Depuis plus de deux décennies, les jeux Sonic marquent les générations de joueurs au travers de titres faisant de plus en plus débat sur leur qualité. Glorieux ex-rival de Mario, le hérisson bleu se fait aujourd’hui beaucoup moins remarquer, mais est loin d’être oublié pour autant, notamment grâce à une communauté dynamique. Attendu au tournant suite à l’échec de Sonic Boom, dont il n’était – en réalité – pas responsable du développement, SEGA avait exprimé en 2016 sa volonté de vouloir reconquérir les fans à l’occasion du 25ème anniversaire de sa mascotte. C’est dans la veine du nostalgique Sonic Generations, que l’entreprise japonaise avait ainsi annoncé la venue d’un nouvel épisode 3D (Sonic Forces)… et un jeu 2D inédit ! Loin de la tentative – moins réussie que prévue – de Sonic the Hedgehog 4, Sonic Mania vient de sortir, et nous propulse à toute allure dans la veine des premiers opus Mega Drive et Mega-CD. Une expérience loin de se cantonner aux acquis, que nous vous proposons de découvrir en détails avec notre test.
Test réalisé sur PS4 Pro à partir d’une version commerciale
Les circonstances ayant permis l’existence de Sonic Mania sont assez particulières pour être mentionnées. En effet, ne sachant plus trop quelle direction prendre pour satisfaire l’exigeante fanbase, les équipes de SEGA ont ici décidé de revenir aux racines de ce qui font de Sonic une icône du jeu vidéo. Au lieu de confier le développement d’un nouvel opus en interne, l’éditeur a eu la bonne idée de faire appel à Christian Whitehead, avec les indépendants Headcannon et PagodaWest Games. Si vous ne connaissez pas le jeune homme, sachez qu’il s’agit à la base… d’un fan du hérisson !
Très ouvert de base sur la création de jeux non officiels, SEGA s’est rapproché de Christian pour son moteur graphique assez remarquable qu’est le Retro Engine, lui ayant permis de faire tourner (sans émulateur) des anciens titres Sonic sur plateformes mobiles. Nous lui devons aujourd’hui les bons portages de Sonic the Hedgehog, Sonic the Hedgehog 2 et le remake de Sonic CD sur Android/iOS. Au-delà d’une image beaucoup plus nette, le Retro Engine permet de sublimer les jeux 16-bits avec une bien meilleure fluidité, des effets et fonctionnalités supplémentaires ainsi qu’un support online. Vous comprenez donc mieux pourquoi cette collaboration pour Sonic Mania suscitait d’avance de l’enthousiasme chez les connaisseurs.
C’est beau, le retro
Grandement cultivée par une campagne marketing intelligente, la nostalgie est forcément la première émotion ressentie au lancement de ce Sonic Mania, avec un écran titre directement inspiré de la saga Death Egg (terminée avec le jeu Sonic & Knuckles). Dévoilée sur YouTube à quelques heures du lancement, la cinématique d’introduction – qui se lance après quelques secondes de patience – renforce tout de suite cette idée avec un sublime résultat : le visuel est très semblable à la mythique intro de Sonic CD et la musique composée par Hyper Potions joue sur des tonalités bien retro. Autre point qui a de quoi ravir instantanément les amateurs du Classic Sonic, les options permettent d’ajouter un filtre graphique pour un rendu similaire aux vielles TV cathodiques, comme sur la compilation SEGA Mega Drive and Genesis Classics. De quoi accueillir à bras ouverts les chanceux ayant pu tâter d’eux-mêmes les consoles de SEGA.
Dans Sonic Mania, il est possible par défaut de contrôler au choix Sonic, Tails, Knuckles ou le combo Sonic + Tails. Chacun des trois personnages possède ses propres capacités (que nous détaillerons dans quelques secondes) afin de varier le plaisir de jeu. Sous un énorme clin d’œil au commencement de Sonic & Knuckles, l’histoire propulse le trio sur Angel Island, où est détectée une mystérieuse et puissante pierre – semblable aux Chaos Emeralds. Mais pris de court par Eggman, accompagné de ses robots d’élite (les « Hard-Boiled Heavies »), les héros se voient téléportés dans des anciennes et nouvelles zones, à traverser pour espérer vaincre le scientifique moustachu.
Le jeu démarre sur Green Hill Zone, qu’on ne présente plus, afin de se mettre en confiance avec les commandes. Les atouts du Retro Engine sont alors rapidement décelables : Sonic Mania est un opus en pixels mais le rendu est propre et profite (heureusement !) de la capacité des consoles actuelles en affichant une forte résolution, du 60fps constant et beaucoup plus d’animations et de transitions. Le jeu possède un style à l’ancienne complètement assumé, tout en se permettant des ajouts plus modernes qui n’étaient pas réalisables à l’époque, d’un point de vue technique. En guise d’exemple, le décor est plus vivant que jamais, la palette de couleurs est importante, et certaines phases de gameplay se déroulent en second plan. Il est alors difficile de ne pas tomber sous le charme de cette ambiance, surtout pour ceux ayant tâté les anciens titres. Gros coup de cœur immédiat aussi pour la bande-son, dont la majorité des morceaux est composée ou remixée par Tee Lopes. On vous invite fortement à écouter un extrait de ses excellentes compositions, disponibles physiquement uniquement en vinyle pour le moment.
