Si les créateurs de Furi, The Game Bakers, ont fait couler la sueur des joueurs et des joueuses sur leur titre hyper frénétique et à la difficulté rehaussée, c’est vers un tout autre registre et genre que le studio de développement se dirige avec leur dernier jeu, Haven. Approché par beaucoup en version démo, il y a plusieurs mois, grâce à l’initiative The Steam Festival, Haven est désormais disponible sur consoles et PC. Et si nous avons su patienter jusqu’à sa sortie officielle, sans poser les mains sur le titre, l’attente est désormais terminée pour nous… comme pour vous.
Test réalisé sur PS5 grâce à une copie numérique envoyée par l’éditeur
Ode à l’Amour
Roméo et Juliette du futur (si on peut se permettre cette comparaison facile), Yu et Kay sont tombés amoureux l’un de l’autre alors que tout le leur interdisait. Sur leur planète natale, les relations amoureuses sont plus compliquées que cela car elles sont régies par des lois et sont imposées par le pouvoir en force. Dans le cas d’Haven, Yu et Kay décident de s’enfuir afin de vivre pleinement leur relation à l’abri des regards et des interdits. Bien entendu, rien ne sera tout à fait rose et des événements viendront mettre les jeunes amoureux à rude épreuve, au fur et à mesure de leur exploration des régions planétaires connectées (dits aussi « îlots »). Car, oui, exilés, ils errent dans un système de la galaxie encore inconnu pour eux et ils doivent survivre coûte que coûte. D’autant plus que leur vaisseau, appelé le « Nid », va faire une malheureuse chute et deviendra non opérationnelle en l’état. L’objectif principal est donc de trouver des pièces de rechange pour le Nid à travers les différents îlots. Sans oublier qu’une épée de Damoclès pèse au-dessus de leur tête : à tout moment, ils peuvent être rattrapés par leur passé… et peut-être plus tôt qu’ils ne le pensent. Mais comme a dit un grand écrivain anglais : « La passion s’accroît en raison des obstacles qu’on lui oppose ».
Si l’on sait déjà pertinemment que le jeu vidéo peut être un média proposant une expérience tranquille et apaisante (les titres comme What Remains of Edith Finch, Firewatch ou encore Journey peuvent en attester) avec un message fort de sens, quittant alors les canevas du FPS/TPS axé sur l’action, les créateurs de Furi ont fait le pari de proposer quelque chose de cette trempe, mettant ainsi de côté leur gameplay très frénétique de leur premier titre. En effet, Haven est un jeu contemplatif, poétique et invitant à l’évasion. Déjà lors des premiers visuels, nous étions tombés sous le charme de la direction artistique et du propos narratif que propose Haven. Pour autant, quelques doutes persistaient. Après plusieurs heures de jeu maintenant, on peut facilement dire que le sentiment est confirmé : on se plaît à découvrir l’histoire de Yu et Kay, tout en assistant à des scènettes dignes d’un couple jeune et mignon, et en explorant les nombreux îlots de planètes. Ce n’est pas nécessairement très novateur, mais c’est d’un charme fou et on se laisse porter et transporter par cette ballade vidéoludique qu’est Haven.
Par contre, il convient de savoir que le soft est très axé sur le narratif et comporte donc son lot de dialogues. Les amateurs de jeux narratifs y trouveront grandement leur plaisir, alors que ceux préférant l’action ne s’y retrouveront probablement pas. Notons d’ailleurs que c’est au fil de l’aventure que nous en apprenons davantage en ce qui concerne Yu et Kay, et sur leur passé. Dans tous les cas, comptez une bonne quinzaine d’heures environ afin de terminer l’histoire principale tout en explorant et flânant un tantinet.
Mi-reposant mi-action
Évidemment, le dernier titre de The Game Bakers ne comporte pas que du dialogue. L’action est bien présente mais est distillée à petites doses. C’est lors de vos nombreuses explorations sur les îlots que vous pourrez rencontrez diverses créatures : de l’araignée au dinosaure, en passant par un bestiaire assez divers. À ce sujet, n’espérez pas trouver 50 types d’ennemis mais plutôt une petite dizaine. Ce qui reste déjà largement suffisant pour un jeu de cette trempe et on ne se lasse pas. Ces ennemis vous attaquent à vue lorsqu’ils sont rongés par la rouille. Afin de les délivrer de ce mal, il faudra les attaquer en duo et les pacifier une fois K.O. En ce qui concerne les attaques, vous pouvez choisir Impact ou Blast, et même envoyer ces dernières en simultané en pressant les deux touches correspondantes pour les deux personnages. Ce que l’on a fortement apprécié tient au fait que chaque ennemi ne répond pas de la même manière aux attaques. Pour certains, il faudra nécessairement bloquer leur coup avec l’un des personnages avant de vous même passer à l’action avec Yu ou Kay. Loin d’être très stratégique, c’est un point qui reste relativement intéressant et permet de diversifier les combats, devenant un tantinet plus ardus au fil de l’histoire.
