Après plus d’un an de développement et des épisodes disponibles au compte-goutte depuis septembre 2018, DONTNOD Entertainment a tout récemment mis un point final aux aventures des frères Diaz en sortant le dernier pan narratif de Life is Strange 2. La rédaction est bien entendu repartie aux États-Unis dans l’optique de rejoindre Puerto Lobos (Mexique) en compagnie des deux frères loups grâce à l’épisode 5, « Wolves », pour vous rapporter toutes nos impressions ainsi que le verdict sur l’aventure entière.
Test réalisé sur PlayStation 4 grâce à une copie numérique envoyée par l’éditeur
► Nos tests des différents épisodes de Life is Strange 2 sont disponibles ici :
– Episode 1 – Episode 2 – Episode 3 – Episode 4
Toute bonne chose… a une fin !
Bien que nous profitions de ce cinquième et dernier test sur Life is Strange 2 pour donner notre verdict final, nous ne reviendrons pas en détails sur les différents événements narratifs qui se sont déroulés précédemment. Nous vous invitons ainsi à vous reporter aux quatre tests précédents, disponibles en un seul clic ci-dessus. D’ailleurs, ils ne contiennent pas de spoils majeurs et devraient donc vous aiguiller quant à la trame narrative tout en vous gardant la surprise entière.
Alors que l’épisode 4 se terminait sur les retrouvailles de Daniel et Sean, accompagnés de Karen, « Wolves » s’ouvre sur ce qui semble être encore plus idyllique : une belle nuit étoilée sur les hauteurs d’un canyon américain désert, les flammes du feu de camp crépitant dans les airs. On en rêvait pour Daniel et Sean après tout ce qu’ils ont traversé. Et dans un sens, pour nous aussi. Mais ce n’est pas pour autant que l’histoire des deux frères Diaz est terminée. Un devoir les rappelle à l’ordre : celui de rejoindre Puerto Lobos (Mexique), ville natale de leur père, afin de fuir une bonne fois pour toutes les autorités américaines et recommencer une nouvelle vie ailleurs.
Ainsi, ils se sont réfugiés dans la petite commune constituée de marginaux, nommée « Away » (référence indéniable à la localité « Les Dalles » montrée dans Into the Wild), auprès de leur mère Karen. Malheureusement, tout ne se passe pas comme prévu. Leur passé les rattrape plus vite que de raison. En effet, les forces de l’Ordre sont toujours à leurs trousses et se rapprochent de plus en plus. Obligés de fuir à nouveau malgré le petit coin de paradis trouvé, Sean et Daniel s’engagent sur la route pour rejoindre la frontière. Évidemment, ce n’est pas aussi simple que cela et une fois l’Eldorado en vue, les événements tournent au vinaigre une fois de plus : des agents, sous la coupe des autorités locales, en charge d’arrêter les immigrés et clandestins les interpellent. C’est alors que les deux jeunes loups se retrouvent au poste de police le plus proche, sans espoir. Leur rêve s’effaçant petit à petit, sous leurs yeux.
Heureusement, Daniel n’a pas dit son dernier mot et se montre plus tenace que d’habitude. Utilisant ses pouvoirs pour libérer son grand frère, les deux jeunes adolescents s’enfuient et se retrouvent de nouveau sur la route, encore plus dans le pétrin qu’auparavant. Direction le Mexique. Cette fois-ci, à la frontière, une poignée de policiers armés les attendent de pied ferme. Atteindre Puerto Lobos dépendra, par la suite, des choix des joueurs opérés durant tout l’opus. Notons ainsi tout de suite que sept fins sont disponibles et varient grandement les unes des autres.
Le « Grand Tour » pour les Diaz et DONTNOD
[…] Un voyage se passe de motifs. Il ne tarde pas à prouver qu’il se suffit à lui même. On croit qu’on va faire un voyage mais bientôt c’est le voyage qui vous fait ou vous défait […] _ Nicolas Bouvier, L’usage du monde.
