On sent depuis quelques années une envie de re-dynamiser la licence créée par Yuji Hori. En effet, Dragon Quest a non seulement été transposé à la sauce MMORPG avec Dragon Quest X, mais Koei Tecmo l’a également adaptée façon Musou avec deux opus plutôt réussis, et Square Enix en a carrément profité pour développer un spin-off qui serait le croisement parfait entre un jeu de construction hyper populaire et un RPG qui fascine grandement les joueurs. Vous l’aurez compris, c’est de ce dernier dont on va vous parler aujourd’hui, puisqu’après vous avoir livré via une preview nos impressions sur Dragon Quest Builders au bout de quelques heures de jeu, il est maintenant temps de faire le point et de rendre notre verdict final.
Test réalisé sur Nintendo Switch à l’aide d’une version numérique craftée par Nintendo
Bloc party
Si vous n’avez pas lu notre preview de Dragon Quest Builders sur Switch, on va vous la faire courte afin de poser les bases : l’action prend place dans le monde d’Alefgard, alors que le terrible Lordragon décide de plonger l’endroit dans les ténèbres et de donner le pouvoir aux monstres. Ces derniers n’ayant pas vraiment chômé, les principaux villages du royaume ont été intégralement rasés. Ce qui ne serait pas tant un problème que ça si les pouvoirs de Lordragon n’avaient pas transformé tous les humains en empotés n’étant pas capables de construire ne serait-ce qu’un semblant de cabane par eux-mêmes. Notre héros, étrangement connu par tous comme étant « le bâtisseur », aura alors la charge de reconstruire les principaux villages d’Alefgard, tout en éliminant les ténèbres pour que la lumière soit.
Dragon Quest Builders emprunte donc, sans grande surprise, à Minecraft (dont il s’inspire allègrement de façon totalement assumée). On retrouve à l’écran le système de blocs, composés de différentes matières que l’on peut crafter et poser où bon nous semble afin de donner naissance à nos envies les plus folles. Enfin… pas trop quand même. Car s’il reprend certaines bases du jeu de Mojang, il n’en reste pas moins un jeu possédant une trame scénaristique qui limite forcément le joueur. Tout d’abord, il faut savoir que chaque village possède un périmètre délimité par la lumière, qu’il ne faudra dépasser lorsque l’on entreprendra de bâtir des habitations ou de nouvelles pièces. Si le jeu laisse malgré tout la possibilité au joueur d’agencer son village comme il l’entend (malgré la présence de plans qui permettent aux moins créatifs de savoir à quoi s’en tenir), on se retrouve vite restreint dans les deux premières zones du jeu.
En effet, il existe 4 villages à restaurer intégralement et chacun se trouve dans un environnement différent, ce qui permet de varier les plaisirs en termes de craft, mais aussi en termes de possibilités. Certains blocs et matériaux ne pourront ainsi être récupérés qu’au fur et à mesure de l’avancée du joueur. Il en va de même pour les objets, qui seront plus nombreux au fil des chapitres, et surtout plus intéressants. La courbe de progression est relativement bien gérée et le jeu accompagne finalement bien le joueur au travers du champ des possibles qui s’offre à lui. Là où Minecraft pouvait rapidement perdre les néophytes en les mettant directement dans un monde généré aléatoirement sans rien leur indiquer, Dragon Quest Builders, lui, les prend par la main. Un parti pris qui déconcertera ceux qui, tout au contraire, préfèrent la liberté.
Pour autant, le jeu de Square Enix n’oublie pas les plus débrouillards et finit malgré tout par abandonner les tutoriels au bout de quelques heures de jeu. Reste que les PNJ qui nous donnent des quêtes pour avancer, ou tout simplement des missions secondaires, sont un brin insistants sur la façon de procéder dès lors qu’il faut créer une nouvelle pièce ou crafter de nouveaux équipements pour le village. Heureusement, le tout s’enchaîne de façon plutôt logique et on en vient à ne plus tellement prêter attention à ce petit défaut, à partir du moment où l’on voit notre petit coin de paradis prendre forme. D’autant que si le jeu nous fait construire des bâtisses relativement basiques, on peut malgré tout s’adonner aux joies de la décoration. Ajouter des pancartes, planter de la végétation… Qui plus est, des murs faits de terre auront vite fait de succomber aux attaques de monstres, là où des murs en briques pourront plus facilement tenir le coup.
La re-création façon Dragon Quest
Forcément, une attaque de monstre ne doit pas juste être repoussée par la simple résistance de vos murs, vous vous en doutez. Dragon Quest Builders invite régulièrement le joueur à prendre lui-même les armes, que ce soit pour se défendre en pleine expédition ou bien pour défendre son petit coin de paradis d’une destruction partielle. À ce niveau-là, on doit avouer que l’on aurait apprécié que le jeu puise un peu plus dans la franchise originelle de Yuji Hori, afin de de proposer un gameplay un peu plus fouillé. En effet, une seule touche suffit pour distribuer des coups d’épée, de masse, ou encore de baton de cyprès pour les joueurs les moins prévoyants. La défense, quant à elle, se fait de façon automatique, en fonction du bouclier et de l’armure équipée. Autant dire que les affrontements vont vite devenir répétitifs car, au-delà de l’attaque chargée que l’on pourra récupérer une fois les premières heures de jeu passées, il faudra faire avec (seulement) ça afin d’occire les monstres.
