Qu’on incarne le Marine, l’Alien ou le Predator, le début commence toujours sur la même introduction. Un vaisseau solitaire glisse dans l’espace silencieux, vide, austère. Son lieu atterrissage est LV-1201 une planète où forêts, larges plaines et monts montagneux s’entrelacent pour donner des paysages froids et inhospitaliers. Chacun a son but : l’homme doit porter secours à une colonie, le xénomorphe y joue le passager clandestin, alors que le Predator est attiré par une chasse funeste. Ils n’ont rien en commun, mais partageront séparément des moments clefs, pour donner l’ensemble de l’histoire qu’aborde Aliens versus Predator 2. Une ambiance partagée, des bribes d’une histoire commune, trois styles uniques, c’est ce que propose les deux galettes de Monolith, mais pas que.
Un digne héritier.
Effectivement le soft est plus qu’un jeu. Dès son arrivée, il s’impose comme le meilleur jeu des licences Aliens et Predator. D’ailleurs encore aujourd’hui il est considéré par les fans comme l’un des meilleurs de la franchise et partage la vedette avec Alien : Isolation. Un succès valu grâce à son aîné ? Eh bien, oui. Effectivement en 1999 sort Aliens versus Predator, un premier opus qui va marquer par la mise en scène vidéoludique de deux contenders éponymes, mais surtout va proposer une ambiance unique, en attestent les avis de Pete Boule (Joystick) et Cédric Gasperini (Gen 4), ce dernier allant jusqu’à le confronter au ténor de l’époque, Half-life. Dans l’ensemble les avis sont bons et le fait d’incarner un Marine, un Alien ou le Predator séduit rapidement le public PC de l’époque. Si le solo est explicité comme court, Rebellion, qui développe le soft, frappe fort en introduisant un multijoueur unique en son temps avec des modes de jeu pensés pour trois équipes. Un petit exploit quand on sait le grand cru qu’est l’année 1999 pour le PC.
Il faudra attendre novembre 2001 pour voir le second opus dans nos régions. Ce n’est plus Rebellion qui s’occupe du projet mais Monolith qui sont principalement connus à cette époque grâce à plusieurs succès, comme la série Blood qui se compose de deux jeux et deux extensions qui occuperont le studio de 1997 à 1998 (du genre doom-like) ou encore No One Lives Forever (FPS) et Sanity : Aiken’s Artifact (Action) en 2000. Ces deux derniers marquent d’ailleurs plusieurs similarités avec le futur Alien Versus Predator 2, à savoir qu’ils sont édités par Fox Interactive et qu’ils tournent grâce au moteur maison de cet éditeur, le LithTech. Le développeur est donc en terrain connu, de par le genre qu’est AvP2 et par le moteur qu’ils vont utiliser. Donc récapitulons : nous avons d’abord un Monolith Production qui est un studio américain aux multiples succès, principalement en vue à la première personne, et qui plus est a déjà utilisé le moteur du jeu; puis dans un deuxième temps un premier un Aliens versus Predator déjà de bonne facture dans son ensemble.
Inutile de tourner autour du pot pour affirmer que ce second opus fût un succès critique dès son arrivée. En gommant les principaux défauts du premier opus (des graphismes médiocres et un système de sauvegarde manuel absent), tout en améliorant la sauce déjà présente, Monolith frappera encore plus fort que Rebellion 2000 AD en son temps. La campagne est toujours divisée en trois parties avec le Marine, le Predator et l’Alien, mais cette fois-ci les trois histoires s’entremêlent pour donner un récit final plus complet. C’est sur cette idée que le Marine effectue une mission de sauvetage, qui, comme on peut s’en douter, tournera à la catastrophe. Le xénomorphe, lui, doit tout faire pour protéger sa Reine qui un trophée ultime pour le Predator. Bien-sûr, chaque protagoniste a une fin qui lui est propre, mais le gros de l’histoire est commune, et parfois c’est la croisée des chemins. Cela va plus loin d’ailleurs, jusqu’à fournir des informations exclusives d’une campagne à l’autre, campagne Alien comprise !
Encore et toujours plus.
