Alors que le portage de Wolfenstein II: The New Colossus sur Nintendo Switch n’avait pas vraiment convaincu les joueurs et la presse, bien que le jeu de base soit plutôt bon sur les autres plateformes comme PlayStation 4, Xbox One et PC, Bethesda n’a pas baissé les bras pour autant et abandonné l’une de ses licences phares. L’éditeur revient d’ailleurs en force en sortant deux jeux le même jour, à savoir Wolfenstein: Cyberpilot pour la VR et Wolfenstein: Youngblood. C’est ce dernier qui nous intéresse tout particulièrement car nous sommes partis à deux, en compagnie de Jess et Soph, pour retrouver la trace du fameux B. J Blazkowicz. Alors, est-ce que la relève assure ?
Test réalisé en coopération grâce à deux codes de l’édition deluxe sur PS4 envoyés par l’éditeur.
Les filles Blazkowicz, des nazis et Paris
Pour ce qui est de la trame narrative, comme à son habitude, MachineGames fait dans le léger et le prévisible mais surtout l’efficace. Dans ce nouvel opus de la licence Wolfenstein, nous sommes amenés à incarner les deux jumelles Blazkowicz, Jess et Soph (aussi appelées Arthur et Kenneth, en référence à l’un de leurs livres préférés), qui partent à la recherche de leur père. En effet, B. J Blazkowicz est porté disparu et est parti en quête de quelque chose et/ou quelqu’un, sans laisser de traces. Ainsi, l’histoire nous amène dans un univers uchronique, et plus précisément à Paris, ville occupée par les nazis. De ce fait, elles devront affronter les allemands afin de retracer le parcours de leur vieux père et, finalement, le retrouver. Oui, c’est tout. Vous connaissez tout ce qu’il faut savoir de la trame narrative de Wolfenstein: Youngblood. Assez simple, non ? Cependant le scénario reste efficace et amplement suffisant pour se lancer dans cette nouvelle aventure entièrement jouable en coopération (en ligne) avec un ami.
Un vent de fraîcheur pour la licence
Dès les premières heures, on remarque non pas l’originalité du soft, car il reprend beaucoup de codes déjà distillés dans bon nombre de jeux, mais surtout le renouveau apporté à la licence. En effet, on a véritablement l’impression que MachineGames, avec l’appui des développeurs français de chez Arkane Studio, a voulu proposer une nouvelle expérience de jeu pour les Wolfenstein. Hormis le mode coopératif, dont nous allons parler par la suite, on sent nettement l’évolution apportée via le gameplay. Avec Arkane Studio, MachineGames a donné une dimension beaucoup plus RPG à son jeu, un peu à la Dishonored. Nous avons désormais accès à un arbre de compétences découpé en trois catégories, à savoir Esprit, Force et Pouvoir ainsi qu’à un système de leveling. En effectuant des missions principales et secondaires, classées par niveau, nous débloquons des points de compétences à investir par la suite dans l’arbre. Cela permet par exemple d’augmenter sa barre de santé/armure (grâce à l’exosquelette) ou encore de débloquer une capacité afin d’utiliser les armes lourdes des ennemis, pour ne citer que celles-ci. Nous pouvons aussi améliorer les armes en leur ajoutant des éléments tels que des silencieux, des chargeurs et bien d’autres, en échange de pièces d’argent (monnaie in-game). N’oublions pas également les pouvoirs accordés aux deux soeurs. Alors, dans Wolfenstein: Youngblood, on ne se transforme pas non plus en Emily Kaldwin ou en Corvo, il ne faut pas rêver, mais ce sont deux mécanismes plutôt intéressants. Nous avons accès à deux pouvoirs distincts : plaquage pour aplatir vos ennemis comme des crêpes et invisibilité afin de se faufiler discrètement. Chaque joueur choisit un pouvoir au début du jeu.
Paris, sublimé et chronique à souhait
Tout cela dans un monde semi-ouvert très convaincant. Lors des missions, qu’elles soient principales ou secondaires, nous sommes amenés à explorer différents quartiers. À chaque fois, il est possible, après avoir dézingué les nazis présents dans la zone, d’explorer les lieux et de se mettre en quête des nombreux collectibles (lunettes 3DS, boîtier UK, cassettes etc) ou trouver de l’armure, du soin et des munitions. D’ailleurs, pour tous les chasseurs de Platine, sachez qu’il faudra ramasser absolument tous les collectibles pour obtenir le Saint Graal. Les joueurs pourront également accéder à un HUB dans lequel ils pourront retrouver une armurerie, un centre médical, une salle de musique, etc., peuplés de multiples PNJ hauts en couleur, dans les Catacombes. De ce fait, avec Wolfenstein: Youngblood, on se retrouve avec une recette qui fait le café et qui a le mérite de proposer une aventure moins linéaire que les précédents opus. Ça fait du bien, ce petit vent de fraîcheur ! (ndlr : à ce sujet, nous avons pu interviewer le Narrative Designer, Tommy Todsson Björk, qui parle des nouveautés distillées dans le jeu. Elle est à retrouver à cette adresse).
