Bien qu’elle n’ait soufflé sa première bougie que cette année, la Nintendo Switch a pourtant vu son catalogue dépasser les 1000 titres disponibles récemment et la console peut déjà se vanter de proposer un bon panel des licences cultes de la firme nipponne. Kirby, Super Mario, Mario Tennis, Mario Kart ou encore Mario Party en sont des exemples concrets et la liste promet de s’allonger de plus en plus. Elle a d’ailleurs récemment accueilli la licence Pokémon, largement attendue sur la petite dernière de Nintendo, via un remake de la version Jaune. Intitulé Pokémon Let’s Go Pikachu/Pokémon Let’s Go Evoli, ce dernier n’a pas fait que des émules lors de son annonce et a largement inquiété les fans de par ses liens avec Pokémon GO. À juste titre ?
Test réalisé sur Nintendo Switch grâce à une copie numérique fournie par l’éditeur ainsi qu’à l’aide du Poke Ball Plus, histoire de tous les attraper comme il se doit
Un jour je serai le meilleur dresseur… Oui, mais sur Switch.
Souvenez-vous de l’été 2016. Il faisait beau, il faisait chaud mais surtout, les monstres de poches de Nintendo étaient sur toutes les lèvres. Après de nombreuses rumeurs faisant état de l’arrivée de la licence de Game Freak sur mobiles, voilà que nous découvrions enfin Pokémon GO, un titre qui mêlait capture et réalité augmentée, non sans rappeler un certain Ingress. Rien d’étonnant à cela, puisqu’il s’agit du même studio derrière les deux jeux. L’expérience avait de quoi dérouter avec un concept somme toute bien éloigné de celui que l’on connaissait. Pourtant le succès ne s’est pas fait attendre et 2 ans après sa sortie, force est de constater que l’application continue de fédérer les joueurs. L’arrivée d’un certain Pokémon Let’s Go, dont la compatibilité avec l’application a été annoncée il y a un petit moment maintenant, n’y est peut-être d’ailleurs pas pour rien.
En effet, les 2 jeux partagent bien plus que la franchise qu’ils ont en commun, puisque Pokémon Let’s Go se veut être le parfait mélange entre l’expérience proposée par Pokémon GO et le remake des versions Rouge/Bleue/Jaune. On y incarne toujours un jeune dresseur du Bourg Palette qui se voit offrir son premier monstre de poche par le Professeur Chen avant de partir à la conquête des huit arènes qui peuplent Kanto et dont le but ultime est de parvenir à vaincre le Conseil 4. Les grandes lignes du scénario restent toujours aussi basiques, mais se voient évidemment agrémentées d’événements qui ponctuent le parcours du héros.
Pas de changement majeur donc pour les habitués, puisque les méfaits de la Team Rocket sont toujours au centre de l’histoire, toujours représentée par le charismatique Giovanni ainsi que le duo iconique formé par Jessie et James. Rien d’étonnant pour ceux qui ont joué à la version Jaune mais il est toujours appréciable de retrouver certaines références à l’anime qui a bercé l’enfance de bon nombre de joueurs. Quand bien même Pokémon Let’s Go se veut être un remake des premières versions sorties, on note plusieurs différences scénaristiques : désormais, le voisin du héros n’est plus un rival orgueilleux et détestable mais un ami que l’on croisera avec plaisir le temps de quelques échanges ou de combats, histoire de ne pas perdre de vue l’objectif principal, à savoir devenir le meilleur dresseur.
Dans le même ordre d’idée, si les événements restent globalement les mêmes, certains dialogues se voient légèrement modifiés et quelques scènes ont été ajoutées, de façon à être plus cohérentes vis-à-vis du nouveau statut de notre rival. Rien qui ne justifie véritablement de passer à la caisse en soi mais l’angle abordé reste intéressant et confirme davantage le fait que Pokémon Let’s Go est bel et bien un remake plutôt qu’un simple portage en 3D. Et ce ne sont pas les nombreux ajustements apportés au gameplay qui viendront contredire cela.
