Dans l’imaginaire collectif, le métier de détective privé fait rêver. À mi-chemin entre Tintin et L’Inspecteur Gadget, il voyage constamment d’un pays à l’autre, côtoie des personnalités et lieux prestigieux, il est malin et astucieux, bref, c’est un boulot de songe. Sauf que le fantasme est rapidement effrité par la réalité : chasse aux adultères et traque aux escrocs à la CAF des quatre coins de l’Eure, de Tillières-sur-Avre à Villers-sur-Mer à planquer des heures dans une Clio, ce métier mène la vie dure au grand banditisme ordinaire… À notre désarroi, Frogwares excelle dans l’imaginaire et s’est décidé à ne pas faire une simulation avec Sherlock Holmes: Chapter One.
Preview réalisée sur PC à l’aide d’un code fourni par l’éditeur
Go Go Gadget à la preview
Pourtant, tout y est pour en faire un simulacre : une ville entièrement modélisée et ouverte, des lieux clefs à découvrir, des indices, le fait de pouvoir se déguiser. De plus, c’est dans un cadre idyllique que l’aventure se déroule : sur l’île fictive de Cordona installée en méditerranée courant 1880. On y incarne un Sherlock Holmes âgé d’une petite vingtaine qui revient sur son îlot pour déposer une gerbe de fleurs sur la tombe de sa défunte mère. Oui, jusqu’au bout, nous y avons cru à notre belle simulation de détective mais non. Alors que Sherlock, accompagné de son meilleur ami Jonathan, vont pour « Press F to pay respect » sur la sépulture, ils découvrent sur celle-ci une montre ayant appartenu au contenu du cercueil. Cela va lancer le fil rouge de la quête principale de ce Sherlock Holmes: Chapter One.
Par chance, notre Sherlock trouve toujours chaussure à son pied en termes d’enquête, même quand il pose ses jours. D’une nuit à l’hôtel découlera la résolution d’un meurtre, une grenadine sur le vieux port démantèlera un réseau mafieux. On se doute bien alors qu’un spectacle de prestidigitateur cache forcément une entourloupe. C’est ce que nous a fait vivre durant ces deux heures la démonstration. Ainsi, on remarque que Frogwares a gardé les gros atouts des opus précédents pour ce nouveau. Pêle-mêle : un travail narratif environnemental et du récit maîtrisé, une direction artistique soignée et un gameplay accessible. Esthétiquement, le peu que l’on a pu voir est réussi. Les bâtisses aux différents styles coloniaux, les tenues des personnages, etc. C’est plaisant. Seule ombre au tableau, les PNJ en bandes organisées font le pied de grue, ce qui donne certes de très jolis panoramas mais fixes et donc sans vie.
Petite bug de la preview qui fait sourire. Les prostituées peuvent se trouver dans le cimetière, en tenue professionnelle, à demander si on ne veut pas plus que ses réponses.
Du côté gameplay brut, celui où l’on fait travailler les méninges pour accuser le juste coupable, c’est du même acabit : maîtrisé, mais perfectible. Sher’, accordons-nous, est piètre chanteur mais bon détective, à cheval entre un comportementaliste canin et un commissaire priseur. Il peut à tout moment utiliser ses sens afin de déterminer ou mettre en avant des éléments susceptibles de faire progresser l’investigation. Sur un humain il est capable de déterminer d’un coup l’oeil: la situation professionnelle, le pays d’origine, l’attitude de ce dernier à l’encontre de Sher. Parfois, et principalement pour les personnages d’intérêt, il est possible d’observer de plus près l’individu pour remarquer de petits détails, comme des griffures, des marques ou encore du sang. Et quand ce n’est pas l’Être qui le passionne, ce sont les objets qu’il examine avec une précision chirurgicale, pour lui permettre de tirer moult informations. Enfin une fois ce plein de données faites, il faut relier les indices dans le bon ordre afin de faire apparaître les pistes plausibles pour résoudre l’enquête.
Est-ce plaisant ? Indéniablement. Est-ce un sans faute ? Pas vraiment. On peut reprocher une interface un peu fouillis qui fait perdre le fil de l’enquête ou encore un trop plein de dossiers mélangés. Si sur le moment, on s’y habitue, après une pause de plusieurs semaines sur le jeu, ça risque d’être très difficile de se remettre dedans, surtout pour raccrocher tous les indices. D’autant plus que les développeurs n’annoncent pas moins d’une quarantaine d’heures d’activité pour arriver au bout.
Verdict : Encore à trouver
Ces deux courtes heures sur Sherlock Holmes : Chapter One nous font comprendre que Frogwares est sur la bonne voie. On y retrouve les bases qui ont fait le succès de la saga mais avec de l’expertise en plus. La plume des designers narratifs s’affirme et s’affûte, la patte créatrice des level designers gagne en souplesse et en beauté, indéniablement. Cependant, graphiquement, le moteur commence à se faire vieillot et un peu de mouvement de la population ne serait pas de trop. Quant aux enquêtes, le peu que nous avons vu est convainquant et les plaisirs de lire entre les lignes, de récolter les indices et de noter nos avis sont restés présents tout du long. Donc oui, ce premier contact est concluant dans sa proposition.
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