Fort du succès du Marvel Cinematic Universe, ce n’était qu’une question de temps avant qu’un projet ambitieux débarque sur nos PC et consoles de salon. Pour cela, quoi de mieux que de mettre en scène les Avengers ? Si l’idée peut paraitre alléchante sur le papier, encore faut-il que l’application soit maitrisée. Avec Square Enix et Crystal Dynamics (Tomb Raider, Legacy of Kain) aux manettes, on pourrait croire que toutes les pièces sont réunies pour donner naissance à un grand jeu. Croire ? Et bien le résultat s’avère un peu plus compliqué que ça au bout du chemin. On vous en dit plus !
Test réalisé sur PlayStation 4 à partir d’une version numérique fournie par l’éditeur.
Avengers: Fin du Game
L’action prend place cinq ans après la disparition des Avengers suite à un terrible événement lors du A-Day, fête de célébration du groupe de super-héros, à San Francisco en Californie. Dirigée par le Taskmaster, une attaque terroriste a détruit le Golden Gate ainsi que le nouvel héliporteur flambant neuf du S.H.I.E.L.D., le tout entrainant la disparition de Captain America et la mort de centaines de personnes. Depuis, les Avengers et le S.H.I.E.L.D. sont dissouts et une nouvelle organisation du nom de l’AIM, dirigée par MODOK, a transformé le monde en une tyrannie sécuritaire où les super-héros et leurs soutiens sont inlassablement traqués. Parmi les rescapés du désastre, la jeune Kamala Khan (Ms Marvel) se découvre des pouvoirs permettant de rendre son corps malléable et élastique. Voyant la dictature mise en place par l’AIM, elle se met donc en tête de retrouver les Avengers un à un. Ces derniers vivent reclus tels des ermites. Direction l’Utah où sont entreposés les restes de l’héliporteur du S.H.I.E.L.D. et où se terre Bruce Banner (Hulk), gardant l’épave et le bouclier de Captain America tel un mausolée sacré en l’honneur de l’Avengers disparu.
Marvel’s Avengers se scinde en deux parties distinctes. D’un côté le mode campagne qui vous propose de découvrir le scénario du jeu, de l’autre les opérations d’initiatives Avengers. Si vous n’êtes pas familier avec Destiny et les autres titres similaires, cela consiste à rejouer certains types de missions ainsi que des événements exclusifs dans des niveaux de difficultés revus à la hausse pour acquérir du loot prestigieux. La coopération entre joueurs est normalement de mise, mais Marvel’s Avengers vous propose aussi de combler le manque de coéquipiers par de l’IA. Vous ne pourrez pas choisir qui vous accompagnera, le jeu décidera pour vous. Soyons honnête, si la campagne qu’offre le titre n’est pas mauvaise en soi, cette dernière comporte un poil trop de passages de remplissage qui alourdissent inutilement la narration – le temps total pour sa complétion étant de 10 heures environ. De plus, elle n’est pas jouable intégralement en coop. Vous serez amené à effectuer certaines quêtes en solo ou alors en binôme. Dommage pour un jeu qui souhaite mettre l’expérience à quatre joueurs en avant.
Pour ce qui est de l’Initiative Avengers, la section comporte un bon nombre de types de missions différents. Dix plus exactement, allant de la Drop Zone qui se plie en 5 minutes montre en main à des challenges plus ardus comme le Secteur des Méchants, ce qui se rapproche le plus des missions type Donjon – Donjons qui devraient arriver sur Marvel’s Avengers incessamment sous peu. Malgré ce nombre, les missions reposent bien trop sur le même concept, chose que nous allons voir plus bas.
Carré… Carré… Carré… Carré… Triangle !
Encore une fois, il sera difficile de ne pas comparer Marvel’s Avengers au ténor : Destiny. Certes les gameplay proposés sont intrinsèquement opposés, cependant il est intéressant de souligner pourquoi pour le bébé de Bungie cela s’avère beaucoup plus plaisant alors que pour celui de Crystal Dynamics… beaucoup moins. Ce qui fait le sel de Destiny c’est sa nervosité et sa tacticité. Les combats s’exécutant en majorité à l’arme à feu, le jeu vous oblige à être en mouvement perpétuel face à l’afflux d’ennemis. Même si vous jouez au fusil sniper, camper une position est pratiquement impossible. Il faudra toujours bouger à un moment donné pour éviter un ennemi venant au corps-à-corps ou bien un projectile. Dans Marvel’s Avengers, le parti pris est d’être un bête et méchant beat’em up. Du coup, le but n’est autre que de foncer dans le tas et de pratiquer le « spam de touches ». Il existe bien une touche pour esquiver les coups, mais pour automatiquement retourner à sa routine. Les combats en deviennent vite brouillons quand les salles sont un peu trop chargées en ennemis, et quand quatre joyeux lurons s’en donnent à cœur joie, ça en devient encore pire – sans oublier le framerate qui en prend un sacré coup au passage. Après avoir enchaîné un certain nombre de mandales dans la caboche d’un adversaire, il est possible d’effectuer une exécution en pressant Triangle et Rond en même temps. Plusieurs chorégraphies sont à débloquer, cependant il ne semble pas possible de pratiquer une exécution en duo cependant, dommage.