Ce n’est pas par hasard que fut un temps, il y a de cela des siècles, les jeunes bourgeois et aristocrates partaient explorer le monde pour acquérir des connaissances diverses et ainsi devenir des Hommes, des vrais, avant d’entamer une carrière à leur retour. C’est ce que l’on appelle le « Grand Tour » en littérature et en histoire, ou plus généralement « les voyages d’apprentissage ». Nicolas Bouvier, écrivain et voyageur de renom, a d’ailleurs très bien compris l’essence même du voyage (voir citation ci-dessus). C’est un élément que le studio français, DONTNOD Entertainment, a très bien su intégrer dans Life is Strange 2 : pour des raisons personnelles et principalement de sécurité, les deux jeunes protagonistes sont amenés à quitter les États-Unis au plus vite. Ce voyage les fera ou les défera mais en tout cas il révélera leur personnalité et leur caractère. Évidemment, le joueur y est également pour quelque chose.
Si on dit très souvent que ce n’est pas la destination qui compte réellement mais plutôt le voyage en lui-même, on ne peut que se plier à cette adage et le comprendre en parcourant les 5 épisodes de ce second opus. Tout du long, on se rend très vite compte que la thématique centrale tourne ainsi autour du voyage mais pas que. Celle-ci amène intrinsèquement la question de la connaissance de soi et d’autrui. Sean se découvre ainsi adulte et responsable. Tout en inculquant certaines valeurs à son jeune frère, il est amené à apprendre la notion du Bien et du Mal et surtout ce qui est juste et ce qui ne l’est pas. À l’inverse, Daniel se fait tout au long de ce voyage : jeune enfant naïf au début, il devient rapidement un jeune adolescent capable de faire ses propres choix.
Bien évidemment, comme nous avons pu le dire précédemment à travers nos quatre premiers tests, bien d’autres thématiques sont importantes dans Life is Strange 2. À commencer par celle du pardon via la figure de la mère des deux jeunes garçons. Absente depuis des années, elle surgit à nouveau dans leur vie durant le périple. Pour le meilleur et pour le pire, il en va du choix du joueur. Mais très vite, les possibilités de rédemption et de pardon se dessinent. Il en va de même pour un personnage tiers que nous avons déjà rencontré dans Life is Strange: Before the Storm, mais nous n’en dirons pas plus.
L’intégration de ces thématiques et questions sociétales est la signature même du studio. Telltale Games l’a également fait à travers ses différentes productions mais ceci selon un point de vue typiquement américain. DONTNOD Entertainment est très certainement notre Telltale Games français, bien que nous ne leur souhaitons absolument pas la même cessation brutale d’activité. Par-delà les productions de type FPS et TPS, souvent critiquées pour leur violence par les médias, le jeu vidéo est un art à part entière contant des histoires diverses, à travers des univers différents et est bien souvent porteur d’un message. Avec ce second opus estampillé Life is Strange, DONTNOD Entertainment prouve une nouvelle fois, avec justesse, que le jeu vidéo fait sens.
Une saveur tout autre
S’il s’agit du même studio de développement à l’œuvre que pour Life is Strange, ce second opus a comme une tout autre saveur. Bien évidemment, l’ADN de la licence ne change pas puisque nous retrouvons ce gameplay imposant des choix aux multiples conséquences et dessinant le reste de l’aventure via des QTE, mais le tout évolue vers quelque chose qui nous semble plus mature. Notons d’ailleurs tout de suite que cette fois-ci, nous n’incarnons pas le porteur des pouvoirs surnaturels mais l’un de ses proches. Ce qui change totalement la donne et impose une autre ligne narrative que celle de Life is Strange premier du nom. À ce propos, vouloir comparer Life is Strange 2 à son aîné est d’ailleurs difficilement faisable en soi. Les deux titres portent la même appellation, à un chiffre près, mais se distinguent par leur univers, les décors que l’on traverse, les personnages que l’on rencontre et bien d’autres éléments. D’ailleurs, on vous arrête tout de suite : Sean n’est pas l’alter ego masculin de Max, comme Daniel n’est pas celui de Chloé. Ils ont tous leur propre histoire, psychologie et caractère.
