Après dix ans entre les mains d’Electronic Arts, la licence Star Wars peut enfin revenir vers les autres développeurs afin de nous proposer d’autres visions et expériences à découvrir. Parmi les heureux élus, Ubisoft est le premier à mettre le pied à l’étrier, en nous proposant sa propre approche avec Star Wars Outlaws, un Action-Aventure en monde ouvert qui nous promet une vie de roublardise au sein de la pègre et de différents cartels intergalactiques présents dans le monde de Star Wars.
Test réalisé sur PC grâce à une version numérique fournie par l’éditeur
Outlaws: A Star Wars Story
L’histoire se déroule entre les événements de « L’Empire contre-attaque » et « Le Retour du Jedi », dans l’univers de Star Wars. Le joueur incarne Kay Vess, une jeune hors-la-loi qui cherche à échapper à l’emprise de l’Empire Galactique et à se faire une place dans le monde interlope des criminels de la galaxie. Accompagnée de son compagnon fidèle, Nix, un petit animal semblable à un furet, Kay doit naviguer dans un environnement hostile peuplé de gangsters, de chasseurs de primes, et de contrebandiers. Kay Vess se retrouve impliquée dans une série de braquages et de missions périlleuses, tout en cherchant à réaliser le coup du siècle qui pourrait lui permettre de se libérer de la vie de fugitive. Elle devra faire des choix difficiles qui détermineront son destin et sa réputation dans la galaxie, tout en confrontant diverses factions criminelles et en évitant les forces impériales.
Star Wars Outlaws se targue d’être le premier jeu Star Wars en monde ouvert. Une appellation semi-correcte en réalité. Avant lui, d’autres jeux comme Star Wars Knights of the Old Republic 1 et 2 proposaient déjà des environnements partiellement ouverts, avec la possibilité d’explorer différentes planètes dans n’importe quel ordre. D’autres mentionneront aussi Star Wars Galaxies, bien qu’étant un MMO, il proposait un vaste terrain de jeu avec un véritable côté Sandbox que les joueurs pouvaient façonner. Néanmoins, aucun n’avait véritablement offert une liberté d’exploration complète sur différentes planètes avec une continuité spatiale aussi poussée que Star Wars Outlaws à ce jour. L’un des points forts de Star Wars Outlaws réside dans sa réussite à proposer plusieurs mondes crédibles avec des villes vivantes, la palme revenant à Mos Eisley, ville iconique de la planète désertique, Tatooine, qui, bien qu’elle ne soit pas explorable dans son intégralité, permettra à beaucoup de fans de réaliser un rêve de gosse en parcourant ses ruelles et l’emblématique cantina.
Grand Theft Outlaw
Le titre est un Action-Aventure à la troisième personne qui promet une grande liberté d’exploration à travers plusieurs planètes et offre une immersion profonde dans la pègre galactique, où les décisions du joueur auront un impact sur l’environnement de Kay Vess. Star Wars Outlaws pioche ses inspirations dans différentes sources et pour une fois, incroyable mais vrai, le titre ne se contente pas de recycler les idées de ses autres licences. Cette fois-ci, Ubisoft s’inspire bien plus de la concurrence. Nous pourrions citer Tomb Raider/Uncharted, ou encore Grand Theft Auto et Red Dead Redemption pour les plus évidents. À pied ou en speeder, Kay pourra explorer différentes planètes (Tatooine, Kijimi, Akiva, Toshara et Canto Bight) dont les biomes et ambiances diffèrent de l’une à l’autre. Chaque planète propose une aire de jeu équivalente à 2 à 3 régions d’Assassin’s Creed Odyssey en termes de superficie de la bouche même des développeurs. Pour ce que Star Wars Outlaws a à offrir, cela s’avère suffisant. Mais quand on est un fan de Star Wars dans l’âme, évidemment, on aimerait toujours en avoir plus. Surtout que la taille des cartes, bien que correctes, peuvent amener à un petit souci sur lequel nous reviendrons un peu plus tard.
