Cette génération ne manque pas de licences cartoon chères aux premières PlayStation : Ratchet & Clank, Spyro, Crash… Un certain chevalier qui manque de chair mais pas de courage fait également son retour en cette fin d’année, à savoir Sir Daniel Fortesque, provenant de la licence MediEvil exclusive à PlayStation. Annoncé il y a un petit moment, le remake de MediEvil s’apprête à (re)conquérir les cœurs des joueurs amateurs d’ambiance horrifique délirante. Cependant, est-ce qu’une remise à neuf surtout graphique d’un jeu issu de la toute première PlayStation suffit-il de nos jours ou est-ce que MediEvil aurait dû rester dans sa tombe ainsi que dans les souvenirs de ses fans ? Sortez vos épées et vos boucliers, on va toute de suite plonger dans l’inquiétante contrée de Gallowmere remise au goût du jour.
Test réalisé sur PlayStation 4 grâce à une version numérique fournie par l’éditeur
Retour à Zombieland
Sorti en 1998, MediEvil a fait découvrir l’histoire du pauvre Sir Daniel Fortesque. Dépeint comme une légende de la chevalerie, on lui doit le terrassement du terrible Zarok, magicien ayant invoqué les forces du mal dans le but de dominer Gallowmere. Le souci, c’est que Fortesque n’y est pour rien, le bougre s’étant pris une flèche en pleine tête… dès le début d’une bataille. Pas très glorieux donc. Cent ans après sa mort, il revient à la vie suite au retour de Zarok, bien décidé à réussir son coup cette fois. Fortesque se voit alors donner une seconde chance et il est bien décidé, cette fois, à devenir le véritable héros qu’il est censé être.
Le scénario de MediEvil manque peut-être d’originalité mais ce qui fait grandement son attrait, c’est la qualité des dialogues et de l’humour. L’univers du jeu est aussi drôle que macabre et les nombreuses péripéties que l’on vit parodient avec brio de nombreux films d’horreur. Sir Daniel Fortesque est un personnage attachant, même si on ne comprend pas un traître mot de ce qu’il dit. Le voir subir les foudres de la plupart de ses frères et sœurs d’armes, ça ne manque pas de charme et bien que le jeu manque de mise en scène la plupart du temps, on suit le tout avec plaisir. Tout comme le reste d’ailleurs.
MediEvil, le fossile qui pétille
Le principal attrait de MediEvil version 2019, c’est bien entendu ses graphismes, le titre étant avant tout un remake visuel. Si les premières images et vidéos du jeu PlayStation 4 ne vendaient pas spécialement du rêve, il faut dire que le résultat final est plus que satisfaisant : MediEvil est un véritable petit charme pour les yeux. La direction artistique de l’époque est embellie par la technologie moderne et l’aventure de Fortesque n’en est que meilleure. La modélisation des décors et des personnages sont de haute qualité, tout comme les animations ainsi que les textures. Les effets d’ombre et de lumière sont également réussis, immergeant davantage le joueur dans cet univers où l’on visite des cimetières, villes lugubres, labyrinthes, asiles et on en passe, le tout en croisant des ennemis allant du simple zombie à la citrouille géante furieuse, sans oublier les petites filles effrayantes armées de haches. Bien que l’on voit des monstres et un peu de sang ici et là, cela reste très basique, d’où le PEGI 12, le jeu peut donc également convenir à un public plus ou moins jeune. A-t-on également mentionné le fait que cela tourne souvent au dessus de 30 images par seconde, rendant le jeu encore plus agréable à vivre ?
Cependant, il n’y a pas que du bon : certains passages ont droit à de belles chutes de framerate, rendant l’action confuse, surtout quand les problèmes de caméra sont également de la partie. Bien que celle-ci ait le droit à une petite nouveauté sympathique (on va y revenir plus tard), certains endroits ont des caméras fixes et si le résultat est meilleur qu’avant, il arrive encore de rencontrer des soucis de ce côté, notamment lors des plans où Fortesque se dirige vers l’un des bords de l’écran. En outre, certaines textures mettent un peu de temps à apparaître et certains endroits ont eu le droit à moins d’attention que d’autres. Néanmoins, malgré quelques bas, MediEvil s’en tire plutôt avec les honneurs et a largement sa place en 2019 pour ses graphismes, c’en est certain.
Pour la bande-son aussi, soit-dit en passant. Les compositions de MediEvil ainsi que ses voix étaient d’excellente facture à l’époque et pour le remake, Sony et Other Ocean Emeryville, développeur du jeu, n’ont pas fait les choses à moitié. La majorité des acteurs d’antan (ceux de la VO, au moins) est revenue pour réenregistrer les dialogues afin de respecter les codes d’aujourd’hui. Du côté de la VF, les acteurs semblent s’amuser dans leurs rôles et fournissent des prestations fort sympathiques. Le clou du spectacle revient cependant aux musiques, repensées par l’Orchestre symphonique de Prague : passant de l’inquiétude au charme, mais aussi par des compositions épiques et loufoques, les notes de MediEvil sonnent juste et s’accordent à merveille à l’ambiance du jeu, la rendant très prenante. Point de vue présentation, c’est réussi mais quid du gameplay ?
Que la partie commence !
