Après des années à avoir trouvé une formule plus ou moins efficace suite à la sortie de Sonic Unleashed, Sega et Sonic Team tentent une nouvelle chose pour le hérisson bleu qui adore courir partout. En effet, avec Sonic Frontiers, la licence opte pour une plus grande liberté, sans toutefois se diriger vers un seul monde grandement ouvert et le scénario repart sur des notes plus sérieuses, le tout avec des décors plus réalistes et mélancoliques. Oui, dit comme ça, on pourrait se dire que ça ne colle pas du tout avec l’esprit de la franchise suite aux derniers jeux mais il ne faut pas oublier que Sonic est déjà passé par là avec un succès variable. Il est temps de voir si Sonic Frontiers a ce qu’il faut afin de poser de nouvelles fondations pour la licence, chose voulue par la Sonic Team.
Test réalisé sur PlayStation 5 grâce à une copie numérique fournie par l’éditeur
Sage comme une image ?
Dans Sonic Frontiers, tout débute de manière classique. Sonic et ses amis se baladent en avion afin de se rendre sur les îles Starfall, qui ont mystérieusement attiré les Chaos Emeralds. Bien entendu, ces îles ne sont pas hospitalières et la bande à Sonic se fait aspirer dans le Cyberespace, une dimension liée aux souvenirs. Seul Sonic réussit à s’en échapper et il doit alors sauver ses amis mais la partie est loin d’être gagnée. En effet, les îles Starfall abritent des monstres mécaniques à l’allure menaçante, bien plus que les robots d’Eggman. Ce dernier est également présent et coincé dans le Cyberespace mais il a réussi à créer Sage, une sorte d’IA pouvant sortir et entrer dans le Cyberespace quand bon lui chante. Elle va alors mettre des bâtons dans les roues de Sonic, qui a décidément bien à faire.
En se contentant de ce court résumé du début de l’aventure, vous pouvez penser que Sonic Frontiers restera sur un ton similaire à ceux de Sonic Colours, Sonic Forces et autres mais contre toute attente, il n’en est rien. L’histoire est concoctée par Sonic Team et, surtout, Ian Flynn, auteur de comics Sonic pour Archie Comics et IDW, où les scénarios se veulent plus travaillés et dramatiques que dans les jeux. C’est un avantage pour Sonic Frontiers qui propose alors des péripéties avec quelques scènes plus tristes et approfondies qu’on suit avec un minimum d’entrain. Par exemple, Sonic et ses amis sont bien conscients des enjeux et ne font pas des blagues à tout-va. Mieux, même, les dialogues sont assez bien écrits, avec des échanges qui ne donnent pas l’impression d’avoir été imaginés par des enfants de moins de 10 ans. Le lore de l’univers est exploité de juste manière, avec de nombreuses références aux anciens jeux que les fans apprécieront à juste titres. Le nouveau personnage, Sage, est un bon rajout dans la licence grâce à quelques subtilités et une évolution naturelle.
En outre, on a été surpris par les passages liés aux Kocos, nouvelle espèce ressemblant un peu aux Chaos et s’ils sont tout aussi mignons, leur passé est des plus tragiques. On retrouve alors ce qui faisait le charme des Sonic Adventure, à savoir un mélange entre allégresse et quelques moments plus poignants. Les mystères de Sonic Frontiers sont alors loin d’être anecdotiques et le choix d’Ian Flynn pour le script fut une bonne décision de Sonic Team. Cependant, on n’échappe pas à quelques échanges inutiles et côté mise en scène, on a souvent des protagonistes qui se parlent face à face sans trop bouger, ce qui n’est guère excitant. Certes, il y a quelques cinématiques plus stylées mais la franchise nous a habitué à mieux. On déplore notamment l’absence de magnifiques séquences en images de synthèse, comme celle de l’introduction de Sonic Unleashed qui en a scotché plus d’un à son siège en son temps. Enfin, la fin arrive un peu rapidement et se veut plus classique, que l’on joue en mode normal ou en mode difficile car oui, on a davantage de révélations avec ce dernier mais cela reste tout de même soft. Malgré tout, Sonic Frontiers propose une histoire un tantinet prenante et des personnages plus étudiés, ce qui est déjà un bon début.