D’ailleurs, vos attaques ne sont pas votre seul atout. Qui dit monde futuriste, dit bien évidemment équipement technologique de haute pointe. Yu et Kay ont des bottes permettant de voler au dessus de la terre et ainsi gagner en vitesse. En prenant des courants d’ondes, vous rechargerez les batteries des bottes et pourrez ainsi continuer votre progression vitesse grand V. C’est cette même onde qui permet d’ailleurs de nettoyer les îlots de la rouille. Toutes les planètes de cette galaxie étrange sont interconnectées par des portails d’onde qu’il conviendra d’activer ou bien prendre pour accéder à des hauteurs. Ainsi, vous aurez alors accès aux autres zones du jeu et pourrez ainsi progresser davantage. Car oui, toutes les ressources et éléments à collecter (pièces et rouille) pour réparer le Nid ne se trouvent pas sur le même îlot, vous vous en doutez. L’exploration étant donc tout à fait primordiale et le véritable nerf de la guerre. Après avoir débloqué la carte, vous aurez accès à de nouvelles informations rappelant les objectifs à accomplir ou bien les éléments à connaître de ladite zone. De ce fait, nous avons constamment l’impression de découvrir de nouvelles choses quant au lore d’Haven et nous ne sommes pas perdus pour un sous. On aurait tout de même apprécié que la carte soit plus intuitive et lisible à l’utilisation.
Nous ne pouvons pas terminer cette section sur le gameplay sans mentionner la dimension survie et gestion du soft. Exilés et seuls, Yu et Kay doivent bien évidemment se nourrir, se soigner etc. Pour ce faire, il est impératif de récupérer de la nourriture (Baies, Pommiels etc) et de les cuisiner ensuite. En mélangeant deux aliments ensemble, vous pourrez alors apprendre une nouvelle recette. Et si les combats restent relativement simples à mener, même si certains sont plus difficiles, il se peut que les deux amoureux soient blessés. Afin de les soigner, vous aurez accès à un synthétiseur permettant de fabriquer des médicaments et autres objets pour la santé. Toute action étant d’ailleurs bénéfique pour notre jeune couple car leur relation va grandir, mûrir et s’intensifier au fil de nos choix. Nous sommes d’ailleurs témoins de ces moments de complicité à mesure des jours mais aussi lorsque leur relation prend un nouveau niveau puisque cela permet de débloquer une cinématique et des améliorations. C’est absolument adorable et on se prend d’amour pour Yu et Kay. On devient ainsi acteur de leur propre escapade et survie tout en espérant que l’amour leur permettra de conquérir de tout.
Une recette aux petits oignons
Dès les premières minutes de jeu, ce qui nous frappe réellement est la direction artistique d’Haven. Elle a un côté très manga/anime qui nous a très franchement plu. Évidemment, il faut aimer ce style japonais très particulier et certains joueurs/joueuses ne seront peut-être pas attirés par cet aspect esthétique. On sent que les développeurs de chez The Game Bakers ont voulu apposer leur propre patte artistique, notable via certains détails, et désiraient proposer quelque chose de nouveau par rapport à leur création précédente. La palette de couleurs est tout aussi intéressante tant elle joue sur des tons flashy, rendant les environnements exotiques et particuliers. On retiendra également (même si cela peut sembler anodin) les écrans de chargement et de sauvegardes proposant des artworks mettant en scène notre jeune couple selon diverses situations.
Du côté de la bande originale, le studio The Game Bakers s’est rapproché de l’artiste Danger. Les sonorités proposées dans Haven évoquent une ambiance édulcorée et positive, tout en ayant un certain rythme grâce à un style électro et synthwave. On se plaît franchement à écouter le jeu tout en y jouant, bien que l’on aurait aimé parfois des sons plus doux et mélodieux et d’autres fois encore plus frénétiques.
Pour finir, notre expérience de jeu s’est faite sur la version PS5 du soft. Durant nos nombreuses heures de jeu, nous n’avons pas été témoins de bugs ou problèmes divers importants et handicapants. Par ailleurs, les temps de chargement ne sont pas longs même s’ils sont présents à chaque changement de zone. Notez aussi que le jeu peut se jouer à deux : chaque joueur pouvant incarner l’un des personnages et s’entraider comme Yu et Kay le font.
Verdict : 8/10
Passer de Furi à Haven était un pari risqué pour le studio de développement The Game Bakers tant les deux titres sont aux antipodes l’un de l’autre. Mais l’essai est transformé grâce à une direction artistique et bande originale aux petits oignons, un gameplay alternant entre exploration, survie, action et surtout une histoire narrative saisissante et charmante. Haven ravit et réchauffe les cœurs. Que demander de plus, au vu du contexte actuel ?!
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