Après 10 mois d’accès anticipé, la version finale de Dreams, le nouveau jeu développé par Media Molecule en exclusivité pour la PlayStation 4, est enfin disponible. Connu des joueurs depuis l’E3 2015, le titre des créateurs de Little Big Planet reste pourtant un grand mystère pour bon nombre de personnes. Quel est son concept ? Est-ce réellement un jeu ou est-ce simplement un éditeur de niveaux ? Eh bien en réalité, il est les deux à la fois. Mettez votre ceinture, nous allons éclaircir tout cela en prenant la route pour le Dreamiverse, l’endroit où rien n’est impossible.
Test réalisé sur PS4 à partir d’une copie numérique fournie par Sony
Entrée en matière
Si vous possédiez une PlayStation 3, vous avez probablement déjà eu l’occasion de rencontrer Sackboy et Sackgirl, les fameuses poupées à l’affiche des jeux Little Big Planet. Ces derniers ont notamment marqué l’esprit de bons nombres de joueurs grâce au fait qu’ils proposaient un éditeur de niveaux permettant à tout un chacun de créer ses propres expériences, à l’image de ce que les développeurs ont eux-mêmes fait à travers le mode Histoire. Avec Dreams le concept est le même, mais l’expérience reste toutefois relativement différente dans son approche. Dans le cas présent, pas de mode Histoire à proprement parler mais une simple création qui sert de vitrine afin de montrer aux joueurs l’étendue des possibilités proposée par l’éditeur de niveaux. En effet, là où Little Big Planet trouvait un juste milieu entre la partie jeu telle que pensée par les développeurs et la partie jeu telle que pensée par les joueurs via l’outil de création, Dreams tend surtout à mettre en avant le second aspect.
Cela peut paraître compliqué à première vue mais c’est en réalité très loin de l’être. Avant de pouvoir découvrir la création des développeurs, vous passerez par une petite phase d’introduction qui fait office du tutoriel. Vous y apprendrez une partie des fondamentaux du jeu et ferez notamment la connaissance de votre Follet, une petite boule qui représentera votre moyen d’interaction tout au long de vos sessions de jeu. Très facile à prendre en main, le gameplay de Dreams se fait par nature – du moins en dehors des niveaux joués – à partir de la détection sans fil de la manette DualShock 4. Cependant, vous pouvez tout aussi bien vous servir du PS Move si vous le souhaitez, ou opter pour quelque chose de plus classique avec l’utilisation des joysticks. À noter qu’une compatibilité avec le PlayStation VR est également prévue mais que cette composante n’est à l’heure actuelle pas encore disponible car le studio travaille encore dessus.
Tout cela étant fait, nous vous conseillons alors de commencer votre immersion dans l’univers du jeu en découvrant la création imaginée par Media Molecule. Comme évoqué un peu plus haut, elle a pour vocation de servir de vitrine quant au concept du jeu. Et autant le dire tout de suite, elle le fait à la perfection. Intitulée « Le Rêve d’Art », il s’agit d’un long-métrage jouable assez court (2 à 3h grand maximum) dans lequel vous incarnez Art, un musicien torturé qui se trouve dans une phase difficile vis-à-vis de son groupe. Vitrine oblige, le jeu est parfois un peu décousu d’une séquence à l’autre, mais il permet effectivement de découvrir l’ensemble des possibilités qu’offre Dreams en matière de création. Mêlant tous les genres et tous les styles possibles, aussi bien en termes d’univers (comédie musicale, film noir, aventure), de narration que de gameplay (plate-forme, action, course), cette expérience très kitsch mais non dénuée d’humour et de mignonneries vous fera sans doute passer un bon moment et vous servira d’excellent point d’entrée dans un univers sans limite.