Hedgehog of the Wild
Sega et Sonic Team ont étonné bien du monde en dévoilant Sonic Frontiers, une aventure bien plus ouverte que les anciens volets 3D de la saga. Les îles Starfall ne sont peut-être pas connectées – on n’a pas un seul grand monde ouvert – mais la majorité d’entre elles sont tout de même grandes et remplies de choses plus ou moins intéressantes à faire. Pour cela, il fallait de meilleurs déplacements que dans les précédents jeux où la vitesse dominait avant tout et de ce côté, c’est assez réussi mais pas encore tout à fait au point. On a de temps en temps des soucis de caméra et de contrôle qui font soit tomber Sonic, soit le faire foncer ailleurs malgré nous, ce qui peut être frustrant lors de phases de plates-formes un poil plus complexes, vous le comprendrez.
Néanmoins, dans Sonic Frontiers, on ne peut s’empêcher de courir dans tous les sens avec joie et de s’adonner aux multiples activités nous attendant sur les îles Starfall, tant les capacités et l’inertie de Sonic ont été améliorées. Le véloce hérisson peut toujours foncer à plus de 100 km/h, courir sur les murs, se mettre en boule, se lancer tel un missile sur des ennemis ou des bumpers, se faire des rails (des vrais, hein), etc. Il a même une aptitude inédite appréciable, course-boucle, qui lui permet de créer des chemins de lumière aux différents effets selon les cibles. Il est donc assez amusant de diriger Sonic dans des endroits vastes et un minimum variés, au point que le voyage rapide est rarement envisagé (surtout qu’il est un peu caché). Les amateurs de parkour risquent d’être aux anges.
Mais alors, on fait quoi sur ces îles Starfall dans Sonic Frontiers ? En plus de parcourir les différentes zones, il y a donc les plates-formes classiques de la franchises éparpillées un peu partout de manière assez simplistes, bien qu’un minimum justifiées par le scénario. Elles ne sont que rarement difficiles mais le feeling reste agréable et à côté, on a des Kocos à retrouver afin d’améliorer Sonic, des trésors à découvrir et pas mal de petites énigmes afin de compléter la carte. Oui, on retrouve des énigmes dans un jeu Sonic, chose qu’on n’a pas vue depuis un certain temps mais en dehors de quelques exceptions, vos neurones ne seront guère exploités tant elles ne demandent pas de réflexion. Il s’agit surtout de petits mini-jeux comme renvoyer des boules au bon moment ou marcher sur des cases dans un ordre précis. Cela permet certes d’étoffer l’expérience de jeu mais on aurait aimé qu’elles soient plus élaborées car en l’état, elles servent juste à étoffer quelque peu la durée de vie.
De même pour les phases dans le Cyberespace, des niveaux de pure vitesse comme dans les jeux avec la formule boost de Sonic Unleashed. On y retrouve peut-être de belles sensations de vitesse, ce qui est toujours grisant mais bizarrement, Sonic se contrôle moins bien que dans les zones ouvertes et en plus, Sonic Team a juste recyclé des éléments des titres d’avant. Certes, atteindre le rang S propose du challenge la plupart du temps mais des niveaux inédits ou avec un level design un poil plus original n’auraient pas été de refus. Il y a également un mini-jeu de pèche très facile mais qui a le mérite de détendre entre deux courses folles, tout en permettant d’obtenir plus d’objets utiles aisément.
Enfin, parlons des affrontements de Sonic Frontiers car là aussi, c’est différant d’avant. Oui, fini les simples sauts sur des robots ou autres êtres pouvant être tués en 1 ou 2 coups, les développeurs ont réinventé la manière de combattre de Sonic en lui donnant un arbre de compétences avec plusieurs attaques redoutables. Outre des coups de base utilisant poings et pieds, Sonic peut utiliser la course-boucle pour envoyer ses opposants dans les airs, envoyer des salves d’énergie à la Dragon Ball, frapper comme une tornade… Les combats sont certes simplistes car rares sont les robots de base pouvant nous tuer mais ce serait mentir que dire qu’on ne les trouve pas satisfaisants grâce à tout ce que peut faire Sonic. On a également des mini-boss un peu plus ardus avec des phases spéciales et des boss géants où l’on utilise Super Sonic. On a parlé de Dragon Ball il y a peu et pour le coup, avec les boss, Sonic Team s’est encore plus inspiré du manga d’Akira Toriyama avec des QTE où Sonic peut faire tourner et envoyer un boss sur une montagne, stopper un gros rayon d’énergie, utiliser ses aptitudes de base en plus de voler librement, créer des clones d’énergie pour donner de multiples patates et on en passe. Là aussi, une fois les coups des boss appris, on a plus de spectacle que de défi mais les boss de Sonic Frontiers sont plutôt épiques grâce au sentiment de puissance procuré par Super Sonic. Le reproche de la difficulté peut être attribué à la parade, bien trop exagérée car on peut l’effectuer à l’infini au lieu de l’utiliser pile au bon moment, n’est pas Sekiro: Shadows Die Twice qui veut. Avec tout cela, on tient un jeu Sonic plus complet que ses aînés et même si finir l’aventure principale peut se faire en 10-15 heures, tout voir et tout faire demande plus de temps, ce qui n’est pas si mal pour le genre.
