Dragon Quest Heroes marque l’union entre la saga Dragon Quest et Omega Force, le studio à l’origine des Dynasty Warriors. Annoncé en septembre 2014 et désormais disponible en Europe (sortie japonaise datée au 26 février dernier), ce beat’em all entend bouleverser les codes du RPG traditionnel et instaurer sa suprématie à grands coups de combos dévastateurs. Êtes-vous prêts à combattre aux côtés de vos compagnons d’armes afin de libérer le royaume de la menace qui pèse sur lui ?
Aux armes citoyens !
Arbera, majestueuse cité dans laquelle règne l’harmonie et la paix entre Hommes et créatures. Un havre de paix dans lequel subsistait une sérénité bienfaitrice, véritable modèle pour le royaume tout entier… Jusqu’à cet instant, où les ténèbres s’abattirent sur la population, rendant les monstres totalement incontrôlables. Ce maléfice venu s’abattre sur l’Arbre de vie sonnait alors l’heure d’un nouvel affrontement entre le bien et le mal.
Lucéus et Aurora devront ainsi combattre l’immense menace qui plane sur le monde, accompagnés de leurs fidèles compagnons de voyage, rencontrés au cours de leur aventure. On retrouve alors des personnages cultes tels que Nera (Dragon Quest V), Kiryl (Dragon Quest IV) ou encore Tommy (Dragon Quest VI), ce qui accentue un peu plus l’originalité du titre et son appartenance à la saga.
Nous nous retrouvons ainsi au coeur d’un scénario poignant, qui de fil en aiguille, nous permettra de découvrir quel odieux personnage se cache derrière cette situation.
Beautiful World…
Square Enix et Omega Force sont parvenus à réaliser un véritable travail d’orfèvre en créant Dragon Quest Heroes. Quasiment irréprochable dans sa direction artistique, ce titre est parvenu à faire coïncider prouesses techniques et esthétiques. Les divers environnements proposés sont parfaitement maîtrisés, l’ensemble proposant un rendu beau, coloré, lisse et soigné. On regrettera tout de même la qualité moyenne des textures du sol, qui semblent avoir été délaissées. La modélisation des personnages, minimaliste, laisse subtilement transparaître le travail du maître Toriyama, qui parvient une fois de plus à sublimer son oeuvre. Les animations en combat restent quant à elles fluides (60 FPS constant), et ce malgré l’augmentation croissante du nombre d’ennemis dans l’aire de combat. Petit bémol en revanche pour la caméra, trop proche de votre personnage, qui a tendance à vous déstabiliser durant certaines phases de jeu, et ce, même si vous êtes en mesure de la ramener à vous.
Kōichi Sugiyama maintient quant à lui son niveau d’exigence, en nous proposant une bande son à couper le souffle, qui n’est pas sans nous rappeler la douceur mélancolique, symphonique, des épisodes précédents. Le doublage japonais (le jeu est également disponible en anglais, et sous-titré en français) a lui aussi été travaillé, de manière à rester fidèle à la série. Du pur Fan service.
En formation !
Dragon Quest Heroes, dans sa volonté d’être unique en son genre, a souhaité emprunter de nombreux mécanismes de gameplay à divers styles de jeu. Du RPG classique en passant par le Tower Defense et le Musô, le titre de Square Enix et Omega Force dispose d’une large palette de possibilités.
Votre principal objectif tout au long de cette aventure consiste à écraser des hordes de créatures arrivant par vagues, et ce, dans des arènes à l’étendue plutôt limitée. Car il faut bien reconnaître que nous sommes face, la plupart du temps, à des environnements étroits, de type couloir, ce qui pourrait rebuter certains joueurs. Se ressent alors une certaine répétitivité inhérente à ce type de jeu, qui sera finalement rapidement balayée par les autres attraits de ce titre plein de surprises.
De la destruction massive de vagues de créatures se dégage une nouvelle facette de gameplay bien plus stratégique. En effet, lorsque vous venez à bout d’un monstre, ce dernier peut alors déposer un Monster Coin au sol. Cette pièce, une fois couplée à l’appareil que l’ingénieuse Isilde vous a légué, vous octroie la capacité de ramener la créature défunte à la vie, afin qu’elle puisse combattre à vos côtés. Un nombre d’emplacements limités destinés aux invocations vous est alors octroyé : vous devrez ainsi veillez à contrôler la place que prend chaque monstre dans cette jauge (par exemple, un Golem de pierre nécessitera 3 slots tandis qu’un Slime n’en demandera qu’un seul). L’affrontement en couloir devient ainsi un peu plus plaisant puisqu’il vous est possible d’assigner la défense d’une zone à votre nouveau garde du corps. Vous devrez constamment vous téléporter aux zones sensibles afin d’y positionner des unités en forme, tout en optimisant votre ligne défensive, en remplaçant les troupes en mauvaise posture. Un système qui frise le génie et qui est parvenu à créer un second souffle à un titre qui pourrait à première vue lasser.
