Les titres indépendants ont le vent en poupe en ce début d’année 2016, comme nous l’a prouvé The Witness qui s’impose déjà comme une référence des jeux de réflexion. Firewatch, développé par le studio Campo Santo, est radicalement différent du jeu de Jonathan Blow, mais partage néanmoins la même ambition au niveau de la narration. Sommes-nous en présence d’une vraie révolution sur la manière de raconter une histoire dans un jeu vidéo ? Réponse dans notre test.
Avant de commencer, nous tenons à préciser, comme vous vous en doutez, que le jeu repose avant tout sur son scénario et sur le suspense qui s’installe à mesure que le joueur progresse. C’est pourquoi nous allons volontairement éviter de raconter en détail ce qui est illustré durant l’introduction de Firewatch. Nous allons plutôt commencer en présentant Henry, le personnage principal de ce titre, qui vient tout juste de débarquer dans une forêt du Wyoming durant l’été 1989. Son -nouveau- travail de garde forestier consiste à surveiller les départs de feu depuis sa tour de guet. Notre protagoniste est venu se réfugier dans cet endroit isolé pour fuir sa vie de couple compliquée (nous n’en dirons pas plus là dessus). Henry est sous les ordres de Delilah, son superviseur, avec qui il converse via un talkie-walkie. Elle lui donnera des ordres et des tâches à accomplir qui pousseront notre « héros » à partir en expédition dans la nature où il se retrouvera confronté à des événements plutôt étranges…
DES CONVERSATIONS ENFLAMMÉES
Firewatch repose donc sur les dialogues entre nos deux protagonistes, qui au départ apprennent à se connaître et finissent par se confier sur des éléments de leurs vies privées respectives. Armé de son talkie-walkie, Henry peut contacter Delilah à chaque fois qu’il remarque quelque chose d’intéressant autour de lui. Par exemple, des griffures d’ours sur un tronc d’arbre, une canette de bière abandonnée ou même une tempête qui s’approche. Ensuite, la conversation commence et peut prendre une direction inattendue selon vos réponses. Il est même possible de ne tout simplement pas répondre à Delilah, ce qui pourra dégrader votre relation et changer le comportement qu’elle aura envers vous. Quelque soit votre choix, tous les dialogues sont délicieux. Les deux personnages se renvoient « coups pour coups » tout en étant complices, distants, moqueurs ou parfois inquiets. Un vrai bonheur d’écouter ces échanges qui se révèlent être le point central de Firewatch. De plus, des notes écrites peuvent être trouvées à divers endroits du jeu. Elles seront primordiales pour comprendre tous les tenants et aboutissants de l’histoire. Un procédé classique mais intelligent qui sert là encore à étoffer l’intrigue. Surtout que le cadre de cette aventure permet de profiter à 100% de cette narration.
UNE BEAUTÉ SAUVAGE
Henry est lâché dans cette forêt du Wyoming seul, équipé d’un talkie-walkie, d’une boussole et d’une carte. A partir de cet instant, ce sera au joueur de le guider à l’aide de cet attirail rudimentaire. L’interface n’affiche pas de radar, ce qui oblige à sortir régulièrement la map afin d’éviter de se perdre. Même si le terrain de jeu n’est pas immense, la densité de la végétation et sortir des sentiers battus peuvent vite entraîner une perte de repères. Cependant, ces moments d’égarements seront l’occasion d’admirer les magnifiques panoramas que Firewatch nous offre. La direction artistique est absolument sublime et les couleurs sont vives, de quoi magnifier les différents moments de la journée. Un lever ou un coucher de soleil, le brouillard du petit matin ou l’obscurité de la nuit avec des milliers d’étoiles dans le ciel… Tous ces instants sont absolument époustouflants, et ce, bien que Firewatch ne penche pas vers le photo-réalisme. Les différents visuels que nous vous proposons de découvrir à travers ce test parlent d’eux mêmes. Tout n’est malheureusement pas parfait, puisque le jeu souffre de grosses chutes de framerate au moment des sauvegardes automatiques, mais également au fur et à mesure que le joueur progresse dans l’aventure. Campo Santo travaille en ce moment sur ce souci qui touche la version PS4. Rien d’handicapant puisqu’il n’y a pas de scènes d’action ou de QTE mais cela entache un peu la copie presque parfaite d’un point de vue esthétique.