Attrapez-les tous, plutôt deux fois qu’une
Quiconque ayant installé Pokémon GO sur son smartphone et s’étant adonné à la capture en réalité augmentée retrouvera très vite ses repères dans Pokémon Let’s Go. En effet, comme nous l’avons évoqué auparavant, les deux titres partagent le même ADN et misent énormément sur la capture de créatures. Alors que dans les précédents opus de la franchise sortis jusqu’ici, les rencontres avec les Pokémon sauvages étaient aléatoires, on peut maintenant voir les bestioles gambader librement, nous laissant la possibilité de les éviter ou au contraire, d’aller à leur rencontre pour les capturer. Ici, plus question d’affronter les Pokémon sauvages : à l’instar de Pokémon GO, on ne peut qu’utiliser les baies pour tenter de simplifier l’entreprise et bombarder les créatures de Poké-ball, Super-ball et Hyper-ball (la Master-Ball étant logiquement réservée au fameux Mewtwo – à moins que vous préféreriez l’utiliser pour capturer un Tentacruel comme le conseillerait le bon Professeur Chen). Toute capture générera de l’expérience en fonction de la qualité du lancer (viser juste offrira des bonus d’XP non négligeables), de la rareté et de la taille de la créature ainsi que du combo capture. Ce dernier permet également d’augmenter les chances de rencontre d’un Pokémon Chromatique. Concrètement, enchaîner les captures d’un même Pokémon (Roucool par exemple) permettra de générer un bonus d’expérience proportionnel au combo mais également de déterminer le taux d’apparition de Pokémon chromatiques.
Les combats sont donc exclusivement réservés aux dresseurs qui parsèment les routes de la région de Kanto, hormis quelques exceptions que l’on vous laissera découvrir par vous-même – si ce n’est pas déjà fait. À ce niveau-là, peu de changements sont observés puisque l’on se retrouve face à l’habituel gameplay déjà bien connu. Là où l’on pourra être surpris, c’est dans le fait que Pokémon Let’s Go calque certains aspects sur les premières versions (pas de capacité spéciale pour les créatures) tandis qu’il s’approprie certains changements opérés en cours de route (tous les types de Pokémon sont présents, les formes d’Alola sont de la partie, le moveset des créatures n’est plus le même que dans les versions R/B/J…). Rien de très perturbant, d’autant qu’une fois encore, cela apporte un certain vent de fraîcheur clairement non négligeable.
Au rang des nouveautés, on note la disparition surprenante des CS (Capsules Secrètes) qui permettaient notamment d’utiliser les capacités Surf ou encore Vol. Désormais, c’est votre compagnon de voyage (Pikachu ou Evoli) qui apprendra ces techniques, sans qu’elles soient considérées comme des attaques. C’est assez perturbant au début, on imagine toujours mal ces petites bestioles apprendre comment surfer sur les flots ou pousser des rocs immenses mais au final, on s’en accommode plutôt bien. Quoique dans les faits, il n’aurait pas forcément été désagréable de posséder un ou deux Pokémon dédiés à l’utilisation des CS puisqu’il n’y a plus le système de PC permettant de stocker Pokémon et objets. Tout se gère depuis le sac et l’on peut donc remodeler son équipe à souhait sans avoir à passer par un centre Pokémon. Bien pratique en soi, d’autant que l’on retrouve le système de transfert hérité de Pokémon GO : chaque créature transférée au Professeur Chen sera l’occasion d’obtenir un bonbon. Ces derniers permettent de booster les stats des Pokémon et il en existe autant de variétés qu’il existe de statistiques (Att, Def, Att Spé, Def Spé, Vitesse, PV). De quoi motiver la capture en masse, que ce soit pour obtenir de l’expérience comme des bonbons afin d’améliorer drastiquement son équipe.
