Sujet de prédilection depuis plus d’une décennie, la guerre se décline sous ses nombreuses facettes. FPS, TPS, RTS, RPG ou encore FMV, il existe autant d’acronymes possibles et imaginables pour traiter l’un des sujets les plus durs, » toutes époques confondues. Si bien souvent les genres se veulent à glorifier leurs héros, voire parfois leur histoire, il est bien plus rare de rencontrer un jeu qui nous place au plus près de la peau du soldat. Dans une époque d’ultra réalisme, où la 4k de transition n’est toujours pas maîtrisée, et où Facebook peut nous montrer les réalités d’un conflit entre deux postes de « Woof woof like this page lol », Insurgency: Sandstorm vient prouver une nouvelle fois que l’horreur d’une guerre n’est pas tant sur le visuel en comparaison à l’ouïe. Malheureusement nous devons nous poser une véritable question, à tout mettre dans la forme, où se trouve le fond ?
Test réalisé sur PC grâce à une copie numérique envoyée par l’éditeur
C’est l’histoire d’un conflit…
… qui ne commencera jamais vraiment, mais qui pourra vous happer pendant plusieurs heures. Effectivement Insurgency: Sandstorm est un jeu multijoueur se focalisant sur le joueur contre joueur, ainsi les développeurs ont fait le choix d’ignorer totalement la trame narrative. À ce moment précis, deux questions viennent se bousculer dans votre esprit, nous allons y répondre. Premièrement oui, « Woof woof like this page lol » existe bien, et oui cela est bien un choix permettant au studio de jouir d’un réalisme tout en se dédouanant d’y représenter une idéologie, un coup de maître. En effet, dans le soft rien ne vous sera clairement indiqué, la zone géographique, le nom des forces présentes, ou encore les origines des personnages, rien, strictement rien ne vous sera dévoilé. Bien entendu il est possible d’imaginer que le soft se déroule dans un des nombreux pays du Moyen-Orient enclin à un soulèvement armé, mais vous n’aurez pas plus de précision, de même pour les raisons du conflit. Car oui, il faut savoir qu’en 2018, sortir un jeu dans lequel vous pouvez porter un survêtement avec des baskets et un AK-47, peut vous valoir un article simple chez les grosses rédactions généralistes. Il est donc préférable de faire profil bas quand vous entamez ce sujet, majoritairement quand vous basez votre expérience sur l’immersion.
On respire par le nez, on souffle par la bouche.
Popularisé courant 1992 par Wolfenstein 3D, le FPS est aujourd’hui un genre presque aussi vieux que son médium. Dès le milieu des années 70, le genre voit le jour, non pas sous la forme actuelle, mais bien par l’utilisation de la caméra en première personne. Cinquante années plus tard, il reste l’un des genres les plus populaires du marché, et il est particulièrement difficile de se démarquer par un concept original. Là où votre dévoué rédacteur veut vous emmener, c’est sur le fait qu’il est parfois préférable de ne pas innover pour rester sur des bases certaines, ce qu’a fait ce Insurgency: Sandstorm. Car si vous êtes un habitué des FPS, vous allez rester dans le grand classique du genre sans sentir une once de nouveauté : deux modes de jeu, coopération et joueur contre joueur, qui partagent tous deux les mêmes idées. Les deux équipes disposent de plusieurs classes qui viendront impacter leurs effets sur le terrain, du mitrailleur au fusilier, en passant par le commandant à l’officier de communication, vous y trouverez forcément votre bonheur. Afin de faire varier les plaisirs, vous pouvez customiser votre classe, en y ajoutant diverses améliorations, dans une certaine limite. En effet vous disposez de points à dépenser dans les divers objets disponibles, chacun a un coût précis. Ainsi si vous souhaitez vous équiper d’une AKM, il faudra débourser cinq points, et deux de plus si vous souhaitez un viseur particulier, un de plus si vous voulez une poignée. Ce n’est pas les seuls atouts que vous pouvez acheter, un gilet pare-balles plus lourd, ou des grenades supplémentaires font partie de l’arsenal possible à utiliser. Il est d’ailleurs possible de retirer une grenade ou autre attirail pour gagner un point et le remettre dans ce que vous souhaitez. Une variable viendra s’insérer dans votre Ciel compta : le poids sera votre pire ennemi/, impactant votre souffle, votre vitesse de course, mais également votre visée, qui sera plus lente ou plus rapide en fonction de votre indice de masse combat.
Une fois dans la partie, la vraie, les dents et poings serrés, vous pourrez commencer à déambuler sur les cartes du soft. Malheureusement comme expliqué plus haut, nous sommes sur un FPS tout à fait classique, rien ne vient bousculer les mécaniques et vous y trouverez très rapidement vos marques. On tire, on court, on s’allonge, mais surtout, on prend son temps. Longues seront vos progressions avec vos coéquipiers, coude à coude, le nez dans le sable, où il faudra examiner chaque recoin pour s’assurer que personne ne s’y cache. Cependant le soft vient tirer sur deux penchants du FPS, d’un côté nous retrouvons ce côté réaliste, que nous développerons plus bas, mais qui apporte une lourdeur à l’inertie de l’arme et du personnage, qui est étrangement absente dans la visée, cela se traduit de façon suivante : peu importe le poids de votre personnage, votre visée ira là où vous le souhaitez de façon rapide et abrupte, mais votre corps, lui, mettra plus de temps à réaliser l’action. De ce fait, si pendant une course, vous décidez de faire un virage à 90°, votre visée suivra, par contre le corps ne fera pas l’angle, mais un arrondi léger. C’est un coup à prendre, qui n’est pas en soi gênant, mais qu’il faut prendre très rapidement en considération.