Point de magie ici donc, ni même de tension (mais oui, vous savez, cette fameuse technique propre à la licence qui permet aux personnages entourés d’un halo violet de devenir plus puissants l’espace de quelques instants ). Dommage, car du côté du bestiaire, on retrouve bien des visages connus des fans. Entre les Slimes (ou Gluants), les Golems ou encore les Squelettes pour ne citer qu’eux, le panel d’adversaires à affronter reste assez large, tout en sachant que les plus imposants d’entre eux pourront faire office de mini-boss à éliminer afin d’obtenir un objet fort utile. De véritables boss seront aussi de la partie et permettront alors de rythmer un peu les affrontements, notamment en se débarassant du schéma actuel qui pousse le joueur à spammer la touche d’attaque comme un autiste nourri aux Musou les plus médiocres qui soient (sauf que les Musou ont au moins le mérite de proposer plusieurs coups, ainsi que des combos).
Mais ne boudons pas notre plaisir pour autant ! En effet, le combat n’est pas la composante la plus importante du jeu de Square Enix, et l’absence d’un véritable gameplay laissera probablement bon nombre de joueurs indifférents. Après tout, c’est davantage afin de s’offrir l’univers du premier Dragon Quest à reconstruire que l’on foncera sur ce spin-off somme toute ingénieux. Comme expliqué plus haut, il faudra remettre sur pattes plusieurs villages, et le simple fait de passer à un nouveau chapitre réveillera l’amnésie latente du héros. Ce faisant, il devra donc à nouveau apprendre comment reconstruire le moindre objet basique et perdra même son équipement. Évidemment… sinon ce serait bien trop simple.
Un sentiment de lassitude pourra alors rapidement pointer le bout de son nez chez certains, là où d’autres seront ravis de faire table rase et de tout recommencer dans un environnement différent, proposant par là-même de nouveaux monstres, mais aussi des défis qui lui sont propres. Reste qu’une fois pris dans le flux de l’aventure, on a bien du mal à se sortir de cet univers coloré que l’on redécouvre sous un regard nouveau. Dragon Quest Builders a beau s’inspirer de Minecraft, ses objectifs ne sont pas du tout les mêmes. Il conte une histoire, certes parfois un peu naïve et bon enfant dans l’esprit, mais aux enjeux bien présents, et essaye de dynamiser la formule proposée par le jeu de Mojang. Il ne bouscule pas vraiment les codes du genre, d’ailleurs il propose un mode libre une fois le premier chapitre terminé, afin de que l’on puisse malgré tout donner libre cours à notre inventivité débordante. On regrettera alors la terrible absence d’un mode multijoueur (qu’il soit local ou en ligne), tant il se serait inscrit à merveille dans le concept du jeu.
Ainsi soit-il, il faudra donc attendre Dragon Quest Builders 2 pour cela. Mais pour l’heure, cette mouture Switch permet toutefois de profiter des joies de l’univers d’Alefgard dans son lit ou bien dans les transports, via un portage somme toute réussi. En mode tablette, l’aliasing reste hélas assez prononcé. Saupoudrez le tout d’un peu de clipping, mais avec un framerate constant et une résolution de 720p, et vous obtenez un titre plutôt agréable à l’oeil. Une fois la console dockée, le jeu reste peu ou prou équivalent à ce que l’on pouvait avoir sur PS4. Pas transcendant pour autant, il n’en reste pas moins coloré et joli à regarder. De toute façon, on ne recherche pas vraiment les performances techniques à tout prix dans un titre du genre (encore moins sur Switch), et les textures un peu brouillonnes sont monnaie courante. Tant pis, on se consolera avec les thèmes musicaux bien connus tirés des différents opus de la licence. Autant dire que pour les fans, ça n’a de toute manière pas vraiment de prix.
Verdict : 7/10
Dragon Quest Builders signe avec cette version Switch un portage correct malgré un aliasing prononcé et un clipping notable. Pour autant, le jeu tourne de façon plutôt stable et reste assez agréable à l’oeil, même en mode tablette, grâce à la direction artistique légendaire de la franchise. Le mélange des univers de Dragon Quest et Minecraft offre un rendu convaincant mais qui pourra en lasser certains avec le temps, tandis que d’autres pourraient être frustrés par le manque de liberté imposé par le scénario. Reste que le jeu accompagne le joueur avec brio dans une aventure sympathique, dans laquelle on se plonge avec plaisir. Et les plus fervents amateurs trouveront le courage de rejouer les chapitres pour obtenir, à la fin, le meilleur score possible suite à la reconstruction d’un village.
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