Bienvenue dans le Dreamiverse
Vous l’aurez compris, la thématique du rêve est au cœur de l’expérience proposée par ce jeu. De ce fait, votre première approche sera très fortement teintée de moments doux, colorés, mignons et oniriques, aussi bien sur le plan visuel que sur le plan sonore. Des menus jusqu’à la création des développeurs eux-mêmes, tout dans la direction artistique apparaît comme étant réellement chatoyant et attirant. Pourtant, ce n’est pas ce que représente le jeu dans son essence. Car comme nous l’avons évoqué, et comme Media Molecule cherche à vous le faire comprendre dès le début, Dreams est avant tout une expérience que vous façonnez à votre image. Vous vous constituez votre propre expérience de jeu et, si vous le souhaitez, vous pouvez même contribuer à celle des autres à partir de l’éditeur de niveaux. En fait, pour le dire autrement : vous êtes un membre parmi tant d’autres au sein de ce que les développeurs ont baptisé le Dreamiverse, à savoir un univers où rien n’est impossible pour personne.
Dreams, une expérience pour les joueurs…
À partir de ce moment-là, votre aventure sur le jeu de Media Molecule pourra se scinder en deux parties distinctes. La première sera, si on peut le dire ainsi, la plus classique : vous allez vous placer en position de joueur. En sélectionnant l’option « Voyage onirique » via le menu principal, vous accédez à une bibliothèque mettant à votre disposition l’ensemble des créations des joueurs du monde entier (y compris celle des développeurs, alors mise en avant). Vous pourrez y retrouver des expériences aussi nombreuses que différentes dont la longueur, l’atmosphère et le concept varient diamétralement. Certaines de ces créations sont entièrement personnelles, d’autres sont inspirées d’univers connus, d’autres encore apparaissent comme étant un mélange des deux. Par exemple, à l’heure actuelle, nous avons pu découvrir un certain nombre de créations se déroulant dans le monde de Tomb Raider, Resident Evil, Silent Hill, Star Wars, Mario, Crash Bandicoot et bien plus encore. Et si toutes ne sont évidemment pas parfaites, on peut vous assurer que le talent est d’ores et déjà bien présent dans certaines.
Si Dreams est évidemment un jeu vidéo, sachez que toutes les expériences proposées ne sont pas forcément des jeux à proprement parler. Ainsi, par-delà les créations jouables de bout en bout, vous allez aussi pouvoir accéder à un grand nombre de contenus répertoriés sous les appellations « audiovisuel » et « vitrine ». Il s’agit-là d’expériences quelque peu différentes qui, sans pour autant être dénuées d’interactions – bien que cela reste possible –, n’ont pas pour but de vous occuper bien longtemps. Vous y retrouverez des court-métrages, des long-métrages, des séquences musicales, des fonds d’écran animés voire tout simplement des images et décors intégralement créés à partir de l’éditeur de niveaux. Cela peut paraître abstrait ou anecdotique mais vous le constaterez par vous-même si vous tentez l’expérience, certaines des choses sont d’une qualité et d’un réalisme à toute épreuve. C’est un excellent moyen de constater ce dont certains joueurs sont capables et vous en ressortirez assurément bluffé.
Pour accéder à tout cela, vous devrez donc passer par le menu de la bibliothèque qui est extrêmement clair et ergonomique malgré l’abondance de contenus qu’il propose. Vous n’aurez aucune difficulté à trouver ce que vous cherchez – ou à tomber sur ce que vous ne cherchiez pas mais qui vous intéresse également – tout en sachant qu’au besoin, vous avez à votre disposition un outil de recherche avec filtres. Bien entendu, Dreams dispose par la même occasion d’une dimension sociale vous permettant de commenter les créations des autres joueurs, de les « liker » si elles vous plaisent et de vous abonner à un créateur dont le contenu vous intéresse afin de rester informé de ses prochains travaux. Par ailleurs, il est tout à fait possible de voir si l’une des expériences que vous avez préalablement testé a été mise à jour après votre passage car comme vous pouvez vous en douter, toutes ne sont pas forcément complètes et terminées au moment où vous les découvrez. Pour finir, si jamais vous ne parvenez pas à vous décider, vous pouvez toujours opter pour un choix aléatoire qui vous conduira vers une création sélectionnée par le jeu lui-même.