Réinventer les débuts du hérisson
Si vous avez eu l’occasion de toucher aux Sonic de la Mega Drive ou Mega-CD, peu de différences devraient vous sauter à l’œil concernant les mouvements et actions : l’ensemble revient encore une fois sur ses bases. Quelques ajouts sont ceci dit notables, les trois personnages bénéficiant de l’ensemble des capacités introduites jusqu’à Sonic CD. Ainsi, Sonic se déplace plus facilement et obtient un nouveau Drop Dash, chargeable maintenant au sol mais aussi en l’air afin de ne pas être ralenti en pleine course. Pour Tails, la durée de son vol est augmentée (certains crieront à la triche !), tout en sachant que le renard peut nager – contrairement au hérisson qui déteste l’eau de base. Enfin pour Knuckles, le contraste est plus important, étant donné que l’échidné plane horizontalement et peut grimper aux murs. Ces limitations impliquent quelques changements dans le level design, voire même un Act 1 complètement remanié pour lui dans un niveau. Il sera donc intéressant de faire l’ensemble de l’aventure avec au moins deux des personnages afin de la vivre différemment.
12 niveaux – divisés en deux actes chacun – sont compris dans Sonic Mania, que certains s’amuseront peut-être à terminer en une seule et même journée. Annoncé comme tel dès le départ, le jeu est à la fois un hommage et une expérience inédite pour le hérisson bleu, puisque des anciennes étapes remaniées sont présentes. En résumant les inspirations, il est intéressant de remarquer que les équipes de développement ont véritablement cherché des mécanismes et idées sur plusieurs jeux. Au total :
- 4 nouveaux niveaux
- 1 de Sonic the Hedgehog
- 2 de Sonic the Hedgehog 2
- 1 de Sonic the Hedgehog 3
- 2 de Sonic & Knuckles
- 2 de Sonic CD
Variées, les zones incluses dans le jeu sont toutes aussi appréciables. Parmi les 8 déjà existantes, seules Green Hill et Chemical Plant sont facilement reconnaissables (car déjà remixées auparavant, notamment dans Sonic Generations) tandis que les autres sont avant tout identifiables aux connaisseurs. Sonic Mania va finalement bien plus loin que la nostalgie car, après quelques minutes, des changements sont visibles au niveau des chemins disponibles. Le titre profite de la présence des items de tous les jeux afin de proposer des routes alternatives avec par exemple le bouclier de feu de Sonic the Hedgehog 3. Comme dit précédemment, les niveaux comprennent chacun deux actes séparés par deux boss à chaque fois inattendus, qui font acte de transition. Souvent, l’Act 1 fait office d’installation du cadre, quand l’Act 2 se veut plus explicite sur les nouveautés. Plusieurs bonnes idées affectent alors aussi bien le gameplay (prendre un bateau pour traverser l’eau, activer des leviers pour réduire la pollution, etc.) que dans les objets activables (bouclier d’anneaux, capsule Eggman vous faisant perdre vos rings, etc.).
Les nouveaux niveaux profitent aussi de mécaniques originales, dont plusieurs méritent d’être découvertes en pleine partie. Pour l’anecdote, l’une d’entre elles est tirée d’un concept abandonné sur le remake de Sonic CD… lui-même inspiré d’un niveau annulé sur Sonic 2 ! Et la bonne chose, c’est que ces zones présentent pour la majorité des cadres jusqu’ici inédits avec entre autres un désert ou une sorte de forêt/grande serre. Petite frustration ceci dit concernant l’absence de zone enneigée (Ice Cap où es-tu ?) ou de certaines autres comme Angel Island notamment – mais c’est là un avis purement personnel.
Respect des origines
Sonic Mania regorge de références sympathiques, pour le plus grand plaisir des fans de la franchise, avec des clins d’œil allant jusqu’aux productions méconnues, comme Sonic the Fighters et Dr. Robotnik’s Mean Bean Machine. L’hommage va encore plus loin avec les 32 Bonus Stages (accessibles à chaque point de sauvegarde si vous possédez au moins 30 rings au moment de passer dessus), demandant de récupérer des sphères bleues et autres anneaux. Difficiles à décrire correctement à l’écrit, ces étapes supplémentaires sont en fait ouvertement tirées – à la musique près – des stages spéciaux de Sonic & Knuckles. En revanche, les Special Stages pour récupérer les 7 précieuses Chaos Emeralds sont bel et bien inédits (et en 3D qui plus est) : à la manière de Sonic R, il faut rattraper un OVNI et augmenter progressivement sa vitesse de pointe à l’aide d’orbes sans tomber du parcours. Pour y accéder, il faut trouver des anneaux géants cachés, tout comme dans les anciens jeux là encore, dans l’ensemble des niveaux pour pouvoir obtenir… Super Sonic bien évidemment (ou la forme « Super » des autres personnages) ! Une fois transformé (à condition d’avoir 50 rings en poche), vous deviendrez pour ainsi dire invincible et beaucoup plus rapide pour un temps limité, sans avoir la nécessité de terminer l’histoire.