Notons que le jeu propose différents styles de jeu, à savoir avec la reconnaissance de mouvement (soit en mode tablette, soit en mode dockée avec un Joy-Con), de façon traditionnelle ainsi qu’avec le Poke Ball Plus, un accessoire largement mis en avant par Nintendo. Ce dernier s’avère être une belle surprise malgré son prix un peu élevé. En effet, la cinquantaine d’euros requise pour se le procurer a de quoi laisser dubitatif lorsque l’on sait qu’il ne permet pour l’instant de jouer qu’à ce titre. Pour autant, l’accessoire se révèle presque comme un indispensable pour tout fan qui se respecte et qui aurait envie de mimer du mieux possible la capture de Pokémon. Là où il s’avère doublement intéressant, c’est qu’il offre les mêmes fonctionnalités que le Pokémon GO Plus, le bracelet qui se connecte au jeu mobile et qui permet notamment d’activer les PokeStops à proximité ainsi que de capturer des Pokémon sauvages croisés. Pour autant, sa petite taille (probablement pour convenir au plus grand nombre, et surtout aux plus jeunes) ne le rend pas des plus confortables. Un accessoire bien pensé en somme, mais qui loupe de peu le rang d’objet incontournable. Ne vous y trompez pas, le notre nous a largement servi et nous a accompagné pendant les 3/4 de l’aventure, c’est dire à quel point notre âme de jeune dresseur en herbe s’est sentie conquise par le Poke Ball Plus.
À Kanto, rien de nouveau ?
Si Pokémon Let’s Go est bel est bien un remake, c’est aussi grâce à ses graphismes désormais en 3D et un léger aspect SD (super deformed) qui offre clairement un joli coup de polish à une direction artistique qui faisait déjà mouche en son temps. Les combats sont désormais bien plus vivants, avec des décors toujours un peu vides malheureusement et si certaines attaques manquent encore de réelle mise en scène, d’autres sont vraiment impressionnantes et rendent les affrontements plus intéressants à suivre. Globalement, le titre s’avère être très joli, et forcément en sa qualité de remake, Pokémon Let’s Go s’impose comme une belle réinterprétation de l’aventure d’origine. La réalisation globale aurait gagné à être peaufinée, ce qui aurait pu éviter le peu d’aliasing présent mais difficile de râler sur la simplicité des graphismes qui sont dans la lignée de ce qu’offre Pokémon Go sur mobiles.
En revanche, on pourra grogner sur les possibilités du multijoueur, largement revues à la baisse. Plus de système d’échange avec des inconnus du monde entier comme le permettait le GTS et pas de possibilité non plus de jouer contre des adversaires choisis au hasard, tel que du matchmaking ou encore des matchs avec classement. Pokémon Let’s Go fait le minimum syndical et offre effectivement la possibilité de jouer en ligne, mais uniquement avec des amis via un système de code que les deux joueurs doivent se communiquer. C’est très frustrant et surtout un peu dommage d’autant que l’on aurait pu voir éclore de sympathiques tournois en ligne afin de faire vivre le jeu comme il se doit une fois l’écran des crédits passé. Concernant le local, tout y est : échanges comme combats. Avec ce remake qui oscille entre tradition et modernité, Nintendo savait que la réussite serait au rendez-vous. Tout n’est pas parfait, mais l’ensemble prend forme de façon tellement chouette que l’on aurait du mal à dire non à cette belle madeleine de Proust que nous offre le géant nippon. Autant dire qu’on en attend de même avec les version Or/Argent/Crystal, et si possible avec un peu plus de nouveautés.
Verdict : 7/10
Pokémon Let’s Go Pikachu/Evoli est l’exemple typique du jeu qui nous prend par les sentiments. Mais que reste t-il, une fois la nostalgie passée ? Eh bien l’on se retrouve avec un titre qui parvient à se réinventer de façon assez originale mais qui ne conviendra définitivement pas à tout le monde (la question divise d’ailleurs la rédaction, c’est pour dire). Aller piocher du côté de Pokémon GO était une idée risquée mais qui prend finalement énormément de sens. Après tout, qui appréciait vraiment les innombrables combats contre des Pokémon sauvages qui apparaissaient au hasard ? Les puristes hurleront et accuseront le titre de viser un public plus casual. Mais dans le fond, le jeu reste le même. Certes, un poil facile (il aurait été bienvenu de pourvoir le jeu d’un mode de jeu plus compliqué, pour ceux qui connaissent la chanson en long, en large et en travers) mais l’aspect stratégique des combats est toujours là. Reste que presque 20 ans après la sortie des premières versions sur le territoire français, les monstres de poche font toujours mouche et restent une véritable référence en la matière.
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