…mais aussi et surtout pour les créateurs
Passons maintenant à la seconde partie de l’expérience proposée par Dreams. En sélectionnant l’option « Création de rêves », vous allez cette fois-ci vous placer non pas dans la position de joueur mais, comme son nom l’indique, dans celle de créateur. C’est maintenant à vous de donner vie à vos rêves les plus fous à partir d’un éditeur de niveaux extrêmement complet et fourni qui vous permettra de réaliser tout ce dont vous avez envie. À première vue, cela peut faire peur car se retrouver avec un tel outil entre les mains a largement de quoi dérouter. Heureusement, Media Molecule a pensé à tout et vous avez ainsi à votre disposition tout un tas de tutoriels et de conseils qui vous permettront très facilement de comprendre et de maîtriser l’ensemble des éléments mis à votre disposition. Cela ne se fera pas sans un minimum d’investissement de votre part, mais c’est assurément à la portée de tous ceux qui ont la volonté de créer quelque chose.
De plus, plus vous jouerez à Dreams, plus vous découvrirez l’étendu de son univers, plus vous réaliserez des quêtes (souvent très simples et très rapides soit dit en passant) qui vous donneront accès à de nouveaux éléments de création à utiliser dans la conception de vos propres expériences. À partir de là, deux options s’offrent à vous : soit vous concevez votre propre univers en partant de rien et réalisez une création 100% originale, soit vous remixez la création d’un autre joueur. Et si jamais vous vous retrouviez confronté à une panne d’inspiration, vous pouvez également participer aux défis communautaires organisés par le studio, qui permettent à chacun de créer un contenu à partir d’un thème donné. Un concept d’autant plus intéressant que les meilleures expériences seront par la suite mises en avant par les développeurs sur la page principale de la bibliothèque, ce qui peut donner un coup de pouce non négligeable à ceux qui le désirent.
Un jeu sans fin
À ce stade, il est probablement inutile de préciser que Dreams fait partie de ces jeux dont la durée de vie est littéralement infinie. Pour cause, tant qu’il y aura des joueurs pour créer du contenu et tant qu’il y en aura pour découvrir le contenu des autres, alors il y aura de quoi jouer. Plus encore, il s’agit indéniablement d’un jeu dont l’expérience ne fera que s’étoffer au fur et à mesure que les mois, voire même les années ,vont passer. Media Molecule entend bien assurer un suivi de son jeu en faisant en sorte d’intégrer régulièrement de nouveaux éléments et de nouveaux concepts dont les joueurs pourront user et abuser à leur guise, et ce dans le but de proposer une expérience toujours plus complète. Jouez-y maintenant et revenez-y dans plusieurs mois, il y a fort à parier que nous n’aurez en aucun cas l’impression de rejouer à la même chose tant le contenu évolue à vitesse grand V. Ce sera peut-être également l’occasion pour les développeurs de peaufiner certains des détails qui peuvent encore l’être, comme par exemple des éléments graphiques parfois moins jolis que d’autres (en particulier les personnages, assez moches) ou encore des problèmes de 3D et de caméra qui peuvent rendre les phases de plate-forme dans les créations assez ardues. Mais soyons honnête, lorsque l’on fait face à un jeu tel que celui-là, ce ne sont que des broutilles qui sont très loin d’avoir un impact réellement négatif sur l’expérience proposée.
Verdict : 9/10
Petit par sa taille (12 Go seulement), Dreams est incontestablement un jeu immense en termes de possibilités. Sorte de poupée russe vidéoludique, le jeu de Media Molecule propose un concept à première vue déroutant mais fondamentalement fascinant : il vous permet de créer des jeux pour pouvoir y jouer, ou tout simplement de jouer aux jeux créés par d’autres si vous n’avez pas l’âme artistique. De quoi occuper plus que largement des heures, des journées, des semaines, voire même des mois entiers, sans que jamais l’ennui ou la redondance ne se fasse ressentir. Un must-have incontestable pour tous les créateurs de contenu mais également pour ceux qui souhaitent profiter d’expériences de jeu variées, originales et uniques au sein d’un univers aussi vaste que sans limite.
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