On ne peut pas dire que ce soit la folie ces derniers temps pour tous les fans de Tactical-RPG. Pas de panique ! Lightbulb Crew et Focus Home Interactive volent à votre rescousse ! Le studio franco-suédois et l’éditeur français vous proposent Othercide, un tactical-RPG incorporant des mécaniques dites Rogue-lite, piochant ses inspirations dans des franchises telles que XCOM, Darkest Dungeon ou encore les titres de FromStoftware pour l’ambiance. Après une phase de bêta, Othercide est enfin disponible pour tous depuis le 28 juillet dernier. Que vaut-il après plusieurs heures de jeu?
Test rédigé sur PC grâce à une copie numérique envoyée par l’éditeur
See you on the Othercide
Dans une France éthérée, les sœurs sont le dernier rempart contre des créatures cauchemardesques nommées Souffrances. Générées par la Mère Ecarlate, les sœurs sont des guerrières pouvant rivaliser avec les terribles monstres qui tentent de plonger notre réalité dans le chaos. Ça c’est pour le speech de départ. Malheureusement, Othercide ne brille pas pour son storytelling. Si le lore n’est pas inintéressant en soit, le déroulement est trop décousu pour vraiment capter notre attention, la faute à un système de Souvenirs qui sont en réalité des brides d’informations que le joueur débloquera au fur et à mesure de sa progression, et dans un ordre non-chronologique. Il faut vraiment aller au bout de l’aventure pour comprendre les tenants et les aboutissants du monde d’Othercide, pour quelque chose qui tient plus du prétexte que de la révolution narrative ultime.
Quand XCOM rencontre Bloodborne
Mais là où on attend surtout Othercide, c’est dans son gameplay. Othercide se veut être un Tactical-RPG/Rogue-lite où la mort et le sacrifice comptent. Comme mentionné plus haut, vous jouez les sœurs, de valeureuses guerrières protégeant notre monde des affreuses créatures qui tentent de le briser. Il existe trois classes de départ : le Garde-Foi, le Chasse-Esprit et le Maître-Lame. La première fait plus ou moins office de tank, la seconde favorise les attaques à distance pendant que la dernière sera votre atout pour le corps-à-corps. Une quatrième classe viendra s’ajouter plus tard dans l’aventure sous certaines conditions. Après un petit tutorial où vous incarnez la Mère, vous voilà dans le HUB central du jeu. C’est là que vous pourrez gérer et générer vos sœurs, débloquer des entrées du codex, activer des buffs (comprenez « bonus ») pour le déroulement de votre partie, mais aussi choisir vos missions.
En parlant de missions, il en existe quatre types : la Chasse où vous devrez terrasser un nombre donné d’ennemis, la Survie où vous devrez repousser des vagues de créatures jusqu’à qu’une échappatoire soit disponible, le Sauvetage où vous devrez sauver une âme errante qui deviendra, à terme, une nouvelle sœur ou bien une source de sacrifice, et enfin les Rituels où vous devrez combattre un ennemi unique et puissant, parfois à deux soeurs au lieu de trois comme à l’accoutumée. Ces mêmes missions seront disponibles aussi bien en mode de difficulté éprouvant, difficile qu’impossible. Pas besoin de vous faire un dessin, vous aurez compris que la difficulté va crescendo – parfois même vers un côté un peu trop punitif, comme si le jeu vous forçait à perdre pour vous obliger à utiliser toutes les mécaniques de gameplay. Plus la mission est difficile, plus généreux seront vos gains. « Quels gains ? » demanderez-vous. Effectuer une mission vous octroiera de l’XP pour vos sœurs, mais aussi des points pour germiner une nouvelle guerrière ainsi que des éclats, utiles dans l’acquisitions de bonus. Le tout se déroule sur une frise chronologique appelé ici ère. Chaque ère comporte sept jours avec un Boss à la clef. Des événements aléatoires peuvent également avoir lieu tout au long des sept jours, situations qui auront pour effet d’impacter le pourcentage des valeurs d’armure, de dégâts ou autres. Ceci jouant en votre faveur ou pour celle des adversaires.
Une fois vos trois combattantes prêtes, vous pouvez vous lancer à l’assaut de votre première mission. Une fois sur le champ de bataille, le tout s’avère somme toute classique pour un Tactical-RPG. Vos sœurs ainsi que vos ennemis se déplacent par cases, chaque déplacement et action ayant un coup en PA (points d’action). Plus vous en dépensez, plus vos actions et déplacement deviennent limités. Certaines actions peuvent également vous coûter des points de vie. Il s’agit généralement de buffs temporaires, d’actions pour contrer une attaque ennemie ou bien supporter une sœur dans son offensive. L’aire de jeu comporte également quelques points de couverture ou précipices que vous pourrez utiliser à votre avantage. Une fois une mission remportée, vos sœurs seront susceptibles de gagner un niveau, et de part ce fait, une nouvelle technique. Le jeu vous demandera de choisir entre deux compétences. Le nombre d’emplacements étant limité, soyez judicieux. Cependant, cela devient plus facile avec le temps et l’acquisition de plusieurs sœurs, ce qui vous permettra de mettre en place des rôles complémentaires. Selon votre façon de jouer, vos guerrières peuvent également acquérir de nouveaux traits, soit des bonus permanents. Lorsque votre combat est terminé, il est impossible pour une sœur de se lancer à l’assaut d’une seconde mission même si le jeu vous le propose. Il faut obligatoirement passer au jour suivant pour qu’elle puisse se reposer.
