Créée en 1997 par Akiyoshi Hongo et distribuée par Bandai Namco, Digimon est une série qui a fait ses débuts en reprenant le concept des Tamagotchis, puis a ensuite été déclinée sur de nombreux supports : jeu-vidéo, manga, série animé, film d’animation… Malgré un succès important à l’international au début des années 2000, la licence n’a jamais vraiment réussi à sortir de l’ombre du géant qu’est Pokemon, mais a continué à tracer sa route. En ce mois de février 2016, c’est avec le jeu Digimon Story: Cyber Sleuth que la série est sortie de l’archipel nippon pour se frayer un chemin numérique jusqu’à nos consoles de salon.
Detective Conan
Digimon Story: Cyber Sleuth nous permet d’incarner Takumi, un jeune lycéen qui passe de nombreuses heures sur internet pour discuter avec ses amis via des chatrooms. Lors d’une de ses discussions, un hacker vient les surprendre en les invitant à le rejoindre via un monde numérique nommée EDEN. Une fois sur place, Takumi cherche ses amis qui sont en retard et part à la découverte de ce nouveau monde, rempli de hackers. Il finira finalement par rencontrer les fameux Digimons dont tout le monde parle, et se retrouvera confronté à de nombreux mystères en lien avec cet univers numérique. Le plus grand concernant une terrible maladie qui touche les utilisateurs d’EDEN, les plongeant dans un profond coma. Takumi se retrouve lui aussi atteint par cette maladie, mais par un concours de circonstance, son corps et son esprit se retrouvent séparés. Il rencontre alors Kyoko, détective de son état, qui le prend sous son aile et va l’aider à retrouver son corps et à trouver un remède à cette maladie, ainsi qu’à lever le voile sur les mystère qui entourent le monde des Hackers. Le fil de l’histoire est découpé en chapitre, 21 en tout. Chacun de ces chapitres correspond à une ou plusieurs enquêtes, certaines directement liées à la trame principale, d’autres… pas du tout.
Pour résoudre ces enquêtes, la mécanique du jeu est assez simple, mais bien pensée. En effet, à chaque enquête correspond des « keywords » grâce auxquels il faudra interroger les personnages de l’univers, aussi bien numériques que tokyoïtes. Il sera ainsi nécessaire de questionner un grand nombre de PNJ, aussi bien dans les différents environnements liés au monde numérique que dans la ville de Tokyo. Ce système, bien que basique, s’intensifie au fur et à mesure de l’aventure puisqu’au début, il n’y aura qu’un « keyword » pour chaque enquête, puis par la suite, le nombre de mots clés par investigation s’intensifiera. Ce système rend moins fastidieux la traditionnelle quête d’informations dans les RPG et c’est plutôt bien vu de la part du studio. A noté que le jeu est entièrement en anglais (NDLR: voix japonaises cependant) pour les textes. Un anglais qui n’est pas de haut niveau, mais qui peut rebuter les joueurs.
Un jeu terriblement bavard
On attaque ici le plus gros défaut du jeu, sa réalisation et son aspect technique. Initialement sorti sur Vita au japon, le jeu s’est vu doté d’un portage PS4 (NDLR: Cross Save possible entre PS4 et PS Vita) pour l’Europe et l’Amérique, et force est de constater que cela se sent. Même si l’on peut facilement excuser l’aspect graphique du jeu qui ne fait pas honte à la série animé, le tout est extrêmement mal réalisé, et terriblement bavard. Chaque cutscene est rigide au possible, seul les lèvres des personnages bougent et les conversations entre personnages se perdent en explications parfois inutiles et sont d’une longueur abyssale. Alors certes, il s’agit ici d’un J-RPG, c’est un des poncifs du genre, et le jeu essaye de pallier à cela en nous faisant parfois intervenir dans les conversations par le biais de choix de dialogues (en général deux ou trois) mais tout cela est bien souvent indigeste, et coupe totalement l’immersion du joueur. On regrettera aussi le fait d’être trop souvent coupé par des appels de Kyoko, la détective, lors des explorations de donjon.
