Après sa première annonce officielle datant d’il y a plus de 5 ans, le titre indépendant de Capybara Games, Below, a réussi à se faire approcher en 2018 par les joueurs PC et Xbox One. Il aura fallu s’armer d’un peu plus de patience pour ceux sévissant sur PlayStation 4 : le jeu vient tout juste de s’offrir un portage sur la console de la firme japonaise. Mécaniques typiques d’un roguelike et exploration étant au rendez-vous, votre fidèle servante n’a pas pu résister à l’appel de cette nouvelle aventure.
Test réalisé sur PlayStation 4 Pro grâce à une copie numérique envoyée par l’éditeur.
On peut braver les lois humaines, mais non résister aux lois naturelles
Un voyage aux mille dédales
Dans Below, les développeurs de chez Capybara Games invitent les joueurs à explorer les recoins et souterrains d’une île mystérieuse et somme toute abandonnée de toute présence humaine. Nommée sobrement The Isle, elle recèle tout de même de dangers multiples en son cœur, soit The Depths (« profondeurs » en anglais). Incarnant un avatar aux mille visages, renaissant sans cesse sous une autre forme, nous débarquons sur une plage à bord de notre bateau après cinq bonnes minutes de dérive sur les eaux et d’introduction. C’est seul au monde et surtout seul face au jeu que l’on se retrouve car le soft ne possède aucun didacticiel aiguillant les joueurs dans la direction à prendre ou quant aux mécanismes de jeu à apprendre.
Véritable roguelike, Below ne possède pas de réel scénario et se veut surtout être un titre que l’on appréhende et que l’on découvre run après run. Après chaque mort de notre avatar, nous repartons à la case départ, c’est-à-dire près de notre bateau sur la plage. Il faut alors recommencer notre parcours au sein des profondeurs tout en essayant de découvrir de nombreux autres chemins. On vous arrête tout de suite, ce n’est pas pour autant redondant et pesant. Oui, intégrant un principe fondamental du genre, Below profite d’une génération procédurale des zones permettant alors aux joueurs de toujours changer d’itinéraires sans ressentir trop rapidement une certaine lassitude. Bien évidemment, rien n’est très simple car des créatures étranges et pièges mortels pourront signer votre mort à tout moment. D’autant plus que comme son nom l’indique très bien, The Depths est composé de chemins labyrinthiques et obscurs. Tel que dans Curse of the Dead Gods (notre preview), le titre profite d’un jeu de lumière assez intéressant : il faudra impérativement s’armer d’une lampe torche ou en fabriquer une pour explorer au mieux les coins et recoins de ces lieux tout en avançant doucement mais assurément.
Contrairement à d’autres roguelikes/roguelites avec une aspiration beaucoup plus axée sur l’action et la nervosité (Hades, Dead Cells, etc.), Below met principalement à profit la tranquillité et la minutie du joueur. Pas besoin de se dépêcher et courir dans tous les sens, ce serait prendre beaucoup trop de risques. À l’inverse, il vaut mieux explorer un maximum, récolter des ressources pour fabriquer des objets dont il vous incombe de trouver les bonnes combinaisons selon un système assez vaste et prendre le temps de réfléchir à votre itinéraire. C’est reposant tout en ayant ce soupçon d’exigence propre au genre. Le tout avec un équilibre instaurant un certain plaisir à recommencer encore et encore nos périples, mètre après mètre et zone après zone.
Une ode vidéoludique
Si l’adage dit que ce n’est pas la finalité d’un voyage qui compte réellement mais plutôt le parcours entrepris pendant, Below parvient à le transposer à merveille dans le milieu du jeu vidéo. En effet, durant les premières heures de jeu, nous sommes animés par l’envie de voir ce qui nous attend à la fin du soft. Mais au fur et à mesure des runs, et surtout vu la difficulté du titre, on se rend de plus en plus compte que ce qui plaît est le fait de parcourir les différentes zones ou même de dessiner mentalement nos prochains itinéraires. On se plaît d’ailleurs à admirer l’architecture aussi sublime qu’inquiétante de The Depths, lieu après lieu. D’ailleurs, les développeurs l’ont très bien compris et ont ajouté une nouveauté des plus signifiantes : la possibilité de parcourir le titre en mode « Exploration », minimisant les risques et dangers pour mettre davantage en avant la découverte à proprement parler.
D’autant plus que le tout rayonne d’une beauté toute particulière qui a su attirer notre œil dès les premiers visuels. Adoptant un style assez minimaliste, avec notamment une caméra en vue du dessus très éloignée de notre avatar afin de laisser toute la place aux paysages et surtout un jeu de lumière maîtrisé, Below se révèle être un petit bijou pour les yeux. Eh oui parfois il n’y a pas besoin d’en faire des tonnes côté effets spéciaux pour attirer, mais cela ça dépend de chacun n’est-ce pas ? Dans un sens, la direction artistique et l’angle de point de vue du titre de Capybara Games nous ont fait un tant soit peu penser à des titres tels que Jotun, sans en avoir le gameplay, vous l’aurez compris. Par ailleurs, la bande originale adopte elle aussi ce ton plutôt discret et s’accorde ainsi à ce qui se passe à l’écran.
Mention d’ailleurs spéciale à la palette de couleurs utilisée par les développeurs pour façonner le lore si particulier de Below. Le jeu oscille entre des teintes vertes très sombres, des nuances de noir et des touches de rouge pour un bel effet visuel rendant l’angoisse des lieux encore plus saisissante. Le tout profite d’un effet pastel lissant l’ensemble des décors rendant The Isle et The Depths encore plus mystérieux et appréciables.
Verdict : 8/10
Les titres estampillés roguelike ou roguelite se comptent désormais par milliers, et il suffit d’explorer les sections dédiées à ce genre sur les plateformes de vente de jeux en numérique pour s’en rendre compte. Below parvient à tirer son épingle du jeu grâce à un gameplay exigeant inhérent au genre, laissant alors le joueur maître de son propre destin et dans une phase d’apprentissage permanente. Sa direction artistique et sa bande originale adoptent un ton minimaliste collant très bien à l’univers, rendant le tout aussi reposant que charmant et angoissant par moments. Un titre à parcourir sans modération, pour les amateurs de roguelike/roguelite.
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