D’autres secrets sont compris dans Sonic Mania, avec quelques blagues très chères à la communauté (cf. « & Knuckles »). L’intérêt du titre, rejouable avec plaisir, réside également dans la présence d’un désormais traditionnel mode Contre-la-montre, afin d’enregistrer son meilleur temps et se hisser dans un tableau mondial des scores. L’aventure du hérisson bleu ne prend d’ailleurs pas la discipline à la légère, la ligne de départ et d’arrivée étant délimitées afin de ne pas perdre de précieux milliers de secondes lors d’une relance ou fin de niveau. Autre chose respectable, un mode compétition en multijoueur en local est présent, faisant honneur à Sonic the Hedgehog 2 et Sonic the Hedgehog 3. Dommage ceci dit qu’une fonction online ne soit pas aussi officiellement incluse, la seule méthode possible étant de passer par la fonction Shareplay de la PS4. C’est l’un des seuls points démarquant d’ailleurs le titre des autres consoles, la Nintendo Switch étant, elle, la plus intéressante pour sa portabilité.
VERDICT D’ALEXIZAKI
Développé par des fans pour les fans, Sonic Mania est – contrairement à ce qu’on pourrait penser – bien plus qu’un simple hommage à l’âge d’or du hérisson. Dès les premières minutes de l’aventure, le joueur est plongé dans une profonde nostalgie avec énormément de références aux anciens jeux Sonic, en priorité de la Mega Drive et de la Mega-CD. Pour autant, le titre de SEGA arrive à se démarquer et à sublimer les vieux classiques. Tout d’abord grâce à un visuel nettement amélioré (le Retro Engine permettant le 60fps, beaucoup plus de couleurs et d’animations) ainsi qu’à l’aide de Tee Lopes qui signe une bande-son rythmée et extrêmement réussie. La présence d’anciennes zones est finalement très intéressante grâce à l’exploitation des capacités propres aux personnages, ainsi qu’aux nouveaux chemins et idées plus qu’innovants. La liberté d’action de ses créateurs se fait davantage ressentir dans les niveaux inédits, qui n’hésitent pas à faire plusieurs clins d’oeil aux connaisseurs. On notera aussi la présence de bonus, secrets et un mode multijoueur (uniquement local malheureusement) faisant de Sonic Mania un achat satisfaisant pour son prix (19.99€). Repartant sur de bonnes bases, grâce forcément à une bonne écoute des fans, SEGA n’a plus qu’à espérer faire un éventuel doublé avec son prochain projet 3D interne, baptisé Sonic Forces.
VERDICT DE JULIENC, FAN DES SONIC 16-BITS
En 2017, les fans du hérisson bleu vont avoir droit à 2 épisodes de Sonic. Après des spin-offs et des versions canoniques catastrophiques, que retenir de cet épisode 2D, le bien nommé Sonic Mania ? N’y allons pas par quatre chemins, cette dernière itération de Sonic est une franche réussite. Adieu Sonic 4 et son saut catastrophique, bye bye le pschitt de Sonic Boom et retour au Sonic 16-bits surboosté avec Sonic Mania sur… Nintendo Switch.
Pour les jeunes quadra, ayant connu la Sonicmania en 1991 puis en 1992 avec le second épisode, ce nouvel opus se révèlera être une vraie madeleine de Proust. Parmi les clins d’œil aux Sonic d’antan, on appréciera les niveaux d’anthologie comme Green Hill, Hydrocity ou Oil Ocean. D’ailleurs, le joueur a droit ici à des Actes II originaux reprenant différents assets des épisodes sortis dans les 90’s, dans un graphisme enrichi d’effets impossibles à réaliser sur les consoles 16-bits de SEGA. Comme tout bon Sonic qui se respectait à l’époque, l’animation est irréprochable (même en mode compétition) avec des sprites repris des Sonic 2, 3 et Sonic CD. En revanche, à trop vouloir faire dans l’auto-référentiel, certains couacs passent mal, comme certains niveaux originaux moins inspirés que ceux de l’époque. Dans les autres pétouilles, on notera quelques problèmes de collision observés sur ces zones inédites. Gageons que certains correctifs viendront perfectionner l’expérience. Et que dire de l’audio, si ce n’est que c’est un vrai bonheur, même si Michael Jackson n’était pas disponible pour aider à la conception de la bande sonore de cet épisode. Allez, un petit 9/10 pour ce Sonic Mania, cela doit bien faire longtemps que ce n’est plus arrivé pour cette série. Une fois l’aventure principale terminée, le challenge reste d’ailleurs suffisamment corsé pour vous transformer en Super Saiyen, le parcourir avec d’autres protagonistes ou en réalisant de superbes chronos via le mode Time Attack. Pour 20 euros, ce Sonic Mania est définitivement bien le Sonic 4 attendu depuis 1994 !
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