Le gameplay de Star Wars Outlaws combine principalement séquences de plateformes, infiltration et combats à l’arme à feu pour garantir une expérience variée. Les phases de plateforme permettent à Kay Vess de grimper, sauter et se faufiler à travers plusieurs types d’environnements. Elle peut aussi utiliser un grappin pour se hisser ou atteindre une autre plateforme éloignée et inaccessible autrement. Ces passages sont particulièrement réminiscent de ce que l’on peut retrouver dans les derniers Tomb Raider ou encore dans Uncharted. Concernant les composantes infiltration et action du jeu, elles ne s’avèrent jamais pleinement satisfaisantes. Pour la première, cela vient essentiellement de soucis d’IA ainsi que de quelques défauts dans le level design. Il arrive régulièrement que les ennemis nous surprennent même en étant caché derrière une caisse ou dans des fourrés, ce qui engendre alors un inéluctable combat. Alors que l’on aurait pu s’attendre à quelque chose de relativement nerveux de la part des créateurs de The Division, le constat est décevant. Le feeling est mou et le fait de ne pouvoir avoir qu’une seule arme, même si cette dernière peut être améliorée, nous laisse sur notre faim. Il est possible de ramasser des armes sur les cadavres de vos adversaires ou bien sur un râtelier d’armes, mais Kay s’en séparera automatiquement une fois le chargeur vide ou bien si vous décidez d’enfourcher votre speeder. Pourtant, une arme secondaire permanente aurait été bien utile dans certaines situations ou pour des missions bien particulières. Bref, une petite déception.
Massive Entertainment délaisse le système de leveling avec arbres de compétences pour quelque chose de plus innovant. Afin d’acquérir de nouvelles capacités, Kay devra mener à bien des défis en relations avec différents Experts qu’elle rencontrera au fil de son aventure. Les conditions sont assez variées : mener à bien un contrat de contrebande, crocheter un certain nombre de serrures, assommer un officier impérial, etc… Cela a pour mérite de forcer les joueurs à aborder plusieurs facettes du gameplay afin d’obtenir de nouvelles mécaniques, plutôt que de compter sur des points d’expérience qui pourront être cumulés en farmant une activité distincte et réinvestis par la suite. Star Wars Outlaws introduit également un système de réputation. En tant que freelance, vous pourrez remplir tout un tas de missions pour différents commanditaires issus de quatre clans principaux : les Pykes, les Hutts, l’Aube Écarlate ou les Ashigas.
Effectuer des missions pour l’un des cartels pourra supposément avoir des répercussions sur un autre. Cela affectera les relations que vous pourrez entretenir avec les différents groupes, allant de Atroce à Excellent. Plus vous ferez grimper votre jauge de relationnel, plus vous aurez le droit à des récompenses ainsi qu’à un accès à des commanditaires et marchands spécialisés. Si le principe est intéressant en soi, le système de progression est peut-être un poil trop rapide afin de s’attirer les faveurs maximales d’un clan. À contrario, remonter dans l’estime d’un cartel peut s’avérer compliqué si celle-ci est trop entachée, puisque les missions liées à ce groupe ne vous seront plus disponibles. À la fin de la plupart des missions, il pourra vous être demandé si vous souhaitez remplir le contrat comme initialement prévu, ou bien de doubler votre commanditaire pour le compte d’un autre clan, qui vous proposera une somme plus élevée et parfois un petit plus. À vous donc de voir où se situe votre intérêt. Malheureusement, cette facette de gameplay n’aura aucun impact sur le déroulement de l’histoire et sa conclusion.
Détériorer votre relation vous retirera ces droits et pourra même, à terme, faire de vous quelqu’un de persona non grata dans certains secteurs, ce qui se traduit généralement par des attaques à vue et à des poursuites en speeder. Poursuites qui sont, à notre goût, bien trop récurrentes. Nous vous parlions des cartes un poil trop petites selon nous, les agrandir aurait permis de créer plus de zones sous influence des groupes en question et de limiter ces chasses à ces périmètres. Dans le cas présent, on se sent vraiment harcelé à tout bout de champ, surtout sur Toshara, si vous êtes en froid avec les Pykes. De plus, il ne s’agit pas de deux ou trois bougres vous pourchassant, ils peuvent parfois arriver en paquet de cinq ou six, ceux qui donne parfois lieu à des chasses assez brouillonnes. Les gangs ne sont pas les seules menaces. L’Empire Impériale est omniprésent. C’est ici que la touche Rockstar Games du jeu fait son entrée. À la manière de la police dans un GTA, se frotter à l’Empire engendrera des points de recherche. Similaire au système d’étoiles dans les jeux de Rockstar, plus vous sèmerez le chaos parmi les troupes impériales, plus le niveau de recherche augmentera et les conséquences avec. Le niveau ultime lançant les terribles Death Troopers à vos trousses. Il est possible de faire baisser le niveau de recherche en faisant profil bas, ou bien en piratant des terminaux de l’empire à la surface ou dans l’espace pour effacer vos frasques. Malheureusement, la comparaison s’arrête ici. En effet, à l’inverse d’un GTA, impossible ici de déclencher quelconque chaos une fois dans une des villes du jeu, avec l’impossibilité d’utiliser son arme. Il en va de même avec le vol des différents autres véhicules terrestres. Star Wars Outlaws vous cantonnera à votre speeder et votre speeder uniquement. Dommage.
