« Dans un grand bol d’hémoglobine, délayez du jeu d’équipe, faites tiédir à la casserole un bon verre de personnes mortes ». Ceci, cher lecteur, est une note qui n’a jamais été envoyée, mais qui a permis à un genre d’évoluer de façon peu conventionnelle, faisant plus de ravage qu’autre chose. Bien que cette dernière ait maintenant plus d’une dizaine d’années, elle semble rester actuelle et les séquelles sont toujours présentes. Être vide de sens, s’octroyant de ce fait juste un gameplay peut, et même encore aujourd’hui, faire vendre à prix fort plus d’un million d’unités. Mais rassurez-vous, nous y reviendrons dans un prochain article. Pour l’instant, intéressons-nous au nouveau jeu de Saber Interactive, World War Z. Un TPS, jouant sur la coopération entres inconnus, pour survivre à des hordes de zombies qui n’hésiteront pas à vous accoster pendant votre trajet d’un point A vers un point B. Alors, dit comme ça, cela fait vraiment écho à Left 4 Dead. Après tout, de nos jours, nous parlons bien de « Left 4 Dead-like », preuve que le genre existe dans les esprits, et que donc la série a marqué. Or, il serait un peu trop facile de dire que World War Z est un équivalent à Left 4 Dead, tant ce dernier veut s’émanciper de ce grand frère encombrant.
Test réalisé sur PC au sommet d’une pyramide de versions numériques mortes fournies par l’éditeur.
Un tour du monde pour 35€
Alors oui, ce n’est pas parce que le postulat vous oblige à être un tueur de masse que vous pouvez vous passer d’une narration. Saber l’a bien compris et semble chercher à mettre un point d’honneur dessus, tout en respectant la licence éponyme sur laquelle ils s’appuient. World War Z vous enverra littéralement aux quatre coins du monde, des États-Unis, en passant par le Japon, en faisant un crochet par l’Israël et la Russie. Dans chacun de ces pays, vous incarnerez l’un des quatre survivants disponibles, faisant monter le roster à 16 personnages jouables. De plus, chaque protagoniste possède un background qui lui est propre, et qui vient à se ressentir dans ses élocutions en jeu. Bien entendu, chaque groupe à ses propres motivations, ainsi l’équipe du continent Nord-Américain cherche à s’extirper de New-York, alors que l’équipe en fonction à Jérusalem cherche à extraire un chercheur.
Si expliqué de cette manière, cela peut sembler être un contenu assez conséquent, dans la pratique, il vient à manquer de profondeur. Dans un premier temps, si vous souhaitez débloquer tout les backgrounds des personnages, il faudra jouer une mission avec ce personnage. Malheureusement, cela n’offrira qu’un court-métrage de quelques secondes, donnant des informations clefs à son sujet. Autant prévenir que la profondeur est très rapidement à oublier. Et cela vient à créer un paradoxe, pourquoi offrir aux joueurs, à titre d’exemple, l’information qu’un des personnages a eu une enfance difficile, si ce n’est pas pour l’exploiter ? Il en ira de même pour les villes que vous allez visiter. New York, Jérusalem, Tokyo, ou encore Moscou, les quatre villes semblent avoir des histoires à raconter. Il est d’ailleurs possible de lire des notes, disponibles dès le premier lancement du jeu, qui approfondissent une chose, et vient à reboucher le trou directement. Vous l’aurez compris, il y a un peu de contenu, assez pour attirer l’intention quelques secondes, mais pas de quoi s’y plonger plusieurs heures.