Là où le remake de MediEvil pourrait en effrayer certains, c’est au niveau de sa jouabilité, quasiment la même que l’originale. Bien entendu, quelques retouches ont été faites, notamment au niveau des animations et des déplacements plus fluides et travaillés, PlayStation 4 oblige. Cependant, le reste n’a pas vraiment été remanié : ainsi, on retrouve quasiment le jeu d’origine avec ses combats simples mais tout de même amusants (sauf lorsqu’on se fait assaillir de partout, Fortesque ayant un peu de mal à gérer beaucoup d’ennemis à la fois), son exploration plutôt réussie grâce à un level design fort bien pensé, ses casses-têtes et phases de plates-formes tantôt évidents, tantôt horripilants… Sony ne plaisantait pas en disant qu’il est possible de regarder les anciennes astuces et vidéos de MediEvil si l’on est bloqué dans le remake car les niveaux sont exactement les mêmes, aucune retouche n’a été faite concernant le level design. Les puristes seront ravis de voir exactement le même jeu qu’avant à peu de choses près tandis que ceux qui voulaient un peu de nouveauté risquent de moins apprécier, bien qu’il y ait en général davantage d’ennemis au comportement un poil plus coriace que par le passé.
Parlons-en, tiens, de la difficulté. Ceux qui ne connaissent pas le jeu de base seront surpris de voir que dans les niveaux de MediEvil, qui sont plus ou moins grands, il n’y a aucun checkpoint. Le système de vie du jeu fait qu’on récolte des fioles tout au long de l’aventure nous permettant de mourir un certain nombre de fois avant de voir le fameux Game Over. Quelle que soit votre progression dans tel ou tel niveau, si vous mourrez sans fiole de vie restante, ça s’arrête et on se voit obligé de recommencer les niveaux depuis le début. Si cela ajoute une dose de challenge et rend certains passages grisants, d’autres sont tout de même mal calibrés, au point d’être injustes par moment. On pense surtout à ce niveau où Fortesque est aussi petit qu’une fourmi et doit batailler ferme face à une horde d’insectes répugnants dans des galeries souterraines labyrinthiques. Il n’est pas rare d’y perdre une barre de santé complète en seulement quelques coups, de s’y perdre souvent vu que tout se ressemble (peut-être l’un des passages où le level design n’est pas des meilleurs) et c’est long. Le recommencer est davantage une plaie qu’autre chose. Cela dit, rien d’insurmontable malgré tout, nous n’avons pas non plus affaire à un Dark Souls, entre autres, mais les plus jeunes risquent de pester quelque peu. Un choix de difficulté et la possibilité d’avoir des checkpoints dans certains niveaux n’auraient pas été de refus, afin de satisfaire tout le monde.
Est-ce que le plaisir de jeu reste intact, avec une base qui a plus de 20 ans ? La réponse est oui : malgré ses faiblesses citées plus haut, le gameplay de MediEvil procure tout de même du fun grâce à sa simplicité et ses situations variées. On se plait à explorer les niveaux de fond en comble pour y dénicher toutes les améliorations, pièces, armes, textes et dialogues permettant d’en découvrir plus, etc. Les combats sont bourrins mais il ne faut pas non plus y aller sans faire attention, les ennemis pouvant faire assez mal. Si les premiers boss sont une assez simples, cela se corse assez rapidement et certains devraient vous donner quelques sueurs froides. Heureusement, Fortesque a un large arsenal : épées, couteaux, bouclier, arc, arbalète, habilités spéciales telle que la charge et on en passe. Le tout s’utilise facilement et les déplacements du chevalier d’os sont agréables. De quoi profiter un minimum d’un jeu qui propose une durée de vie honnête pour le genre, plus ou moins 10 heures pour voir le bout du scénario et obtenir le maximum de choses dans les niveaux mais plus long, cela aurait été mieux, surtout que les remakes comme Spyro – d’ailleurs, n’hésitez pas à (re)lire notre test de la récente version Switch – proposent souvent plusieurs jeux. Là, on n’a que le premier MediEvil. Notons également qu’une amélioration de caméra a été implantée, la « Dan Cam » qui fait passer la vue, quand c’est possible, à l’épaule de Fortesque, façon Resident Evil 4. S’il faut constamment appuyer sur une touche pour l’activer et qu’elle n’est pas toujours idéale, cela rend certains passages plus visibles et immersifs, de quoi donner un petit souffle inédit à l’expérience MediEvil qui ne manque décidément pas de charme. Hélas, le tout n’est pas aussi exquis que l’on aurait aimé malgré tout.
Verdict : 7/10
MediEvil est définitivement de retour. Plus beau que jamais, le jeu mettant en avant Sir Daniel Fortesque a tout à fait sa place en 2019, même si certains aspects de son aventure pourraient en rebuter plus d’un. Splendide lettre d’amour destinée au titre originel de 1998, le remake concocté par Other Ocean Emeryville devrait satisfaire ceux qui veulent un jeu d’horreur amusant pour fêter Halloween comme il se doit. Cependant, gardez en tête que la majorité des améliorations ne sont que visuelles et que l’aspect fortement Old School du titre n’est pas idéal dans tous ses aspects. MediEvil aurait gagné à corriger certains défauts d’antan, surtout ceux qui n’avaient déjà par leur place par le passé. Dommage car il était à ça près d’entrer dans le panthéon des remakes de grande qualité.
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