Si vous tombez à terre au combat, une aire d’effet s’active autour de vous et vos compagnons devront rester à l’intérieur pendant quelques instants. Fort heureusement, le temps de récupération est relativement court. Si vous êtes accompagné de l’IA, cette dernière a tout de même la vivacité d’esprit de vous rejoindre au plus vite quand vous êtes au sol. Les personnages possèdent bien une arme à distance chacun mais hormis pour Black Widow et éventuellement Iron Man, leur utilité s’avère discutable. Chaque héros possède également trois attaques spéciales : une sur L1, la deuxième sur R1 et la dernière en pressant les deux touches à l’unisson, cette dernière faisant office de Super active pendant une poignée de secondes. Malheureusement, Marvel’s Avengers ne cherche pratiquement jamais à casser cette routine en proposant des subtilités de gameplay. Pas de phases de plateforme, pas d’énigmes dignes de ce nom ou de passages un peu casse-tête qui demanderaient une réelle collaboration entre les joueurs. C’est vraiment frustrant, d’autant plus que le jeu offre des arbres de compétences relativement bien fournis par personnage qui, à terme, permettent aux héros d’entrer dans une réelle complémentarité et de sortir de leurs attraits génériques.
Avengers : l’ère du loot
Comme dans tout bon jeu du genre qui se respecte, la progression se fait en deux parties. Tout d’abord vous allez enchainer des niveaux dans une trame scénarisée comme dans un RPG classique, puis une fois le niveau max atteint, vous vous attarderez sur le niveau de puissance. Il faudra effectuer l’opération pour les six personnages qu’offre Marvel’s Avengers à l’heure actuelle. Eh non ! Les niveaux et le niveau de puissance ne se partagent pas d’un personnage à l’autre. La campagne solo est d’ailleurs un bon moyen de faire progresser un minimum chaque protagoniste jusqu’à ce que vous partiez à l’assaut des missions d’initiatives Avengers. Vous pouvez choisir de passer la campagne pour attaquer directement l’Initiative Avengers mais nous ne vous le conseillons pas forcément. Ignorer la campagne solo vous amènerait à passer à côté de contenus pour le mode Initiative. Une fois le niveau maximum (s’élevant au rang 50) atteint, le niveau de puissance prend le dessus. Ce dernier est comparable au niveau de lumière de Destiny ou de matériel dans un The Division. Augmenter votre niveau de puissance s’effectue en s’équipant d’items toujours plus puissants. Plus vous augmenterez votre niveau de puissance, plus le loot que vous obtiendrez en missions aura des chances d’être juteux. Vous progresserez sans trop de peine jusqu’au niveau 130 de puissance (softcap) puis les choses vous demanderont beaucoup plus de patience jusqu’au niveau max de puissance qui est actuellement fixé à 150 (hardcap).
Ce qui fait une grande partie de l’intérêt et ce qui pousse à continuer sa progression, c’est forcément le loot dédié aux missions. Il est toujours plaisant et gratifiant de dénicher une nouvelle pièce d’armure et de la voir modifier non seulement les statistiques de votre personnage, mais aussi son apparence. Qui ne s’est jamais pavané dans les hubs sociaux à déambuler fièrement parmi les débutants ou ses amis dans un set d’armure de haut niveau ? Certains sets affichant parfois votre réussite dans des donjons ou raids ardus. Malheureusement, Marvel’s Avengers semble avoir balayé cet aspect. S’il existe bien des pièces à obtenir pour diverses parties du corps de vos personnages, ces dernières boosteront vos stats et vous accorderont quelques bonus mais ne modifieront en rien votre apparence.