Une mort programmée
La mort et le sacrifice sont une part fondamentale d’Othercide. Si nous mentionnions plus haut que passer au jour suivant permettait aux sœurs de se reposer, leurs points de vie ne se verront pas restaurés pour autant pour peu que vous ayez subi des dégâts lors de votre précédent combat. Que faire dans ce cas-là ? Si vous souhaitez renflouer la barre de santé d’une sœur, il faudra forcément en sacrifier une autre de niveau équivalent ou supérieur. Terrible, n’est-ce pas ? Ne vous attachez donc pas à vos guerrières car ces dernières font clairement office de chair à canon et sont parfaitement remplaçables, « comme un outil qu’on jette après usage » pour paraphraser Dillon dans Predator. Une fois une sœur sacrifiée, elle continue à vivre à l’intérieur de sa congénère. Effectivement, la présence de l’âme d’une sœur dans une autre est indiqué dans ses Traits, vous apportant un buff plus ou moins important en rapport avec son niveau au moment de son sacrifice. Une sœur est-elle perdue pour toujours ? Pas totalement. Les missions de sauvetage, en cas de réussite, permettent de générer une nouvelle sœur à titre gratuit sans dépenser des points, ou bien d’être sacrifiée pour rappeler une guerrière tombée au combat. La sœur sera donc rappelée dans vos rangs et ce en conservant ses statistiques au moment de sa mort.
Si vos trois sœurs meurent en combat, deux choix s’offrent à vous. Soit vous disposez d’assez de points pour germiner de nouvelles combattantes, soit c’est le game over et comme tout bon Rogue-lite, vous reprenez depuis le début avec trois nouvelles sœurs. Mais ne prenez pas la mort comme une punition extrême. Si certains combats peuvent sembler injustement punitifs, Othercide vous donne la possibilité de dépenser les éclats obtenus lors de vos missions dans divers bonus que vous débloquerez au fur et à mesure de votre progression, appelés ici Souvenances. Le titre peut même sembler un poil trop généreux en vous laissant acquérir plusieurs buffs, voire certains peuvent même vous donner la possibilité de ne pas reprendre de zéro en sautant une ère une fois le Boss affilié combattu – le choix est vôtre, mais nous vous déconseillons cette dernière qui dénature un peu trop le côté Rogue-lite à notre goût. De ce fait, on perd un peu en aspect stratégique et en challenge. Si malgré cela, vous vous sentez en difficulté pendant une ère, vous pouvez relancer une nouvelle réminiscence à n’importe quel moment contre l’acquisition d’encore plus d’éclats, le nombre d’éclats fournis variant selon votre stade de progression dans le jeu.
En rouge et noir, j’exilerai ma peur
On sera d’accord, Othercide est loin d’être une claque technique. Néanmoins, l’esthétique proposée par Lightbulb Crew est vraiment classe pour peu que l’on soit un tantinet charmé par les ambiances flirtant entre le gothique et le steampunk. Même générées aléatoirement, les sœurs transpirent la classe et le bestiaire est dans l’ensemble réussi, rappelant par moment celui que l’on pourrait retrouver dans un Bloodborne. Le côté chromatique où seuls le noir, le blanc et le rouge sont les couleurs discernables tel un Sin City renforce le côté sombre et glauque qu’Othercide tente de transmettre. Les bémols que l’on pourrait mettre en avant sont peut-être le côté un poil trop lisse des protagonistes – même si cela semble clairement être une volonté des développeurs -, des animations parfois rigides, ainsi que la redondance des environnements. Seulement une poignée de cartes que vous parcourez en boucle sur la quinzaine d’heures qu’offre Othercide – temps de jeu qui peut-varier selon vos compétences en la matière. La B.O. elle aussi, sympathique au demeurant, s’avère assez pauvre en choix. À noter que si Othercide dispose bel et bien de sous-titres en français, pas de doublage dans la langue de Molière au programme. Il faudra se cantonner à l’anglais.
Verdict : 8/10
Pas parfait, Othercide s’avère néanmoins une expérience rafraîchissante et fort appréciable. Malgré son contenu redondant, le titre s’avère addictif et on ne rechigne pas à relancer une petite partie pour aller casser du monstre et faire progresser nos sœurs jusqu’à obtenir l’armée ultime d’éradicateurs. Othercide balance le côté ardu de certains combats par une générosité – trop diront certains – dans l’acquisitions de bonus qui boosteront vos guerrières et vos chances de succès pour vos runs suivantes. Le prix peut paraître un poil excessif mais les développeurs semblent avoir prévu du contenu supplémentaire pour Othercide. Pas d’informations encore si ce contenu sera gratuit ou payant mais les cartes sont entre les mains de Lightbulb Crew pour faire d’Othercide un incontournable du Tactical-RPG/Rogue-lite.