L’un des points fondamentaux du soft est sa volonté de coller à la communication. Il va falloir papoter si vous espérez enchaîner les victoires. En effet un petit maillon de commandement est disponible, deux classes vont de paire : le commandant et son officier radio. Si l’un est trop faible pour porter un équipement terrestre de communication, l’autre est ce gamin qui répète tout ce que l’autre dit. Cependant ils ont une influence importante en combat, vu qu’à eux deux ils ont la possibilité d’appeler des appuis directs. Si le commandant peut cibler, l’officier radio pourra uniquement transmettre les coordonnées données. Sans être de trop, cette feature mériterait d’être plus travaillée, car ces deux classes ont une valeur significative. Priver l’équipe adverse quelques secondes de l’un des deux rôles viendra mettre de sérieux bâtons dans les roues de l’équipe.
« Boum boum dans les oreilles »
Alors oui, nous parlons de réalisme depuis le début, mais nous n’avons pas encore défini les termes de ce dernier. Le réalisme dans sa définition artistique se veut à représenter le réel, sans l’idéaliser, plusieurs courants artistiques se sont posés dessus, pictural, littéraire, etc.. Cependant le jeu vidéo lui a fait pendant longtemps l’impasse sur ce genre, il faudra attendre le milieu des années 2000 pour véritablement parler de réalisme. Depuis ce genre souvent confondu avec la simulation, commence à faire son trou, et Insurgency: Sandstorm est l’un des ténors du genre. Le soft déploie un travail sonore d’une qualité qui pousse au respect, réverbération des sons en fonction de la matière et de la pièce, les bruits des armes, ou encore les voix sont autant de détails qui vous immergeront dans l’action. À titre d’exemple, après la capture d’un point, vous et votre équipe défendrez une pièce. Comme vous aurez couru votre personnage sera essoufflé, vous décidez de recharger votre arme et votre personnage exclamera son action, mais essoufflé, dans le même temps l’un des membres de votre équipe demandera un SITREP (façon militaire de dire « Faire l’appel »), en fonction d’où seront vos coéquipiers vous entendrez ces derniers répondre. Quelques secondes plus tard, une fois que le silence s’est installé, vous entendrez l’équipe adverse dans une autre pièce dicter des ordres, avant que le claquement des armes reprenne. L’ambiance sonore est là, pesante et prenante, de la trachée obstruée de sang aux cris d’encouragements, vous aurez tout pour vous immerger.
Graphiquement le soft tourne sur l’Engine Unreal 4, convenablement. Il faudra cependant préparer un brin de puissance pour faire tourner la bête. En effet à la grande surprise le soft se montre un peu trop gourmand à notre goût pour ce qu’il peut afficher. En effet, il s’est avéré que sur une configuration actuelle (i7-9700K/16 Go DDR4-3000MHz/GTX 1080Ti) le 60fps peut-être inconstant. Méfiance donc si vous êtes sur une configuration modeste. Cependant le soft reste relativement agréable à l’œil sans véritablement décalquer la rétine, les décors sont généreusement détaillés, les surfaces reflètent les matériaux de façon agréable, mais nous regrettons l’effet plastique de la peau des personnages, ainsi que la pilosité qui laisse clairement à désirer. Bizarrement les effets de particule sont très peu présents, vous en trouverez, mais pas autant que l’on puisse en attendre d’un jeu se déroulant dans des lieux désertiques. Cependant, ceux présents sont exécutés de façon crédible particulièrement pour les effets de fumée. Enfin, les effets lumineux eux sont à l’inverse bien présents et offrent un cachet au soft, ça se reflète dès que ça peut, ça brille, ça scintille, c’est logique, c’est agréable à l’œil.
Mes chéri(e)s, vous allez être de toute beauté
Multijoueur, le soft se terminera sur votre bon vouloir. Deux modes de jeux vous seront proposés : coopération à 8 qui viendra à vous faire progresser sur une carte remplie d’ennemies, mode de jeu qui n’est pas évident, ainsi que le Joueur contre Joueur qui viendra reprendre les 6 cartes du mode coopération. De plus un mode classé (joueur contre joueur uniquement) est disponible, permettant ainsi de pimenter vos parties avec un système de classement. Malheureusement, comme dit en début de paragraphe, cela restera à votre bon vouloir, les parties sont répétitives et les récompenses relativement chiches. En effet vous pourrez débloquer des vêtements pour les deux factions, histoire d’être le plus beau sur le champ de bataille, mais soyons honnêtes, débloquer une paire de baskets pour s’être battu sur plusieurs parties, ça vend du rêve n’est-ce pas ?
Avoir sa coiffeuse comme coéquipière, un joueur a réalisé l’un de mes rêves.
Verdict 6/10
Sans être une surprise Insurgency: Sandstorm reprend le travail de son aîné, profite d’un gap graphique, propose une personnification et s’arrête là. C’est un bon FPS, mais qui ne va malheureusement pas plus loin. On retiendra de ce soft son ambiance unique, très réaliste qui a fait retourner le rédacteur plusieurs fois en pensant que le bruit venait de son appartement. Graphiquement, bien qu’il soit gourmand, le soft est agréable à l’œil. Ce Sandstorm a réellement de quoi séduire, mais il est comme ce paquet de Noël, gros et plein d’espoir, mais qui s’essouffle très rapidement une fois le déballage commencé. Car oui, tout vous sera offert dès le départ, armes et rôle, ne laissant qu’en justificatif de rejouabilité, des keffiehs et des pantalons.
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