Il est donc facile de passer outre ce défaut tant la forêt du Wyoming est dépaysante. Surtout que ce voyage est magnifié par une bande son exceptionnelle. Les voix originales sont délicieuses, même si les plus anglophobes d’entre vous pourrtont regretter l’absence de doublage ou sous-titres français. Campo Santo a précisé que la VF serait ajoutée après le lancement de son jeu. Au niveau de la bande originale, c’est également du grand art. Les musiques se marient parfaitement avec les différentes situations et si ces compositions sont plutôt discrètes, elles renforcent l’immersion tout comme les différents bruits ambiants de la forêt. L’impression d’être au milieu de cette nature sauvage est vraiment réussie. La réalité virtuelle aurait largement sa place dans Firewatch.
UN VOYAGE COURT MAIS AGRÉABLE
Campo Santo a pris la décision de faire de son jeu une aventure courte mais compacte sans temps morts. L’histoire est divisée en 79 jours, même si finalement, cinq sont véritablement jouables. Les autres apparaissent rapidement avec un ou deux dialogues qui ne nécessitent pas forcément l’intervention du joueur. Il en résulte une durée de vie de six petites heures grand maximum pour faire le tour du jeu en prenant son temps. Certains pourront reprocher la rapidité à laquelle la fin des aventures de Henry approche, mais il faut bien reconnaître que le récit pouvait difficilement être plus long avant de tomber dans une certaine redondance. Comme pour Journey par exemple (qui est encore plus court), Firewatch raconte ce qu’il a à raconter sans en faire des tonnes ou en bouchant des trous pour augmenter sa durée de vie de manière artificielle. C’est d’autant plus louable que le prix reste au final en adéquation avec le contenu qui nous est proposé. Pour une vingtaine d’euros, vous aurez droit à une aventure dépaysante et une histoire forte, le tout dans un décor magnifique.
Bien entendu, la frustration est de mise lorsque les crédits défilent, tant nous aurions aimé passer plus de temps dans cette forêt aux multiples péripéties mais un autre sentiment prend le dessus à la toute fin. Celui d’avoir eu l’impression d’avoir assister à quelque chose d’unique, à une aventure reposante qui nous invite seulement à prendre notre manette et à apprécier une belle histoire. La rejouabilité est également de mise étant donné les différents choix qui nous sont proposés dans les dialogues. Firewatch fait partie de ces jeux qui désirent seulement nous faire vivre une expérience unique en se reposant sur sa narration et sur ses deux personnages qui resteront à coup sûr gravés dans la mémoire de bien des joueurs.
VERDICT : 9/10
Firewatch fait dans la simplicité et la beauté. Un gameplay intuitif avant tout au service de l’histoire, dans un cadre enchanteur et dépaysant. Cette courte aventure réussit à émerveiller nos yeux tout en nous attachant à Henry et Delilah, dont la relation restera parmi les plus réussites dans l’histoire du jeu vidéo. Pour leur premier jeu, les développeurs de Campo Santo réalisent un vrai coup de maître en nous délivrant une oeuvre complète qui peut facilement être considérée comme la plus belle surprise de ce début d’année 2016. Firewatch ne plaira pas à tout le monde, mais celles et ceux qui lui donneront sa chance en ressortiront émerveillés.
callveen
9 février 2016 at 11 h 48 minMerci pour ce test qui donne carrément envie! J’ai vraiment hâte qu’il soit dispo sur le store celui-là! Prévu aujourd’hui non? Car il est encore, à l’instant introuvable!
walmouss
9 février 2016 at 12 h 39 minBonjour Callveen,
Et merci pour ce retour, ça nous fait extrêmement plaisir 🙂 En effet, Firewatch devrait être disponible aujourd’hui, lors de la MàJ du PlayStation Store !