Enfin, de la coop’ !
On ne va pas se le cacher, les titres multijoueur en coopération sont assez difficiles à trouver, notamment sur PlayStation 4. On vous l’accorde, c’est un peu moins le cas sur Nintendo Switch et PC. Peu importe, c’est toujours avec un grand plaisir que nous accueillons un jeu intégrant un mode coopératif et Wolfenstein: Youngblood ravit sur ce point. Comme dit plus haut, chaque joueur choisit l’une des deux sœurs ainsi que son propre pouvoir. Il est possible d’opter pour le même pouvoir mais c’est tout de même plus intéressant d’en avoir un différent, et vous pourrez toujours opter pour l’autre pouvoir, lors d’une seconde partie. Ces deux mécanismes vont de pair avec la volonté des développeurs de proposer un jeu à faire soit en full infiltration, soit en mode bourrin. Vous l’aurez déjà compris mais la capacité d’invisibilité permet de se faufiler discrètement alors que le plaquage est surtout utile dans des situations un peu difficiles, d’autant plus que le soft pousse les joueurs vers une approche plus discrète grâce aux nombreux passages cachés à découvrir dans les infrastructures. Par exemple, lors de la première mission, nous nous retrouvons sur un zeppelin. À l’intérieur, nous avons trouvé un passage dans les structures métalliques directement dans les toilettes. Cela nous a permis d’approcher les ennemis et de les tuer discrètement sans éveiller de soupçon. D’ailleurs, les chasseurs de trophées devront s’intéresser à cette approche pour décrocher le platine. Dans certains cas, il faudra aussi attendre son binôme pour débloquer des passages, ramasser des items tels que les cœurs de vie (santé partagée entre les deux jumelles), transmettre le code nécessaire pour ouvrir la prochaine porte, etc. Cette dynamique alternative apportée à la licence, qui dirige généralement vers une approche plutôt « je rentre dans le tas » comme dans tous les Wolfenstein, est vraiment la bienvenue. On vous rassure tout de même, l’approche plus bourrin est toujours aussi jouissive !
En plus de l’arbre des compétences, de l’amélioration des armes et du choix du pouvoir spécial, il faut également choisir un signe. En effet, les deux sœurs, assez proches l’une de l’autre et n’hésitant pas à s’envoyer des vannes à tout va, peuvent faire un signe à l’autre pour lui accorder un bonus. Exemplifions cela pour aider à la compréhension. En dépensant des pièces d’argent, il est possible de débloquer différents signes, actionnables par la flèche de haut. Par exemple, le signe « craquer les os », une fois effectué, permet aux deux sœurs de subir moitié moins de dégâts pendant 10 secondes. Il est aussi possible de débloquer le signe permettant de réanimer votre sœur tombée au combat, en un claquement doigt. Ce n’est absolument pas négligeable et cela peut se révéler très important par moments. Encore une fois, il est préférable de choisir un signe différent et complémentaire pour faciliter l’expérience de jeu.
Pour ceux d’entre vous qui se posent la question du loot, rassurez-vous, chaque joueur ramasse ses propres items. Hormis les cœurs de vie partagée, permettant de revenir d’entre les morts, qui sont mutualisés, chaque joueur peut et doit ramasser les collectibles, les munitions, les armures, la santé et bien d’autres par lui-même, ce qui évite des disputes inutiles, comme cela a pu être le cas certainement pour bon nombre d’entre vous sur des licences comme Borderlands (bien que le 3ème opus compte bien changer ce mécanisme – notre FAQ dédiée). D’ailleurs, il ne faut pas hésiter à explorer les quartiers chacun de son côté et à communiquer avec votre collègue si vous avez trouvé un item important.
En ce qui concerne les ennemis, le panel est assez large. Il faut savoir que chaque Allemand a sa propre arme et niveau d’armure. De ce fait, les soldats sont relativement simples à éliminer, mais ce n’est pas le cas pour tous les ennemis. Certains arborent une armure blindée et une arme laser qui vous fera pas mal de dégâts. Puis il y a également des Golgoth qui vous donneront des sueurs froides… rien que ça ! Si le bestiaire n’est pas hyper diversifié puisqu’il ne comporte que des nazis, les ennemis ne proposent pas la même difficulté, ce qui permet de tromper un tant soit peu l’impression de répétitivité, même si ce sentiment peut se faire ressentir par moment.