Bien-sûr comme pour le premier opus, le second propose trois gameplays radicalement opposés les uns aux autres. Le Marine est la chips du jeu, il ne tient pas face à ses opposants extraterrestres et doit compter uniquement sur sa puissance de feu et son radar courte portée. La quasi-intégralité de sa campagne se fait la peur au ventre, le regard fixé sur ce détecteur aux bips caractéristiques tout en lançant des fusées éclairantes pour guetter les recoins sombres propices aux attaques du perfide xénomorphe. Diamétralement opposé à ce gameplay, l’Alien, lui, plus fort et rapide, tue sans laisser la moindre chance à son adversaire au corps à corps. Cette machine de mort peut compter sur ses griffes, sa queue et surtout le fait de pouvoir grimper sur les murs. Enfin le Predator est l’entre deux, presque aussi fatal que l’Alien au corps à corps et que le Marine à distance. Il doit ruser pour atteindre sa cible car il n’a pas la vitesse du premier. Il peut compter sur une flopée de gadgets pour palier certaines lacunes, comme son camouflage ou ses visions thermiques, Alien et Tech. Malheureusement pour lui, tout cet apport technologique lui coûte de l’énergie, qu’il doit souvent recharger grâce à un appareil qui émet une lumière visible de loin et surtout qui retire le camouflage et doit se faire en étant quasiment immobile : le traqueur devient donc une proie à cet instant précis.
Autres atouts : le level design et l’ambiance. Bien-sûr qu’avec trois histoires qui évoluent plus ou moins en parallèle, des chassés croisés sont à prévoir; mais le studio américain s’en est débarrassé intelligemment. Effectivement si le Marine reste désespérément cloué au sol, les extraterrestres peuvent, eux, compter sur la verticalité : ainsi l’Alien peut « marcher » sur les murs et le Predator utiliser un super-saut. Les niveaux pour ces derniers se font avec la tête dirigé vers le ciel, à chercher des conduits au plafond pour le xénomorphe, et des plateformes pour le chasseur. Dans les rares moments où les chemins se croisent, cela débloque des sections inédites qui encouragent à la recherche tout en évitant l’aspect redondant d’un niveau déjà visité quelques heures plus tôt. En plus de cela, l’ambiance varie d’une histoire à l’autre : en Marine il faut tendre l’oreille et rester sur ses gardes; à l’inverse on épie notre cible avec le xénomorphe attendant le moment opportun pour frapper. Ces différences de gameplay mais aussi par le level design, octroient donc deux ambiances uniques. Dans les faits les zones clefs, comme par-exemple la Ruche, deviennent beaucoup, mais alors beaucoup plus sympathiques quand on incarne l’Alien, alors que c’était avec la peur au ventre que l’on a parcouru ces mêmes couloirs organiques avec le Marine. En extérieur c’est le Predator qui domine. Avec ses différents optiques et zoom il peut repérer de très loin et donc anticiper sa traque. Ici ce ne sont pas les deux points soulevés qui font le ciel étoilé de l’ambiance mais les références. Effectivement, on retrouve l’esthétique et la sonorité propres à l’univers de celui-ci, c’est à dire cliquetis, grognements, hurlements, passage d’une vision à l’autre, sons de l’acquisition de la cible etc… mais il n’est que de passage sur LV-1201, à aucun moment il ne s’approprie véritablement le lieu pour donner une identité propre à des passages.
Bien-sûr en Alien on doit passer ses différents stades..
Comme dit plus haut, Monolith utilisera le LithTech comme moteur de jeu. Plus beau que son aîné sur tous les points (graphiques, effets spéciaux, physique, etc..) il s’en sort avec les honneurs, notamment chez Joystick qui trouve que le moteur tient tellement bien la route qu’il est possible de le pousser à une résolution de 2048 x 1536, soit un 1080p en version ++. Pour son époque le jeu est très beau, doublé d’une ambiance tout aussi réussie ! Encore aujourd’hui dans une résolution 1080p, le jeu n’est pas repoussant et se laisse jouer sans problème. Le véritable atout de ce moteur n’est pourtant pas dans cette partie technique, mais dans le multijoueur. En effet le LithTech Talon (nom de la version pour AVP2) est particulièrement adapté pour le multijoueur et corrige les soucis de netcode des versions précédentes. Plus fluide que son aîné, il est également plus fourni avec la possibilité d’incarner plusieurs types de xénomorphes (quatre) et de Predator; seul le Marine reste finalement inchangé. Malheureusement, cette partie multijoueur prit fin officiellement courant de l’année 2008 quand Sierra décida de fermer ses serveurs, avant que d’autres non-officiels prennent la relève. Ils sont d’ailleurs toujours disponibles avec quelques irréductibles qui font figure de proue d’une époque bien lointaine.
Annexes et sources :
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Test de Aliens versus Predator dans Joystick (n°104 mai 1999 page 86)
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Test de Aliens versus Predator dans Gen 4 (n°122 mai 1999 page 140)
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Test de Aliens versus Predator 2 dans Joystick (n°132 décembre 2001 page 68)
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