Marvel’s Avengers compte sur un système de skins à débloquer. Il existe deux moyens de les obtenir. Le premier réside dans la récompense liée à la réussite de certaines missions scénarisées, d’objectifs dans un système similaire à un Battle Pass, ou encore via l’achat avec des crédits dans la boutique du jeu. Un petit pécule de crédits vous sera octroyé en atteignant des niveaux précis dans la carte de défi, à l’ouverture de coffres et dans certains évènements hebdomadaires. Sinon, il faudra en acquérir contre de l’argent réel. L’obtention des crédits in-game peut s’avérer fastidieux, comme une invitation à passer par la boutique. Marvel’s Avengers étant un jeu dit Game as a Service, il est normal que Crystal Dynamics et Square Enix trouvent des combines pour vous inciter à dépenser quelques euros supplémentaires – surtout que les futurs personnages qui agrémenteront le roster seront gratuits, pour l’instant. Si le titre s’avère encore généreux sur l’acquisition des skins pour chaque personnage, on peut tout de même craindre que Marvel’s Avengers devienne beaucoup plus avare sur le long terme, notamment quand les premiers contenus payants feront leur apparition.
Quand le mieux ne fait pas forcément le bien
La première chose qui aura frappé le public c’est bien évidement le casting de ce Marvel’s Avengers. Si on retrouve les têtes iconiques telles que Captain America, Iron Man, Black Widow, Thor et Hulk – Kamala Khan venant s’ajouter au roster –, la déception fût de ne pas voir les visages des acteurs interprétant ces super-héros dans le Marvel Cinematic Universe, mais plutôt des ersatz dont le charisme est parfois discutable. De notre point de vue, le débat autour de la question ne fait pas beaucoup de sens. Certes les Avengers squattent nos écrans depuis une dizaine d’années maintenant mais quand le Marvel’s Spider-Man d’Insomniac Games est sorti, personne ne s’est insurgé quant au look de Peter Parker qui n’était basé ni sur celui d’Andrew Garfield, ni sur celui de Tom Holland. Obtenir les acteurs principaux n’aurait pas changé la qualité du jeu dans tous les cas. Passons brièvement sur la VF qui, comme très souvent, s’avère bonne sans être exceptionnelle. D’ailleurs, si vous êtes complètement hermétique à la version française et souhaitez passer en VO, vous serez navré d’apprendre que changer la langue via les menus du jeu s’avère impossible.
Pour ceux qui ont pu s’essayer à la bêta il y a quelques semaines, vous serez d’accord pour dire que le constat était alarmant. Divers glitchs graphiques et bugs de son, framerate inconstant, matchmaking bugué et désynchronisations… bref, rien n’allait. La bonne surprise est de constater que Crystal Dynamics a su prendre les choses en mains et rapidement corriger la plupart des problèmes les plus néfastes. Effectivement, le framerate est bien plus appréciable qu’avant, les bugs de son qui passaient de l’anglais au français de manière intempestive ont disparu, de même pour les désynchronisations. Cependant, tout n’est pas encore parfait. Si le framerate s’avère meilleur, il en est autre quand l’action devient un peu trop chargée à l’écran. Des glitchs graphiques de texture sont encore à déplorer et le matchmaking nous apparaît encore laborieux par moments. On attend parfois plusieurs minutes avant de pouvoir se grouper avec d’autres joueurs et là encore, il n’est pas rare qu’une ou deux personnes manquent à l’appel avant d’être automatiquement remplacées par l’IA. Sans être extraordinaire, celle-ci tient tout de même la route et on ne s’arrache pas les cheveux comme dans bon nombres de jeux à pester contre son incohérence. Au moment où ces lignes sont écrites, Marvel’s Avengers reçoit une toute nouvelle mise à jour qui devrait corriger quelques problèmes persistant, dont un écran de chargement infini rapporté par certains utilisateurs.
Verdict : 6/10
On le voyait venir à des kilomètres et c’est sans surprise que ce Marvel’s Avengers peine à convaincre en tant que Game as a Service de qualité. Boucle de gameplay bien trop répétitive, redondance des objectifs malgré une variété de missions, arrivée prochaine de Battle Pass payants, le titre aurait gagné à se voir adapter en un jeu coopératif plus traditionnel misant plus sur sa narration que sur la quantité, à l’image de ce que semble vouloir proposer WB Games Montréal au travers de Gotham Knights. Reste à voir ce que Crystal Dynamics a sous le pied pour le futur de son jeu. Si le soft peut s’avérer divertissant par moments, pas sûr qu’il tiendra, en l’état actuel, la communauté en haleine sur le long terme.
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