Comment aborder le gameplay de Star Wars Outlaws sans parler de Nix, le compagnon extraterrestre de Kay. Dans l’univers vaste et impitoyable de Star Wars, où chaque coin de la galaxie peut cacher une menace, il est rare de trouver des alliés en qui l’on peut avoir une confiance absolue. Pourtant, Kay Vess a trouvé en Nix un partenaire aussi fiable que surprenant. Nix, une petite créature agile ressemblant à un furet extraterrestre, est bien plus qu’un simple animal de compagnie. Doté d’une intelligence vive et d’une loyauté indéfectible, Nix est capable de se faufiler dans des endroits inaccessibles, de manipuler des objets, d’amadouer des ennemis et même d’aider à déjouer les nombreux pièges. Mais ce qui distingue vraiment Nix, c’est son lien émotionnel avec Kay. Le duo partage une complicité qui va bien au-delà de la simple utilité en mission. Nix est à la fois un soutien moral et un partenaire de confiance, prêt à braver les dangers à ses côtés. Leur relation ajoute une profondeur supplémentaire au jeu, offrant des moments de tendresse et d’humour au milieu du chaos. Il semblerait que depuis la postlogie et l’arrivée de BB-8, avoir un compagnon dans l’équipe est devenu la norme. On se rappellera de Star Wars Jedi; Fallen Order et Star Wars Jedi: Survivor avec BD-1, qui remplissait une fonction casi-similaire à celle de Nix. Pour une fois, nous n’avons pas affaire à un énième droïde, mais à un petit animal qui remplit son contrat en se montrant aussi attachant qu’utile.
Mais l’aventure ne se résume pas qu’à la surface des planètes, elle s’étend à l’espace environnant. À bord de son EML 850 light freighter, le Trailblazer, Kay pourra mener à bien d’autres types de missions et explorer des stations spatiales neutres ou sous influence impériale. Tout comme pour l’infiltration et le gunfight, les phases en vaisseau ne sont jamais pleinement satisfaisantes quand il s’agit d’engager le combat, la faute à une prise en main trop rigide qui rend ces phases peu agréables. Cependant, ces parties, hormis quelques passages bien précis, ne représentent pas le gros du gameplay. Nous serons donc plus enclins à être indulgent, préférant saluer la démarche d’Ubisoft d’avoir voulu élargir l’expérience au-delà des planètes. Comme le speeder de Kay, le Trailblazer pourra être amélioré grâce à des marchands spécialisés, ou bien en réussissant une série de missions auprès des Experts. Gardez l’oreille tendue pour obtenir des informations sur leurs allées et venues et embarquez dans une aventure pour gagner leur confiance et leurs récompenses. Le Trailblazer vous servira aussi de petit atelier mobile, dans lequel vous retrouverez un établi pour améliorer votre arme de poing.
Toujours mieux que Starfield !
Si Ubisoft excelle dans un domaine particulièrement, c’est dans le world design. Il le démontre une fois encore avec Star Wars Outlaws, qui propose des panoramas grandioses et respecte à 100% l’essence de Star Wars que ce soit dans la recréation sublime de Tatooine, ou encore en imaginant Toshara, planète conçue pour les besoins du jeu et maintenant part officielle du lore, arborant un aspect visuel à mi-chemin entre la savane et la planète Dantooine, dépeinte à travers KOTOR et le MMO, The Old Republic. Néanmoins, et malgré la beauté de certains environnements, parcourir Star Wars Outlaws n’aura pas été sans embûches. En effet, nous avons rencontré plusieurs problèmes techniques allant de glitch graphiques, à des crashs purs et simples du jeu. Concernant les crashs, nous en avons rencontré quatre au total. L’un pendant une partie de Sabacc, tandis que les autres se seront produits en parcourant Toshara et Tatooine en speeder. Malheureusement, ceux-ci ne semblaient pas faire partie des problèmes connus par le studio au moment de notre phase de test du jeu. Il aura fallu, aussi, composer avec une optimisation parfois en dents de scie dans certaines zones, le framerate pouvant par certains moments descendre sous la barre des 30 FPS alors que nous jouions avec une RTX 4070, un i5-14500, 32Go de RAM et avec le DLSS activé en mode Équilibré. Il faut dire que Star Wars Outlaws est particulièrement gourmand, demandant une sacrée configuration pour profiter au maximum du jeu, pour un rendu visuel pas toujours au rendez-vous.
