Qu’on se le dise, si certaines licences continuent de faire leur bonhomme de chemin en sortant annuellement sur nos consoles et autres PC, il en existe d’autres qui ont su obtenir le statut de « cultes » malgré un nombre d’épisodes pourtant extrêmement réduit. C’est notamment le cas de Luigi’s Mansion, saga débutée en 2001, il y a donc déjà 18 ans, et ce sur GameCube. Autant dire que ça ne date pas d’hier, d’autant qu’il aura fallu attendre 2013 pour voir débarquer une suite, ô combien critiquée par les fans de la première heure, et exclusivement sur 3DS. C’est donc 6 ans plus tard, le 31 octobre 2019 précisément, que le très attendu Luigi’s Mansion 3 verra la nuit le jour, cette fois-ci sur (encore) une autre console de chez Big N : la Switch. Voici notre verdict le concernant.
Test réalisé sur Nintendo Switch à partir d’une copie numérique envoyée par l’éditeur
Aspiro le Dragon
Nous vous le disions en préambule, si le tout premier opus avait séduit sans aucun mal les critiques ainsi que la communauté, Luigi’s Mansion 2 avait en revanche fortement divisé les joueurs. La faute à une ambiance un brin édulcorée comparée à ce qui avait été fait en 2001, ainsi qu’à un gameplay et une progression jugés finalement trop « différents ». Pour notre part, nous attendions donc avec une immense impatience l’arrivée de ce troisième volet, censé revenir aux sources et quelque peu balayer les craintes des fans qui semblaient perdurer depuis son annonce. Maintenant que nous avons terminé le jeu en long, en large et en travers, il est donc grand temps pour nous de confirmer (ou d’infirmer) ce que nous pouvions en dire il y a de cela quelques jours.
Sachez tout d’abord que ce qui fait la force de ce Luigi’s Mansion 3 est contenu dans le gameplay qu’il propose. En soi, la formule de base reste certes inchangée, mais force est de constater que Nintendo a tenu à étoffer un peu tout ça, de sorte à ce que l’on se sente réellement face à un tout nouveau jeu. À une époque où les remasters et autres remakes sont légion, avouons que cela fait plaisir à voir. Concrètement, on incarne cette fois encore le moustachu aux habits et à la casquette verdâtres, qui n’a d’ailleurs rien perdu de son légendaire côté froussard. Après avoir parcouru des manoirs hantés dans les deux précédentes itérations, nous voilà donc pris au piège d’un immense hôtel, perdu au milieu de nulle part et sobrement baptisé « Repos Éternel ». Bien sûr, tout commence sous les meilleurs auspices, puisque Luigi s’y rend sur invitation et s’attend donc à y passer des vacances idylliques aux côtés de son frère Mario, ainsi que Peach ou encore Toad. Le hasard faisant (pour la troisième fois) très mal les choses, le Roi Boo va dès la première nuit capturer tout ce petit monde, exception faite de notre héros, qui va donc devoir déambuler dans les 16 étages que comprend la bâtisse, et ce afin de libérer ses amis un par un.
F comme Fantômette
Mais alors en quoi le gameplay a-t-il autant été renouvelé ? Eh bien c’est simple, au-delà du fait, somme toute classique et à présent habituel, de chasser les fantômes à l’aide de notre aspirateur de-la-mort-qui-tue, nous allons pouvoir compter sur quelques subtilités bien senties qui rendent l’expérience globale bien plus intéressante qu’elle n’y paraît de prime abord. En effet, le professeur K.Tastroff (oui, encore lui !) va crescendo nous donner tous les outils possibles et imaginables pour aider notre italien préféré. C’est notamment le cas de Gluigi (Gooigi en VO), un personnage inauguré en 2018, soit il y a tout juste 1 an, via le remake 3DS du tout premier Luigi’s Mansion. Visiblement, sa présence ayant été appréciée par la communauté, Big N en a profité pour en remettre une couche, mais sur grand écran cette fois. Gluigi, donc, est tout bonnement un clône de notre héros, fait d’une matière qu’on qualifiera de… visqueuse. Et, faites-nous confiance, s’il a été ajouté au jeu, ce n’est clairement pas pour faire de la figuration, loin de là même.
Oui car, voyez-vous, ce personnage en question a carrément la capacité de passer à travers tous les obstacles bloquant le passage de notre Luigi fait de chair et d’os. Que cela soient des grilles, des canalisations, des pics à la Sonic… Vous pouvez invoquer Gluigi à volonté et, honnêtement, vous ne pourrez bientôt plus vous en passer. Bon, bien sûr, il n’est pas parfait non plus et il fallait bien évidemment créer un handicap qui le rende ne serait-ce qu’un tantinet vulnérable. C’est donc très logiquement que vous vous rendrez compte de son incapacité chronique à entrer en contact avec l’eau. Autant vous dire que vous devrez donc très souvent user de malice pour résoudre la palanquée d’énigmes environnementales qui vous attendent tout au long de cette aventure.