Les différents compagnons de voyage rencontrés ça et là seront amenés à rejoindre vos rangs. Cette équipe pourra ainsi être optimisée en fonction du type d’affrontement souhaité, qu’il s’agisse de combats à distance, en privilégiant un type de magie particulier, etc. Cela vous laisse ainsi le champ libre à la création d’une escouade, dont les deux principaux acteurs, Lucéus et Aurora, seront bien évidemment indissociables. Les personnages laissés de côté progresseront eux aussi, vous donnant l’opportunité de leur attribuer de nouveaux points de compétences (peuvent être réinitialisés moyennant une certaine somme d’argent), qui pourront être utiles au protagoniste en question, ainsi qu’à l’ensemble du groupe (augmentation de la défense, soin…).
Les mécanismes de combat sont quant à eux relativement simples. Une short liste de coups divers vous est enseignée au tout début de votre campagne, vous permettant de choisir deux types de configuration (Novice ou Expert). Une fois l’épée à la main, les yeux rivés vers votre écran, vous vous retrouvez face à une interface épurée, dont les quatre caractéristiques principales à prendre en compte sont :
- Votre vie
- Votre MP (l’équivalent de votre jauge de mana)
- Vos slots de Monster Coins libres
- Votre score de Tension
Ce dernier point constitue votre attaque ultime, l’aboutissement d’une succession de combos quelque peu limités. Ce finish vous octroie un bonus d’invincibilité, une augmentation notable de votre taux de coups critiques ainsi que la possibilité de lancer autant de sorts qu’il vous plaira, sans altérer l’état de votre barre de mana. Une fois votre phase de Tension achevée, vous déclencherez alors votre attaque finale, déchaînant toute votre fureur. Une idée intéressante, qui aurait mérité d’être un peu plus creusée.
Dans Dragon Quest Heroes, l’achat et la revente d’armements se fait de manière enfantine. Deux PNJ sont mis à votre disposition : l’un pour l’achat d’armes, l’autre pour l’approvisionnement d’orbes, qui vous serviront à améliorer vos caractéristiques (défensives la plupart du temps). Chaque personnage privilégie une catégorie d’armes précise, ce qui vous permet d’optimiser immédiatement votre choix. De la même manière, aucun calcul savant n’est nécessaire : plus votre porte-monnaie est garni, plus vous êtes en mesure d’obtenir des armes puissantes dont le score général est important.
Ce spin-off de la série culte ne serait rien sans l’alchimie : un concept simple ancré dans les bases de la série, visant à créer de nouveaux items à partir de composants récupérer sur le champ de bataille. La rareté de ces ingrédients influe bien évidemment sur la puissance de l’objet fabriqué. Ces derniers peuvent d’ailleurs fusionner dans le but de créer une pièce encore plus efficace au combat ! Un système simple, mais efficace, qui ne s’embarrasse pas de futilités qui pourraient freiner le joueur dans sa progression.
Toutes ces modifications peuvent être effectuées directement dans votre campement volant -Aéroc- que vous rejoindrez automatiquement après chaque mission. C’est d’ailleurs ce point précis qui ralentit le plus notre progression. En effet, il est assez déplaisant de devoir obligatoirement passer après chaque assaut par la case maison. Omega Force souhaitait-il nous donner l’opportunité de nous préparer au mieux avant chaque affrontement ? Sans doute. Mais il aurait été de bon ton de laisser le choix au joueur.
L’aventure ne s’arrête jamais…
Proposant une campagne d’une durée de vie d’environ 30 heures, Dragon Quest Heroes nous invite à poursuivre l’aventure en profondeur, avec quelques entraînements utiles à la maîtrise de certaines techniques. De la même manière, vous serez en mesure remplir un certain nombre de quêtes, qui s’actualisent de manière aléatoire chez votre contact.
Malheureusement, il faut reconnaître qu’hormis la quête principale, les objectifs secondaires ne sont pas des plus excitants. Ces derniers semblent assez répétitifs (Apporter x baies de…, x olives vertes…), et manquent de challenge. Ajoutons à cela que certains prérequis peuvent être remplis avant même avoir accepté la quête chez votre marchand !
Enfin, on regrettera très certainement l’absence d’un mode coopératif qui, compte-tenu du schéma proposé par ce titre (4 héros sur le champ de bataille), aurait pu être mis en place sans aucune difficulté. À moins que quatre attaques sous Tension n’altèrent finalement la fluidité du titre…
Verdict : 8.5/10
Nous étions loin d’imaginer, à l’annonce du jeu, que nous serions en présence d’un véritable bijou. Omega Force est parvenu à concentrer l’essence de plusieurs types de jeux bien distincts, afin d’en créer un titre cohérent, au scénario et à la direction artistique soignée. Le gameplay n’est bien évidemment pas en reste. Et même si certains joueurs pourraient se lasser de la répétitivité inhérente au genre musou, force est de constater que les divers ajouts de type Monster Coins ou Tension apportent un grand bol d’air frais à cet épisode. On regrettera tout de même que la caméra soit un peu trop proche du champ d’action, l’absence d’un mode coopératif, ainsi que la redondance de certaines quêtes. Néanmoins, Dragon Quest Heroes sera assurément une référence de cette année 2015.
Kalidor
17 octobre 2015 at 20 h 18 minJ’adore ce jeu. Un beat them all tout en couleur.