Si le moteur Snowdrop semble faire un bien meilleur job à mener certaines tâches que le second moteur maison d’Ubisoft, l’Anvil Engine, avec un rendu visuel bien plus léché, la firme continue à traîner derrière elle son éternel boulet : les animations. Si tout n’est pas à jeter, avec certaines cinématiques plus réussies que d’autres, Ubisoft est toujours à la traîne vis-à-vis de la concurrence, les personnages affichant souvent des expressions faciales vides de toute émotion. Sans parler des PNJ humanoids qui, à l’exception de ceux qui peuvent avoir un intérêt scénaristique, ont littéralement des regards de poissons morts.
Pour Star Wars Outlaws, Massive Entertainment a mis en place un mode cinématique qui reproduit le rendu des objectifs de caméras et les effets cinématographiques utilisés par Lucasfilm lors du tournage des épisodes 4 à 6 de la saga, ce qui donne à l’image du jeu un léger grain mais, surtout, ce format cinémascope avec deux bandes noires en haut et en bas de l’écran. Ce format est optionnel et peut être remplacé par un style d’affichage plus traditionnel. Le hic, si vous espériez gagner en pourcentage d’images à l’écran, vous allez être déçu. Si vous optez pour un format non-cinémascope, le jeu se contente de zoomer l’image pour faire disparaître les bandes noires. Reste à savoir ce que vous préférez. Néanmoins, si Star Wars perd de sa superbe en plein jour, le titre révèle quelques effets de lumière particulièrement réussis au lever et coucher du soleil, ainsi que dans certains intérieurs.
Un autre gros problème de Star Wars Outlaws réside dans son IA, inconsistante au possible. Tantôt ultra-réactive, tantôt sourde et aveugle, elle ne cesse de nous impressionner par sa bêtise. La mention spéciale est décernée aux pilotes de speeders qui, en vous poursuivant, peuvent d’eux-mêmes s’encastrer dans un mur et exploser. Il est aussi ridicule d’en voir certains rester sur leurs speeders, inertes, alors que vous engagez un combat au blaster avec leurs comparses. Malheureusement, l’amélioration de l’IA au lancement de Star Wars Outlaws ne semble pas être au programme pour Massive Entertainment, alors que Dieu sait qu’elle en a vivement besoin. Il faut espérer que le studio nous surprenne avec un dernier coup de polissage supplémentaire pour le jour J, ou bien dans les jours suivant la sortie officielle du jeu.
Pour conclure sur quelques notes positives, le sound design est simplement excellent. Du son des blasters, aux différents dialectes présents en passant par l’iconique sirène d’alerte impériale, tout est respecté et renforce l’immersion. La bande originale, quant à elle, est de très bonne facture et, à l’exception de quelques choix étranges comme d’utiliser de la synth bass dans certaines compositions, les différents thèmes restent dans l’esprit Star Wars et appuis assez justement l’action en cours. Le doublage français est aussi correct dans son ensemble, bien que nous ayons décidé de parcourir le jeu principalement en VO, et que nous vous recommandons si vous n’êtes pas hermétique à la langue de Shakespeare. Massive Entertainment a aussi pensé aux personnes souffrantes de handicap cognitifs, auditif ou visuel grâce à une multitude de features incluent dans les options du jeu, que les joueurs pourront activer pour améliorer leur confort de jeu. Une pratique de plus en plus courante, mais qu’il faut continuer à saluer.
Verdict : 7/10
En somme, Star Wars Outlaws ambitionne d’offrir une immersion inédite dans l’univers de Star Wars, combinant exploration libre, action et une plongée profonde dans la pègre galactique. Malgré ses ambitions, le jeu peine parfois à atteindre ses objectifs en raison d’un gameplay général mal maîtrisé, de problèmes techniques, d’une IA perfectible, et d’un rendu visuel inégal. Toutefois, l’originalité de l’approche d’Ubisoft, le charme du duo Kay Vess-Nix, ainsi que la fidélité au lore de Star Wars, assurent une expérience qui, bien que perfectible, reste captivante pour les fans de la saga.
Laisser un commentaire