Un jeu maîtrisé, avec des idées convaincantes
Utilisant la troisième personne, World War Z, vous proposera donc de survivre à des vagues quasi incessantes de zombies. Comme nous l’avons dit, c’est un Left 4 Dead like, mais suggérant des subtilités bienvenues, ainsi que des reprises non négligeables. C’est alors après presque 11 années que nous retournons massacrer du zombie à la pelle, mais cette fois-ci l’axe coopératif est réellement mis à contribution. Tous les éléments du genre sont là, de nombreuses armes à feu et des gadgets soutenant votre progression. L’une des premières choses qui frappent au lancement de votre première mission est le choix d’une classe. Effectivement World War Z propose à ses joueurs de faire le choix d’une classe qui viendra impacter drastiquement son style de jeu. À titre d’exemple, le médecin n’aura pas accès aux grenades, mais à un pistolet stimulant lui permettant d’aider ses collègues. Le soft dispose de 6 classes en mode coop, qui pourront sembler pendant les premières missions identiques, mais qui au fil des missions s’approfondiront en choix. Car oui, à chaque fin de carte, en plus de gagner de la monnaie virtuelle, la classe que vous jouez, ainsi que les armes que vous aurez utilisé pendant votre jeu, gagnera de l’expérience, les faisant ainsi grimper de niveau.
De ce fait les classes viennent à s’étoffer en compétences, en fonction de votre niveau. Du premier (basique), jusqu’au niveau 30 (max), une myriade de compétences se débloqueront au fil de votre progression. Cela a pour effet d’offrir, une fois le niveau 30 atteint, un système de build complet, permettant aux joueurs de personnaliser leur classe comme ils le préfèrent. Les armes sont également soumises à un système de niveau, qui à l’inverse des expertises, se gagne en utilisant l’arme pendant les missions. Une fois un niveau obtenu, il est possible de lui acheter une amélioration qui sera à la fois esthétique, mais surtout la fera monter dans ses statistiques. Malheureusement, si la structure de compétence liée aux classes est complète, les améliorations des armes se montrent plus simples et auraient mérité un travail d’approfondissement.
Alors oui, avant d’évoluer, encore faut-il jouer. World War Z, manette en main, vient à proposer le même système que Left 4 Dead, à savoir partir d’une entrée pour arriver jusqu’à une zone de repli. Ce trajet, linéaire, sera ponctué par les nombreux « Zéké » (zombies), qui croiseront votre route, en faisant parfois quelques haltes prédéterminées pour tuer encore plus de zombies. Les seules variations pour éviter la répétition du niveau, viendront du fait que les ennemis spéciaux (hurleur, bélier ou mec en survêt’), sont générés de façon aléatoire sur la carte, ainsi que les armes qui seront, à trouver dans les niveaux, mises à votre disposition. Jusque là, nous serons d’accord, Saber n’invente pas l’eau chaude. L’une des nouveautés très agréables au soft est l’idée que vos adversaires réagissent promptement aux bruits. Ainsi, si vous jouez de façon très silencieuse, il est possible de faire des portions entières de niveau sans affronter une horde aléatoire, facilitant grandement l’évolution du niveau. Autre surprise plaisante, pendant votre progression en jeu, vous pourrez trouver des pains de C4 (qui sont bien cachés), et vous permettront d’ouvrir des portes blindées gardant jalousement armes supérieures et autres objets utilitaires ou défenses bonus. Eh oui, vous l’aurez compris, vous aurez à des moments à défendre des positions face à des hordes de zombies. Pour vous aider, des aides seront mises à votre disposition, comme des grillages électrifiés, des tourelles automatiques ou manuelles, ou encore des barbelés. À vous de les placer judicieusement pour ne pas vous laisser submerger par les ennemis toujours en surnombre.
Un monde, pas si mort que ça.
Du côté de la technique, pour la version PC, le soft n’a en rien à rougir. Saber ayant créé son propre moteur, le Swarm Engine, pouvant afficher jusqu’à 500 unités simultanément à l’écran, sans jamais ne flancher. Le jeu est dans un ensemble très fluide, un point capital pour ce genre qui se veut très nerveux. Cependant, pour atteindre cette fluidité, quelques sacrifices ont été obligatoires. Ainsi, le jeu ne dispose pas d’un moteur physique assez simpliste, les objets qui vous entourent ne réagissant pas aux impacts, exemple une balle qui touche une caisse en bois vide ne bougera pas. Nous noterons également des textures parfois appliquées un peu grossièrement, manquant ainsi de profondeur. Nous soulignerons aussi la disparition des cadavres, frustre au moment des défenses. Mais il faut bien replacer cela dans son contexte, nous sommes sur un genre qui se veut nerveux, face à des hordes pouvant atteindre, à l’écran, plusieurs centaines d’individus. Il est donc difficile de sanctionner le jeu sur ces petits défauts, tant le jeu est optimisé.