Sur l’aspect level-design, le jeu ne s’en sort pas tellement mieux malheureusement. Les environnements numériques sont souvent pauvres, même s’il arrive que certains sortent du lot, et la présence de PNJ, tous pour la plupart statiques dans le monde numérique comme à Tokyo, ne permet pas de rendre l’univers vivant. L’OST quand à elle, est assez surprenante, même si dans les premières heures de jeu, elle ne brille clairement pas par son efficacité. Les thèmes sont kitschs, froids, et parfois même gênants. Et c’est à partir du chapitre 5 que l’OST commence à nous faire entrevoir ce qu’elle a de meilleur. Sur certains titres, une véritable ambiance se dégage et permet au joueur de s’immerger encore plus dans le jeu, et intensifie l’urgence de certaines situations.
Des mécaniques efficaces, une difficulté mal équilibrée
Le gros point fort du jeu réside dans tout ce qui touche aux Digimons. Clairement, le studio s’est fait plaisir en implantant tout ce qui fonctionne dans les RPG à la japonaise au tour par tour. Les combats se déroulent de manière classique, chaque Digimon, au nombre de trois pour notre équipe, pouvant attaquer lorsque c’est son tour. Il dispose alors de plusieurs actions possibles, soit une attaque simple, soit une attaque spéciale, comprenez « magie ». Là où le jeu est intelligent, c’est qu’il ajoute à cela deux forces/faiblesses avec lesquelles il faudra compter. En effet, chaque Digimon a un type qui lui est définis (vaccin, virus et data) ainsi qu’un élément (feu, foudre, eau, lumière…). Pour les types, le jeu reprend un système basique de pierre-papier-ciseau. Et pour les éléments, le système est simple et connu, à coup de feu faible face à l’eau. Alors oui, pris un par un, ces systèmes n’ont rien d’originaux, mais les deux cumulés font la force des combats. En effet, en faisant attaquer un Digimon du bon type avec le bon élément, le combat peut être très vite abrégé. Tout cela rajoute un aspect stratégique aux combats de boss qui sont plaisants, et permet au jeu de se détacher de Pokemon.
Malgré un système de combat efficace, force est de reconnaître que la difficulté est mal calibrée, et parfois même inexistante. (Le jeu permet d’ailleurs de choisir entre un mode normal et un mode difficile. Nous vous conseillons de choisir le mode Difficile dès le début.) Certains combats de boss s’avèrent difficiles et nécessitent une séance de farming afin d’avoir la bonne équipe, tandis que d’autres se font d’une main, le cerveau ailleurs. L’autre force de ce Digimon Stories: Cyber Sleuth, c’est la gestion de ses Digimons. Pour en obtenir de nouveaux, il faut combattre de nombreuses fois le même Digimon qui sera automatiquement scanné en début de combat. Une fois le scan à 100% (il peut être monté jusqu’à 200% afin d’avoir un Digimon avec de meilleures statistiques), nous pouvons nous rendre dans le Digi Lab, sorte de centre Pokémon, afin de télécharger le monstre. Il faudra ensuite lui faire gagner de l’expérience, soit par le biais traditionnel des combats, soit par la Digi Farm, dans laquelle nous pourrons entraîner automatiquement nos bestioles, les faire chercher de nouvelles enquêtes ou créer des objets. La Digivolution se fait également via le Digi Lab une fois que votre Digimon aura atteint le niveau nécessaire, mais également une fois qu’il aura les caractéristiques requises. Certes, toutes ces mécaniques de gameplay n’ont rien d’originales, et l’ombre de Pokémon plane sur tout cela, mais cela rend le jeu addictif et vraiment plaisant manette en main.
Verdict : 6/10
Malgré des mécaniques de gameplay vraiment efficaces et un réel plaisir procuré par l’élevage de Digimons, le jeu peinera à convaincre nombre de joueurs de par son aspect graphique et sa réalisation. De plus, son scénario trop bavard et son OST en dents de scie aura le don d’en agacer plus d’un. Cependant, force est de reconnaître que le jeu sait délivrer de bons moments, notamment lors des combats et dans le Digi Lab. Le farming est ici beaucoup moins rébarbatif que dans de nombreux jeux du genre et permet d’obtenir une équipe de monstres correspondant à nos désirs. Bref, il ne s’agit pas d’un grand jeu, mais il fera très certainement plaisir aux fans de la licence, et s’avère être un bon remplaçant à Pokémon, s’en inspirant, mais sachant également s’en éloigner lorsqu’il le faut.
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