On retrouve bien évidemment les fameux plans de coupe sur des éléments symboliques, qui font la force et donnent tout le sens aux aventures de la licence. Sans oublier les multiples travelings et autres mouvements de caméra qui font de certaines séquences du jeu presque des mini-films ou des clips, ce qui est absolument plaisant à l’écran et s’intègre bien au reste de l’histoire. D’une façon générale, les développeurs semblent avoir encore plus poussé leurs techniques « cinématographiques » en jouant avec la position de la caméra et ses mouvements, ainsi qu’avec les points de lumière (comme le prouve l’image ci-dessus). Malgré cet aspect très comics de la direction artistique, nous nous sommes retrouvés ébahis face au réalisme de certains plans. Par ailleurs, il semblerait que DONTNOD Entertainment ait voulu voir plus loin et plus grand. Rien que le fait de traverser les États-Unis en compagnie des frères Diaz le prouve. Qui plus est, l’aventure se déroule davantage dans le temps. Les personnages sont de ce fait marqués par le passage du temps puisqu’ils grandissent psychologiquement et physiquement : dans l’épisode 5, Daniel n’est en rien le petit garçon gringalet que nous avons rencontré au début de l’histoire. Dans ce sens, le visage de Sean affiche des traits plus fermés à la fin de l’aventure.
Si la direction artistique a montré une évolution nette qui n’est pas pour nous déplaire, la bande originale nous semble en revanche un peu plus en retrait. Hormis les quelques morceaux Pop/Rock de l’épisode 3, lors de la rencontre avec les autres adolescents, les chansons et mélodies se veulent plus douces et sont davantage là comme accompagnement. C’est à contre-cœur que nous en faisons état mais, oui, la bande originale de Life is Strange 2 reste bien moins marquante. C’est dommage surtout quand on connaît la qualité musicale habituelle des titres de la licence.
Comme nous avons pu le mentionner précédemment, le titre comporte plusieurs fins contrairement à son aîné. On peut ainsi aussi bien avoir une fin des plus frustrantes et décevantes qu’une autre d’autant plus plaisante et satisfaisante. Bien que ce ne soit pas original en soi tant de nombreuses productions ont incorporé ce paramètre, cet ajout au gameplay initial rend les choix opérés encore plus décisifs et le joueur davantage responsable de ces derniers. On n’ira pas jusqu’à dire qu’il y a beaucoup de rejouabilité mais en fonction de la fin débloquée et de la satisfaction ou non quant à cette dernière, il est possible de relancer le soft et de changer ses choix initiaux lors d’un second run. Comptez d’ailleurs entre une dizaine et une quinzaine d’heures pour parcourir Life is Strange 2.
Tout au long de l’aventure, il nous a semblé que certains épisodes étaient tout de même en deçà d’autres. Ce n’est pas la faute à l’écriture scénaristique, loin de là même, mais quelques séquences nous ont semblé davantage axées sur l’intensité et le dynamisme plutôt que sur la transmission d’émotions. On pense notamment à l’épisode 3, « Wastelands », lorsque Daniel et Sean rencontrent le groupe de Cassidy, qui se veut plus scénarisé dans l’ensemble et laisse moins d’actions aux joueurs. À l’inverse, l’épisode 4 est franchement tout aussi intense qu’émouvant, que ce soit via son gameplay, les événements narrés ou les propos tenus par les personnages. Mais bon que voulez-vous, comme dans tous bons livres ou films, il y a nécessairement besoin de ces moments de latence pour permettre plus d’actions et d’émotions par la suite.
Verdict : 8/10
Avec Life is Strange 2, le studio français DONTNOD Entertainment prouve qu’il peut aller plus loin pour sa licence phare grâce à un gameplay qui se veut plus décisif, puisque les choix opérés sont cruciaux (bien plus qu’auparavant), et une histoire plus réaliste et immersive. Le tout se veut d’ailleurs plus mature. Même si la bande originale nous a laissé sur notre faim, la direction artistique et les techniques cinématographiques utilisées font des merveilles à l’écran, tout au long de l’aventure. Pour 39,99€ (saison complète), on ne peut que vous recommander de… craquer !
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