins, via les brasiers… si les ennemis ne les éteignent pas.
Côté direction artistique, les Lyonnais de chez Passtech Games ne font pas le choix du Pixel Art et se déportent vers un aspect très comics/bande dessinée. La palette de couleurs, assez sombre, est d’ailleurs plutôt intéressante et les animations fonctionnent très bien à l’écran. La bande originale nous semble encore un tant soit peu timide et nous aurions apprécié davantage de morceaux rythmés pour donner un côté un peu plus punchy à nos explorations. Hormis cela, elle reste assez satisfaisante et cohérente en soi. Bien que le soft soit actuellement seulement disponible en Early Access, nous n’avons pas été victimes de gros problèmes techniques, seulement quelques bugs mais en rien véritablement handicapant. On espère surtout que les développeurs tiendront leurs promesses et ajouteront du contenu conséquent dans les prochaines semaines ou mois à venir afin d’introduire davantage de lieux et d’ennemis. À n’en pas douter, on reviendra bien entendu explorer d’autres lieux maudits, tenez-vous le pour dit !
Verdict : Ça en jette !
Difficile de dire que Curse of the Dead Gods est absolument révolutionnaire et totalement original tant il s’inspire beaucoup de ses aînés, comme Dead Cells, Hades, Darkest Dungeon, Slay the Spire, mais il le fait avec beaucoup d’intelligence afin de proposer un roguelite qui tient la route du début à la fin. Grâce, principalement, à sa direction artistique, on adore détester notre malédiction et recommencer sans cesse notre exploration du temple maudit. Avec de nombreuses mises à jour à venir (nouveaux ennemis, nouveaux temples, etc.), il est certain que Curse of the Dead Gods saura se faire une place confortable dans la bibliothèque de jeux des amateurs de roguelite.
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