Un périple que l’on n’aurait d’ailleurs pas imaginé aussi diversifié en termes d’ambiances. Oui car, c’est un fait, aucun des 16 étages qui vous attendent n’a la même « identité ». Que ce soit par le biais des musiques de fond (absolument excellentes à tout point de vue et collant à chaque fois au mieux au thème de l’étage en question), mais aussi et surtout via les décors qui vous entoureront. Ne soyez donc pas surpris si, d’un niveau à l’autre, vous vous retrouvez, en vrac, dans un château médiéval aux mille pièges, une serre remplie de plantes carnivores, une reproduction de pyramide égyptienne, un bâteau pirate, un centre-commercial ou encore une salle de concert. Le souci du détail fait vraiment plaisir à voir, et on ne s’ennuie donc pas une seule seconde. On prend un vrai plaisir à se balader dans ce si grand bâtiment et à fouiller tous les moindres recoins à la recherche de pièces, billets et autres lingots (vous permettant d’acheter des améliorations dans la boutique du professeur). Sans parler des bonus cachés, qui vous demanderont un brin de jugeote pour être déverrouillés, ou encore des nombreux Boo qu’il vous faudra capturer si vous tenez vraiment à terminer le jeu à 100%.
Alors oui, nous vous le disions un peu plus haut, l’ambiance sonore du jeu est une franche réussite, et ce même en ce qui concerne les onomatopées qui sortent de la bouche de Luigi à longueur de temps (d’ailleurs, on peut toujours crier « Marioooo ! » en pressant les flèches du pavé directionnel). Visuellement, même constat puisque la direction artistique du titre vous fera forcément penser à des films tels que Casper (ou alors à une version humoristique de Shining et Chambre 1408). Gros point positif donc, et c’est d’autant plus dommage qu’hormis quelques effets de lumière et de couleur… les textures en elles-mêmes fasses aussi vieillottes. Certes, l’on sait tous que la Switch de Nintendo est loin d’être un foudre de guerre, mais d’une manière générale on a vraiment le sentiment d’avoir affaire à un jeu de la génération PlayStation 3/Xbox 360. À plus forte raison en ce qui concerne le design des fantômes.
Attrapez-les touuuuus !
Et justement, les spectres, parlons-en, si vous le voulez bien. Car au-delà de son aspect « exploration » à outrance, Luigi’s Mansion 3 a aussi et surtout envie de vous voir vous découvir une passion naissante pour l’aspiration d’esprits en tout genre. Vous ne serez donc pas surpris d’apprendre que 16 boss assez coriaces vous attendent tout au long de votre épopée (un par étage, donc). Mais ce n’est pas tout, non. Puisque, tout comme dans les précédents jeux de la licence, toute la « map » est infestée de fantômes. Des petits, des moyens, des gros, des solitaires, des bandes entières… Et si les plus fébriles ne vous demanderont guère plus qu’un simple flash de lampe-torche suivi d’un coup d’aspiro pour être annihilés, la plupart des ennemis rencontrés in-game vous feront user des fameuses capacités ajoutées à l’expérience que nous évoquions en début de test.
À vous, donc, les joies de la Projection (appuyez plusieurs fois sur la touche A en rythme et en dirigeant votre engin vers les spectres environnants pour écraser tout ce beau monde au sol et ainsi les vaincre en un temps record) ; mais également de la Bourrasque (une espèce de petit saut enfumé effectué par Luigi en appuyant simultanément sur LZ+LR, et qui permet d’esquiver les attaques) ; sans oublier le tout nouveau Lance-Ventouses, pensé à la fois pour déblayer le chemin de divers obstacles, mais aussi pour en attraper d’autres, dont nous vous laissons la relative surprise). On notera toutefois que si le gameplay de ce LM3 est, dans son ensemble, plutôt riche, la maniabilité a, elle, pris un sacré coup de vieux. Il est donc assez décevant de voir que les développeurs n’ont pas daigné améliorer le maniement de notre héros, et il ne sera donc pas rare de pester contre les joysticks et/ou contre les bugs de collision dus à des éléments de décor parfois bien encombrants dans le feu de l’action…
Enfin, sachez que ce troisième opus est jouable intégralement en coop locale à 2 joueurs (le deuxième participant incarnant nulle autre que ce bon vieux Gluigi, forcément). Un ajout des plus sympathiques qui ravira sans aucun doute les amateurs de multijoueur local. D’autre part, Nintendo a tenu à incorporer dans le jeu divers modes axés, eux aussi, sur le multi, et notamment grâce au Online. Que ce soit par le biais des « Jeux de l’Étrange » (à savoir 3 mini-jeux des plus anecdotiques mais bon enfant), ou grâce au mode « Tour Hantée », jouable jusqu’à 8 et vous demandant de « vider » de tous leurs fantômes les étages que le jeu générera aléatoirement sous vos yeux. Il est également à noter que des DLC payants sont prévus pour les mois à venir. Pas sûr que cela soit du goût de la communauté fana de l’ex-plombier. Affaire à suivre, donc.
Verdict : 8/10
Luigi’s Mansion 3 était sans conteste l’un des jeux les plus attendus de cette fin d’année 2019. Il était donc normal que nos exigences soient relativement hautes. Bonne nouvelle : la nouvelle exclusivité de chez Nintendo s’avère être un excellent cru. Que ce soit grâce au travail accompli en termes d’ambiance (visuelle et sonore), à son gameplay vraiment intéressant sur le moyen et long terme, ou encore à sa durée de vie des plus correctes, à plus forte raison quand on la compare au tout premier opus qui, en 2001, se terminait en à peine 4 heures. En parallèle à ça, on notera tout de même que la maniabilité du jeu est loin d’être intuitive en pleine action, que certaines textures auraient mérité un sacré coup de polish pour coller aux standards actuels, ou encore que les divers modes multijoueur compétitifs sont clairement de trop. Luigi’s Mansion 3 n’en reste donc pas moins une valeur sûre, à conseiller à tous ceux qui voudraient fêter Halloween (sur leur console) comme il se doit.
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