Bethesda n’a pas fait les choses à moitié puisqu’en achetant la Deluxe Edition du jeu (39,99€, prix conseillé), il est possible d’inviter un ami à jouer avec vous, et ce gratuitement. En effet, la Deluxe Edition comporte un Buddy Pass permettant au possesseur du jeu d’inviter un ami, qui ne le possède pas, à le faire tout de même avec lui, sans frais supplémentaires. Cette manipulation peut être reproduite par la suite, avec un autre ami, ainsi de suite. Il convient tout de même de savoir que l’ami que l’on invite a besoin de télécharger la version d’essai de Wolfenstein: Youngblood, disponible gratuitement sur les stores adéquats. Une stratégie marketing qui est assez intéressante et plaira très certainement aux joueurs au budget un peu serré. De quoi passer de bons moments à deux, sans frais excessifs ! Et si vous n’avez personne avec qui jouer, il est toujours possible de faire appel à l’IA qui prendra le contrôle d’une des deux sœurs pour vous aider, mais c’est en dernier recours.
Un sans faute ?
La vraie question est : est-ce pour autant un sans faute pour Bethesda et MassiveGames ? Non, pas vraiment. Nous avons rencontré pas mal de problèmes au niveau de la technique. Malgré les 60 FPS permettant une bonne fluidité de mouvement, le jeu souffre tout de même de problèmes techniques. Nous avons notamment été témoin de problème d’aliasing et surtout de freeze. Par exemple, lors de la première mission, au moment des combats dans la partie casino, nous avons eu des ralentissements conséquents. Ce fut pire lors de l’affrontement avec l’un des boss puisque les ralentissements ont duré plusieurs minutes empêchant de jouer correctement. Pour autant, il convient de se montrer rassurant : après ces petits problèmes, au cours de nos heures de jeu, nous n’avons plus rencontré de bugs de ce type. Assurez-vous que le joueur hôte de la partie ait une bonne connexion Internet pour empêcher des problèmes de ce genre, cela devrait bien aider. Il faut tout de même que les développeurs se montrent assez réguliers quant aux mises à jour pour assurer une meilleure expérience de jeu, à l’avenir. Par ailleurs, le système de communication in-game est satisfaisant mais il est préférable de se mettre en Party (pour PlayStation 4) ou sur Discord (pour PC) pour une meilleure entente.
Si nous avons déjà parlé du prix et de la technique du jeu, il reste encore du pain sur la planche car nous n’avons pas encore fait mention des graphismes, de la bande-son et de la durée de vie. Côté graphismes, nous ne sommes pas vraiment sur un jeu qui en impose. Il n’est pas une véritable claque visuelle. Pour autant, les graphismes font tout de même le café et sont relativement agréables à l’œil. La bande sonore est quant à elle un peu plus discrète et décevante sur certains points tant les précédents opus comportaient des morceaux hyper rythmés et hyper cool. La durée de vie, maintenant. Comptez seulement 10 à 15 heures de jeu, ce qui est relativement court, on vous l’accorde. D’ailleurs, les missions secondaires sont pratiquement un passage obligatoire puisqu’il faut tout de même level up pour évoluer dans la quête principale, ce qui peut refroidir certains d’entre vous, mais ce paramètre a le mérite d’allonger l’aventure de façon intéressante. Ce qu’il faut savoir c’est que même en mode normal, certaines missions peuvent être assez difficiles si vous n’avez pas le niveau. Malgré cette durée de vie un peu courte, il y a tout de même de la rejouabilité puisque vous pouvez faire un deuxième passage avec un autre ami, un personnage différent, le pouvoir alternatif et surtout opter pour l’approche discrète ou bourrin en fonction de votre première partie.
Verdict : 7/10
Wolfenstein: Youngblood est l’opus apportant un véritable vent de fraîcheur à la licence. Tout en reprenant certains codes des anciens titres, MassiveGames et Arkane Studio parviennent tout de même à apporter leur patte avec notamment des mécanismes de type RPG, moins de linéarité, plus d’exploration et surtout le mode coopératif. Malgré quelques problèmes rencontrés au niveau de la technique, ce nouvel opus s’avère relativement satisfaisant et d’un bon rapport qualité/prix. Il saura convaincre les joueurs amateurs de la licence et ceux désirant se plonger dans une nouvelle aventure accompagnée de son meilleur binôme.
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