Du côté du level design, c’est une autre hécatombe. Nous retrouvons des niveaux linéaires, n’espérez pas avoir de choix de passage autre que celui imposé. Un peu de liberté aurait été bienvenu. Malgré tout, les niveaux sont assez grands pour offrir différents paysages aux joueurs, sans jamais véritablement marquer. Par ailleurs, vous serez moins à l’intérieur qu’à l’extérieur, rendant parfois le jeu moins intimiste, favorisant ainsi cet aspect « pandémie mondiale », mais à contrario le remet dans certaine zone, très générique. Heureusement que les quatre lieux sont assez distincts les uns des autres, évitant ainsi la redondance de cette généralisation. Enfin, un vent frais, inattendu, viendra frapper le joueur. Le monde n’est pas mort suite à la propagation du virus. Vous pourrez ainsi, à de nombreuses occasions travailler, et surtout voir, d’autres personnages qui sont bien vivants. Ces derniers seront à couvrir, ou alors pourront être une aide non négligeable supplémentaire. Cela peut sembler subtil, mais cela est un véritable plus pour distinguer World War Z.
Pour ce qui est de l’aspect général de la direction artistique, World War Z s’en sort avec les honneurs. La palette large de couleurs utilisées vient s’incruster parfaitement en fonction de zone géographique. Chaque lieu a ses propres modèles 3D, ainsi que sa propre atmosphère. De l’air jauni par le sable et la poussière de Jérusalem, aux couleurs très vives employées cherchant à rappeler l’automne au Japon, jusqu’au blanc mordant du froid de Moscou. Tout est maîtrisé, et agréable à l’œil. Nous regretterons les animations d’un autre temps pendant les cinématiques. Si dans l’ensemble, à l’œil, c’est correct, les oreilles, elles, ont le droit à une techno vaguement entraînante pendant les phases hordes. Hormis ces moments, Saber a opté pour un minimisé durant votre progression, préférant mettre en avant l’atmosphère ambiante et les voix des protagonistes. Dans l’ensemble, le tout s’harmonise de façon agréable, même si des lacunes peuvent surgir dans le mixage à certains endroits clefs.
A vos risques et périls.
Dispatché sur quatre chapitres, onze niveaux sont disponibles au moment où vous lirez ces lignes. Il faudra compter une trentaine de minutes pour chaque épisode, ce qui vient porter le temps approximatif, manette en mains, à moins de six heures. Or, tout l’objectif de World War Z est de venir multiplier les sessions de jeu en montant la difficulté crescendo. Le soft en comportant six au total, et offrant dans sa difficulté ultime, un véritable challenge en équipe. De plus, les nombreuses classes viendront en encourager les essais. Au final, il est bon d’estimer une petite dizaine d’heures pour arriver à sa première classe maximisée, le reste arrivera de votre envie. À noter qu’un mode versus est également disponible, permettant aux joueurs de s’affronter dans différents modes de jeu. La particularité de ce dernier est que des hordes de zombies approcheront, de temps à autre, et s’inviteront à la partie. Sans être inévitable, ce petit plus peut avoir son importance, sans être de trop, il risque d’être à terme très rapidement oublié. Oh, nous en profitons pour rappeler que le jeu n’est pas jouable en écran splitté.
Vous le reconnaissez ?
Verdict : 7/10
Sans être un grand jeu, World War Z vient offrir un petit vent de fraîcheur au genre. S’axant dans sa finalité plus teamplay que la concurrence, chaque classe apporte une importance presque vitale pour terminer un niveau de difficulté maximale. Il est un jeu qui s’apprécie sur la durée, même si ce dernier a une prise en main très simple et rapide, il faudra attendre de réellement approfondir sa classe pour apprécier pleinement le potentiel du soft. De plus, sans être la muse 2019, il est agréable à l’œil, même si quelques petits défauts inhérents au genre, comme nous l’avons vu, viennent troubler l’aspect général. Force est de constater que Saber Interactif offre un jeu fluide, beau, jouissif et juste, sans crier gare. Que demander de plus ?
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