Avec le studio Double Fine, Tim Schaffer semble déterminé à ramener ses plus grands classiques d’entre les morts. Ironie du sort, dans Grim Fandango, c’est vers l’au-delà que le protagoniste du jeu devra guider les vivants. C’est donc le 28 janvier 2015 que Grim Fandango a débarqué en France sur PS4 et PS Vita dans une édition remasterisée pour l’occasion. Que vaut ce classique du jeu vidéo plus de 15 ans après sa sortie originale ?
« Aah…ma faux… j’aime la tenir serrée là ou jadis battait mon coeur »
Grim Fandango nous conte l’histoire de Manny Calavera, agent de voyage dans le monde des morts. Sa mission ? Vendre aux nouveaux défunts des voyages en tous genres afin de rejoindre l’au-delà dans les meilleures conditions possibles. Malheureusement, notre cher Manny peine à se démarquer face à son collègue et concurrent Domino, qui rafle sans arrêt les prospects les plus intéressants. Car en effet, chaque nouveau mort ne pourra se voir proposer des offres de qualité qu’en fonction des mérites et de la qualité de sa vie passée… du moins en théorie, comme pourra le découvrir le joueur au cours du jeu. Grim Fandango vous place dans la peau de ce personnage attachant en quête d’amour, de justice et de reconnaissance dans une aventure qui s’étend sur 4 années.
Le pitch de base est vraiment intéressant, et fait toujours mouche 15 ans après la sortie originale du jeu. Les thèmes abordés au cours de Grim Fandango sont en effet intemporels, et la façon dont ils sont mis en scène et intégrés à l’aventure est exemplaire. On se laisse très vite prendre au jeu, et on devient assez vite familier avec le monde tel qu’il est vu par cette civilisation, où squelettes et démons cohabitent tant bien que mal.
« Si tu entends une explosion, ça veut dire que le voyage est annulé »
Grim Fandango se présente comme un jeu d’aventure inspiré par le genre point & click. Le joueur, qui contrôle donc Manny Calavera, devra progresser dans l’histoire en interagissant avec l’environnement et les différents personnages qu’il pourra rencontrer. Cela se matérialise dans les faits par une multitude d’énigmes à résoudre afin de pouvoir progresser dans le jeu. Mais attention, cela sera bien plus facile à dire qu’à faire : le jeu ne donne en effet aucune indication au joueur concernant la résolution ou même l’existence de ces énigmes. Il faudra donc être très attentif et minutieux… ou alors juste très chanceux ! Bien que la réflexion et l’acharnement finissent généralement par payer, c’est aussi souvent le hasard et le tâtonnement qui permettra de se débloquer et d’avancer dans l’aventure. Finir le jeu sans solution est un véritable défi, que nous ne saurions que vous conseiller de relever pour profiter du jeu au maximum. Les différentes énigmes restent relativement logiques et cohérentes, et la satisfaction retirée d’un essai concluant est tout simplement jouissive. Mais il faut tout de même admettre que même pour un jeu de l’époque, la difficulté est très élevée. La durée de vie globale du titre dépend donc grandement de votre habilité à résoudre les énigmes, et pourra ainsi varier du simple au quadruple pour peu que vous passiez par tout un tas d’essais non concluants.
Si l’on met de côté cet aspect aventure et énigmes, Grim Fandango se révèle tout aussi excellent en terme de scénario et de mise en scène. Les différentes situations sont assez insolites, et donnent systématiquement lieu à des dialogues et évènements mémorables. L’humour, tantôt subtil, tantôt absurde, est omniprésent tout au long du jeu, que cela soit à travers de répliques ou de situations improbables. Les développeurs ont parfaitement su jouer avec les mots et la psychologie des différents personnages pour un résultat on ne peut plus efficace.
« Ce n’est pas toi qui est trop gros, ce sont les voitures qui sont trop petites ! »
Qui dit édition remasterisée dit améliorations diverses et variées. Pourtant, force est de constater que les développeurs se sont contentés du minimum avec ce portage PlayStation de Grim Fandango. Certains justifieront cela comme un parti pris pour retrouver les sensations d’antan. Mais le but d’une réédition n’est-il pas plutôt de remettre au goût du jour un jeu afin de mieux convenir aux nouvelles générations de joueurs ? Alors que pour des éditions remasterisées de jeux plus récents comme The Last of Us ou Tomb Raider, l’ajout de contenu supplémentaire et d’améliorations graphiques pouvaient suffire, la marge de manoeuvre était bien plus vaste pour Grim Fandango. Pourtant, nous nous retrouvons avec un jeu quasiment inchangé, ce qui n’est pas forcément une si bonne chose que ça.
On aurait aimé par exemple, que le système de sauvegardes gagne en souplesse après tout ce temps, avec par exemple un système de sauvegardes automatiques. Et bien non, le joueur devra sans cesse sauvegarder sa progression manuellement, ce qui, en plus de dégrader le rythme du jeu, est très laborieux.