Trop de vitesse tue la vitesse
On en vient au point où Sonic Frontiers ne peut être excusé, à savoir son rendu technique et sa direction artistiques indigne de la saga. Vous l’aurez remarqué avec les vidéos et images du jeu mais hélas, Sonic Frontiers n’est pas spécialement beau en dehors du rendu acceptable des personnages – mention spéciale pour le design des nouveaux ennemis, à la fois classes et un tantinet menaçants- et des effets de vitesse. Décors insipides et peu originaux à l’exception de quelques lieux et éléments, textures et modélisations indignes d’un jeu cross-gen de 2022, pop-in agressif au point de faire apparaître et disparaître des objets non-stop, éléments de plates-formes qui semblent être placés au pif au lieu d’être naturels avec ce qui les entoure, manque de couleurs… On a bien sûr plus de liberté qu’auparavant afin qu’un cycle jour-nuit et une météo qui change mais le prix à payer est conséquent, on sent que Sonic Team n’est pas encore expert dans le domaine. Vouloir créer un monde mélancolique et en ruines, c’est une bonne intention mais l’exécution est à revoir. Heureusement, sur PS5, on a une option 60 images par seconde et le jeu reste fluide en toutes circonstances, avec des animations et quelques effets réussis, c’est déjà ça.
Quant à l’OST, un point rarement décevant dans les jeux Sonic, Sonic Frontiers s’en sort mieux que pour le point précédent, bien mieux même. Tomoya Ohtani et ses différents collaborateurs ont tenté diverses expériences qui donnent des musiques variées et agréables aux oreilles : musiques douces et tristes lors de l’exploration, combats aux notes désespérées, techno-pop dans les niveaux Cyberespace, compositions épiques lors de certaines cinématiques et les batailles avec les gros boss, il faut en parler.
Vous vous souvenez des musiques endiablées de Metal Gear Rising: Revengeance, de Devil May Cry V et autres productions du genre ? Sonic Frontiers propose des trucs du genre avec du chant bien énervé comme il faut et des sons entre heavy metal et metalcore, on ne plaisante absolument pas et cela donne lieu à des combats qui refilent de l’adrénaline comme on aime, ce qui aide au fun procuré malgré l’absence de difficulté.
Enfin, pour ce qui est des voix, on recommande le doublage anglais qui, comme pour le reste, se veut plus naturel et sérieux, avec des acteurs qui jonglent convenablement pour mieux retranscrire les différents émotions des personnages. Peut-être même un peu trop parfois mais c’est déjà plus supportable que le doublage français, avec des voix qui sont restées proches des anciennes œuvres. On a donc des prestations françaises enfantines sur les bords, ce qui ne colle pas à l’ambiance de Sonic Frontiers, dommage.
Verdict : 7/10
Malgré ses tares et un aspect prototype sur les bords, Sonic Frontiers arrive à nous faire prendre du bon temps et parfois, c’est amplement suffisant. On ne dirait pas mais une fois manette en mains, le simple fait de courir à pleine vitesse avec Sonic à travers forêts, prairies et déserts suffit à procurer un certain plaisir, sans oublier les phases de plates-formes prenantes et des combats ne manquant pas d’adrénaline, même si faciles. Sonic Team tente de nouvelles choses et après des années à voir des dérivés de Sonic Unleashed, cela ne fait pas de mal de voir le hérisson bleu de Sega s’aventurer sur des sentiers inédits. En tout cas, les bases sont posées pour de futurs jeux qu’on espère plus réussis, notamment sur l’aspect technique.
Mathis
7 novembre 2022 at 17 h 45 minUne critique honnête. Ce jeu n’est pas le hit de l’année, mais il donne une bonne base pour les futurs jeux de la licence