Avec ses décors en 3D précalculée, Grim Fandango affichait des graphismes magnifiques et détaillés pour l’époque, le tout soutenu par une direction artistique hors norme inspirée du folklore mexicain autour de la fête des morts. À l’occasion de sa réédition en 2015, en revanche, les développeurs ne se sont pas trop mouillés concernant l’aspect visuel du jeu. On retrouve exactement les mêmes environnements qu’à l’époque : seuls les modèles 3D des personnages ont subi un traitement, qui leur permet de mieux se fondre dans le décor grâce à des textures plus lisses et des effets de lumière mieux maîtrisés. Cette version PS4 et PS Vita rend donc parfaitement hommage au jeu original, et vient le sublimer de façon convaincante. Malheureusement, le jeu conserve un format global en 4:3, le mode 16:9 ne permettant que d’étirer horizontalement l’écran de jeu, pour un résultat mi-figue mi-raisin. Autre point noir : le jeu se permet de subir des ralentissements durant certaines scènes lorsque l’on utilise les graphismes remasterisés…
« Il est normalement interdit de faire peur aux vivants, mais on le fait tous »
Parmi les ajouts les plus notables, on peut citer la présence de commentaires des développeurs, que l’on peut activer dans les options et que l’on peut consulter en plein jeu à sa guise. De quoi apprécier le jeu sous un tout nouvel angle.
Les musiques d’origine, qui avaient déjà marqué les esprits à l’époque pour leur qualité, ont été recomposées pour l’occasion, et leur rendu est désormais irréprochable. L’ambiance tantôt jazzy tantôt macabre dégagée par les différentes compositions est un pur régal, et vient parfaitement rythmer l’aventure de Manny. Cette édition remasterisée aussi est livrée avec les doublages d’origine, et ce, dans les principales langues Européennes. L’occasion pour nous de découvrir ou de retrouver un doublage Français absolument irréprochable, de par un jeu des acteurs convainquant et une localisation de qualité.
Enfin, l’amélioration principale concerne les contrôles du jeu : alors que contrôler Manny était un véritable calvaire à l’époque sur PC, les développeurs ont su parfaitement adapter leur jeu à la DualShock 4 ou à la PS Vita. Il est désormais bien plus naturel d’évoluer dans les décors en 3D précalculée du jeu, et c’est bien le principal. Notez que les contrôles d’origine, surnommés « contrôles tank » sont aussi présents. Le jeu vous octroiera même un trophée or si vous le terminez en utilisant ces derniers, c’est pour dire…
Ainsi, malgré quelques points noirs, Grim Fandango Remastered reste globalement satisfaisant, et permet de profiter de ce classique de Tim Schaffer dans d’excellentes conditions.
Verdict : 7,5/10
Grim Fandango Remastered nous permet de découvrir ou de retrouver un classique du jeu vidéo qui n’a absolument pas perdu de son charme. L’aventure de Manny Calavera se suit avec plaisir, et le jeu nous surprend sans cesse par son humour, son style graphique unique, sa bande son magistrale et l’inventivité de ses énigmes. En l’état, il est difficile de faire des reproches au jeu en lui même, qui reste excellent en tous points de vue. On aurait toutefois aimé que cette édition « Remastered » soit un peu plus généreuse en terme d’améliorations, car Double Fine Studios s’est véritablement contenté du strict minimum. À acheter les yeux fermés si vous êtes prêts à faire fonctionner vos méninges à plein régime !
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[dropcap]8,5[/dropcap] Si l’on peut regretter le manque de nouveautés liées à cette version Remastered de Grim Fandango (refonte graphique beaucoup trop légère, système d’inventaire toujours aussi laborieux), on ne peut que se réjouir de voir l’un des meilleurs jeux d’aventure de l’histoire arriver sur consoles PlayStation. Il ne nous reste plus qu’à espérer un peu moins de paresse de la part des développeurs au moment de porter une autre icône du point and click sur PS4, à savoir Day of The Tentacle.[/toggle]
Crick
28 janvier 2015 at 20 h 10 mintest rondement mené, un jeu à énigmes, corsées qui plus est, c’est trés tentant. encore un jeu remasterisé, encore un studio fainéant qui fait le strict minimum et qui compte sur un engouement vieux de 15 ans. l’aventure vaut d’etre tenté, meme si mon penchant pour la punition m’amenerait à vous convier au refus d’achat d’une escroquerie, non sur la qualité d’un jeu, mais sur ce vil signe d’appat du gain qu’est de nous refourguer du vieux avec cette maudite etiquette « REMASTERED » qui devrait etre un seul signal pour nous: » PIGEONNADE »
arekuso
28 janvier 2015 at 20 h 29 minC’est un peu ça, il faut vraiment se mettre en tête que l’on va jouer à un jeu vieux de 15 ans, et pas à un jeu remis au goût du jour. Après, le jeu en question n’en reste pas moins excellent !